Coup de coeur // Les Hauts de Hurlevent Ce texte appartient à « Victoria », pri

Coup de coeur // Les Hauts de Hurlevent Ce texte appartient à « Victoria », pris de : https://www.mangoandsalt.com/2017/10/12/coup-de-coeur-hauts-de-hurlevent/ Victoria : Franco-américaine de nationalité, belge et colombienne de sang, née à Paris, je vis en ce moment à Amsterdam après quelques années à Barcelone. À 30 ans, je suis une touche à tout aux mille passions, de la slow food aux écharpes géantes en passant par la naturopathie, les paysages sauvages, la culture britannique, les tisanes ou les romans policiers. Lecture - Culture 12/10/2017 ------------------------------------- Il est rare que je dédie un article entier à une seule de mes lectures, mais comme pour Outlander ou la saga de la Passe-Miroir, l’univers des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë m’a tellement marquée que j’avais besoin de l’explorer un peu plus précisément avec vous. Pour ne rien gâcher, son atmosphère sombre, malsaine, légèrement gothique est parfaite pour un mois d’octobre ! Jonglant entre livre audio, texte original et traduction française, j’ai lu ce roman assez lentement, en presque deux mois cet été – c’est une œuvre qui, sans être lourde, offre une certaine complexité narrative, et demande donc un peu de concentration. Ce fut une expérience de lecture absolument unique, et un coup de cœur très différent des ressentis que j’ai d’habitude : pas un amour palpitant, mais plutôt une fascination complète pour l’originalité et la puissance de ce chef d’œuvre, si détonnant vis-à-vis des autres classiques anglais de l’époque. Qu’il nous bouleverse ou nous repousse, Les Hauts de Hurlevent laisse rarement indifférent, et rien que pour cela, je recommande chaudement à chacun-e de s’y plonger et de se faire son propre avis ! En attendant, je viens partager aujourd’hui mes impressions sur le texte d’Emily Brontë, ainsi que sur trois adaptations cinématographiques que j’ai (re)vues récemment, avec quelques podcasts et liens intéressants en bonus. J’espère que mes impressions feront écho chez certain-e-s d’entre vous, ou qu’elles vous donneront envie de vous lancer un jour ! ▼▼▼ (La)LE SYNOPSIS Alors qu’il est en route vers Thrushcross Grange, la propriété dont il est le nouveau locataire, M. Lockwood passe aux Hauts de Hurlevent, chez son propriétaire, M. Heathcliff – un gentleman sombre, taciturne, aux manières rustres, accompagné d’un entourage tout aussi morne. Une tempête de neige l’oblige à rester dormir sur place ; sa découverte des traces laissées par une ancienne habitante de la maison, Catherine, puis une apparition qui l’épouvante pendant la nuit l’amènent à demander des explications à Nelly, la domestique, sur cette étrange atmosphère. Celle-ci lui relate alors l’histoire de cette maison et de ses propriétaires, la famille Earnshaw, consumée par la haine, de l’amour aussi viscéral que destructeur de Catherine et Heathcliff, et de ses conséquences dramatiques… “If he loved with all the powers of his puny being, he couldn’t love as much in eighty years as I could in a day.” ▼▼▼ LE ROMAN J’ai eu un mal infini à discerner et comprendre mon ressenti vis-à-vis de ce roman, tout simplement parce que je n’avais jamais rien lu de tel dans ma vie. J’y voyais objectivement un chef d’œuvre, mais je ne savais pas exactement qu’en penser. Ce n’est qu’après quelques jours (et une exploration d’autres formats, comme vous le verrez plus bas) que j’ai compris qu’il m’avait marquée comme seuls certains livres le font. Les personnages ne sont pas du tout aimables, certains sont même mauvais à un niveau impardonnable ; l’histoire est dure, tout n’est que mépris, manipulation, souffrance et vengeance (malgré une pointe d’espoir à la fin). Rien ne m’appelait à l’attachement, à l’identification ou au rêve. Et pourtant… Je suis ressortie de cette lecture retournée, hébétée, presque, par sa puissance, et elle m’habite profondément depuis. Ce n’est pas la même sensation que la ouate de confort et de nostalgie que forment mes univers préférés dans mon cœur, mais elle y a définitivement sa place, d’une autre manière. Je crois que c’est la plume d’Emily Brontë, la force incendiaire de ses mots (pourtant maniés dans un style très XIXème siècle, d’une grande élégance) et surtout sa capacité à sonder si justement la part la plus sombre des passions humaines qui m’ont touchée. Il y a une beauté incroyable, noire mais paradoxalement très pure, dans cet absolu qu’elle dessine, et malgré l’exécrabilité de Catherine et Heathcliff, je n’ai pu, à mon grand étonnement, que comprendre et compatir à leur souffrance. “He is more myself than I am. Whatever our souls are made of, his and mine are the same. If