Q QUELLE EST LA FINALITÉ DU COLLÈGE DES TECHNICIENS ? Le Collège Technique prop

Q QUELLE EST LA FINALITÉ DU COLLÈGE DES TECHNICIENS ? Le Collège Technique propose et met en œuvre les formations et les actions pédagogiques en lien avec la discipline, ainsi que la formation et les actions destinées à faire évoluer les pratiques pédagogiques. Les membres du Collège animent des stages tech- niques fédéraux. Ils participent aux divers jurys de passages de grades. Ils participent aux divers jurys d’examens du Brevet Fédéral UFA, du Brevet d’Etat. Au regard du caractère unique de la discipline, le collège technique est le lieu où se manifeste une pluralité d’expression à travers des pratiquants, ensei- gnants de haut niveau. QUELS SONT LES DIFFÉRENTS DOSSIERS SUR LESQUELS VOUS TRAVAILLEZ ? Dans le cadre des activités interfédérales, en lien avec la Commission Technique Paritaire : - constitution et formation du corps des juges fédéraux à l’échelle nationale et régionale ; - refonte du Brevet Fédéral UFA ; - obtention du diplôme d’Etat par Validation d’Acquis d’Expérience. En interne : - Politique fédérale, communication et partenariat entre le collège technique et le comité directeur. - Dans le cadre du séminaire technique national, qui rassemble les techniciens de la FFAAA, nous avons abordé des questions de fond sur la discipline à par- tir de nos expériences de terrain. Séminaire que j’ai eu la charge d’organiser et d’animer ces deux der- nières années, relayé par le secrétariat fédéral. Comment chaque prati- quant devient-il, par son investissement, un vec- teur de la dynamique fédérale ? Comment la formation pour les passages de grades peut-elle permettre à l’individu de se bonifier à travers le temps ? Comment conjuguer la « quantité » de pratique et la « qualité » de la conscience accom- pagnant cette pra- tique ? Comment conjuguer discipline et relâche- ment ? Comment la pratique 16 En juin 2004 Pascal Durchon, 5e dan, a accepté la présidence du Collège des Techniciens, relevant ainsi le défi de mener à bien une mission exigeante dans la voie tracée par ses prédécesseurs. le défi de l’harmonie ENTRETIEN AVEC Pascal DURCHON AIKIMAG DEC 2005 28/12/05 15:25 Page 16 évolue-t-elle avec l’âge ? Comment utiliser les situations de rivalité / coopé- ration comme outil d’accomplissement de soi ? À partir de l’expérience de quelques individualités de haut niveau, comment structurer une pratique de haut niveau à l’échelle fédérale ? Y-A-T-IL UN PRINCIPE DE PROGRESSION AUQUEL VOUS ÊTES PERSONNELLEMENT ATTACHÉ ? La formation, comme formalisation d’une expé- rience, me semble le principal vecteur de progres- sion. De façon concrète, je me suis appuyé sur le stage de préparation 3 / 4e dan dont j’étais à l’ini- tiative il y a 5 ans. Cette expérience a pris une nouvelle dimension au sein de l’équipe technique d’Ile de France, avec Bernard Palmier (DTR), Arnaud Waltz, Pascal Norbelly et moi-même. La conception, l’organisation et l’animation durant deux années de ce stage ont permis de donner une base concrète à ces questions et d’ouvrir des champs d’investissement et de réflexion. Ce stage s’est révélé un lieu d’expression, de mise en perspective de diverses sensibilités, d’approches différentes dans une volonté de cohérence et de complémentarité, ce qui me semble être une bonne utilisation du cadre fédéral. Au-delà de l’évaluation des candidats, cette expé- rience a permis aux stagiaires de poser les bases d’une réflexion sur leur pratique afin que chaque pratiquant se sente acteur et devienne auteur de sa formation. La préparation au passage de grade per- met de prendre conscience de la nécessité d’une for- mation continue. L’ensemble de l’expérience a permis de poser les bases d’une perspective d’évolu- tion personnelle vers la pra- tique de haut niveau. Le propos est d'utiliser l'Aïkido comme outil d'ac- complissement de soi. Afin de se sentir au cœur du meilleur de soi-même. Faire le deuil du potentiel physique va nous permettre de découvrir d'autres poten- tiels. C’est tout d’abord le deuil en terme d’illusion et plus tard en terme de réel. L’accomplissement de soi, se conjugue avec l’ouvertu- re à de nouveaux potentiels, avec la capacité de mettre entre parenthèses cer- taines illusions. La technique et le relâchement vont permettre de développer une certaine maturité. La découverte de nouveaux potentiels va permettre, chez certains, d'exprimer une fraîcheur, une joie dans la pratique. A mon sens, le sentiment de bonification réside dans la conscience d’être vivant au cœur de son expérience, tout au long de sa vie. Les pratiquants de haut niveau incarnent, chacun à leur manière, cette forme de bonification liée à la pratique régulière de l'Aïkido. SUR QUELS PROJETS TRAVAILLEZ-VOUS ACTUELLEMENT ? D’une part, Pascal