Choix de spécialités, de triplettes et de doublettes : diversification en tromp
Choix de spécialités, de triplettes et de doublettes : diversification en trompe l’oeil et maintien des inégalités (genre et classe sociale). ►En 1ère, les choix des élèves restent globalement stables par rapport à l’an dernier, et parmi les rares changements, certains sont plutôt inquiétants. *En ce qui concerne les choix de spécialité, individuellement, la seule modification notable de la hiérarchie est l’inversion entre Physique-Chimie et SES, avec les SES qui deviennent la 2ème spécialité la plus choisie après les maths. *En ce qui concerne les choix de triplettes en 1ère, la stabilité des triplettes les plus fréquentes est remarquable, ce qui vient contredire les discours lénifiants prédisant une diversification plus forte dans le temps .-parmi les 15 triplettes les plus fréquentes de 2019, 14 sont encore là en 2020, sans grosse modification d'ordre entre elles -les 15 triplettes les plus fréquentes en 2020 regroupent 77,6 % des élèves de 1ère, contre 79,4 % en 2019 : la concentration des choix des élèves, en cette rentrée, est donc très proche de celle de l’an dernier (la concentration des choix sur 15 triplettes diminue d’à peine 1,8 points, ce qui est marginal). Surtout, on peut se demander quels profils d’élèves a diversifié ses choix, mais les données ne permettent pas de répondre. On remarque cependant que comme l’an dernier, les filles sont sur-représentées dans les triplettes les moins fréquentes, alors que la concentration des choix des garçons sur les 15 triplettes les plus fréquentes est nettement plus forte : c’est exactement ce qu’on constatait avec le système des séries, où les filles faisaient des choix plus diversifiés et équilibrés que les garçons : la réforme n’a rien changé à l’effet du genre sur les parcours. -on note que la triplette Maths-PC-SVT est moins fréquemment choisie en cette rentrée (elle accueille 23,8% des élèves contre 28,3% l'an dernier) : si ce rééquilibrage peut paraître, à première vue, encourageant dans l’objectif de diversifier les parcours, il faut là aussi se demander quels profils d’élèves a renoncé à cette triplette. *De moins en moins d'élèves font des maths en 1ère, en particulier les filles : est-ce une bonne nouvelle ? -63,7% des élèves de 1ère ont choisi les maths, contre 68,7% l'an dernier : dans la mesure où les maths sont globalement absentes du tronc commun, est-ce une bonne nouvelle pour les élèves en question ? -Surtout, les maths, qui étaient déjà moins souvent choisies par les filles que par les garçons, l’an dernier, le sont encore moins cette année : 61,4% des filles avaient pris maths en 1ère en 2019, contre 55,2% en 2020, soit une chute de 6,2 points (la chute n’est que de 3,5 points pour les garçons : de 77,8 % à 74,3%). Cette réforme ne permet visiblement pas de contrecarrer les stéréotypes de genre associés aux différentes disciplines : au contraire, elle les renforce, et d’ailleurs d’une année sur l’autre, les écarts se creusent entre filles et garçons face à cette spécialité. ►En Terminale, les choix des élèves montrent la même diversification « en trompe l’oeil » qu’en 1ère, et un déterminisme du genre et de l’origine sociale assez frappant. *Les choix de spécialité en terminale font apparaître une hiérarchie entre disciplines proche de celle de 1ère à la rentrée 2019, avec quelques nuances. En terminale, si les Maths et la Physique- chimie dominent comme en 1ère, elles sont suivies par les SES, puis les SVT (ordre inversé par rapport à la 1ère). *Le cas du choix de la spécialité maths fait là encore apparaître l’effet du genre sur les parcours. Si 61,4 % des filles avaient pris la spécialité maths en 1ère en 2019, seules 30,7 % des filles poursuivent cette spécialité en terminale (-30,7 points). Pour les garçons, le taux d’abandon est plus faible, puisque 77,8 % d’entre eux suivaient la spécialité mathématiques en 1ère, contre 54,4 % en terminale (-23,4 points). Autrement dit, de la 1ère à la terminale, les écarts se creusent entre filles et garçons dans le choix de la spécialité mathématiques. *Les choix de « doublettes » font évidemment apparaître une grande diversité de parcours au premier abord (125 doublettes différentes). Mais on voit que, comme en première, en réalité, il y a une forte concentration des choix : les 10 doublettes les plus fréquentes accueillent à elles seules 80 % des élèves ; les 15 les plus fréquentes concentrent quasiment 90 % des élèves (les 110 triplettes restantes n’accueillant donc, ensemble, qu’un peu plus de 10 % des élèves). Et on peut noter que la doublette « maths-PC » accueille à elle seule 20 % des élèves (mais 18 % des élèves du public, contre 24 % des élèves du privé). *Le poids du genre sur les choix de doublette est net, et pourrait même représenter un recul par rapport au lycée d’avant Blanquer. La réforme du lycée n'a rien changé, rien