Revue de l’histoire des religions 2 | 2006 Varia Prophéties de Nostradamus. Les

Revue de l’histoire des religions 2 | 2006 Varia Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcription et commentaires mot à mot par Jean-Paul Clébert Gordes : Relié, Dervy, Paris, 2003 Jean Dupèbe Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/rhr/5146 DOI : 10.4000/rhr.5146 ISSN : 2105-2573 Éditeur Armand Colin Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2006 Pagination : 234-237 ISBN : 2200-92104-7 ISSN : 0035-1423 Référence électronique Jean Dupèbe, « Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcription et commentaires mot à mot par Jean-Paul Clébert », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 2 | 2006, mis en ligne le 20 janvier 2010, consulté le 21 septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/ rhr/5146 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.5146 Ce document a été généré automatiquement le 21 septembre 2021. Tous droits réservés Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcription et commentaires mot à mot par Jean-Paul Clébert Gordes : Relié, Dervy, Paris, 2003 Jean Dupèbe RÉFÉRENCE Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcription et commentaires mot à mot par Jean-Paul Clébert. Gordes : Relié, Dervy, Paris, 2003, 1214 p., 21 cm, 33 €. 1 Le sous-titre de ce gros volume, qui compte plus de 1200 pages, (Transcription et commentaires mot à mot) semble annoncer, pour l’ensemble des quatrains prophétiques, des explications fondées sur la méthode rigoureuse, historique et critique, que Pierre Brind’Amour a mise en œuvre dans son édition des premières Centuries de 1555 (Droz, Genève, 1996) et qu’il esquissait déjà dans son Nostradamus astrophile (Ottawa-Paris, 1993). Si l’on veut, en effet, comprendre quelque chose à Nostradamus, la tâche est triple : on doit d’abord établir le texte, souvent fautif ; il faut ensuite proposer un mot à mot précis pour chacun des quatrains ; il reste enfin à éclairer ce sens littéral par un commentaire philologique et historique. M. Clébert s’est-il attelé à ce triple travail ? La réponse est malaisée, car il s’adresse non aux universitaires, qui sont d’ailleurs peu curieux du prophète de Salon, mais à ce qu’il est convenu d’appeler le « grand public » ; il donne pourtant l’impression de vouloir séduire les lecteurs exigeants. Sur le premier point, l’établissement du texte, M. Clébert est conservateur : il n’adopte pas volontiers les corrections, souvent nécessaires, proposées notamment par Brind’Amour, mais il les signale parfois. Pour le mot à mot et le commentaire, il montre à chaque page un Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcr... Revue de l’histoire des religions, 2 | 2006 1 louable souci de clarté : il tente d’expliquer tous les mots d’une langue morte, le français de la Renaissance, qu’il appelle à tort le « moyen français » (p. 11) : « Beaucoup de pièges nous guettent, écrit-il (p. 32), et l’on ne prend pas assez garde à l’évolution de la langue. » Il s’efforce d’éclairer les allusions historiques, tout en avouant parfois qu’il ne comprend pas certains passages : « Le troisième vers est obscur [...]. Le dernier vers ne nous éclaire guère plus » (III, 57, p. 407 ; voir aussi I, 34, v. 2, p. 106). Le système de renvois aux quatrains pour le lexique et les thèmes est très utile, ainsi que l’index des noms propres. Nous avons donc un travail très riche, d’une richesse exubérante, dont il est impossible de rendre compte ici. Je m’en tiendrai à quelques quatrains édités et commentés par Brind’Amour. 2 On regrette, dans nombre de pages, un manque de concision et de rigueur. Il vaut mieux glisser sur l’introduction : trop diffuse, elle est encombrée d’à-peu-près et d’inexactitudes : sur l’Église et la censure de l’astrologie (p. 12 : « ... les astrologues, comme les poètes, avaient à redouter une censure implacable de la part de l’Église, de la Sorbonne et du Pouvoir… » ; voir aussi p. 27-30), sur Rabelais et l’astrologie (p. 19) ; sur l’« inspiration » de Nostradamus (p. 26) : « Les Centuries se révèlent comme une œuvre écrite pour transcrire les révélations directes obtenues à la suite d’évocations magiques [...]