DUPIN Farés 1S2 « Art » est une pièce de théâtre créée en 1994 par Yasmina Re

DUPIN Farés 1S2 « Art » est une pièce de théâtre créée en 1994 par Yasmina Reza pour Pierre Arditi, Pierre Vaneck et Fabrice Lucchini. Cette pièce de théâtre est ancrée dans la société contemporaine qui montre les défauts et les vices. De plus, elle connut un grand succès car elle a été traduite en 35 langues et Yasmina Reza est aujourd’hui l’auteur français contemporain le plus joué dans le monde. Elle raconte l’histoire de trois amis d’une quarantaine d’années qui vont se disputer et se déchirer à cause de l’achat d’un tableau blanc. Nous nous demanderons dans cet extrait, de quelle manière l'auteur parvient-il, à marier un contexte comique et un fond pathétique ? Ainsi, dans un premier temps nous étudierons l'aspect comique de l'extrait, puis dans un second temps son ancrage dans le pathétique. Le comique de situation est particulièrement notable lorsque la toile, objet du litige qui galvanise toutes les tensions, se retrouve en train de menacer l'amitié entre Serge, Marc et Yvan et mettre un terme à « une relation de quinze ans... »L.1399. Une situation qui, malgré sa banalité, va conduire à une situation sérieuse et grave à travers un acheminement comique et ridicule. Le comique de situation réside également dans la position d'Yvan qui ,malgré lui, se retrouve comme une balle entre deux joueurs, lui qui ne comprend pas comment ni pourquoi il est devenu l'objet de défoulement de ses deux amis. Jouée sur scène cette situation pourrait provoquer le rire du public. De même, le décalage crée par les différents aspects d'échanges entre les personnages soulève une situation comique. En effet, on passe d'une forte tension où règne une atmosphère de conflit mise en avant par la fréquence des interjections « Ah parce que ça y est, tout est fini ! »L.1473, « Pleure ! Vous me dites pleure ! »L.1470 à une atmosphère d'échange positive et sereine comme s'il n'y avait rien eu, « Serge lui donne un petit bol d'olive qui est à portée de main »L.1525. Ce changement subite de tonalité crée un effet comique. L'interaction entre les personnages et leur façon de s'exprimer prennent pareillement une dimension comique qui va amuser le public. Celles-ci se manifestnte tantôt par le comique des mots telle que la trivialité des propos « Minable »L.1402, « tu nous soûles »L.1458, « merde »L.1486, tantôt dans le comique de répétition quand par exemple Yvan exprime son mécontentement en se répétant « je vous fous la soirée en l'air ?! »L.1451 ou encore quand les trois personnages reprennent l'un après l'autre « Pleure » (L.1471-1473). De plus, les personnages par leurs caractères et leurs personnalités contrastés vont constituer l'assise comique de cette scène ; ce qui nous amène au comique de caractère. Tandis qu'on a affaire à un Marc impulsif, qui ne croit pas « aux valeurs qui régissent l'art d'aujourd'hui »L.1409, Serge quant à lui est sensible à l'expression artistique moderne. Ces deux personnages de tempéraments entiers et extravagants créent dans leur confrontation un aspect comique. De l'autre côté, la nature soumise et passive d'Yvan marque une distance par rapport aux deux autres personnages ce qui crée un rapport vertical d'infériorité qui sera exploité pour animer le comique du débat. En outre, l'hyperbole joue son rôle dans la mise en place d'un contexte comique en faisant rire par l’exagération des images exprimées par nos acteurs. C'est le cas d'Yvan qui en se lamentant déclare « J'ai fait le con jusqu'à quarante ans »L.1498, ou quand il considère ce conflit comme « Un cataclysme, pour un panneau blanc »L.1535. L'ironie est à son tour présente tout au long de cet extrait. Elle est souvent verbale, par moment situationnelle mais nourrit dans les deux cas le conflit installé. Elle permet par exemple d'exprimer la lassitude d'Yvan quand il déclare « J'ai déjà le tympan crevé »L.1423 et son incompréhension d' « arriver à de telles extrémités... Un cataclysme pour un panneau blanc » L.1534. Elle prendra cependant un ton moqueur quand Marc réplique « il a peut être le tympan crevé ? »L.1425 ce qui accentue davantage la tension qui règne. Le ton ironique trace son chemin de même dans les métaphores employées lorsque Yvan se traite lui même de « farfadet »L.1516, de « ludion »L.1409, de « bouffon »L.1501... Ce dernier est encore rabaissé lorsque Marc traite sa future mariée de « gorgone » réduisant ainsi la vie d'Yvan au