Norbelly, en contact avec des cadres de la fédération polonaise a été sollicité pour organi- ser une formation. Depuis 15 ans j’anime des stages en Pologne avec d’autres enseignants formés par Christian Tissier. Nous avons le projet de former sur le terrain pendant deux ans des enseignants capables, à terme, d’animer une formation 3/4ème dan. Cette initiative sera relayée par mon ami Andrzej Bazylko, élève de Christian Tissier, professeur à Varsovie, qui a participé à l’encadrement des deux stages de préparation 3 / 4e dan proposés en France. Chez Pascal Durchon la voie de l’Aïki doit également être ouverte aux plus fragiles comme ici avec Sébastien , jeune pratiquant trisomique mais sincèrement passionné. Une pratique de qualité passe par un relachement que seul un travail intense dans la durée peut procurer. ▼Le Collège Technique propose et met en œuvre les formations et les actions pédagogiques en lien avec la discipline,ainsi que la formation et les actions destinées à faire évoluer les pratiques pédagogiques…▲ 17 AIKIMAG DEC 2005 28/12/05 15:25 Page 17 D’autre Part, je participe à une réflexion sur la Validation d’Acquis d’Expérience (VAE), qui repré- sente un levier important de qualification à partir d’un processus de reconnaissance de compétences. De mes années passées à l’Université, j’ai retenu que « qualification ne rimait pas nécessairement avec compétence ». La France reste fascinée par les titres, héritage de l’an- cien régime, alors que les Anglo-saxons sont plus pragmatiques en la matière... La VAE me semble un outil fédéral et républicain de choix permettant aux personnes de terrain de faire valoir leur expérience. VOS RESPONSABILITÉS FÉDÉRALES INFLUENCENT- ELLES VOTRE ENSEIGNEMENT ? Mes responsabilités fédérales me poussent, de manière relative, à traduire mon expérience en un langage accessible à un plus grand nombre au-delà du cercle de mes élèves. Ces responsabilités me permettent également de rencontrer d’autres pratiques, d’autres représenta- tions et de me préserver d’une tentation sectaire. Par ailleurs, l’investissement et la confrontation, dans le cadre fédéral sont, à titre personnel, des exer- cices de base en termes «d’hygiène mentale » afin de se protéger des dérives de type « paranoïaques » ou à l’inverse « mégalomaniaques ». QUELLE DOIT ÊTRE LA PREMIÈRE PRÉOCCUPA- TION DE L’AÏKIDOKA AU REGARD DES FINALITÉS DU CONTEXTE MARTIAL DE LA DISCIPLINE ? En 1999, Christian Tissier me remettait le 5e dan Aikikaï au Cercle à Vincennes. Les mots qui l’accompagnaient m’ont semblé une prescription : « …5e dan, grade de matu- rité que je remets à un jeune… », j’avais 35 ans, ce grade venait récompenser l’investissement de plusieurs années ouvrant un nouveau champ d’investissement Adulte. La maturité, en terme de processus me semble consti- tuer une préoccupation essentielle, afin de gagner en lucidité, de cultiver une bienveillance face à l’étrange, voire l’étranger, tout en gardant une forme de naïveté fondamentale. Art martial de paix, la finalité du contexte martial nous invite à ce processus de maturation. En japonais, comme le définit Claude Durix dans son ouvrage Le sabre et la vie, Budô signifie « la voie du combat ». Le caractère qui signifie « com- bat » représente une lance et signifie par extension « les armes ». L’autre élément a le sens « d’arrêter, stopper, retenir »… Notre combat doit finalement aboutir à l’arrêt des armes… L’Aïkido se définit par une recherche de pureté par le geste à travers des contraintes techniques. La pra- tique régulière va permettre de dépasser ces contraintes et tendre vers cet accomplissement. Ce chemin peut se décliner en trois grandes étapes que décrit Suzuki Shunryu dans son ouvrage Esprit zen, Esprit neuf, que j’interprète dans le cadre de mon expérience en Aïkido : - La pratique juste : La confrontation aux contraintes biomécaniques qui régissent le corps, le nôtre, celui du partenaire, par une discipline propre à notre pra- tique, va permettre de découvrir, d’expérimenter, de gérer ces règles afin de s’en libérer. - L’attitude juste : Le sentiment de contrainte lié aux règles biomécaniques étant tombé, le pratiquant se confronte à la dimension psychoaffective. De nou- velles contraintes apparaissent qui demandent le développement de la détermination dans l’action ainsi qu’une certaine forme de détachement. L’attitude juste, c’est celle de l’équilibriste sur son fil… - La compréhension juste : L’être est en échange permanent avec les environnements dans lesquels il évolue. La rencontre avec le monde, avec les autres, se vit intensément. Cette rencontre permet la com- préhension dans sa capacité à vivre « ici et main- tenant ». Forte de sa singularité, la personne uploads/Litterature/ pascal-durchon.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager