JEAN SOLER Q Q QU U UI I I E E ES S ST T T D D DI I IE E EU U U ? ? ? Éditions

JEAN SOLER Q Q QU U UI I I E E ES S ST T T D D DI I IE E EU U U ? ? ? Éditions de Fallois PARIS © Editions de Fallois, 2012 22, rue La Boétie, 75008 Paris ISBN 978-2-87706-792-8 DU MÊME AUTEUR chez le même éditeur Aux origines du Dieu unique : - l'Invention du monothéisme, 2002 - La Loi de Moïse, 2003 - Vie et mort dans la Bible, 2004 La Violence monothéiste, 2009 TABLE Avant-propos 1. Quelques contresens sur le dieu de la Bible Première idée reçue : la Bible dépasse en ancienneté les autres livres fondateurs - Deuxième idée reçue : la Bible a fait connaître à l'humanité le Dieu unique, le « vrai Dieu » - Troisième idée reçue : la Bible a donné le premier exemple d'une morale universelle - Quatrième idée reçue: les prophètes ont promu une forme spiritualisée du culte hébraïque - Cinquième idée reçue: le Cantique des Cantiques célèbre l'amour réciproque de Dieu et du peuple juif - Sixième idée reçue : Dieu a confié aux Juifs une mission au service de l'humanité - Aujourd'hui. 2. Pourquoi le monothéisme ? Le dieu des Hébreux - La naissance du Dieu unique 3. Qui est Dieu ? Des travestissements de Dieu - Iahvé : un dieu anthropomorphe - Monolâtrie et monothéisme - La compagne de Iahvé - Aux origines du monothéisme - Une série de traumatismes - L'issue dans l'imaginaire - Une révolution culturelle - Le peuple et l'écriture - Les avantages du Dieu unique - Une faille dans le monothéisme : la dualité des sexes - Une « blessure narcissique » en vue - L'éloignement progressif de Dieu. 4. Le devoir de tuer au nom de Dieu I. La violence dans le monde hébraïque - L'interdit de tuer et l'ordre de mettre à mort dans le récit du Veau d'or - La peine de mort - Anéantir les autres dieux - Exterminer les peuples rivaux - Réduire les sécessions - Supprimer les dissidents - Éliminer les contestataires. II. Le modèle hébraïque et sa postérité - La doctrine chrétienne - L'alliance du trône et de l'autel - Les Juifs, la Diaspora et le Talmud - L'islam conquérant - Communisme et monothéisme - Nazisme et monothéisme - L'Église contre la pensée grecque - Pour une nouvelle Renaissance. Notes AVANT-PROPOS Mon but est de porter sur la place publique, sous une forme plus ramassée et plus percutante, des idées que j'ai avancées dans des livres dont les critiques n'ont pas rendu compte, sans doute parce qu'ils dérangent leurs certitudes ou pour ne pas déplaire à certains milieux. Ceux qui n'ont rien lu de moi disposeront ainsi d'une introduction qui les aiguillera vers tel ou tel livre, où ils pourront découvrir des vues, des détails ou des nuances complémentaires. J'ai pensé aussi à ceux qui n'auront jamais le temps ni l'envie - quand l'envie est là, le temps, on le trouve -de se plonger dans de longs essais minutieux mais souhaitent néanmoins se tenir au courant de ce qui s'écrit de nouveau sur une question qui ne saurait les laisser indifférents. Ils liront dans cet opuscule des résumés fiables, parce que rédigés par l'auteur lui-même, de ce qu'il a développé ailleurs. Il ne faudra pas s'étonner de voir réapparaître, d'une partie du livre à une autre, avec ou sans variations, des leitmotivs. La répétition est une alliée de poids quand on cherche à persuader en contestant des idées reçues. CHAPITRE 1 QUELQUES CONTRESENS SUR LE DIEU DE LA BIBLE Il y a plusieurs façons d'aborder la « question de Dieu1 ». L'une d'elles, très répandue, est illustrée par Descartes, qui part de l'idée de Dieu inscrite dans son esprit. « Cette idée d'un Etre souverainement parfait et infini est très vraie », affirme-t-il dans les Méditations2. Elle s'impose à lui avec la clarté et l'évidence d'une vérité absolue. Elle est même l'Absolu qui sert de garant à la notion de vérité. En effet, à ses yeux, l'idée de Dieu ne vient pas de lui. Et elle ne peut être une fiction. Il annonçait, dès la Préface, le nœud de son argumentation : « De cela seulement que j'ai en moi l'idée d'une chose plus parfaite que moi, il s'ensuit que cette chose existe véritablement. » Pascal n'a pas de mal à détecter le caractère factice de ce raisonnement. Il pense que la philosophie n'a rien à dire de spécifique sur Dieu. Dieu n'est pas une abstraction. La métaphysique ne peut rien prouver. L'idée de Dieu que Descartes découvre en lui ne vient pas de lui, certes, mais elle a une origine religieuse