15 Pham Thi That Département de Langue et de Civilisation françaises Ecole de L
15 Pham Thi That Département de Langue et de Civilisation françaises Ecole de Langues – Université Nationale de Hanoi phamthithat@yahoo.com This is because there exist some contradictions between the reality that inspires writers and theoretical forms of short story writing. Keywords: short story, definition, theories, pratice. 1. Problématique La nouvelle française contemporaine frappe par sa richesse et sa diversité. Qu’est-ce qu’une nouvelle ? Si nombreux sont ceux qui se posent la question, nul ne semble pouvoir résumer les caractéristiques de ce genre littéraire en une formule définitoire. Cela parce que la nouvelle est un genre polymorphe. Aspirant souvent au renouvellement, elle se prête à tous les avatars et paraît rebelle à toute tentative de définition. Certains déclarent la mission impossible. Certains d’autre vont jusqu’à en nier l’existence, affirmant que « la » nouvelle n’existe pas : il n’y aurait que « des » nouvelles, des textes singuliers, irréductibles les uns aux autres. Depuis plus d’une trentaine d’années, de nombreuses études sur la nouvelle ont été réalisées. Mais très souvent, faute d’une définition, la critique fait passer au premier plan la variété du genre. Synergies Pays riverains du Mékong n° 1 - 2010 pp. 15-34 Nouvelle française contemporaine et théories du genre Résumé : La nouvelle française contemporaine frappe par sa richesse et sa variété. Si bien qu’on se demande ce que c’est qu’une nouvelle. La diversité des notions théoriques formulées par des lexicographes, par des critiques et par des écrivains eux-mêmes montre qu’on ne peut définir avec rigueur ce genre littéraire :il existe toujours une certaine inadéquation entre la théorie et la pratique. Mots-clés : nouvelle, définition, théories, pratique. Summary: The contemporary French short stories have developed in various forms and topics, which, again, bring up the question: “How should a short story be defined?”. The answer to this is by no mean easy. Studies into prestigious dictionary entries about “short story”, as well as definitions of scholars and even writers show that it is relatively difficult to come up with a universal definition for contemporary French short stories. 16 Dans La nouvelle 1870-1925, Description d’un genre à son apogée, Florence Goyet avance que « même si les thèmes sont infiniment variés et les procédés stylistiques toujours changeants, la stratégie qui met en œuvre ces thèmes et ces procédés est toujours constante à une époque donnée » (Goyet, 1993 :7). Elle prétend pouvoir montrer « l’unité profonde du genre » et dégager « les traits qui le fondent », sans en donner pour autant une définition, du moins pour l’époque qu’elle avait choisi d’étudier (1870-1925). Les auteurs d’Introduction à l’étude de la nouvelle, L. Louvel et C. Verley, éludent la position de principe dès le début de leur ouvrage : « Il est juste – et de surcroît prudent – de déclarer d’emblée que nous ne donnerons pas ici la définition peut-être attendu du genre de la nouvelle dont la caractéristique principale semble bien être qu’il échappe à toute tentative de définition » (Louvel & Verley, 1993 :4) . Que démontre tout cela, sinon le caractère « insaisissable » de ce genre, comme l’a observée Etiemble dans son article sur la nouvelle du Dictionnaire des Genres et Notions littéraires ? En parlant des études sur la nouvelle, T . Orwald remarque : « S’il est relativement aisé d’écrire la nouvelle dans une perspective historique et d’esquisser une théorie de sa « réception » pour user d’un concept récemment forgé, la tâche est d’une autre difficulté lorsqu’on se propose de définir , structurellement, thématiquement, génériquement, la nouvelle. […] De temps à autre […] tel auteur ébauche une analyse et tente de caractériser plus nettement, dans une préface, dans un essai, mas rarement dans le cadre des nouvelles elles-mêmes, l’exercice qui est le sien ; telle école ou équipe de recherche se penche plus sérieusement sur la question : ainsi, pour Marcel Schwobb, la nouvelle est toujours le récit d’une crise […], Gide considère que la nouvelle « est faite pour être lue d’un coup, d’une seule fois », Baudelaire souligne sa plus grande intensité par rapport au roman. Dans tous les cas, il s’agit de contribution de francs-tireurs, d’amorces analytiques, de comptes rendus de lectures quelque peu approfondis, de tentatives pour justifier un type d’écriture plus que pour l’expliquer véritablement » (Orwald, 1996 : 9). Les théoriciens s’efforcent toujours de spécifier la matière et les caractères propres du genre. Mais il est presque impossible de cerner la beauté commune des textes courts, car « la nouvelle selon Maupassant n’est pas celle d’Aymée qui ne ressemble pas à celle de Gogol que Kafka ignore » (Pujade-Renaud & Zimmermann, 1993 :199) . Tant il est vrai que, constamment, les auteurs s’appliquent non seulement à imposer un ton à leur œuvre, mais aussi à varier leurs procédés stylistiques, afin que leur esthétique « ne ressemble à aucune autre ». Cette volonté paraît actuellement renforcée : les nouvellistes contemporains semblent se distinguer moins par leur croyance à la spécificité d’un genre que par leur ambition de différence. Mentionnons à ce sujet le cas d’Annie Saumont. Depuis plus de trente ans, cette nouvelliste met à l’épreuve sa volonté de trouver pour chacune de ses nouvelles une technique d’écriture. Selon elle, « Ecrire une nouvelle est un travail long et difficile […] et ce travail est toujours à recommencer. Toujours il faut partir de zéro comme si les recherches antérieures n’avaient apporté aucun enseignement, Synergies Pays riverains du Mékong n° 1 - 2010 pp. 15-34 Pham Thi That 17 aucun savoir-faire, aucune habilité, aucune facilité […] en sorte qu’à chaque fois la tâche est double : écrire une nouvelle nouvelle et réinventer un genre littéraire » (Pujade-Renaud & Zimmermann, 1993 : 276). Régine Delambel écrit dans la même perspective : « A chaque texte son effet privilégié, sa clé d’or préférée, son procédée ». Liliane Giraudon affirme enfin que « chaque nouvelle réussie échappe à la forme de la Nouvelle et relance sa définition ». La nouvelle apparaît ainsi comme un objet de métamorphoses. « Métamorphose de ses formes : trois lignes ou trente pages. Métamorphose de ses types : sentimentale, humoristiques, fantastiques, vouée à l’événement réel ou imaginaire, réaliste ou fantaisiste. Métamorphose de ses contenus qui varient à l’infini » (Grojnowski, 1993 : XI) . Dans cet état de choses, on perçoit la difficulté de trouver une définition susceptible de rendre compte de toute la variété du genre. Cette réalité explique le caractère aléatoire des notions théoriques et des commentaires concernant la nouvelle dans des dictionnaires et des ouvrages de vulgarisation. Elle décide en quelque sorte l’approche synthétique qu’adoptent souvent les critiques contemporains lorsqu’ils abordent le genre. Elle justifie enfin la divergence des opinions chez les nouvellistes eux-mêmes. 2. La nouvelle selon les théoriciens Pour toute définition, on a l’habitude de consulter des dictionnaires. C’est ce que nous allons faire pour les concepts relatifs à la nouvelle. Le premier ouvrage auquel nous recourons, Le Littré, définit la nouvelle comme une sorte de « roman très court, récit d’aventures intéressantes et amusantes ». Cette définition ne semble pas réussir à circonscrire le genre dans sa spécificité (« sorte de »), d’autant plus qu’elle procède à partir d’une référence a priori (le roman), comme s’il était impossible de placer cette forme narrative dans un genre autonome. Examinons l’article afférent du Dictionnaire de Littératures de langue française. « Pour beaucoup d’esprits, affirme-t-il, la nouvelle est au roman ce qu’est le court métrage au grand film : exercice d’esthète […], ouvert aux débutants et que le public – par conséquent les éditeurs – boude avec obstination ». L’article résume ensuite des étapes différentes de l’évolution de la nouvelle, depuis le Moyen-âge où elle représente « un genre narratif parmi d’autres » au XIXe siècle où elle « entre dans la définition de son propre genre », pour arriver actuellement à son « ère des impasses ». Que nous renseignent ces informations, sinon la situation délicate et désespérante d’un genre littéraire qui a pourtant permis à bien des auteurs d’être mondialement connus, tels un Tchekhov, un Gogol, un Kafka, un Maupassant ou un Borges… ? Voici la définition avancée par Le Robert : « Récit généralement bref, de construction dramatique (unité d’action), présentant des personnages peu nombreux dont la psychologie n’est guère étudiée que dans la mesure où ils réagissent à l’événement qui fait le centre du récit » (1984 :823). Les nombreux modalisateurs de cette phrase attestent d’emblée la difficulté de définir avec rigueur le genre. Si l’on écarte les propositions d’ordre esthétique, on retiendra deux traits dominants : la narration (récit) et la longueur (généralement brève). Nouvelle française contemporaine et théories du genre 18 Cependant, ces critères semblent évoluer dans un rapport de synonymie à d’autres genres narratifs comme le conte ou la fable. La considération de la pratique des nouvellistes montre que, si cette définition résume des traits caractéristiques de la nouvelle-type, notamment celle du XIXe siècle passé, elle paraît sujette à caution face à un certain nombre de nouvelles contemporaines. Selon le Robert, une nouvelle est d’abord uploads/Litterature/ pham-thi-that 1 .pdf
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- Publié le Jan 06, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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