EMMANUEL LEVINAS Parole et Silence etautres conferences inedites au College phi
EMMANUEL LEVINAS Parole et Silence etautres conferences inedites au College philosophique Volume public sous la responsabilire de Rodolphe Calin et de Catherine Chalier Etablissement du texte, avertissement par Rodolphe Calin Preface et notes explicatives par Rodolphe Calin et Catherine Chalier Ouvrage publit avec le concours du Centre National du Livre BERNARDGRASSET/IMEC Le.cornite scientifique reuni pour la publication des CEuvresd'Emmanuel Levinas est coordonne par Jean-Luc Marion, de l'Acadernie francaise. ISBN 978-2-246-72731-6 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation reserves pour tous pays. © Editions Grasset & Fasquelle, IMEC Editeur, 2009. Sommaire Avertissement 9 Preface de Rodolphe Calin et Catherine Chalier........ 13 Notice editoriale 61 Remerciements 63 Parole et Silence.......................................................... 65 Pouvoirs et Origine ~................... 105 LesNourritures........................................................... 151 Les Enseignements....................................................... 173 L'Ecrit et l'Oral................................................ .......... 199 Le Vouloir '........................................ .................... 231 La Separation............................................. ................ 259 Au-dela du possible 291 La Metaphore 319 Appendice I : <La Signification> "........... 349 Appendice II : Liste des conferences d'Emmanuel Levinas au College philosophique 385 Notes 387 Index des noms 403 Notice sur Parole et Silence L'ensemble des feuillets de la conference est range dans l' en- veloppe carronnee d'un colis postal. Sur cette enveloppe, pliee en deux, figurent, ecrits au crayon a papier, le titre, le lieu et les dates de la conference. II s'agir en effet d'une confe- rence prononcee en deux seances les 4 et 5 fevrier 1948, sous le titre Parole et Silence. A. I'inrerieur de l'enveloppe, on trouve egalement le second feuillet du programme du College philo- sophique de I'annee 1948, mentionnant les deux conferences de Levinas. On decouvre aussi une lettre de P. Champromis, probablement secretaire du College, accornpagnee de cartes d'invitation du College philosophique dont les noms sont laisses en blanc. La conference se presence sous la forme d'un dactylogramme et de son double, qui comportent chacun des annotations manus- crites. Sur le double sont reportees, a quelques exceptions pres, les corrections manuscrites de l'original. Mais il contient egale- ment d'autres corrections. On peut done Ie considerer comme une version plus avancee de la conference, raison pour laquelle nous l'avons choisi pour notre transcription. Nous indiquons en notes les differences entre les deux versions. Chaque dactylogramme comporte 40 feuillets non pagines au format 21 x 26,8 em. Si les feuillets de l'original sont d'un meme papier, ceux du double sont de provenances diverses et Levinas en a utilise le verso vierge. Certains d'entre eux sont des imprirnes 68 Parole et Silence dates (nous les indiquons en note) : 1'un est de 1949, quatre sont de 1953, douze de 1955. Le present texte est donc une reectiture de la conference prononcee en 1948. Parole et Silence Conferences du College philosophique des 4 et 5 fevrier 1948a <f. 1> Parole et silence 1 0 Misere et grandeur du langage. 11existedans laphilosophieet dans la litterature contemporaines, une exaltation du silence. Le secret, le mystere, 1'insondable profondeur d'un monde sans paroles ensorcelant. Bavardage, indiscretion, pretention - la parole rompt ce charme. On oublie volontiers, que, lieu naturel de la paix et de « 1'harmonie des spheres »1{,} le silence est aussi 1'eau stagnante, 1'eau qui dort OU croupissent les haines, les desseins sournois, la resignation et la lachete. On oublie le silence penible et pesant ; celui qui emane de ces « espaces infinis », effrayent" pour Pascal:'. On oublie 1'in- humanite d'un monde silencieux. Cette mefiance a l'egard du langage tient a bien des causes secondes et qui, certes ne sont pas contingentes. L'appel aautrui, contenu dans son essence aHeSre {avoue} la faiblesse de la pensee qui y recourt. 