Tout compte fait, on aboutit aux conclusions suivantes: 1. Le nom hongrois des

Tout compte fait, on aboutit aux conclusions suivantes: 1. Le nom hongrois des Roumains, á savoir oláh, n'a pris sa forme „magyarísée" que vers le milieu du XIIIe siécle. II s'ensuit que nos contacts avec ce peuple balkanique ne peuvent pas re- monter á une époque beaucoup plus ancienne. 2. Les termes traditíonnels de la latinité de Hongrie sont Olachus (Volachus) et non Valachus, Valachalis. Le terme Ola- chi Romani que nous avons relevé dans une charte papaié d'Avi- gnon, témoigne du rayonnement européen de la latinité propre á notre pays: mérne á Avígnon cette forme Olachi n'est pas chose qu'une variante relatinisée du nom hongrois des Roumains.12 Ladislas Gáldi. IV. Le témoignage des chartes antérieures á 1222 Bien que les premiéres mentíons incontestables des Rou- mains transylvains ne remontent qu'á la troisiéme décade du XIIIe siécle, les savants roumains ont souvent essayé de relever des données plus anciennes dans les chartes latines de Hongrie. Etánt donné que, malgré plusieurs réfutations catégoriques, ces prétendus témoignages de la présence des Roumains sur le sol de la Hongrie historique ne cessent de circuler aussi bien dans les ouvrages roumains que dans ceux destinés á l'étranger, nous avons jugé nécessaire de passer en revue les données que nous avons vu le plus souvent revenir dans les díscussions des der- níéres années, pour en finir une fois pour toutes avec la légende des témoignages antérieurs á 1222. Avant de commencer notre revue critique, il convient de rap- peler que Georges §incai, le pére de l'historiographie roumaine (1755—1816), dont presque toutes les sources manuscrites sout dues á la générosité des humanistes hongrois du XVIIIe siécle,1 chorum (No. 209), possessionum Olacharum (en fonction d'adjectif! No. 232), etc, Ce n'est que par exception qu'on reléve d'autres variantes, comme ces Walachi, Walachos magna villa Walachikalis dont il est questíon, en 1383, dans un document de Nagyszeben (No, 269). Cf. aussi 1385 (Déva): Wolahus (No. 290). 12 Inutile d'ajouter qu'au point de vue sémantique il n'est pas absolu- ment certain que tous ces Valachi aient réellement été de nationalité roumaine (voir p. XI.), 1 Cf. L, Gáldi: XVIII. századi humanizmusunk és a románság (L'huma- nisme hongrois du XVIIIe siécle et les Roumains). Budapest, 1940, p. 18 ss. n'avait admis dans ses Annales (Iironica RománilorJ aucune preuve documentaire qui fűt antérieure au XIIIe siécle. Bien plus tard Ovidé Densusianu, l'auteur de la premíére grandé histoire de la langue roumaine (1873—1938), fut moins prudent puisqu'il a déjá essayé d'infirmer l'argument connu sous le nom de ,,mu- tisme des sources" par quelques noms tirés des chartes latines de Hongrie du XIe et du XIIe siécles.2 Ses interprétations, formu- lées d'une maniére assez suggestive, eurent la vie dure; trente ans plus tard le regretté Nicolas Dráganu, professeur de philo- logíe roumaine á l'Université de Kolozsvár en tira tout un gros volume animé de tendances patriotíques,3 et M. Aurélien Sacerdo^eanu, élévé de M. Nicolas Iorga, y fit également allusion dans son étude d'histoire médiévale.4 Bien que nous ayons aus- sitőt démontré5 que la plupart des chartes citées par le dernier auteur sont des faux, quelques-unes de ses explications fantaisis- tes ont pénétré non seulement dans l'article, d'ailleurs trés ju- dicieux, de M. A. Otetea,5a mais aussi dans les deux grandes synthéses modernes de l'histoire roumaine.6 Néanmoins c'est un fait significatif que les derniers défenseurs de la continuité latino- roumaine de Transylvanie, comme p. ex, G. I. Brátianu,7 ont 2 O. Densusianu: Histoire de la langue roumaine. Paris, 1901, I, p. 316 ss. 3 N. Dráganur Románii in veacurile IX—XIV pe baza toponimiei §i a onomasticei. Académie Roumaine. Studii ?i Cercetári. XXI. Bucarest, 1933. A l'avis de M. Marius Valkhoff, le distingué romaniste hollandais, „en le lisant nons ne pouvons nons dérober á l'impression que l'auteur, comme autrefors M. Diculescu, a été un peu trop plein de son sujet et s'est laissé •entrainer par sa thése". Chronique roumaine (1932—38. Neophilologus, XXIV, p. 257, Pour le patriotisme de Dráganu cf. les constatations de M. Iorgu Ior- dan: ,,Este sigur cá Dráganu s'a láset, intr'o oarecare másurá, influientat de atmosfera moralá in care s'a náscut, s'a formát a tráit pana la moarte. Dar . . . influientele extra§tiintifice s'au exercitat asupra lui in mod involuntar $i chiar incon$tient" (Insemnári Ie?ene, 1940, avril, p, 151), 4 A Sacerdoteanu: Considerafii asupra istoriei Románilor in Evul Mediu. Bucarest, 1936. 5 Cf. L. Gáldi, AECO. III, p. 267—70. 