amélioré, en ce qui concerne le déterminisme du genre sur les parcours scolaires. -Les filles représentent 56% des élèves de terminale générale, mais elles ne représentent que 36% des élèves qui ont pris « maths - PC », contre 59% de ceux qui ont pris « maths- SVT » ; elles ne représentent même que 12,1 % des élèves qui ont pris Maths-SI, et sont également sous-représentées dans la doublette Maths-SES. -Les garçons représentent 44% des élèves de terminale générale, mais seulement 17% de ceux qui prennent HLP-LLCE, 16% de ceux qui prennent HLP-SES. Ils sont par contre sur- représentés en « maths-PC » et « maths-SES ». *Enfin, l'origine sociale fait des différences nettes dans les parcours et les choix, laissant penser qu'on a simplement recréé des « voies royales » masquées, non-dites, mais bien comprises par ceux qui maîtrisent bien le système scolaire... -Parmi les 15 doublettes les plus fréquentes, les élèves d'origine sociale très favorisée sont sur-représentés dans trois modalités de choix (maths PC ; maths HGGSP ; maths SES) ; à elles seules, ces trois doublettes concentrent plus du tiers (36%) des élèves d'origine sociale très favorisée, alors qu’elles n’accueillent en moyenne qu’un quart (27,7%) des élèves. Ces élèves très favorisés ont donc tendance à « concentrer » leurs choix sur un nombre restreint de doublettes qu’ils perçoivent sans doute comme les plus « rentables » ou les plus « prestigieuses » (et qui le deviendront, du fait de leurs choix!). -A l'inverse, ces trois doublettes qui ont la préférence des élèves d'origine très favorisée n'accueillent que 20% des élèves d'origine défavorisée. Les choix des élèves d’origine défavorisée sont plus dispersés : les 5 doublettes les plus fréquentes, qui accueillent 60 % des élèves en moyenne, mais 66 % des élèves très favorisés, n’accueillent que 54 % des élèves défavorisés ; les 110 doublettes les moins fréquentent n’accueillent que 9,7 % des élèves très favorisés, mais 12,7 % des élèves défavorisés. On peut certes dire qu’eux, au moins, « jouent le jeu » de la réforme et de la multiplicité des choix... Mais ont-ils vraiment raison de le faire ? En conséquence : -Affirmer, comme le fait le Ministre, que les élèves se sont « appropriés la réforme » en « affinant leur choix » en terminale est une escroquerie intellectuelle, puisqu’ils n’avaient tout simplement pas le choix, ils devaient abandonner une des trois disciplines de spécialité qu’ils étudiaient en 1ère ; -Affirmer que le lycée Blanquer permet une diversification exceptionnelle des parcours est en grande partie un leurre, puisqu’en terminale, 10 « parcours » concentrent à eux seuls 90 % des élèves. Rappelons qu’avec le système des séries et des « spécialités » au sein des séries (S-Maths, S-SI, L-LV, ES-Maths, etc.), le lycée d’avant Blanquer scolarisait 100 % des élèves de terminale générale en 12 ou 13 parcours, et non pas 3…) -Le lycée Blanquer a opté pour la « liberté », au détriment de l’égalité : les inégalités sociales et les inégalités de genre n’y sont clairement pas plus faibles, et sont peut-être parfois plus fortes (et masquées) que dans l’organisation du lycée qui prévalait avant la réforme. Sources des données statistiques : DEPP, note d’information 19-48, novembre 2019 DEPP, note d’information 20-38, novembre 2020 DOCUMENTS Document 1a : les choix de spécialité en 1ère, 2019 et 2020 Document 1b : les choix de spécialité en 1ère, 2019 et 2020 Document 1c : Document 2 : les triplettes les plus fréquentes en 1ère, 2019 et 2020 15 triplettes les plus fréquentes 2019 15 triplettes les plus fréquentes 2020 Mathématiques, physique-chimie, SVT Mathématiques, physique-chimie, SVT Histoire-géo-politique, mathématiques, SES Histoire-géo-politique, langues littérature, SES Histoire-géo-politique, langues littérature, SES Histoire-géo-politique, mathématiques, SES Histoire-géo-politique, humanités littérature philo, SES Histoire-géo-politique, humanités littérature philo, SES Histoire-géo-politique, humanités littérature philo, langues littérature Mathématiques, numérique, sciences informatiques, physique-chimie Mathématiques physique, chimie, sciences de l'ingénieur Histoire-géo-politique, humanités littérature philo, langues littérature Mathématiques, numérique, sciences informatiques, physique-chimie Mathématiques physique, chimie, sciences de l'ingénieur Langues littérature, mathématiques, SES Mathématiques, physique-chimie, SES Mathématiques, SVT, SES Langues littérature, mathématiques, SES Mathématiques, physique-chimie, SES Mathématiques, SVT, SES Histoire-géo-politique, SVT, SES Histoire-géo-politique, SVT, SES Langues et littérature, mathématiques, physique-chimie Humanités uploads/Litterature/ note-choix-triplettes-et-doublettes 1 .pdf
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- Publié le Jul 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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