QU'EST-CE QU'UN ESSAI ? Un essai est une œuvre de réflexion débattant d'un suje

QU'EST-CE QU'UN ESSAI ? Un essai est une œuvre de réflexion débattant d'un sujet donné selon le point de vue de l'auteur. Contrairement à l'étude, l'essai peut être polémique ou partisan. C'est un genre littéraire qui se prête bien à la réflexion philosophique, mais il y a également des essais dans d'autres domaines : essais historiques, essais scientifiques, essais politiques, etc. L'auteur d'un essai est appelé essayiste. Histoire et étymologie du mot essai Le mot essai apparaît en français au XIIe siècle et ne prend un sens littéraire qu'au XVIe siècle. Confrontons deux définitions du mot : · essai (XVIe siècle) litt. : ouvrage littéraire, en prose, de facture très libre, traitant d'un sujet qu'il n'épuise pas ou réunissant des articles divers. ex. : essai philosophique, politique, historique (Robert) · essay : Pièce of writing, usually short and in prose, on any subject (Oxford advanced learner's dictionnairy) : Texte habituellement court et en prose sur un sujet quelconque. A la lumière de ces définitions, on peut dégager quelques caractéristiques de l'essai : c'est un ouvrage en prose, de forme libre, traitant un sujet sans l'épuiser. Remarquons que la tentation est forte de définir l'essai par son contenu (philosophie, histoire, critique) et que la question de ses dimensions (il est généralement bref) est posée. D'autre part, le mot essai vient du latin exagium, qui signifie pesée, sens concret. D'où l'idée d'examen et la démarche propre à l'essai : l'auteur fait oeuvre de réflexion critique, il examine, soupèse, confronte des idées. Nous pouvons donc avancer une définition positive de l'essai : Relevant de la littérature d'idées, l'essai est un texte en prose, de facture libre, de longueur variable (même s'il est généralement bref), et ne prétend pas épuiser le sujet qu'il traite. Visant la cohérence, la rigueur, la précision, l'essai veut convaincre. Pour cela, il doit aussi plaire. D'où un art du style et un souci esthétique.C'est Michel de Montaigne qui a donné ce terme à la littérature française en publiant Les Essais en 1580. Il s'agissait d'un ouvrage qui, aux yeux de son auteur, l'aiderait à mieux se connaître. L’essai est un genre hybride. L'essayiste se présente volontiers comme un amateur, un non- spécialiste, dont le discours aussi bien que la démarche s'opposent au savant. Aussi, la forme des essais est très libre et n'obéit à aucune règle. Montaigne, dans ses Essais, livre ses réflexions sans ordre apparent, en pratiquant la digression, et revendique le droit à la discontinuité d'une écriture «par sauts et à gambades». Inscrit dans l'actualité de son époque, l'essai prend souvent pour point de départ l'observation de situations ou d'événements contemporains de son auteur et développe une réflexion qui cherche à se faire plus générale. Ainsi dans Le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir analyse toutes les formes d'assujettissement dont les femmes ont été et sont victimes. L'engagement de l'auteur est variable. Les buts de l’essai L'essai est une prise de parole assumée par l'auteur. Il se donne voix en passant par la voie du texte.  Se donner voix : il s'agit de dire les choses et de créer son propre sens et le proposer au lecteur (se situer).  Une voix donnée à l'autre : l'essai est un écrit à la fois près de l'ego et de l'altruisme. La manière d'approcher le sujet peut être réaliste, idéaliste voire utopique (cf. désir et moyen de communication).  La voix du texte : le texte va révéler un sens, comme la plupart des écritures littéraires (la présence de l'implicite est une caractéristique du langage littéraire), par exemple : écrire pour informer et exprimer son opinion ; écrire pour s'ouvrir, pour connaître le monde ; écrire pour commenter et expliquer le réel ; écrire pour préciser sa place dans le monde et pour donner sa vision du monde ; une expérience, une naissance, en philosophie : une phénoménologie (conscience au monde individuelle qui vise à rejoindre un savoir plus vaste) ; une écriture qui vise une connaissance : se connaître dans et avec le monde, sans pour autant être un traité scientifique ou de vulgarisation. Se découvrir en précisant sa pensée, ce qui même cela, dans le texte, engendrera une forme d’errance, un centre et des digressions (texte idéologique personnel). CINQ CRITERES POUR RECONNAITRE UN ESSAI S'il n'existe aucune définition définitive, on peut se servir de certaines caractéristiques. Toutes ces caractéristiques n'apparaissent pas systématiquement dans chaque essai, mais leur présence est un signe que l'on se trouve bien en face d'un essai. 