11 existe un romantisme du genie solitaire qui se suffit dans le silence. Une raison qui parle, sort de son splendide isolement, trahit sa superbe suffisance, abdique sa noblesse et sa suffisance {souverainete}, Produit-cs» de 1'histoire, les mots a. Ecrit au crayon apapier, sur Ie feuillet double cartonne aI'interieur duquel se trouvaient les deux dactylogrammes de la conference. b. II faut sans doute lire « effrayant ». a. Le verso comporte, dans sa partie superieure gauche, les annotations manuscrites suivantes, ecrites obliquement : « Revenir sur l'i.dee de : intellection - pouvoir = attitude al'egard de la lumiere ». b. Les deux alineas qui suivent sont dactylographies sur un morceau de feuillet colle sur le feuillet 2. Ce morceau de feuillet masque une ancienne version de ces deux alineas, 2° Le langage au service de la pensee" Cette suspicion qui pese sur le langage s'explique par le role servile qu'il semble jouer a l'egard de la pensee. II sert - de l'accord commun - a la communication de la pensee, et par consequent, est tenu a rester dans ~{son} obediencel.] de la pensee. La fonction du verbe a toujours ete comprise en relation avec la pensee et avec la lumiere, element de la pensee OU l'objet apparaitl.] se livre et OU le signe verbal le designee La puissance organisatrice de la raison sont surcharges de tous les sentiments, de toutes les allusions, de routes les associations auxquelles ils furent rneles, mais perdenr souvent, ainsi surcharges {,} l'objet qu'ils sont appeles a designer. Car il est entendu que la fonction du langage consiste a commu- niquer une pensee en designant - en nommant ses objets. Des lors le langage introduit dans les relations humaines I'equivoque, l'erreur, le vide. C'est lui qui est mis en cause chaque fois que l'on pretend retourner aux choses elles-mernes. Signe de l'objet perdant le contact de son objet, signe de la pensee {se} faisant passer pour la pensee merne, il s'expose a toutes les" <f. 2> critiques. Le langage scientifique lutte contre I'inevitable equivoque du mot vivant, et se retugie dans l'algorithme. L'utilisation de l'argot dans la conversation et la litterature modernes precede de ce besoin de remplacer le mot historique- ment compromis - a la fois use et trop encombrant - par un signe neuf, nous placant brutalement devant les choses et en realite bien moins signe que pointe de l'index qui montre. En litterature, l'argot ne vaut pas comme element de couleur locale. Son pouvoir d' expression coi"ncide w;ec la distinction du mot transmis par la {se nourrit du vide laisse par les langues mortes des} civilisation-cs». L'argot temoigne d'une civilisation parfaite. 71 a. « ou » en surcharge de « et », b. « la » en surcharge de « sa », C. II convient, semble-t-il, de ne pas lire cet ajout, d'ailleurs absent de l'original dactylogra- phie (sur les deux versions de la conference, if notice). d. « le » en surcharge de « la », e. Point-virgule manuscrit, qui remplace une virgule que Levinas n'a cependant pas raturee, mais que nous ne reproduisons pas. f. « les » en surcharge de « des ». g. « les » en surcharge de « des ». h. « contextes » en surcharge de « contacts ». i. « Cette » en surcharge de « cette ». j. Le soulignement est manuscrit. - totalisant pour permettre d'embrasser - commandait celle du discours. Logos - a la fois verbe et raison, laissait surprendre dans la grammaire ses categories fondamentales ou" lab logique. Si le langage apporte a la pensee une occasion de s'elever a I'universalire - puisque la necessite de communiquer de raison a raison oblige la pensee a revenir a son essence de raison - de cette essence, la pensee {en]"possede deja la virtualite et le secret. <f. 3> L'obedience du mot ala pensee ne disparait pas quand on accorde au mot une tache plus large que l'expression de la pensee purement logique, quand on led prend pour l'expression de l'ensemble de notre vie psychologique et, quand allant plus loin encore, on voit en elle-Ilui} le resume de se:a {1'}histoire ;e {quand on insiste sur} les' variations de sens qu'il a subies, {sur} les"contextes" culturels ou il s'etait trouve et qui resonnent quand il est prononce. Si le mot au lieu de traduire I'intellecr devait traduire l'ensemble de notre etre en rant que realite historique et sociale, le mot ri'en conserve{ -craic ?>} pas moins son role de pur reflet de la pensee. II designe une realite qui se monrre ala pensee, reside dans cette apparition de la realite. Quelque disrincte que soit de la realite purement theoretique [contemplee] <,> la realire historique et sociale que le langage exprime, elle est [n'en demeure pas moins} realite se revelant dans la lumiere, theme. Gest- Cette' possibilire de presenter comme {reduire a une} thematisation' tout contact avec la realite quelle qu'elle soit {(et},par consequent toure {notre} vie psychologique{)}, ¥{s'} affirme {dans} la theorie Parole et Silence 70 73 husserlienne des Logische Untersuchungen 00 {qui met} l'acte objec- tivant es-f {a} la base de tout acre psychologique et la {en fait une] condition universelle de l'expression verbale. C'est encore cette verite qu'affirment {II en est egalement question dans} les Ideen de Husserl, lorsqu'elles accordent un primat a ce qu'elles appellent la conscience thetique et doxique'. Partout la pensee est indepen- dante du langage. La pensee acheve toute l'(£uvre necessaire, elle {son eeevre} a malaxe entierernent une pensee qui des uploads/Litterature/ parole-et-silence-levinas.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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