1 Parcours de vie spirituelle 2016 . (1) 9 mars 2016 Dominique Paillard Ouvrir

1 Parcours de vie spirituelle 2016 . (1) 9 mars 2016 Dominique Paillard Ouvrir la porte au Christ Depuis le 8 décembre dernier, les catholiques du monde entier sont entrés dans le Jubilé de la Miséricorde. Qui dit année jubilaire dit passage d’une porte sainte, spécialement ouverte pour accueillir les pèlerins. De fait, dans beaucoup d’églises cathédrales ou basilicales, des portes ont été ouvertes, ainsi que dans des sanctuaires comme Lourdes, Vézelay où nous nous rendrons avec Charles-Péguy pour le dimanche des Rameaux. La porte est une très belle image, c’est ce signe riche de sens qui a inspiré le parcours de cette année. Il y a d’abord ces très nombreuses portes que nous franchissons tout au long de la journée sans même y prêter attention qui marquent l’accès à un nouvel espace, il ya a la porte grande ouverte du cœur de Dieu, qui dans sa tendresse infinie accueille sans jamais se lasser les êtres blessés, malades ou pécheurs que nous sommes. Et puis il y a la porte de notre cœur profond, ce sanctuaire intérieur dont nous détenons les clés, ou dont nous avons peut-être perdu les clés, porte parfois ouverte à tous les vents, au risque de tout laisser entrer, parfois fermée à double tour pour plus de sécurité ! « Esprit Saint n’entrez pas, je crains les courants d’air ! », s’écrit Paul Claudel commentant le passage de l’Apocalypse que nous allons méditer ce soir. Sans oublier les portes de nos maisons, familiales, paroissiales, institutionnelles, et plus largement celles de nos cités et de nos sociétés. La question de la gestion des portes, des seuils, des frontières est devenue cruciale, elle prend pour nous tous un visage bouleversant, celui de tant et tant de frères en humanité qui frappent en ce moment même aux portes de l’Europe. Certes la porte aussi doit garder, protéger, mais peut-elle durablement repousser celui qui y frappe ? Et comment ne pas entendre l’appel à l’hospitalité, à l’accueil de l’étranger qui traverse toute la Bible et interroge nos consciences ? Il y a ceux qui demandent la permission d’entrer et d’être reçus, au nom des droits les plus humains, et puis il y a ceux qui n’ont plus ni la force ni le courage de frapper à la porte, ayant perdu tout espoir en nos capacités d’ouvrir et d’accueillir. Le thème de la porte, à la charnière du spirituel et du charnel, n’est pas si tranquille que cela et peut nous entrainer loin ! Ce soir je vous propose de nous mettre en route avec un petit passage du livre de l’Apocalypse qui est un trésor dans un écrin. Je lis le « trésor » (bien connu,) et vous présente aussi « l’écrin » (moins connu). Il s’agit du verset 20 du chapitre 3 : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » Un petit mot sur le contexte général et particulier. Nous sommes dans le dernier livre du NT, l’Apocalypse, livre écrit à la fin du premier siècle par l’apôtre Jean, en exil à Patmos. Jean s’adresse aux 7 églises d’Asie mineure, le chiffre 7 évoquant l’universalité de l’Eglise. L’Apocalypse se présente comme une vision qui dévoile aux disciples du 2 Christ le sens ultime de l’Histoire et de chacune de nos vies. Révélation de la victoire finale et déjà à l’œuvre du Ressuscité au sein même des turbulences de l’histoire, le livre, dans un genre littéraire symbolique, invite chacun à accueillir le Christ comme le Chemin , la Vérité et la Vie, celui qui est venu , et qui vient pour un jugement, non de condamnation mais de salut et d’amour plus fort que la haine, le mal et la mort. Le petit passage de ce soir est extrait de la lettre adressée à l’Eglise de Laodicée. Je vous lis le contexte dans lequel s’insère cette invitation.( Ap3, 14-19) « A l’ange qui est à Laodicée, écris : Ainsi parle celui qui est l’Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de la création de Dieu : je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant- mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi puisque tu es tiède-ni brûlant ni froid- je vais te vomir de ma bouche. Tu dis : « je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien » et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! Alors je te le conseille : achète chez moi, pour t’enrichir, de l’or purifié au feu, des vêtements blancs pour te couvrir et ne pas laisser paraitre la honte de ta nudité, un remède pour l’appliquer sur tes yeux afin que tu voies. Moi, tous ceux que j’aime, je leur montre leurs fautes et je les corrige. Eh bien, sois fervent et convertis-toi… » Qui parle ? Le Christ en personne, présenté comme l’Amen, c'est-à-dire le « oui », le roc, le digne de foi, celui qui est à l’origine et à la fin de toute création. Qui est le destinataire ? Tout homme de bonne volonté qui veut être disciple de Jésus et vivre de l’Evangile, le chrétien de base, vous et moi… Quels sont les reproches adressés ? La tiédeur…, l’entre deux, le calme plat, le no mans land qui n’offre plus de prise à Dieu. Ça dort ! La cause de l’attiédissement ? L’autosuffisance mise en ses propres œuvres, le contentement trouvé dans la richesse et l’absence de besoins (« je ne manque de rien »), le sentiment trompeur de sécurité matérielle ou spirituelle quand il a pour effet de clore sur soi. La conséquence ? L’aveuglement et la nudité, c'est-à-dire l’illusion, et l’éloignement de Dieu. Le remède ? Revenir au Christ, l’écouter, trouver auprès de lui la vraie richesse, celle qui ne rouille pas et la guérison de l’aveuglement, la lumière que donne la foi et la confiance fondée sur lui Dieu. Si le Christ nous avertit ainsi et nous reprend vigoureusement c’est par ce qu’il nous aime vraiment, ce que la Bible ne cesse de dire, comme le Psaume3, 12 : « Car le seigneur reprend celui qu’il aime, comme un père le fils qu’il chérit. »Ici : « Allons reprends-toi , un peu d’ardeur ! » Cet appel à la conversion, sous forme de réveil énergique, débouche sur un pur joyau qui est la clé du passage que je vous propose de méditer ce soir et de recevoir comme une déclaration d’amour du Seigneur pour nous. Il est question d’un Dieu qui s’invite sans s’imposer, d’un homme qui a le choix de répondre ou pas à cette invitation, d’un souper en duo avec promesse d’intimité entre deux personnes puisque le registre employé renvoie à celui des noces. Sans omettre la finale : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’esprit dit aux Eglises. » 3 Le texte parle de lui-même mais je voudrai simplement dégager 3 pistes : - Ouvrir la porte à celui qui frappe - Les résistances possibles - Franchir le seuil -  Ouvrir la porte à celui qui frappe Ici , celui qui se tient à la porte est clairement identifié ; c’est le Christ Jésus Ressuscité, c’est l’alpha et l’oméga, l’Amen, le Vivant, celui qui dit de lui-même(Jean 10) : « Je suis la porte ». Et ce Seigneur et Maître de l’histoire, c’est celui-là même qui s’adresse à moi personnellement, comme si j’étais unique au monde et il désire vivre une communion d’amour avec moi. Entendre la force et la douceur de cet appel de Dieu. Cette dissymétrie et cette proximité. Le tout autre désire se faire tout proche, et c’est au présent, c’est pour aujourd’hui et c’est pour moi. Allons plus loin. Le Fils unique du Père, lui qui a franchi les portes du monde visible et invisible pour se faire l’un de nous, lui que les portes de la mort n’ont pas retenues, il ne peut pas, ne pourra jamais franchir la porte de mon existence, le sanctuaire de mon cœur sans mon consentement, sans mon oui personnel et libre. Aucune effraction à craindre de sa part. L’amour de Dieu aussi grand soit-il s’arrête au seuil de ma liberté. Entendre le respect infini de ce « Si quelqu’un entend ma voix… » qui prend l’initiative de la rencontre mais ne force pas la porte, attend avec patience la permission d’entrer. Reconnaitre Jésus à l’accent de cette voix discrète, comme un murmure adressé au plus intime. Mais je peux ne pas entendre, faute d’oreille assez fine, ou ne pas reconnaitre tout de suite son pas, sa trace, car le visage de Dieu prend parfois les traits de l’inconnu, de celui qui se présente à l’improviste, à l’heure que l’on attendait pas, comme à Mambré, quand Abraham assis à l’entrée de sa tente, reçoit, sans qu’ils se soient annoncés, trois uploads/Litterature/ pvs-2016-topo-dp.pdf

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