Richard TOUITOU L’Or des Sages Note au lecteur, J'avais nommé le sulfure nature

Richard TOUITOU L’Or des Sages Note au lecteur, J'avais nommé le sulfure naturel d'antimoine, la Stibine ou Sb2S3 comme étant la matière première probable du Grand Oeuvre à la suite des recommandations non voilées de Canseliet (entre autres auteurs). Je pense m'être trompé, un autre sulfure naturel, la Galène pourrait convenir parfaitement. Pour le reste j'ai fait de mon mieux pour interpréter les textes et les mettre en harmonie. En toute amitié et sincérité. R.Touitou L’Or des Sages 4 Je soutiens la thèse selon laquelle la science, comme toute forme de pensée, n’est qu’un système organisé de croyances. Jean-Pierre PETIT Une histoire d’Or Nous sommes en 19241, la scène se déroule dans une modeste chambrette de la rue Taillepied, dans le vieux Sarcelles. Deux personnages s’affairent en silence devant la petite cheminée, sous le regard espiègle d’un troisième compère. Tandis que l’un attise le feu avec application sous un creuset conte- nant une masse grise fumante, le second, un peu plus jeune, enrobe une poudre rouge sombre, dense, dans un bout de papier qu’il laisse ensuite choir avec une extrême délicatesse dans le plomb en fusion. Un crépitement se fait entendre, comme une pétarade de feu d’artifice, immédiatement suivi d’une lueur éblouissante, preque aveuglante. Le métal en fusion émet maintenant des couleurs d’un vert chatoyant et la fumée s’estompe peu à peu au-dessus du creuset. Le jeune homme saisit le creuset à l’aide d’une longue pince métallique puis renverse incontinent son contenu dans une lingotière. Une fois l’opération accomplie, il plonge la lingotière pleine de métal vert incan- descent dans une bassine d’eau préparée pour la circonstance. Un long sifflement se fait entendre et, comme un seul homme, nos trois personnages se penchent sur le lingot émergeant de l’eau. L’or alchimique apparaît enfin, étincelant. Le plus âgé des trois personnages, à l’aide d’un tranchet, gratte la surface du lingot pour en recueillir quelques copeaux. Il s’applique aussitôt à de mystérieuses manipulations sur la table du fond, jonchée d'éprouvettes et d’instruments les plus divers. Au bout de plusieurs minutes qui paraissent interminables, il se retourne alors, l’air complètement ébahi : – 99,9 % de pureté ! Peut-être même davantage ! S’écrit Gaston Sauvage, ingénieur chimiste chez Poulenc. uy  La mystérieuse poudre provenait de la provision de Pierre Philopsophale remise au jeune Canseliet par Fulcanelli. Le troisième témoin s’appelait Julien Champagne, artiste peintre anarchiste. Ainsi eut lieu la dernière transmutation alchimique connue du vingtième siècle et durant laquelle quelques 120 grammes de plomb furent changé en or. 5 1- Cette date semble plus probable que celle mentionnée par Eugène Canseliet dans “Réponse à un réquisitoire où il cite 1921 comme étant l’année de la fameuse transmutation. En effet, il apparaît que Fulcanelli n’a achevé le Grand Œuvre qu’au mieux en 1924, selon les dires même de son disciple dans l’une des préfaces du “Mystère des Cathédrales”. Les deux Dragons de la Philosophie Avant propos Mon tout premier contact avec l’alchimie remonte aux années soixante, jeune étudiant à l’École Technique Supérieure de Genève, je fus chargé par l’un de mes professeurs de faire un exposé complet sur l’histoire de la chimie. Pour aborder cett recherche, je réussis à réunir facilement plusieurs bouquins intéressants sur ce vaste sujet, notre bibliothèque universitaire était fort bien achalandée. Par chance, des auteurs modernes tels que Serge Hutin et M. Caron1 ou Mircea Éliade2 avaient publié des ouvrages passionnants dans les années cinquante, cela me facilita grandement la tâche. Un siècle plus tôt, le célèbre chimiste Marcelin Berthelot3 avait entrepris un travail de recherche remarquable découlant de l’étude d’anciens documents et traités antérieurs au VIIIe siècle, les papyrus de Leyde, les manuscrits de Saint-Marc, ainsi que de vieux manuscrits d’un musée italien. Son « Histoire de la Chimie » peut-être considérée comme un monument d’érudition. Berthelot figure parmi les rares scientifiques à s’être réellement penchés sur les aspects positifs de la vieille philoso- phie. Je reconnais que mes prédécesseurs m’avait apporté une aide considérable pour la rédaction de ce mémoire couvrant plus de trente siècles d’histoire. Mon modeste exposé captiva toute l’attention de l'amphithéâtre. Je venais de trouver une nouvelle occupation qui allait accaparer toutes mes heures de loi- sir pour les décennies à venir. Je me souviens avoir ressenti une grande frustration à la suite de cette première prise de contact avec l’alchimie. Les questions se bousculaitent dans mon esprit excité par une curiosité inouïe. Qui étaient ces alchimistes ? Étaient-ils de subtils faussaires, des charlatans, ou de vrais savants? Quel était ce processus mystérieux