. »), sujet qui doit, plus que tout autre, éveiller l’esprit critique de l’historien ; reconnaissons toutefois que, p. 51, M. Clébert nuance son propos : l’« inspiration » de Nostradamus ne vient pas « seulement de Dieu, ou des astres, mais aussi des textes humains, littéraires, philosophiques, ou historiques, qu’il utilisa abondamment ». Que reste-t-il donc de cette « inspiration » ? (Je note aussi, p. 14, qu’une longue citation, qui est de moi, est attribuée à Brind’Amour.) L’examen des deux premières Centuries souffre des mêmes défauts que l’introduction : la prolixité nuit à la clarté du commentaire. De plus, certaines affirmations d’ordre philologique sont contestables : ainsi (I, 2, v. 3), le texte original porte « Vn peur » (non « Un peur ») ; après Buget, Brind’Amour corrige à juste titre en « Vapeur », ce qui donne un sens satisfaisant au vers (Les premières Centuries, p. 47-51). M. Clébert signale la correction, puis il ajoute (p. 49) : « Mais on peut aussi conserver la graphie originelle : un peur (le mot est masculin au XVIe siècle). » Affirmation aussi péremptoire qu’étonnante : on aimerait des preuves. À propos de I, 46, v. 3 (p. 125), on apprend avec surprise que « stuporeuse » vient du latin stupendere ( !) et qu’il faut déceler dans « stuporeuse », comme dans « Mirande », le sens premier de « pétrification ». Au sujet de III, 57, v. 4, il y aurait dans « douter » une aphérèse par rapport à « redouter » (p. 407). Toute la partie philologique du commentaire aurait dû être soigneusement revue. 3 Dans le quatrain I, 2, v. 1, à propos de « BRANCHES » (« La verge en mains au milieu de BRANCHES »), le commentaire est diffus et confus (p. 47-48) : si, comme l’établit Brind’Amour, Nostradamus s’inspire de Pietro Crinito, cette source ne « recoupe » nullement le texte de Jamblique (De mysteriis, III, 11). À la suite de la traduction de Ficin « in Brancis » (Nostradamus astrophile, p. 455 ; Les Premières Centuries, p. 48, n. 4), traduction adoptée par Crinito et par Cornelius Agrippa (De Occulta Philosophia, III, 48), « Branches » désigne non une famille (les « Bran-chides »), comme chez Jamblique, mais un lieu, une ville, au même titre que Delphes (Ficin, qui montre sur ce point une fidélité littérale au grec, traduit « in Delphis ») ; dès lors, « au milieu de » signifie simplement « au centre de » ou, si l’on veut voir dans l’expression une grosse cheville, « dans, à ». Dans I, 2, v. 4 : « Le divin prés s’assied », M. Clébert a raison de dire que Nostradamus s’inspire de la traduction de Ficin, non du texte de Crinito (« N. s’inspire Prophéties de Nostradamus. Les Centuries. Texte intégral (1555-1568). Transcr... Revue de l’histoire des religions, 2 | 2006 2 directement du texte latin de Jamblique », p. 50) : « Subito deus adest. » S’il n’a pas tort de sourire de la paraphrase, un peu gauche, de Brind’Amour (« La divinité vient s’asseoir tout près »), son commentaire est inacceptable quand il voit un jeu sur « divin » et « devin », « près » et « prêt ». Le sens de « adest » est, bien sûr, « est là », mais aussi « assister », comme le grec « paresti » chez Jamblique ; on peut donc comprendre la phrase de Nostradamus ainsi : « La divinité se pose à ses côtés (pour l’assister). » 4 Les explications historiques sont parfois sujettes à caution ; ainsi dans I, 3, v. 4 : « Lors blanches & rouges jugeront à l’envers. » Pour Brind’Amour, il s’agit des « juges » dont les « toges sont blanches et rouges », d’après une phrase de la Pronostication de 1562 ; M. Clébert, de son côté, cite Michelet à propos du massacre de Wassy (1er mars 1562) et nous explique que le « blanc » est la couleur des protestants, le « rouge » celui des catholiques ; or, nous ne sommes pas à l’époque des guerres de religion, mais, au plus tard, en 1554 ; dès lors le rapprochement avec X, 86, v. 3, n’a aucune valeur (on note la référence vague, p. 1153 : « ... Michelet et d’autres historiens… »). 5 Quand certains mots, certains vers, certains quatrains sont clairs, M. Clébert se plaît curieusement à les obscurcir par des doutes ou des conjectures inutiles. Prenons III, 6, v. 4 : « Par faim, soif, sous, les plus foibles arnés. » Ce dernier mot ne pose aucun problème : c’est, comme le dit Brind’Amour, une forme d’« essorés » ou « ernés », qui signifie « éreintés, brisés ». Le commentaire de M. Clébert est évasif et surtout erroné (p. 350) : « ... mais quoi qu’il en soit le mot ne rime pas avec “grevés” ». Mais si ! Il s’agit simplement uploads/Litterature/ nostradamus.pdf

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