all else perished and he remained, I should still continue to be, and if all else remained, and we were annihilated, the universe would turn to a mighty stranger. He’s always, always in my mind; not as a pleasure to myself, but as my own being.” Les lamentations haineuses du jeune homme, notamment, son refus absolu de vivre sans celle qu’il aime, m’ont bouleversée. Elles sont trop passionnées, et mènent à des comportements absolument condamnables, mais comment ne pas comprendre ce désespoir si fort et si impuissant qui se transforme en colère, après un tel manque d’amour dans le passé ? J’ai encore les larmes aux yeux en relisant certains passages, devant tant de justesse émotionnelle et psychologique – peut-être parce que, sans arriver à de telles extrémités, je suis aussi quelqu’un qui ressent parfois des émotions très fortes. Impossible, en ce sens, de ne pas penser à l’autrice, à sa courte vie, en se demandant comment et pourquoi cette puissance, cette fascination pour l’absolu, ont pu l’habiter autant – au point d’écrire un roman aussi détonnant pour l’époque, surtout de la main d’une femme. Cela reste un grand mystère ! Be with me always –take any form– drive me mad. Only do not leave me in this abyss, where I cannot find you! Oh, God! It is unutterable! I cannot live without my life! I cannot live without my soul!” J’ai aussi aimé, dans une autre optique, la conclusion de l’histoire, qui, sans effacer toutes les blessures des personnages, apaise le lecteur en leur offrant une perspective de paix, de rationalisation et de respect. De quoi mettre un peu de baume au coeur et offrir une belle leçon morale, sans toutefois tomber dans un happy end niais qui n’aurait pas sa place ici. ▼▼▼ LES ADAPTATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES J’ai vu jusqu’ici trois films adaptés du roman d’Emily Brontë, tous très différents les uns des autres, dont deux que j’ai particulièrement aimés – l’un étant même une vraie révélation. Il me manquera encore notamment la version de 1970, et la mini-série de PBS sortie en 2009 (dispo sur Netflix), que je serais curieuse de voir à l’occasion. ♡ WUTHERING HEIGHTS (1939) Cette version classique avec Laurence Olivier et Merle Oberon, qui reprend seulement la moitié initiale du roman, est la première que j’ai découverte, en cours d’anglais. À l’époque, je n’avais pas encore lu le roman, mais je me souviens que certaines scènes m’avaient marquée – notamment celle du fantôme à la fenêtre. Néanmoins, je l’ai revue récemment, et c’est finalement l’adaptation que j’aime le moins jusqu’ici. Si Cathy m’a semblée parfaitement interprétée, j’ai toutefois trouvé l’atmosphère un peu trop « glamour » peut-être, trop hollywoodienne, et pas assez ancrée dans le paysage si particulier du Yorkshire. Je suppose que mon impression est due au côté un peu daté de la mise en scène et de la réalisation, au style très « studio », mais le tout manquait pour moi de noirceur, d’intensité, pour représenter réellement la puissance du texte d’Emily Brontë. J’ai remarqué aussi que plusieurs scènes importantes avaient été un peu changées sans que je comprenne vraiment pourquoi (par exemple, la réaction de Cathy quand Heathcliff revient : ici, elle ne veut pas entendre parler de lui alors que c’est tout le contraire dans le livre). C’est dommage ! ♡ WUTHERING HEIGHTS (2011) Ce film ne reprend, lui aussi, que la première partie de l’histoire. Il a été pour moi un énorme coup de cœur grâce à son caractère fondamentalement atmosphérique et contemplatif où, presque sans dialogues ni musique, toute la puissance émotionnelle est portée par les paysages bruts et les expressions des acteurs (regards, gestes…), qui sont aussi frais que talentueux. Le rythme est lent, laissant place à l’intensité d’une sensualité vaguement morbide dans une esthétique sauvage, sombre, magnifique. J’ai été très touchée par la modernisation et la socialisation de l’intrigue : tout en conservant les costumes et décors de l’époque, la réalisatrice a fait le choix d’un acteur noir pour jouer Heathcliff, ce qui apporte une toute autre dimension à l’histoire. Il s’agit d’une interprétation plutôt libre de l’œuvre d’Emily Brontë, qui lui prêtait seulement des traits proches de ceux d’un gitan, et pourtant, c’est ce qui rend à mon sens cette adaptation extrêmement fidèle à la noirceur et à la violence du texte original – du moins, elle la rend plus évidente pour les personnes du XIXème siècle… Attention toutefois, cette version est clairement un film « alternatif », au style indie, bien loin des blockbusters auxquels beaucoup d’entre nous sommes habitué-e-s. Je uploads/Litterature/ emily-bronte-wuthering-heights.pdf

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