d’élaboration de la Pierre Philosophale ? Quels maté- riaux de base utilisaient les alchimistes? Sur quels fondements théoriques se basaient les Adeptes? Y eut-il des transmutations pondérales réussies au cours des siècles ? Pourquoi avoir dissimulé tous les secrets accumulés au cours de deux millénaires de recherche ? Toutes ces questions semblaient ne pouvoir jamais trouver de réponses, tant ce mystérieux univers paraissait inaccessible au commun mortel et complètement anachronique. Ma curio- sité était certes piqué au vif, il me fallait absolument décrouvrir ce qui se cachait derrière ces monuments d’énigmes, de symboles et d’allégories secrètes, accessibles seulement à une petite caste d’initiés ou d’illuminés. C’était inadmissible. Je me fis la promesse de relever ce défi insolent afin de démonter une fois pour toute l’im- mense supercherie que constituait la recherche de l’absolu. Je rêvais de pouvoir révéler au grand jour les vraies facettes de l’hermétisme. Quelle prétention ! J’avais manifestement sous-estimé cette tâche. Il aura fallu près de quatre décennies d’investigation. Près de quarante années durant les- quelles j’ai emmagasiné une masse importante de données que j’ai classées, étudiées, disséquées, analysées et recoupées, pour finalement en extraire ce que je pensais être la quintessence. Il m’a fallu pour cela confronter ces découvertes avec les possibilités actuelles de la chimie, de la métallurgie et de la physique, apprendre un français qui n’avait plus cours depuis des siècles et surmonter les difficultés linguistiques du latin et du grec ancien. Cela ne suffisait pas. J’ai dû aussi mémoriser des dizaines d’ouvrages, décrypter d’incroyables énigmes, des rébus, des paraboles ou des allégories, et tout ceci pour éviter les pièges et les recettes fallacieuses créées intentionnellement pour dérouter les profanes avides et impatients. 7 Je vais tenter de résumer en quelques lignes les principales constatations qui découlent de cette recherche peu commune pour un scientifique moderne. Elles seront abordées par le menu plus loin : – il existe un nombre important d’écrits alchimiques qui ont fait l’objet de centaines de publi- cations au cours des dix derniers siècles ainsi qu’un nombre encore plus considérable d’ouvrages inédits. La majeure partie de ces œuvres dort, du reste, dans les rayonnages des grandes biblio- thèques ou des collectionneurs privés en attendant qu’un heureux artiste se décide enfin à en décrypter le contenu. – les livres d’alchimie peuvent prendre des allures monumentales et ce n’est pas une image. Les anciens Adeptes, pour transmettre les secrets du Grand Art, ont édifié des cathédrales, des manoirs. Ils ont réalisé des statues, tissé des tapisseries, peint des tableaux, dessiné des gra- vures et fabriqué de nombreux objets dédiés tout spécialement à l’alchimie. Il ont fait graver des amulettes et ont sculpté des cheminées, des poëles. Des pièces et médailles d’or ou d’argent ont été frappées à l’occasion de transmutations réussies. Enfin, Fulcanelli a magistralement démontré que tous ces chef d’œuvres sont les « livres » les plus sûrs et les plus riches en ensei- gnement de tout le corpus alchimique. – au cours des vingt derniers siècles, le courant alchimique, plus fort que la ruée vers l’or américaine, a touché toutes les souches de la population, hommes ou femmes de toutes confes- sions ; des rabbins, des moines, des évêques et des papes s’y sont exercés, ainsi que des poètes ou écrivains, des artistes peintres ou sculpteurs, des médecins célèbres, des hommes de lois, des princes et des princesses, des rois et des reines, des bourgeois, des paysans, des forgerons, des gentilshommes verriers, des orfèvres, des architectes sans oublier les savants, bien entendu. – sur une période couvrant les dix derniers siècles, on constate qu’il y a une parfaite conti- nuité dans la définition des principes de base, des matériaux et du processus alchimique bien qu’il existe plusieurs écoles (entendez plusieurs voies). Aujourd’hui on en compte au moins quatre : • la voie réguline (voie métallique) • la voie antique (voie animale) • la voie naturelle ou voie végétale • la voie du cinabre, autre voie métallique d’origine sino-hindienne. L’étude de ce petit essais ne concerne que la voie métallique. Je ne suis pas en mesure de ranger la voie humide, ne disposant d’aucune donnée précise, mais sachez que dans la plupart des processus chimiques la cinétique de réaction est accélérée lorsque la température de réac- tion augmente. C’est un fait scientifiquement établi ; grosso modo, la vitesse d’une réaction chimique double à chaque élévation de 10 °C. L’une des principales revendications sur la durée du processus la voie brève est donc avérée. Il peut effectivement très bien exister deux processus opératoires uploads/Litterature/ or-des-sages 1 .pdf

  • 42
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager