LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs,

LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contem- porains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. Trop d’ouvrages essentiels à la culture de l’âme ou de l’identité de cha- cun sont aujourd’hui indisponibles dans un marché du livre transformé en industrie lourde. Et quand par chance ils sont disponibles, c’est finan- cièrement que trop souvent ils deviennent inaccessibles. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, LDA). Il est également pro- tégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. 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Vous contribuerez à ce que les auteurs vous réservent à l’avenir le meilleur de leur production, parce qu’ils auront confiance en vous. © Arbre d’Or, Genève, octobre 2001 http://www.arbredor.com Tous droits réservés pour tous pays Johann Wolfgang von Gœthe Le serpent vert CONTE SYMBOLIQUE Traduit et commenté par Oswald Wirth Préface d’Albert Lantoine 4 Préface Du temps lointain où je débutais dans les Lettres par des études sur les Ro- mantiques, j’ai gardé dans ma mémoire ce mot de Théophile Gautier sur Gérard de Nerval : « Un des premiers il traduisit Faust, et le Jupiter de Weimar, lisant cette ver- sion qui est un chef-d’œuvre, dit que jamais il ne s’était si bien compris. » Pourquoi n’ai-je pas oublié cette phrase ? Parce que sa signification ne m’était pas apparue. Je la sentais lourde de sens, mais mes vingt ans ne savaient pas encore que la pensée d’un homme peut dépasser les limites de sa propre intelli- gence. Que de fois entendons-nous dire avec ironie : « Ce critique qui analyse cette tragédie de Racine y découvre des beautés auxquelles le poète lui-même n’a peut- être pas songé. » C’est ne pas se rendre compte que la lettre ne limite pas l’esprit et oublier la vertu mystérieuse de ce qu’on est convenu d’appeler l’inspiration. Toute idée a des résonances multiples, et notre vision ne doit pas se borner à son décor. Les commentateurs avisés d’un philosophe n’aident pas seulement le public à comprendre son idéologie, ils la lui révèlent à lui-même. Voyez Goethe ! Je n’ai pas la prétention, même dans quelques mots, d’étudier son œuvre, ma tâche devant se borner à présenter au public l’éclaireur subtil de sa pensée. Mais, sans ce dernier, comment ne me perdrais-je pas dans cette œuvre si riche et si touffue, à laquelle se pourrait appliquer si justement ce vers d’Albert Samain : C’est la forêt du Songe et de l’Enchantement. Forêt pleine de lumière et d’ombre, mais d’une ombre qu’on sent aussi pleine de lumière, forêt où la clarté du paganisme grec se marie au symbolisme obscur des croyances germaniques, et où il semble que l’on voit parfois danser Vénus avec Titania. Comment me reconnaîtrais-je par exemple dans le conte que voici sans le fil d’Ariane que me tend complaisamment M. Oswald Wirth ? 5 Préface b Goethe-Wirth. Certes il ne sied pas de donner à l’alliance de ces deux noms un sens analogique qu’elle ne doit pas avoir. Mais j’imagine — comme une scène de Faust — le blanc patriarche de Weimar penché sur le visage ascétique d’Oswald Wirth, et écoutant d’une oreille attentive l’ingénieuse interprétation de ses rêves. D’ailleurs les Allemands eux-mêmes ne s’étonneraient pas de ce rapprochement. Ils savent qu’il n’est pas actuellement de chercheur plus expert que M. Wirth dans l’étude des symboles. Il est le grand déchiffreur des hiérogly- phes, des nombres et des pantacles où des sages prudents ont jadis dissimulé aux Barbares les richesses de leur intelligence. Il dévoile aux prêtres qui l’ont oublié et aux francs-maçons qui ne l’ont jamais su le mystère inclus dans l’ésotérisme de leurs gestes. En France, Oswald Wirth compte aussi des admirateurs, mais chez nous toute réputation d’occultiste ne va pas sans inspirer quelque méfiance. Il y a eu — et il y a encore, hélas ! — trop de charlatans qui ont prostitué le Grand Œuvre pour l’exploitation de misérables crédulités. Mais M. Oswald Wirth, malgré les syllabes cabalistiques de son nom, est un sorcier