Peter Collins L ’architecture moderne Principes et mutations (1750‑1950) Tradui
Peter Collins L ’architecture moderne Principes et mutations (1750‑1950) Traduit de l’anglais et annoté par Pierre Lebrun Éditions Parenthèses www.editionsparentheses.com / Peter Collins — L’architecture moderne, Principes et mutations, 1750-1950 / ISBN 978-2-86364-650-2 Nota : Sauf indication contraire, toutes les notes de bas de page sont du traducteur. Le corpus et la disposition des illustrations respectent le choix de Peter Collins qui avait été rétabli dans l’édition de McGill University Press de 1998. Collection publiée avec le concours de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Librairie de l’Architecture et de la Ville Publiée avec le concours du ministère de la Culture et de la Communication (Centre national du livre et Direction de l’architecture et du patrimoine). Titre original : Changing Ideals in Modern Architecture, 1750‑1950 copyright © McGill University Press, 1965. copyright © 2009, pour la version française, Éditions Parenthèses www.editionsparentheses.com isbn 978-2-86364-650-2 / issn 1279-7650 En couverture : New Zealand House, Londres, © rmjm London Ltd. « La Barclay’s Bank, dans le quartier de Pall Mall East à Londres, photographiée depuis le toit de la New Zealand House. Le bâtiment de la Barclay, doté d’une ossature acier, fut conçu en 1921 par Blomfield et Driver. Celui de la New Zealand House, pourvu lui d’une ossature en béton armé, fut conçu en 1957 par Sir Robert Matthew. Si l’on excepte la curieuse ressemblance (tout à fait fortuite) entre le toit-terrasse de la New Zealand House et l’École de chirurgie à Paris de Jacques Gondoin en 1771 (pl. XXVI, infra p. 336), il est bien peu de juxtapositions illustrant aussi justement le propos de cet ouvrage. » Peter Collins, 7 novembre 1966. www.editionsparentheses.com / Peter Collins — L’architecture moderne, Principes et mutations, 1750-1950 / ISBN 978-2-86364-650-2 par François Loyer Préface Le mouvement moderne est né de l’histoire, contre l’histoire. Vis‑à‑vis d’un passé auquel il ne cesse de faire référence tout en déclarant s’y opposer, il affiche la continuité autant que la rupture. De cette ambiguïté se dégage une vision paradoxale : libérée de toute allusion à des formes ou des pratiques antérieures, la modernité n’en est pas moins assoiffée de justifications généalogiques qui lui permettent d’asseoir la légitimité de ses origines. La radi‑ calité révolutionnaire du changement qu’elle a apporté renvoie à un passé réécrit où elle retrouverait ses racines. En cela, elle n’apparaît pas bien différente de la grande Renaissance, son modèle inavoué. À l’idéalisme antique, elle substitue la permanence d’une modernité qui aurait traversé les siècles sans rien perdre de sa portée messianique. De Sigfried Giedion à Nikolaus Pevsner en passant par Henry-Russell Hitchcock, aucun des grands prophètes du mouvement moderne n’en a douté. Il aura fallu attendre la génération d’après-guerre pour que ces certitudes s’émoussent et que le regard sur l’histoire se nuance d’interrogations qui en relativisent l’héritage. À première vue, l’ouvrage de Peter Collins reste dans la tradi‑ tion héroïque des débuts du mouvement moderne. Son auteur ne manque pas de renvoyer à ses illustres aînés dont il semble partager les convictions, mais ce n’est qu’apparence. Sa lecture de l’histoire porte sur la longue durée, dans un esprit somme toute proche de l’école des Annales (même s’il ignore Fernand Braudel et cite plus volontiers des historiens de l’architecture comme John Summerson ou James Maude Richards). Certes, il ne va pas jusqu’à prendre Brunelleschi pour père fondateur de l’architecture moderne — il aurait pu, comme on l’a fait volontiers après lui — et lui substitue Hawksmoor, à la fois plus proche dans le temps et dont la culture lui est plus familière (ce que vient tout juste de révéler l’exceptionnel ouvrage d’Emil Kaufmann, The Architecture of the Age of Reason, paru en 1953). Il n’en demeure pas moins soucieux de se www.editionsparentheses.com / Peter Collins — L’architecture moderne, Principes et mutations, 1750-1950 / ISBN 978-2-86364-650-2 6 dégager de la chronique pour tracer les lignes de force de la pensée architectu‑ rale sur une période qui couvre l’époque contemporaine dans son entier, entre 1750 et 1950 (dans les faits, il s’étend même depuis le début du xviiie jusqu’aux années soixante de son siècle). Cette prise de distance lui est indispensable au plan métho‑ dologique, car elle lui permet de mieux affirmer — exemples à l’appui — les incertitudes et les contradictions qui ont traversé le monde contemporain. Le titre français de son ouvrage (choisi pour une traduction que la mort devait l’empêcher de conduire à son terme) est encore plus explicite que la formulation anglaise : aux principes de l’architecture moderne, il oppose leurs transforma- tions 1 durant deux siècles. On remarquera l’étrange pluriel qui laisse planer le doute sur la portée