UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ
UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ ANALYSE DES TEXTES LITTÉRAIRES JANVIER 2017 1 Sommaire Première partie – Outils linguistiques d’analyse des textes littéraires Chapitre 1 – Niveaux de langue 1.1. Les trois principaux niveaux de langue 1.2. Les principales marques du langage familier 1.3. Les marques du langage courant 1.4. Les marques du langage soutenu Chapitre 2 - Champs lexicaux 2.1. Définition 2.2. Exemple de texte poétique 2.3. Exemple de texte en prose Exercices Chapitre 3 – Figures de style 3.1. Les figures de substitution 3.2. Les figures d'opposition 3.3. Les figures d'insistance, d'amplification 3.4. Les figures d'atténuation 3.5. Les figures d’analogie Chapitre 4 – Registres Chapitre 5 – Style et rythme de la phrase 5.1. Le rythme binaire 5.2. Le rythme ternaire 5.3. La phrase accumulative 5.4. La période oratoire 5.5. La phrase disloquée Exercices 5 11 14 17 18 Deuxième partie – Lire le roman Chapitre 1 – Discours et récit 1.1. Situation d’énonciation : généralités 1.2. Les temps dans le récit et le discours 1.3. Le discours dans le texte littéraire 1.4. Le récit dans le texte littéraire 1.5. Alternance de récit et de discours 1.5.1. Le discours dans le récit 1.5.2. Le récit dans le discours 1.5.3. Les valeurs du pronom indéfini "on" Exercices Chapitre 2 – Schéma narratif Chapitre 3 – Espace et personnage romanesques 3.1. La description de l’espace 3.2. La description des personnages, le portrait 3.2.1. La désignation 3.2.2. La qualification 3.2.3. Le mode de présentation 3.3. La fonction des personnages: le schéma actantiel 24 2 Première partie – Outils linguistiques d’analyse des textes littéraires Chapitre 1 - Niveaux de langue 1.1. Les trois principaux niveaux de langue - Le langage familier signale un milieu populaire, des relations amicales ou familiales. - Le langage courant est utilisé pour un exposé, les échanges avec une personne non familière, une dissertation ou un commentaire, un courrier administratif. - Le langage soutenu indique un niveau social élevé, des relations hiérarchiques, la politesse du locuteur, son goût pour la belle langue. Le choix dépend de la situation de communication et des effets voulus par le narrateur. Un même texte peut jouer sur les trois niveaux et créer des effets variés : d’humour, d’ironie, de burlesque… - Le langage scientifique est utilisé dans les communications savantes : conférences, mémoires de master, thèses, articles scientifiques - Le langage vulgaire est celui des personnes mal élevées ou qui ont perdu le contrôle d’elles- mêmes sous l’effet de la colère ou autre sentiment très fort. Niveaux de langue ------------------------- Scientifique ------------------------ Soutenu ------------------------ Courant ------------------------ Familier ------------------------ Vulgaire ------------------------ 1.2. Les principales marques du langage familier Exemples tirés du texte d’étude : Mots et tournures familiers mon pote, la boîte, un sacré coup, le boulot Termes vagues et banals c’est, ça, il y a, on… Elision de certaines voyelles quand t’as un pote au lieu de tu as Tournures négatives incorrectes omettant le ne tu le laisses pas tomber au lieu de tu ne le laisses pas tomber Absence d’inversion dans la tournure négative tu t’en souviens au lieu de t’en souviens-tu ? /Il a quoi au lieu de quel âge a-t-il ? / Et quoi au lieu de Qu’as-tu trouvé ? Reprise ou anticipation expressive du sujet ou de l’objet Et René, il a cinq ans de moins l.5 = le sujet René est repris par le pronom il René, je le reconnaissais plus l.8 = le COD René est repris par le pronom le 3 Les tournures non expressives en langage courant seraient les suivantes : René a cinq ans de moins / Je ne reconnais plus René Pauses marquant des hésitations dans le discours : points de suspension hein…, … ben Phrase longue, mal ponctuée En fait…anticipée l.2 à 6 Tutoiement ● Texte d’étude 5 1 0 - René, [c’est] celui qui travaillait avec toi ? - Oui, René, mon pote d’atelier, tu t’en souviens ? En fait, trois mois après mon départ à la retraite…, ben [on] leur a annoncé dans la boîte qu’[il y avait] une restructuration de certains secteurs et René, ben, il a quoi ? cinq ans de moins que moi, il faisait partie des gens qu’[on]mettait à la retraite anticipée. [Ça] a été un sacré coup pour lui. Il paniquait, quoi, à 56 ans ou presque ! - Ouais, [c’est] pas marrant ! - [Ça] doit être dur à vivre, hein…René, je le reconnaissais plus, on s’était battus pour le boulot, pour les conditions de travail et tout, mais là rien à faire ! Quand t’as un pote comme René qui déprime, tu le laisses pas tomber comme [ça,] alors j’me suis remué et j’ai trouvé… - Ah oui ! Et quoi ? (Tout va bien 3, p.152) ● Analyse Les deux locuteurs se tutoient, il s’agit d’un père et de sa fille. Le lecteur comprend que le locuteur principal est un ouvrier à la retraite l.3 et qu’il a été un militant engagé pendant ses années d’activité : il s’est battu l.8 avec ses camarades de travail. Le niveau de langue familier s’explique parce que la conversation se déroule dans le cadre familial et dans un milieu populaire. 