1 Mise en forme Dominique Masson, Inspection Grenoble 3 et D.Simon-Ruaz, Inspec
1 Mise en forme Dominique Masson, Inspection Grenoble 3 et D.Simon-Ruaz, Inspection Grenoble 1, d’après « Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe », Stanislas Dehaene 2 Mise en forme Dominique Masson, Inspection Grenoble 3 et D.Simon-Ruaz, Inspection Grenoble 1, d’après « Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe », Stanislas Dehaene Comment le cerveau apprend à lire : Qu’est-ce que l’écriture ? Les phonèmes sont les plus petites unités de la parole. Les graphèmes sont les lettres et les combinaisons de lettres qui représentent les phonèmes. Les correspondances graphèmes-phonèmes permettent de lire des mots réguliers. L’écriture du français comprend des irrégularités qui s’expliquent en partie par la notation des morphèmes des mots (préfixes, racines et suffixes). Apprendre à décrypter le français demande d’apprendre deux voies de lecture : le passage des lettres aux sons et le passage des lettres au sens. Comment fonctionne le cerveau avant la lecture ? Le cerveau du bébé est déjà organisé pour traiter la parole. Il possède une connaissance sophistiquée de la langue à plusieurs niveaux : l’organisation des phonèmes, des règles phonologiques, du lexique, des règles grammaticales… Apprendre à lire consiste à prendre conscience des structures du langage oral, afin de les mettre en rapport avec le code visuel des lettres. Une région du cerveau se spécialise pour les mots écrits. Apprendre à lire recycle une région précise du cerveau de l’enfant. Cette région fait partie des aires visuelles qui servent initialement à reconnaître les objets et les visages. Avec l’apprentissage, elle répond de plus en plus aux lettres et à leurs combinaisons. Quelles sont les autres différences entre un lettré et un illettré ? Lire, c’est développer une connexion efficace entre la vision des lettres et le codage des sons du langage. Cette connexion entraîne un raffinement considérable de la précision du système visuel ; Surtout, elle entraîne l’apparition d’un code phonologique précis et conscient du langage oral. Prendre conscience des phonèmes. L’apprentissage de l’alphabet nécessite de focaliser l’attention de l’enfant sur les phonèmes. Les jeux de langage, qui font manipuler les syllabes, les rimes et les phonèmes préparent efficacement l’enfant à la lecture. Le code visuel des lettres et des graphèmes. Pour apprendre à lire, l’enfant doit prêter attention à la présence des lettres et des suites de lettres qui correspondent aux phonèmes (les graphèmes) au sein des mots écrits. L’enseignement systématique des correspondances graphèmes-phonèmes accélère l’apprentissage. Le stade du miroir et le rôle des gestes La confusion des lettres en miroir, comme b et d, est une propriété normale du système visuel des jeunes enfants avant qu’ils n’apprennent à lire. Son désapprentissage demande des efforts. La pratique des gestes d’écriture accélère l’apprentissage de la lecture. Devenir un lecteur rapide La lecture demande initialement un effort considérable qui mobilise toutes les ressources mentales de l’enfant. L’automatisation de la lecture est indispensable pour libérer l’attention et la mémoire de travail. La manière dont le temps de lecture varie avec le nombre de lettres permet de mesurer l’automatisation des compétences de l’enfant. Une fois automatisée, la lecture devient parallèle, indépendante du nombre de lettres. L’extraction automatique des morphèmes joue un rôle essentiel dans l’accès au sens. (Morphème : le plus petit élément significatif, isolé par segmentation d'un mot, le plus souvent dépourvu d'autonomie linguistique de la chaîne parlée). La dyslexie. La dyslexie est une anomalie neurobiologique précoce, souvent d’origine génétique. Les enfants dyslexiques présentent une désorganisation et une sous-activation des régions du lobe temporal gauche qui servent à la lecture. Cependant, un apprentissage patient et intensif des correspondances graphèmes-phonèmes permet presque toujours de compenser une partie du déficit. Il faut toujours exclure une surdité ou un déficit visuel avant de parler de dyslexie. La lecture en milieu défavorisé Les retards de lecture sont fréquents en milieu défavorisé, à cause de réelles difficultés dans l’apprentissage du code phonologique. Les enfants défavorisés doivent faire l’objet d’efforts particuliers afin d’augmenter leur maîtrise du langage oral, leur vocabulaire, leur attention et leur envie de lire. Un retard de lecture trop important nécessite l’aide de spécialistes en orthophonie, sans oublier le dépistage des troubles visuels ou auditifs. 