5a A. Otetea: O enigma §i un miracol istoric: poporul román. Insemnári Ie§ene, mars 1938, p. 532 ss. („unele din diplomele in care sint cuprinse aceste márturii, sint considerate de istoricii unguri ca falsé, Totu$i acelea care nu se pot contesta ajung sá restrángá observa^ia prea absolutá a d-lui Lot." Ibid. p. 537). Pour l'étude de M, F, Lot sur les invasions barbares cf, le méme article de M. 0{etea et notre note 7. 8 C. C. Giurescu: Istoria Románilor. Bucarest, 1935. I., N. Iorga, His- toire des Roumains. Bucarest, 1937. III (les renvois précis suivront plus bas dans notre texte). 7 G. I. Brátianu: Une énigme et un miracle historique: le peuple rou- main. Bucarest, 1937. préféré ne tirer aucune conclusion de ces pseudo-arguments qui n'ont fait qu'enrichir ce trésor de légendes dont est entouré le „mythe" de la romanité de Transylvanie. Ceci dit, nous n'avons qu'á aborder l'examen des données sur lesquelles les auteurs roumains ont cru devoir attirer l'attention des chercheurs. Avant 1002. Dans la charte de donation que saint Etienne accorda aux religieuses grecques de la vailée de Veszprém,8 on rencontre, entre autres, le toponyme de Má^ia qui correspond au nom d'un ancien village et d'une ferme actuelle du com. Vesz- prém (en Pannonié!). Dráganu (o. c. p. 144) a essayé de rattacher cette dénomination au roumain mama „mére", mais M. E. Kniezsa a démontré qu'on devrait plutőt penser á un radical turc (Mamai), germaníque (Mama, MammoJ ou slave [Mama, cf. pol. Mamca).9 Le mérne auteur a constaté que „der Ortsname am wahrschein- lichsten auf einen Personennamen zurückgeht" (1, c.). Cette hypothése a été plus largement développée par M. Jean Melich, professeur á l'Université de Budapest, qui l'a identifié avec le nom grec de Má/xctg ("Ayiog 31c(/xag).í0 M. Désiré Pais, pro- fesseur á la mérne Université, a proposé d'y voir un nom de source d'origine slave (cf. 1082: ad fontem Mama; Mamenka, nom de riviére au com. Varasd, en Croatie.11 — Rappelons en- core que N. Iorga a également fait allusion á cette charte grecque, constatant que le nom de Mslsy.ő\a ,,correspond au Meledic du district valaque de Buzáu" et que „2ayáQ/2()vsv" .. . ,,est Zagra- via comme le Zagreb de Croatie."12 Malheureusement ces expli- ^ Pour les éditions et les remarques critiques cf. E. Szentpétery: Az árpádházi királyok okleveleinek kritikai jegyzéke (Liste critique des chartes des rois arpadiens). Budapest, 1923. p. 1. E. Jakubovich—D. Pais: Ómagyar olvasókönyv (Chrestomatie de l'ancien hongrois). Pécs, 1929, p. 14 ss. Pour les détails de la fondation cf. J. Moravcsik: Görögnyelvű monostorok Szent István korában — Monastéres de langue grecque en Hongrie á l'époque de Saint Etienne. Szent István Emlékkönyv. 1938. I, p. 408 ss. Le commentaire linguistique de cette charte grecque est due á M. D. Pais: A veszprémvölgyi apácák görög oklevele, mint nyelvi emlék (La charte grecque des religieuses de Veszprémvölgy comme monument linguistique). Szent István Emlékkönyv. II, p. 607 ss. 9 E. Kniezsa: Pseudorumanen in Pannonién und in den Nordkarpathen. AECO, II. p. 184—5. 10 J. Melich, A Máma helynév (Le toponyme Máma). Magyar Nyelv, 1939. p. 143 ss. 11 Magyar Nyelv, 1939, p. 319 ss. 12 Revue de Sud-Est Européen. 1940. p. 80 (á propos de l'étude de M. A. Gyóni, Magyarország és a magyarság a bizánci források tükrében — cations sont dues uniquement á l'ignorance des recherches hon- groises s'y rapportant, quisque l'on sait bien que ^ e I s k ö I o dérive du hongrois meleg fmelekj á l'aide du suffixe diminutif -di qui est extremement fréquent dans les anciennes toponymie et anthro- ponymie hongroises,13 et que octyágfigvav (dans la transcription de 1109: villa zaarberin) est composé du hongrois szár „jaune, pále, chauve" (du turc sayar), et du nom de lieu Berény qui est éga- lement d'origine turque.14 1002. Pour expliquer le nom d'Apuring, attesté pour la premiere fais dans la charte de fondation de l'évéché de Vesz- prém (Pannonié), Dráganu avait renvoyé au roumain aprig (o. c. p. 182). Comme M. Kniezsa l'a démontré (AECO, II, p. 84 ss,), c'est un composé: Apur [Opour, Apor) „nom de personne" -j- igy, ügy ,,cours d'eau, ruisseau, fontaine," En outre, on dóit fixer á la mérne année la premiére apparition du nom de lieu Corteu que M, Sacerdoteanu a fait remonter, d'aprés une édition vieillie de la charte, á 1009.15 Le mérne auteur a oublié de signaler que ce nom est attesté aussi dans la charte de fondation de l'Abbaye de Pannonhalma (1001): ,,ei curtem, quae vocatur Cortou . . . tradidi."16 Entre 1184—6 on rencontre la variante Kortu et il y a d'autres données pour Kortou, Kortó, etc. jusqu'en 1536.17 Quant á l'étymologie de ce nom, l'auteur uploads/Litterature/ pages51-75.pdf

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