1.3. Les marques du langage courant ● Elles se déduisent aisément de la comparaison avec le texte en langage familier. ● Le vouvoiement remplace le tutoiement, les incorrections et termes familiers ont été corrigés, mais on accepte l’interrogation sans inversion l.1 et l’emploi de c’est…sans en abuser. ● La même conversation a été tenue dans une situation différente, par exemple entre le même retraité et un journaliste de la presse locale à qui il donne une interview sur sa vie de militant syndical à la retraite. - René est un de vos anciens collègues ? - Oui, René, mon camarade d’atelier, vous vous en souvenez peut-être ? En fait, trois mois après mon départ à la retraite, la direction a annoncé la restructuration de certains secteurs de l’entreprise. Et René, qui a cinq ans de moins que moi, faisait partie des gens mis à la retraite anticipée. Le coup a été très dur pour lui. A 56 ans, il s’est affolé. - Oui, ce n’est pas drôle ! - C’est une situation sans doute très difficile à vivre. Je ne reconnaissais plus René avec qui je m’étais battu pendant tant d’années pour les conditions de travail, les augmentations de salaires … Impossible de le faire réagir ! Mais quand on a un camarade en grande difficulté, on ne l’abandonne pas. Alors j’ai cherché une solution et j’ai trouvé… - Ah oui ! Et qu’avez-vous trouvé ? 4 1.4. Les marques du langage soutenu Analyse d’un extrait d’Un secret de Philipe Grimbert (Texte p.3) ●Le vocabulaire est recherché cf. Tableau ci-dessous ●Le narrateur utilise des figures de style - métaphore filée trois marches du podium…compétition…vainqueur…conquérir, - hyperboles grisait…soûlait…enfouissais…incandescence…abominables…tortures, Morts… jeux du cirque, trempés ● La syntaxe est travaillée - Les 3 premières phrases commencent par un complément circonstanciel et non le sujet : Chaque début d’année… De cette seule compétition… Là était Dans la phrase 3 (P3), l’adverbe là entraîne une élégante inversion du sujet. - P1et P4 utilisent les deux points pour introduire une explication. Dans P1, l’explication prend la forme d’une énumération en 3 temps ponctuée par 3 verbes à l’infinitif : le rythme est ternaire. P4 est construite sur une antithèse et se déroule selon un rythme ternaire : un segment est consacré au « je », deux segments au frère supérieur physiquement, comme s’il valait le double du narrateur, et même beaucoup plus. Là était mon domaine, / à mon frère j’avais abandonné le reste du monde: / lui seul pouvait le conquérir. / - Les deux dernières phrases sont longues et complexes : ce sont deux périodes oratoires (Cf. Chapitre 4) qui culminent pour la première à « main » et la seconde à « parentales ». La seconde est d’ailleurs construite sur une antithèse marquée par la répétition de « parfois » et opposant les récits réalistes aux récits imaginaires. ● Texte d’étude Chaque début d’année, je me fixais le même objectif : attirer l’attention de mes maîtres, devenir leur préféré, monter sur l’une des trois marches du podium. De cette seule compétition, je pouvais prétendre être le vainqueur. Là était mon domaine, à mon frère j’avais abandonné le reste du monde : lui seul pouvait le conquérir. Le parfum des livres neufs me grisait, je me soûlais aux amandes de la colle en pot, au cuir de mon cartable lorsque j’y enfouissais mon visage. Les cahiers s’accumulaient dans les tiroirs de mon bureau, je ne les relisais jamais. La vigueur qui me faisait défaut lors des activités physiques se portait à incandescence lorsque, un stylo à la main, je remplissais des pages entières de récits de mon invention. Parfois ils me concernaient de près, sagas familiales, chroniques parentales, parfois ils s’égaraient en contes abominables semés de tortures, de morts et de retrouvailles, jeux du cirque, récits trempés de larmes. Philippe Grimbert, Un secret, 2004, uploads/Litterature/ partie-1-theorie.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 2.1397MB