moderne. Le tarot n’est pas un jeu de cartes biseautées dans les mains de ce grand honnête homme. Cette présentation paraîtra trop élogieuse — surtout à M. Wirth lui-même — au sujet de ce petit livre où il n’a pu donner toute la mesure de sa « divination ». Mais n’oublions pas que M. Wirth est l’auteur du Livre du Maître, et je tiens à redire ici ce que j’écrivais de lui à propos de la pu- blication de son Symbolisme hermétique : C’est l’élévation de son âme qui fait son intelligence lucide. Pour voir clair en autrui il faut être soi-même débarrassé de toute souillure morale. La clairvoyance de Ceux que la gratitude populaire a sanctifiés n’avait pas d’autre source que la pureté de leur existence. Emerson — ce croyant qui s’est approché du panthéis- me de Goethe avec une inquiétude éblouie — devine Wirth lorsqu’il écrit : « Tout esprit qui ne veut pas se mentir, à force de droiture... peut résoudre toutes les difficultés comme le soleil d’été fond les nues. » Wirth est possédé comme son maître de la « sympathie universelle ». Moi qui suis au fond un misanthrope qui souffre de la laideur humaine, j’admire avec humilité cet homme qui s’en accommode. Il n’en souffre pas, lui, parce qu’il la domine. Il regarde les erreurs sans s’en indigner uniquement préoccupé d’être le nautonier — le Passeur du conte — pour qui les écueils sont peut-être des jalons utiles pour aborder à la vérité. Il sait que les maux participent à l’enchaînement 6 Préface des choses, des êtres et des événements, et que ce sont les pauvres petites lueurs éparses qui finissent par produire une grande lumière. Ce spiritualiste qui accomplit des miracles ne fait pas sourire mon scepticisme impénitent. Toute beauté soit physique soit morale m’emplit d’une émotion sa- crée. Et tel le mécréant qui instinctivement se découvre dans un temple où des consciences égarées sont venues chercher asile, je salue ce songeur qui, quoique — ou parce que — détaché de toute religion dogmatique, est le plus religieux des hommes. b Lisez ce conte. Sans la traîne lumineuse du Serpent vert et sans la Lampe du Vieillard, je suivrais les Feux Follets ou je m’égarerais dans la féconde obscurité du Fleuve et du Jardin magique. Sans Oswald Wirth je marcherais comme un aveugle derrière l’imagination de Goethe. Aussi paradoxale que puisse paraître cette affirmation, je dis que le disciple est aussi utile que le Maître. Jean complète Jésus. Le rêve inaccessible de l’un, l’autre le fait descendre des nues parmi la terre. L’Inspiré doit à son interprète le respect qui s’attache à son Verbe. C’est de la sagesse de son Prophète qu’est faite la grandeur d’un Dieu. Albert Lantoine 7 Avant-propos (1922) Dans l’œuvre d’un penseur aussi prodigieux que Goethe rien ne saurait être insignifiant. Tout n’y est cependant pas d’un égal attrait littéraire. Le poète sem- ble avoir été préoccupé de ne rien laisser perdre et de conserver à la postérité ses vues sur les sujets les plus variés ; ainsi naquirent des recueils dénués de cette unité si chère à notre esthétique gréco-latine. Les Années de voyage de Wilhelm Meister rentrent dans cette catégorie, de même que les Entretiens d’émigrés alle- mands, qui, rédigés en 1795, prennent leur point de départ dans les événements de l’époque, puis fournissent à Goethe l’occasion d’attribuer aux interlocuteurs qu’il met en scène des récits de faits étranges rentrant dans le domaine du psy- chisme. Mais en guise de couronnement et comme pour remercier le lecteur de ne pas s’être laissé rebuter, le grand artiste a voulu lui offrir un joyau rare, qui n’a son pendant dans aucune littérature. Il s’agit d’un conte merveilleux à tous les points de vue, qui n’a pu être conçu que sous l’influence de ce somnambulisme spécial, auquel Goethe attribuait lui- même la production de ses plus purs chefs-d’œuvre. Tandis qu’il formait ses phrases d’après les images qui se présentaient devant son esprit, l’écrivain ne s’at- tardait certes pas à se demander le sens des symboles uploads/Litterature/ le-serpent-vert.pdf

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