et historique à la fois : une Révélation reçue par un peuple très ancien qui l'a consignée dans un livre. Et ce livre, la Bible, il faut le tenir pour sacré. Pascal portait sur lui cette phrase : « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants3. » Malheureusement pour Pascal, nous savons aujourd'hui qu'Abraham, Isaac et Jacob, à supposer qu'ils aient existé, n'étaient pas monothéistes. Ils n'avaient pas le même Dieu que lui. Et le livre qui parle d'eux n'est pas aussi ancien, loin de là, qu'on le croyait naguère encore. Première idée reçue La Bible dépasse en ancienneté les autres livres fondateurs A l'époque où la culture hébraïque et la culture grecque sont entrées au contact l'une de l'autre, après la conquête de la Palestine par Alexandre, en 333 avant notre ère, les Juifs hellénisés se sont rendu compte que les Grecs ignoraient tout de leur peuple. Hérodote lui-même, qui a séjourné, au Ve siècle, en Perse, en Egypte et même en Phénicie, aux portes de la Terre d'Israël, et qui se montre si curieux des croyances et des coutumes des autres peuples, ne fait aucune mention des Juifs, de leur religion ou du Temple de Jérusalem. Plusieurs écrivains juifs, initiés désormais à la culture grecque mais restés attachés à la religion de leurs ancêtres, ont conçu alors le dessein d'expliquer aux Grecs, en grec, que leur peuple était plus ancien que le leur et qu'il avait influencé les meilleurs de leurs « sages ». C'est ainsi que le philosophe Philon, à Alexandrie, au tournant de notre ère, ou l'historien Flavius Josèphe, à Rome, au Ier siècle après J.-C, ont soutenu que Pythagore, Socrate ou Platon s'étaient inspirés de l'enseignement de Moïse. Déjà, au IIe siècle avant notre ère, un philosophe juif vivant à Alexandrie, Aristobule, avait affirmé, dans un livre dédié à Ptolémée VI, que ces mêmes philosophes devaient beaucoup à « l'écrit de Moïse» et que la trace de ce dernier se décelait jusque chez Homère. Ces assertions d'apologistes juifs ont été relayées par des théologiens chrétiens désireux, eux aussi, de mettre en avant la supériorité de la Bible, appelée l'« Ancien Testament», sur la littérature grecque et latine. Ils pouvaient s'appuyer, les uns et les autres, sur le texte biblique qu'ils lisaient dans la traduction grecque, la « Septante », rédigée à partir du IIIe siècle avant J.-C. par des Juifs d'Alexandrie, à l'intention de leurs compatriotes qui avaient oublié l'hébreu. Si l'on ajoute foi à ce que dit la Bible, on ne peut douter que Moïse ait écrit, ou plutôt transcrit, ce que son dieu lui a révélé sur le mont Sinaï, après avoir gravé de sa main dix commandements sur deux tables de pierre. Moïse apparaît ainsi comme l'auteur de la Tora, la « Loi », terme qui désigne dans le judaïsme les cinq premiers livres de la Bible actuelle, le « Pentateuque » des chrétiens. Or Moïse a vécu, d'après la Bible, au milieu du XIIIe siècle avant notre ère. À cette époque, qui est celle des Mycéniens et de la guerre de Troie, il n'y a pas encore de littérature grecque. D'où l'idée qu'une œuvre antérieure a pu exercer son influence sur des œuvres postérieures, idée avancée sans s'interroger sur les moyens de cette influence: il faudrait imaginer une très ancienne traduction de la Bible en grec, disparue corps et biens. En réalité, pour nous qui sommes sensibles aux problèmes de l'écriture et qui disposons de données nombreuses sur sa naissance, ses divers systèmes et leurs transformations, c'est le contraire qui s'est produit. À l'époque où l'Iliade et l'Odyssée ont été écrites, au VIIIe siècle avant notre ère, rien de la Bible n'existe encore. C'est vers cette date que les Hébreux aussi bien que les Grecs ont commencé - recommencé pour les Grecs qui avaient eu un premier système d'écriture à l'époque mycénienne - à noter leur langue, en empruntant, les uns et les autres, le même alphabet aux Phéniciens. Mais tandis que la littérature grecque a atteint, dès le VIIIe siècle, un point de perfection avec Homère et Hésiode, les Hébreux n'ont utilisé d'abord l'écriture qu'à des fins pratiques : la première inscription de ce genre indubitablement hébraïque date des environs de l'an 700. Il existe aujourd'hui un large consensus chez les spécialistes pour dater du règne de Josias, roi de Judée, vers 620, uploads/Litterature/ qui-est-dieu-jean-soler 1 .pdf

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