1 Cégep de Saint-Laurent Prof. : Judith Proulx Littérature et imaginaire LES PR

1 Cégep de Saint-Laurent Prof. : Judith Proulx Littérature et imaginaire LES PROCÉDÉS D’ÉCRITURE A- LES PROCÉDÉS LEXICAUX Nom Définition Exemples Effets / sens 1 La dénotation (le sens propre) Le sens dénoté est le sens premier d’un mot, son sens littéral. Dans l’expression « être malade du cœur », le terme « cœur » désigne l’organe physique. Effet de précision, marque l’objectivité ou la rationalité. 2 La connotation (le sens figuré) Le sens connoté est le sens imagé d’un mot. Ce sens est généralement subjectif et relève de l’habileté du lecteur à interpréter le texte. Dans l’expression «avoir le cœur brisé», le terme cœur renvoie à la sensibilité, aux émotions. Effet de subjectivité, renvoie à l’univers particulier qu’un auteur veut créer. N.B. Le jeu sur le ou les sens courants d’un mot peut produire différents effets stylistiques comme l’ambiguïté, l’humour, l’ironie, la critique, la surprise, la séduction. À vous d’être attentif ! 3 Le vocabulaire mélioratif et péjoratif Le voc. mélioratif indique la perception positive du locuteur pour le sujet dont il parle, tandis que le voc. péjoratif révèle une perception négative. « Il cria avec une voix rauque et furieuse qui ressemblait plutôt à un aboiement qu’à un cri humain et qui couvrait le bruit des huées : – À boire ! » (Victor Hugo, Notre- Dame de Paris, 1831) Il faut être prudent et surtout nuancé dans l’interprétation du vocabulaire, il faut tenir compte de l’époque, du contexte culturel et du courant littéraire. Ici, le choix des termes fait du personnage un être sauvage, presque bestial. 4 Le champ lexical Série de mots (au moins 3) liés par le sens, dont l’accumulation exprime l’idée dominante ou un thème important du texte. Le soleil vif et brillant du matin illuminait la pièce d’une clarté éblouissante. Le champ lexical de la lumière exprime bien l’atmosphère qui règne dans la pièce. N.B. Il est nécessaire de nommer le champ lexical lorsqu’on utilise cette notion. B- LES PROCÉDÉS STYLISTIQUES (ou figures de style) Nom Définition Exemples Effets / sens 1 La comparaison (analogie) Rapproche deux termes ayant un point commun, à l’aide d’un mot comparatif. «La terre est bleue comme une orange» (Paul Éluard, L’amour, la poésie, 1929) L’interprétation doit se faire en fonction du contexte. Ici, il s’agit d’une comparaison 2 surréaliste qui produit un effet d’étrangeté. 2 La métaphore (analogie) Rapproche des termes sans expliciter leur lien de ressemblance ou d’analogie, et sans mot comparatif. a) « Ma femme à la chevelure de feu de bois » (André Breton, « L’union libre », 1931) b) « Le monde entier est une scène » (Shakespeare, Comme il vous plaira, 1599) L’interprétation doit se faire en fonction du contexte. Dans le 2e exemple, le parallèle entre le monde entier et la scène rappelle que le réel est parfois aussi calculé et faux que l’univers théâtral. 3 Personnification (analogie) Attribue des caractéristiques humaines à des animaux, à des objets ou à des notions abstraites. « Quand elle souriait, les fleurs pâlissait de jalousie et les feuilles tombaient des arbres pour embrasser ses pieds. » (Shan SA, Impératrice, 2004) Le fait d’attribuer aux fleurs un sentiment de jalousie montre à quel point le sourire du personnage est beau, puisque la nature même y est sensible. 4 L’antithèse (rapprochement d’éléments opposés) Rapproche, au sein d’une phrase ou d’un ensemble de phrase, deux réalités opposées. « Iseut l’aimait. Elle voulait le haïr » (Tristan et Iseut) Effet de contraste marqué entre deux émotions ou deux situations contradictoires. 5 L’oxymore (rapprochement d’éléments opposés) Rapproche deux termes opposés pour désigner une seule réalité. « Une flamme si noire » (Jean Racine, Phèdre, 1677) « Boucherie héroïque » (Voltaire, Candide, 1759) « Hâte-toi lentement » (Boileau) « Sévère douceur » (Montaigne) ; « Obscure clarté » (Corneille) Effet choc, crée un contraste saisissant entre deux mots. L’assemblage des termes redéfinit chacun d’eux de façon subjective. 6 La métonymie (substitution) Remplace un mot par un autre qui entretient avec lui un rapport logique (le contenant pour le contenu, la partie pour le tout, la cause pour l’effet). « Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé » (Félix Leclerc, « Moi, mes souliers », 1950) - Boire un verre. - Voir le dernier Clint Eastwood. Cette métonymie (partie/tout) met l’accent sur le mouvement, comme si le voyage des souliers symbolisait l’expérience de vie et la sagesse du locuteur. 