théorique du mouvement, comme si ce dernier n’avait d’autre signification que de se plier à l’évolution des idées et leur confrontation dans la longue durée. Sans aller jusqu’à voir en Robert Venturi son disciple, on ne peut s’empêcher de remarquer la concordance de leurs interrogations, soulignant des incertitudes théoriques ou des oppositions qui font de la modernité un état de crise permanent entre des projets somme toute contradictoires. D’une certaine manière, Peter Collins établit véritablement le mouvement moderne dans le temps de l’histoire, car il est le premier à ne pas instrumentaliser complètement cette dernière au profit d’une doctrine qui se voulait jusqu’alors univoque. Une lecture plus attentive de l’ouvrage révèle un trait parti‑ culier de sa pensée : il fréquente assez peu les historiens contemporains de l’architecture, dont il évacue en général le nom dès l’introduction. Plutôt que la référence aux études académiques, il privilégie, à la manière de Rudolf Wittkower, l’analyse d’une multitude de sources secondaires — pour l’essen‑ tiel, des ouvrages ou des articles de périodiques anciens qui lui permettent de retrouver l’esprit de l’époque sur laquelle il travaille. La méthodologie rigou‑ reuse propre à la formation en histoire de l’art dans les pays anglo‑saxons n’y est certes pas étrangère, non plus que l’expérience qu’il a acquise durant la guerre comme officier de renseignement. La proximité entre le travail de l’historien d’art et l’enquête policière est un trait avéré du métier : l’intuition s’y développe à partir de fragments d’informations dont la cohérence est par définition hypo‑ thétique ! Elle prend ici une force particulière, Collins se refusant à accepter 1 Cette proposition de traduction n’a pas été suivie pour la présente édition [nde]. www.editionsparentheses.com / Peter Collins — L’architecture moderne, Principes et mutations, 1750-1950 / ISBN 978-2-86364-650-2 7 les synthèses antérieures (ou, plus exactement, se plaisant à en démonter les prémices et en souligner les faiblesses pour reconstruire une vision totalement nouvelle de l’histoire de l’architecture contemporaine — vision à laquelle nous adhérons aujourd’hui sans réserve). Cet ouvrage majeur, écrit il y aura bientôt cinquante ans, n’avait pas bénéficié jusqu’ici d’une traduction en français. L’érudition de son auteur anglo‑américain explique en partie un tel retard, le public francophone ne maîtrisant pas la culture d’un universitaire rompu à la lecture des romans anglais du xviiie tout autant que des revues d’architecture du xixe siècle… Il aura d’ailleurs fallu à Pierre Lebrun, traducteur attentif d’une pensée dont les nuances sont parfois difficiles à cerner (et dont l’humour corrosif prend bien souvent notre naïveté en défaut), des années de recherche pour reconstituer le fil d’une pensée elliptique. Peter Collins, avec ce sens esthétique exacerbé qu’il avait hérité des amateurs ou des aristocrates de l’ancien régime, s’était offert le luxe de supprimer les notes renvoyant à ses sources. Sans doute jugeait‑il que ses lecteurs devaient être en mesure de le comprendre à demi‑mot. Quoi qu’il en soit, il était bien difficile de suivre une pensée riche d’érudition quand on ne connaissait ni l’origine, ni la forme exacte des citations auxquelles elle renvoyait. À l’effort de traduction s’est donc ajouté le travail fastidieux (mais ô combien enrichissant) de restitution des références et des citations dont son ouvrage est rempli. On n’est pas loin, à ce niveau, de l’édition critique — ce qui rendra cette traduction exemplaire pour tous les chercheurs à venir, en leur restituant l’univers culturel de l’auteur derrière le masque de son indifférence affectée. Un lecteur innocent pourrait croire que ce livre est un ouvrage d’histoire. Ce serait se tromper du tout au tout : derrière l’évocation des figures du xviiie et du xixe siècle transparaît une actualité critique particulièrement incisive. Peter Collins écrit au début des années soixante, en référence à une culture architecturale contemporaine dont il combat les orientations dominan‑ tes. Il faut aller presque au terme de l’ouvrage pour comprendre que sa démons‑ tration est une réponse anticipée au plaidoyer de Reyner Banham sur le new brutalism (l’ouvrage paraîtra un an après, en 1966). Citant le Guide to Modern Architecture du même auteur, paru en 1962, Collins fait allusion dans l’un des derniers chapitres de son livre à cette interprétation qu’il conteste. Il le fait à propos de la notion de sincérité qu’il oppose à la vérité en architecture — ceci www.editionsparentheses.com / Peter Collins — L’architecture moderne, Principes et mutations, 1750-1950 / ISBN 978-2-86364-650-2 8 après s’être interrogé sur la lecture orientée que Banham fait de la Glasgow School of Art de Mackintosh, comme uploads/Litterature/ p650-l-architecture-moderne-pdf.pdf
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- Publié le Oct 06, 2021
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