ridicule. De même la répétition de la périphrase « merde blanche » pour désigner le tableau reflette le moment où Yvan explose tout en ironisant sur l'idée d'acheter un tel tableau. Par ailleurs les didascalies qui précisent « il ricane » L.1427, « Marc rit » dégagent le ton sarcastique de la scène. L'ironie situationnelle, quant à elle, se met en place dans la situation d'Yvan qui était censé arbitrer la discussion entre ses deux amis et se retrouve malgré lui en conflit avec eux. L'ironie du sort est aussi dans le fait que Serge et Marc sont supposés être témoin de son mariage, au lieu de quoi ils se mettent à le persuader de l'annuler « tu devrais annuler ce mariage ». Bien que le déroulement de l'action se passe dans un cadre comique, le fond de scène reste pathétique. D'abord le personnage d'Yvan est celui qui donne à la scène sa signature pathétique par les différentes impressions qu'il suscite chez le public. Dans ce cadre les deux tirades prononcées par Yvan « Ne me dis pas, calme toi ! [...] »(L.1511-L.1717), « c'est ignoble ce que vous faites ! [...] »(L.1489-L.1503) emplissent le public d'empathie. Ce personnage, de tempérament habituellement calme et apte à se contenir, explose dans ses tirades pour exposer au public et à ses deux amis le fond de ses pensées et de ses sentiments. De plus, il ne cesse de rappeler son infériorité à travers la fréquence d’antonomases péjoratives qu'il utilise pour s'identifier « je suis vraiment le garçon verni »L.1494, « le bouffon seul »L.1501, « Yvan le farfadet »L.1516 et la comparaison « comme un rat ». Ces surnoms qu'il s'approprie appellent à la compassion du spectateur. Yvan suscite également la pitié par l'acharnement dont il est objet de la part de Marc et Serge qui ne cessent de le rabaisser en le traitant de « pauvre garçon »L.1437 ; une périphrase qui place Yvan à un niveau intellectuel, émotionnel et social enfantin. Dans ce même contexte, quand sur un ton accusateur mis en avant par le pronom personnel « tu » Serge lui lance « Tu nous fous la soirée en l'air »L.1447 et Marc lui reproche « Tu arrives avec trois quarts d'heure de retard », le personnage d'Yvan est victimisé et touche donc le public en gagnant sa compassion . Le summum du pathétique qui émane de ce personnage survient lorsqu' « il fond en larmes »L.1457. A ce moment là, la pitié et la compassion du public doit être à son paroxysme. Ensuite la situation dans laquelle se trouve les trois personnages est pathétique. Ainsi nous assistons à une relation d'amitié qui s'effrite à cause d'un conflit qui risque de mettre « un terme à une relation de plus de quinze ans »L.1399. Ce risque nous pouvons l'évaluer dans la rigidité et l’agressivité de propos sans retenue « tu nous soûles de tes pépins domestiques »L.1458, « Tu as toutes les raisons de pleurer, tu vas épouser une gorgone, »L.1471. Des propos qui provoquent, qui blessent et qui sont marqués d'un certain détachement. Par ailleurs, bien que la situation d'Yvan est prise de manière comique, il s'agit là d'une situation sérieuse où l'on parle de son couple qui est dramatisé par ses deux amis qui le conseillent d'annuler son mariage « Tu devrais annuler ce mariage. »L.1454 , « ça c'est vrai »L.1455. Ce qui est d'emblée pathétique est que le seul moment où Marc et Serge se mettent d'accord c'est celui où ils s'acharnent sur Yvan « Oui, parce que sur ce point je suis entièrement d'accord avec lui [...] »L.1462. L'aspect pathétique se voit présent aussi dans un conflit qui semble interminable et sans issue dans lequel chaque personnage lance des accusations à l'autre « tu as remarqué que tu parles que de toi »L.1444, « Tu nous fous la soirée en l'air »L.1447. Le pathétique réside aussi dans l'absurdité de la situation ; l'absurdité du conflit, l'absurdité de la position dans laquelle se retrouve Yvan qui est censé calmer le conflit et se retrouve impliqué injustement et agressé par ses deux amis. Enfin les procédés utilisés ne manquent pas dans ce texte pour mettre en avant l'aspect pathétique de la scène. D'une part le champ lexical pathétique est présent tout au long de cet extrait « crevé »L.1425, « je t'en prie », « pauvre garçon »L.1437, « on se hait »L.1438, « soucis absurde », « pathétique »L.1519, « fou », « larmes »L.1487, « pleure »L.1470. D'autre part la multiplication des interjections, exclamations, interrogations met en place uploads/Litterature/ pdf 2 .pdf

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