7 La périphrase (substitution) Consiste à remplacer un terme par une expression qui le décrit ou l’évoque. La ville lumière pour Paris. Le prince des poètes pour Ronsard. Selon le cas, une périphrase peut-être ironique, critique, humoristique, etc. 8 L’antiphrase (substitution) Consiste à exprimer le contraire de sa pensée dans « Monsieur le baron était un des plus Effet d’ironie, de sarcasme, de critique, 3 un but ironique. puissants baron de Wesphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. » (Voltaire, Candide, 1759) d’humour. Ici, la description du château ridiculise complètement le baron et, par là, la noblesse. 9 L’euphémisme (substitution) Consiste à remplacer une réalité désagréable, choquante ou perçue négativement par une expression adoucie. « Je rentre tard, je sais 18 ans de retard, c’est vrai. » («L’Italien», interprétée par Serge Reggiani, 1975) L’euphémisme permet d’atténuer la réalité : une absence de 18 ans devient un simple retard. 10 L’hyperbole (amplification et insistance) Consiste à exagérer fortement une réalité pour lui donner plus d’impact, plus de force. - Avoir le diable au corps. - Être amoureux fou. - Verser des torrents de larmes. Témoigne d’une volonté de faire réagir, de critiquer, de convaincre, d’impressionner, de faire rire, etc. 3. LES PROCÉDÉS SYNTAXIQUES (d’insistance et d’amplification) Nom Définition Exemples Effets / sens 1 L’énumération Suite de mots et de groupes de mots qui appartiennent à la même catégorie grammaticale. « Toujours se vautrait par les fanges, se noircissait le nez, se barbouillait le visage, éculait ses souliers, bâillait souvent aux mouches et courait volontiers après les papillons, desquels son père tenait l’empire. » (Rabelais, Gargantua, 1534) L’énumération de verbes péjoratifs accentue la grossièreté du personnage tout en créant un effet comique. 2 La gradation Énumération dans laquelle les mots ou groupes de mots sont disposés dans un ordre de progression croissante ou décroissante. Elle ressentit d’abord le choc, puis pleura, cria, hurla, tant sa douleur était forte. (De mon cru !) La progression croissante fait ressentir la force de l’émotion et son effet violent. 3 La répétition Mot ou groupe de mots répétés plusieurs fois. « Ô triste, triste était mon âme / À cause, à cause d’une femme » (Verlaine, « Ariettes oubliées », 1862) La répétition crée un effet d’insistance en soulignant la douleur du poète et en accentuant la cause de cette souffrance. 4 L’anaphore Répétition insistante d’un mot ou groupe de mots en tête de phrase, de paragraphe, de vers ou de strophe. « Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! / Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ! / Rome qui t’a vue naître, et que ton cœur adore ! / Rome enfin que je hais parce qu’elle t’adore ! » L’anaphore crée un effet rythmique, il peut s’agir d’un rythme lent, doux ou d’un martèlement persuasif, obsessionnel. 4 (Corneille, Horace, 1640) 5 Le parallélisme Parallèle entre deux ou plusieurs énoncés ayant une structure syntaxique similaire. « Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure » (Apollinaire, « Le Pont Mirabeau », Alcool, 1913) Effet de symétrie et d’équilibre. Le premier parallélisme fait ressortir la similitude, le second, l’opposition. 6 L’ellipse Omission volontaire de certains mots non indispensables à la compréhension de la phrase. « Les hommes ? Écume, faux dirigeants, faux prêtres, penseurs approximatifs, insectes…Gestionnaires abusés… » (Philippe Sollers, Femmes, 1985) Effet stylistique. L’ellipse crée un raccourci, une association directe entre les hommes et les adjectifs qui suivent. REMARQUE Pour analyser un texte, quel qu’il soit, vous pouvez aussi vous servir :  de la ponctuation (effet de variation, de répétition, d’insistance)  des types de phrases (affirmatives, négatives, impératives, exclamatives, interrogatives)  des catégories de mots (noms, verbes, adverbes, adjectifs)  des niveaux de langue (soutenu, courant, familier, populaire)  des jeux lexicaux (moyens fantaisistes grâce auxquels l’auteur donne aux mots une forme et une signification inhabituelle, surprenante; création de néologismes, jeu sur la polysémie)  des tonalités (impression particulière que le texte produit sur le lecteur). On parle de tonalité lyrique, tragique, comique, dramatique, épique, fantastique, polémique, didactique. Chacune se reconnaît grâce à diverses caractéristiques que nous verrons au moment opportun. SOURCES : Gagnon, Anne, Huguette Maisonneuve et Carl Perrault. Guide des procédés d’écriture, Montréal, ERPI, 2007, 108 p. Laurin, Michel (appareil pédagogique sous la direction de Josée Bonneville), Anthologie littéraire de 1850 à aujourd’hui, Laval, éditions Beauchemin, 2007, 324 p. Pilote, Carole. Guide littéraire, Montréal, Beauchemin, 2007, 144 p. Thérien, Céline. Anthologie de la littérature d’expression française, Du réalisme à la période contemporaine, Montréal, CEC, 2005, 256 p. uploads/Litterature/ procedes-d-x27-ecriture.pdf

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