3 Mise en forme Dominique Masson, Inspection Grenoble 3 et D.Simon-Ruaz, Inspection Grenoble 1, d’après « Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe », Stanislas Dehaene Sous la direction de Stanislas Dehaene Apprendre à lire. Des sciences cognitives à la salle de classe, 2011, Odile Jacob Quelques grands principes de l’apprentissage de la lecture INTRODUCTION Les vingt dernières années ont vu une progression rapide des recherches sur la lecture et son apprentissage. La psychologie expérimentale et l’imagerie cérébrale ont grandement clarifié la manière dont le cerveau humain reconnaît les mots écrits et se modifie au fil de cet apprentissage. On peut parler d’une « science de la lecture ». Il importe que ces connaissances soient diffusées aux enseignants et soient mises en pratique dans les écoles. Dans ce document, nous avons tenté de résumer le consensus actuel sur les grands principes qui doivent systématiquement guider les débuts de l’enseignement de la lecture. L’objectif est de permettre à l’enfant d’automatiser rapidement les procédures d’identification et de reconnaissance des mots écrits, afin de libérer des ressources cognitives qu’il pourra utiliser pour bien comprendre ce qu’il lit, et devenir ainsi un lecteur autonome, qui lit pour apprendre, et pour son plaisir. Quelques mots de prudence : - Notre liste de principes n’est sans doute pas exhaustive ; - Bien qu’ils soient numérotés, leur ordre importe peu (tous sont importants!) ; - Tous les principes que nous énonçons sont fondés sur des variables connues pour affecter la facilité de la lecture et la vitesse de son apprentissage. Cependant, les principes eux-mêmes n’ont que très rarement été soumis à une expérimentation objective. Cette approche, qui consiste à comparer deux groupes d’enfants qui reçoivent un enseignement ne différant que par l’utilisation d’un ou plusieurs de ces principes, est en plein développement ; - L’application de ces principes en classe laisse énormément de place à l’imagination des enseignants dans le choix des exemples, des matériels, des métaphores, et même, en partie, de l’ordre des règles à enseigner. Bien que nous donnions parfois quelques exemples de matériels pédagogiques utiles, il n’est pas dans notre intention de recommander une méthode idéale d’enseignement de la lecture, mais plutôt de proposer une grille selon laquelle les différentes méthodes de lecture peuvent être comparées et améliorées. LES PRINCIPES P1. Principe d’enseignement explicite du code alphabétique Il faut enseigner explicitement les règles fondamentales du code alphabétique, c’est -à-dire que les lettres s’assemblent de gauche à droite et que les combinaisons qu’elles forment transcrivent les sons du langage (ou phonèmes) selon des règles simples de correspondance graphème-phonème. Aucun de ces éléments ne va de soi pour l’enfant qui ne sait pas encore lire. La recherche montre clairement que l’on doit les enseigner explicitement, en procédant point par point : • P1a. Correspondance graphème-phonème. C’est l’idée la plus élémentaire, mais également celle qui pose le plus de difficultés : chaque lettre ou groupe de lettres correspond à un phonème. Pour les voyelles, c’est assez simple : le phonème s’entend, et il correspond directement à une lettre (a, e, i, o, u) ou à un groupe de lettres (ou, on, etc.). Pour les consonnes, tout se complique, car les phonèmes ne s’entendent pas vraiment. Seuls certains, comme ‘f’ ou ‘ch’ peuvent se prononcer de manière isolée. Les autres se devinent plus qu’ils ne s’entendent, dans le geste particulier que fait la bouche pour prononcer par exemple ‘pa’, ‘pi’, ‘ap’, ‘ip’…L’émergence d’une représentation explicite des phonèmes, l’idée même qu’il y a le même son dans ‘ap’ et ‘pa’, est une vraie révolution mentale 4 Mise en forme Dominique Masson, Inspection Grenoble 3 et D.Simon-Ruaz, Inspection Grenoble 1, d’après « Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe », Stanislas Dehaene pour le cerveau de l’enfant. C’est l’apprentissage de l’alphabet, l’existence de la lettre p, qui stabilise cet apprentissage. Ainsi, chacune des règles de correspondance graphème-phonème doit s’apprendre, une par une. Rappelons également que seule la maîtrise des règles de décodage permettra de lire des mots nouveaux. • P1b. Combinatoire des lettres (ou des graphèmes). Sitôt les associations graphèmes-phonèmes apprises sur quelques voyelles et quelques consonnes, l’enfant doit comprendre que ces lettres peuvent se combiner pour former des syllabes. Il faut lui montrer que, lorsqu’on les arrange entre elles, leur prononciation ne change généralement pas mais forme des combinaisons nouvelles. On introduira donc chaque nouveau graphème dans de multiples combinaisons, en montrant comment une même consonne, combinée à différentes voyelles, en modifie la prononciation (‘la’, ‘lé’, ‘li’, ‘lo’, ‘lu’), et inversement (‘la’, ‘ra’, ‘ma’, etc.). • P1c. Mobilité des lettres (ou des graphèmes). Il faut enseigner explicitement que le déplacement des lettres (ou des graphèmes) change la prononciation de la chaîne de caractères. L’enfant doit comprendre que la lettre 'l' est une unité mobile qui peut former "la", mais aussi "li", "lo", ou encore "il" par un simple changement d’ordre. L’utilisation de graphèmes mobiles uploads/Litterature/ principes-apprentissage-lecture.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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