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Pôle de Recherche Assistante : Chrystel CONOGAN – chrystel.conogan@collegedesbernardins.fr – 01.53.10.41.95 La prière hassidique pour la Présence divine (Shekinah) en résonnance avec Matthieu XXV Après avoir remercié les co-directeurs du département Judaïsme et Christianisme de leur aimable invitation, Frère Pierre Lenhardt précise que son intervention portera essentiellement sur la Prière Hassidique pour la Shekinah en commentant, notamment, certains textes essentiels du hassidisme. Il ajoute qu’il essaie seulement de vivre sa vie chrétienne, en prenant dans les textes la parole qui vient de Dieu à travers la tradition d’Israël et de la tradition de l’Église et bien évidemment de sa foi chrétienne et de l’Évangile. Dans la Prière Hassidique pour la Shekinah, le mot clé est bien entendu « Shekinah» et qu’est-ce que la Shekinah ? Pour les hébraïsants, c’est d’abord, un nom d’action, c’est l’action d’habiter. C’est donc avant tout l’action de Dieu qui se rend présent par une action continue. La Shekinah n’est pas quelque chose qui reste isolée. Elle est animée de l’intérieur par le Seigneur qui se rend présent, une présence continue. Cette action d’habiter à un résultat et le mot Shekinah désigne aussi ce résultat : c’est-à-dire la présence divine, selon la volonté du Dieu créateur. C’est également une prière synagogale instituée (qeva’) et obligatoire (hovah) qui est Service (avodah) rendu à la Présence (Shekinah) : « Loué le Seigneur en sa présence », sont des mots qui viennent de cette prière. La Shekinah est également enseignée via les textes abordés ci-après. Frère Lenhardt donne lecture du très beau texte issu de la tradition de la Bible de Jérusalem, nommé « la Pesiqta » de Rav Kahana, Pisqa 1, en précisant qu’il s’agit d’un texte de la même famille que les traductions qui se trouvent dans le Talmud de Jérusalem - traduction palestinienne - et qui se formule dans les académies de la terre d’Israël, notamment à partir de la rédaction et de la publication de la Michna, vers l’an 219. D’une manière générale, les textes de littérature orale : homélies, prédications…. sont mises par écrit et composés entre 250 et 400. Dans le cas présent, la mise par écrit de ce texte « La pesiqta » est particulièrement soignée. Texte n°1 « La pesiqta de Rav Kahana » p. 4 - « Un Gentil posa à Rabban Gamaliel1 la question suivante : « Pourquoi le Béni s’est-il révélé à Moïse dans un buisson ? ». Il lui dit : « S’il s’était révélé en haut d’un caroubier ou d’un figuier, qu’aurai-tu dit ? En réalité (de cela on apprend) qu’aucun lieu sur la terre n’est vide de la Présence 2 (Shekinah) ». 1 Ici, il s’agit probablement de Rabbi Gamaliel, le deuxième, soit le petit fils qui a dirigé le collège rabbinique après la destruction du temple 2 Résonance ici avec le Sanctus d’Isaïe et qui est entrée dans la prière synagogale : pas seulement le Ciel mais aussi la Terre est remplie de sa présence. En tant que créateur Dieu répand sa présence sur la Terre et on voit sa Gloire (Shekinah) Département Judaïsme et Christianisme, Séminaire 2013 – 2014 « Mystique juive, mystique chrétienne : regards croisés » Séance du 14 Novembre 2013 Intervenant : Frère Pierre LENHARDT Compte rendu : Maryel Taillot Pôle de Recherche Assistante : Chrystel CONOGAN – chrystel.conogan@collegedesbernardins.fr – 01.53.10.41.95  Commentaire de Frère Lenhardt : De ce texte, on apprend que du moment qu’Il s’est révélé dans un buisson ardent, « aucun lieu sur la terre n’est vide de sa Présence ». « Aucun lieu sur terre n’est vide de sa présence », est à l’origine de ce qui a été révélé à Isaïe et est entré dans la prière synagogale mais est aussi en résonnance avec la Sanctus de la messe chrétienne catholique. Dans la formule du Sanctus, telle que nous l’avons, nous avons justement une addition qui n’est pas dans la Bible et qui est : « que le Ciel » et pas seulement la Terre, est rempli de sa gloire. Dans notre liturgie, on voit bien que l’Eucharistie est issue d’un prolongement de la prière juive qui a voulu faire comprendre que Dieu est présent partout, pas seulement dans les cieux mais aussi sur la terre. Aucun lieu de la terre n’est vide de Sa présence et en tant que créateur, Dieu répand sa présence, Shekinah. Cette présence est visible dans le monde par sa gloire. D’un point de vue rabbinique, le mot gloire sera souvent interprété par Shekinah : Dieu se manifeste dans sa Shekinah et sa présence est glorieuse. Puis Frère Lenhardt reprend la lecture du texte : - « R. Yehoshua de Siknin dit au nom de R. Levi : « A quoi rassemblait la Tente de Réunion ? A une caverne qui est ouverte sur la mer. Quand la mer monte et inonde la caverne, la caverne se remplit d’eau et la mer n’en est pas diminuée. Ainsi la Tente de Réunion se remplit-elle de la splendeur de la Présence et (cependant aucun lieu dans le monde n’en est pour autant vide de la Présence). C’est pourquoi il est (Nb 7, 1) : « Le jour où Moïse eut achevé d’ériger la demeure » (c’est-à-dire le jour où Moïse acheva de construire ce qui permit à Dieu de rétablir sa Présence particulière, nuptiale, dans la Tente de Réunion avec Israël).  Commentaire de Frère Lenhardt : Cet extrait nous montre l’immensité de la conviction rabbinique pharisienne qui s’exprime dans cette homélie. Il y a un complément intéressant dans ce second texte qui est tiré de la littérature zoharique, c’est-à-dire de la mystique tardive du 13ème siècle, de Moshé de Vérone. Il s’agit d’un texte très vénéré par les juifs qu’ils soient de tendance hassidique ou anti-hassidique. Le texte n°2 « Tiqquney Zohar 57-leit attar panuï minneh » : « Aucun endroit n’est vide de lui ». « Il n’y a pas d’ange dans lequel ne se trouve le nom YHWH, car ce nom se trouve en tout lieu, comme l’âme se trouve en chaque membre (du corps). C’est pourquoi l’homme doit faire régner YHWH en toute Sefirah et en tout Trône, en tout ange et en tout membre de l’homme, car aucun lieu n’est vide de Lui, ni dans les (mondes) supérieurs, ni dans les (mondes) inférieurs. 3 « YHWH n’est invoqué dans l’unification des 4 lettres qu’en vertu de la Cause des causes qui les unifie et parce que c’est Lui (la Cause des causes = Ein sof = l’infini) qui unifie les 4 lettres, c’est en Lui que sont invoquées (les 4 lettres) YHWH par l’unification une (= particuliers) : « Le Seigneur est Un et son Nom est Un » (cf Dt 6, 4 ; Za 14, 9). Et c’est pour cela que la foi d’Israël s’exprime de manière adéquate par ces 4 lettres. Et tous les noms (autres que ce nom) sont des noms de remplacement de ce nom. Il n’y a pas de nom jusqu’à l’infini et jusqu’à l’inachevé qui soit plus grand et plus puissant que ce nom, en haut jusqu’à l’infini et en bas jusqu’à l’inachevé. Et toutes les armées et les cohortes (d’anges) tremblent et sont ébranlées devant Lui ».  Commentaire de Frère Lenhardt : C’est pourquoi l’homme doit faire régner le tétragramme, c’est-à-dire Dieu représenté par son nom ineffable, en toutes émanations, et en toutes réalités, en tout ange et en tout membre de l’homme, car aucun lieu n’est vide de lui, ni dans les mondes supérieurs, ni dans les mondes inférieurs. C’est un prolongement spirituel et mystique, Dieu est présent partout même au contact du pécheur. En qualité de chrétien nous ne pouvons pas, ne pas entendre de résonnance. Frère Lenhardt insiste sur le fait que chaque manifestation de la Shekinah révèle dans l’histoire d’Israël un Dieu Transcendant, Un et Unique. Frère Lenhardt invite à la lecture du très beau texte suivant tiré d’un Midrash, du Livre de l’Exode. 3 Dieu est là même au contact du péché. Pôle de Recherche Assistante : Chrystel CONOGAN – chrystel.conogan@collegedesbernardins.fr – 01.53.10.41.95 Texte n°3 – « Mekilta de Rabbi Ishmaël s/Ex 20, 2 p. 219-220 et Rashi s/Ex 20, 2 : « Ex 20, 2 : Je suis le Seigneur, ton Dieu….. Pourquoi est-ce dit ? Parce qu’à la mer, Il se révéla comme un vaillant combattant (gibbor oseh milhamot), comme il est dit (Ex 15, 3) : Le Seigneur est un guerrier4 . Au mont Sinaï, Il se révéla comme un ancien plein de miséricorde, comme il est dit (Ex 24, 10) : Et ils virent le Dieu d’Israël. (Sous ces pieds il y avait comme un pavement de saphir, aussi pur que le ciel même), afin de ne pas donner aux nations du monde la possibilité de dire qu’il y a deux pouvoirs, en réalité, il est dit : Je suis le Seigneur votre Dieu, Je suis en Egypte, je suis à la mer, je suis au Sinaï, je suis dans le passé, je suis dans ce monde ci, je suis uploads/Litterature/ priere-divine.pdf

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