1. L'essai est l'expression d'une subjectivité L'énonciateur se met en scène dans le texte et il s'adresse à un lecteur. Il ne s'agit cependant pas d'une autobiographie (texte narratif). L'essai est un texte qui propose une réflexion, il expose, analyse. Il se distingue aussi du traité scientifique ou de vulgarisation : le savant y reste dans le cadre de ce qu'il a étudié. L'essayiste, lui, s'interroge même sur des sujets qui se situent hors de sa spécialité. La subjectivité de l'essai est marquée par la présence directe ou indirecte de la première personne : l'auteur s'exprime en son nom propre. Proposant une délibération sur un sujet, l'auteur ne prétend pas épuiser son sujet, mais lui conférer un éclairage original. Le caractère personnel des prises de position se manifeste à travers les modalisateurs (adverbes de jugement, certains modes comme le conditionnel), les connotations, le lexique valorisant ou dévalorisant. Le système énonciatif est le discours : les propos sont ancrés dans le présent de l'écriture. 2. L'essai est destiné à produire un effet Il vise à convaincre le destinataire. En ce sens, il se place entre la philosophie et la littérature. 3. L'essai propose une discussion d'idées Il n'apporte pas une démonstration complète, il propose plutôt une intuition réfléchie. 4. L'essai aborde le sujet sous plusieurs points de vue Il est émaillé de nombreuses citations, il ouvre un maximum d'angles d'attaque. C'est le domaine de la pensée libre et vagabonde. (Alors que le journaliste propose une vue unique : billet d'humeur, polémique, pamphlet, etc.) 5. L'essai s'interroge sur un problème existentiel L'essai est une mise en forme des grandes questions de la vie: l'amour, la mort, la justification de l'existence, le pouvoir, l'autre, la vie en société : autant de thèmes qui apparaissent dans les innombrables essais qui sont édités et qui justifient le succès de ce type de texte. Comment expliquer autrement l'importance de titres et des tirages de ces ouvrages qui ne sont pas toujours d'accès facile ? Il y a sans doute le goût du public pour l'autobiographie, dont certains essais sont proches, mais aussi la volonté de trouver des réponses aux problèmes existentiels que se pose tout un chacun. Cela permettrait d'ailleurs d'expliquer le succès actuel des essais, dans une période qualifiée de «post-moderne», où l'absence de repères sûrs et d'idéologies cohérentes justifie la quête de nouvelles réponses, voire de nouveaux maîtres à penser. Ce serait d'ailleurs le risque contemporain de l'essai: être perçu comme un lieu de réponse alors qu'il n'est qu'un moment de questionnement. Instructions 1. Les essais doivent tous inclure une introduction claire, un développement et une conclusion. Voilà la structure indispensable que nous devrons suivre pour pouvoir écrire ou identifier un essai. 2. L'introduction d'un essai est l'une des parties les plus importantes, car l'auteur y explique le thème qu'il va aborder, sa thèse et ses principales lignes d'argumentation. Elle représente 10 % de tout l'essai et peut présenter les problèmes posés par le sujet en question, les réflexions de l'auteur, les lectures d'autres auteurs, etc. 3. Dans le développement, l'auteur d'un essai expose et analyse le thème qu'il a choisi. Il pose ses idées et son argumentation en se fondant sur d'autres sources telles que des magazines, interviews, livres et même des sources en ligne. C'est la partie la plus longue, elle occupe 80 % de l'essai. De plus, il est nécessaire de synthétiser et résumer tout le contenu, car bien que ce soit la partie la plus importante, elle ne doit pas être ennuyeuse. 4. C'est dans le développement que l'auteur développe sa thèse, appuyée, comme nous l'avons dit précédemment, sur ses propres opinions et les données extraites d'autres sources dans la période de documentation. 5. L'essai se termine par la conclusion, la partie dans laquelle l'idée ou les idées les plus importantes du texte sont résumées. Ce sont celles que l'auteur souhaite mettre en lumière. Il montrera ainsi clairement quelle est sa position en énumérant rapidement les principaux arguments exposés dans le développement. Fiche de lecture Pour lire activement et méthodiquement un essai, on pourra par exemple se servir de la fiche que voici. Elle détermine d'abord la situation d'émission et de réception du texte Qui écrit ? ---------------------------A propos de quoi ? -------------------------A qui écrit-il ? Où ? Quand ?------------------------------Y a-t-il une intention explicite ? Et ensuite Aspect global et formel · Dimensions et proportions du texte. · Découpage explicite et mise en page (titres, sous-titres, numérotation). Plus tard, on affinera l'analyse par le repérage des structures (macrostructures, microstructures, annonces, synthèses, transitions). · Apport du titre, de uploads/Litterature/ qu-est-ce-qu-un-essai.pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager