Quelques nouveautés dans le traitement de la dyslexie Resodys http://www.resody

Quelques nouveautés dans le traitement de la dyslexie Resodys http://www.resodys.org/Quelques-nouveautes-dans-le,403 Quelques nouveautés dans le traitement de la dyslexie - Resodys - Date de mise en ligne : mardi 31 juillet 2007 Resodys Page 1/6 Quelques nouveautés dans le traitement de la dyslexie Tout d'abord, un bref état des lieux. Depuis le début des recherches modernes sur la dyslexie, soit, disons, autour du début des années 80, des milliers d'enfants ont été inclus dans des protocoles basés sur des hypothèses quant aux raisons pour lesquelles le cerveau du dyslexique n'apprend pas à lire. Parmi ces enfants, l'énorme majorité était de langue anglaise, et parmi ces études, l'énorme majorité était basée sur la théorie phonologique de la dyslexie, c'est-à-dire l'idée qu'en entraînant spécifiquement l'aptitude de l'enfant à manipuler volontairement les sons du langage, on pouvait lui permettre de rétablir un processus fondamental qui lui faisait défaut et l'empêchait d'apprendre à lire. De fait, les résultats ont été plus que probants puisque, pratiquement sans aucune exception, ces études ont démontré une amélioration spectaculaire des aptitudes en lecture des enfants inclus, dans des proportions variables selon les cas, mais toujours dans le sens d'un bénéfice significatif par rapport à un groupe similaire n'ayant pas reçu les mêmes entraînements. En fait, si l'on regarde de plus près les méthodologies rapportées dans ces articles, on s'aperçoit que les techniques utilisées sont rarement voire jamais exclusivement phonologiques, dans la mesure où en parallèle de l'entraînement phonologique, les enfants recevaient en général un enseignement formel de la conversion grapho-phonémique, c'est-à-dire qu'outre l'exercice de la manipulation mentale des sons, ils étaient également soumis à une dose variable de stimulation visuelle concernant la forme visuelle des lettres et des mots, et surtout peut-être de l'association entre sons et lettres, entre mots entendus et mots écrits. Du reste, plusieurs études ont même démontré que l'entraînement phonologique seul est moins efficace que s'il est accompagné d'exercices de conversion grapho-phonémique, ce que les anglo-saxons rassemblent volontiers sous le terme parapluie de « phonics ». C'est ainsi que certains auteurs ont tenté, avec plus ou moins de bonheur, d'identifier, d'isoler l'effet d'un entraînement purement audio-visuel, sans manipulation volontaire des phonèmes. Il n'est pas choquant, en effet, d'imaginer que les régions du cerveau qui servent à intégrer les informations provenant des deux systèmes sensoriels, auditif et visuel, soient déficientes chez le dyslexique et qu'en entraînant spécifiquement leurs interconnexions, on puisse rétablir, ou du moins améliorer, leur fonctionnement. Une équipe finlandaise, a d'abord entraîné des enfants dyslexiques à l'aide d'un jeu audio-visuel de type game-boy, où l'enfant apprenait à associer le plus rapidement possible des sons, selon leur hauteur et leur intensité, à des patterns visuels, apparaissant sur l'écran du jeu. Les résultats ont montré une amélioration significative de la lecture, alors même qu'ils n'étaient soumis à aucun exercice spécifiquement linguistique. D'autres auteurs ont travaillé sur des hypothèses plus proprement visuelles, ou visuo-attentionnelles, dans le but de traiter spécifiquement la composante visuo-attentionnelle de la lecture. Une équipe italienne a ainsi démontré, sur un groupe restreint de dyslexiques, il est vrai, une amélioration significative en lecture en appliquant une méthode de stimulation visuelle avec du matériel verbal et non verbal, destinée à améliorer spécifiquement les capacités attentionnelles. Une équipe anglaise a, quant à elle, étudié diverses possibilités de traitement visuel, basées en particulier sur la fameuse hypothèse magnocellulaire, postulant que le système visuel du dyslexique ne pourrait traiter un certain type d'information visuelle. Par exemple, l'utilisation de lentilles ou de transparents colorés durant la lecture, ou encore, de façon plus anecdotique, l'occlusion d'un oeil, ont été signalées comme pouvant améliorer la lecture de dyslexiques. Toutefois, ces résultats sont restés isolés et n'ont pas été répliqués, ce qui leur enlève donc beaucoup de leur pertinence. Enfin, un débat pour le moins animé a alimenté ces derniers mois les colonnes de la revue anglaise « Dyslexia », suite à un article de Rod Nicolson, de Sheffield, qui a présenté les résultats - très critiqués - d'une étude basée sur un traitement de type « vestibulo-cérebelleux », de nom de code DDAT ( pour « dyslexia, dyspraxia and attention deficit treatment »), destiné à renforcer l'équilibre et la coordination. Comme pour une étude française, dont le contenu est développé plus bas, la principale critique (hormis divers points méthodologiques) concerne la question de la comorbidité : dans toute étude de ce type, il est essentiel de définir les dyslexiques avec et sans troubles comorbides, en particulier moteur (dyspraxie, dysgraphie), ce que les auteurs de ce travail n'avaient absolument pas réalisé... Un autre point de faiblesse est le fait que les enfants du groupe contrôle n'avaient pas d'activité durant la période ou les enfants du groupe expérimental recevaient le DDAT ; l'auteur, dans sa réponse à cette critique, s'en sort par une pirouette élégante, sinon convaincante, expliquant que donner au groupe témoin une tâche non active pendant des heures aurait eu un tel effet d'ennui et de lassitude que cela aurait diminué leur performance et augmenté artificiellement l'écart avec le groupe expérimental !! Tel est donc le contexte des études internationales. Qu'en est-il à présent de la recherche sur des dyslexiques de langue française. Comme nous l'avons dit, la question n'est pas anodine puisqu'il est aujourd'hui clair qu'un Page 2/6 Quelques nouveautés dans le traitement de la dyslexie dyslexique francophone n'a probablement pas la même organisation cérébrale de la lecture qu'un anglophone, en particulier en raison de la plus forte transparence de la langue dans le sens écrit-oral : (en anglais, beaucoup plus qu'en français, un grand nombre de formes orales ne peuvent pas être prédites en les lisant par simple application des règles de conversion grapho-phonémique, comme le graphème OUGH pouvant se prononcer de multiples façons différentes, selon le mot auquel il appartient. En français, au contraire, des graphèmes complexes comme EAU ou AIL ne peuvent se prononcer que d'une seule façon, quel que soit le mot dans lequel ils apparaissent). L'une des premières études systématiques chez des dyslexiques francophones a été celle que nous avions réalisée entre 1997 et 2000 en collaboration avec l'équipe de linguistes et de phonéticiens du Laboratoire « Parole et Langage » de l'Université de Provence, à Aix. Cette équipe avait mis au point une procédure de modification automatisée de la parole humaine, destinée à en ralentir et en accentuer les parties les plus rapides, donc les plus difficiles à traiter par le système auditif, selon la théorie défendue par la neuroscientifique américaine Paula Tallal (dite théorie du déficit du traitement temporel). Nous avions pour notre part, avec plusieurs étudiantes de l'Ecole d'Orthophonie de la Faculté de Médecine, monté un protocole d'entraînement basé sur l'écoute de triplets de mots parmi lesquels l'enfant dyslexique, qui les recevait successivement à l'aide d'écouteurs, devait détecter les similarités phonétiques ou syllabiques. Voici (exemple 1), par exemple, 4 séries de mots enregistrées sous forme ralentie (durée 166% par rapport à l'original). L'enfant entend ces séries successivement et doit pointer sur un panneau portant les chiffres 1, 2, 3 lesquels se terminent par la même rime. A un degré de difficulté supplémentaire, il s'agit de détecter la similarité des phonèmes initiaux (exemple 2) ou des phonèmes centraux (exemple 3). On voit donc que la procédure est relativement simple (et du reste assez facilement apprise par les enfants, qui doivent, rappelons le, effectuer ces exercices tous les jours !) mais la difficulté peut être modulée en fonction de l'âge des enfants et de leur degré d'expertise dans ces manipulations phonologiques, le but étant, au bout de plusieurs semaines, d'exercer la capacité de l'enfant à la fois à concentrer son attention sur les segments à analyser, et à manipuler mentalement le contenu sonore des mots pour mieux prendre conscience de leur composition segmentale. Lors d'une étude pilote, nous avons pu montrer que les enfants réalisant 5 semaines de tels exercices en écoutant de la parole modifiée s'amélioraient significativement plus que des enfants réalisant les mêmes exercices, mais avec de la parole prononcée normalement, sans modification acoustique. Pour autant , le résultat fut considéré comme modeste car l'avantage du groupe entraîné avec de la parole modifiée se limitait aux exercices phonologiques et ne transparaissait pas sur les aptitudes en lecture. Mais le résultat le plus spectaculaire de cette étude fut de montrer qu'au-delà de la présence ou non de cette modification, tous les enfants bénéficiaient de manière considérable de ces exercices intensifs, avec cette fois-ci une amélioration très significative de toutes les variables étudiées (lecture de mots, de non-mots, orthographe et même capacités attentionnelles). Ce premier résultat nous a donc encouragés à généraliser cette pratique des exercices de conscience phonologique sous un mode répétitif, intensif et quotidien, une pratique à l'évidence très éloignée de ce qui se faisait jusqu'alors en matière de rééducation de la dyslexie. Ainsi, renonçant à modifier la parole, nous avons dès lors opté pour un entraînement avec de la parole non modifiée, mais toujours intensif, quotidien sur deux fois 3 semaines avec une pause de 2 semaines entre les deux sessions. Mais alors que la première étude reposait sur un entraînement uploads/Litterature/ article-a403.pdf

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