INTRODUCTION STENDHAL ET LE ROMANTISME c Le theatre fianfais, descendant direct

INTRODUCTION STENDHAL ET LE ROMANTISME c Le theatre fianfais, descendant direct du ihciue dn Grecp, se borna pendant longtempa a se regler sur celui de I'antiquite. On se demandait bien parfois si le mode!e etait le seul qu'on ilut auivrc, mais I'Labitudc etait tellement biea prise qu'on osait a peine songer a la possibilite d'une transformation. On croyait ne devoir pas sortir des vieux errementE, et Sophocle, Euripide, Aristophane occupaient toujour! le pinacle du temple ou les dramatistes vecaient eherchcr I'inspiration. On £ut longtemps a s'apercevoir qu'entre les tragiqucs greca et Corncille bien des elecles a'etaieni ecoules. On avait neglige de noier les progres accomplis. On ne s'etait pas avise que les temps n'etaient plus lea memcs, que les hommes avaient change, et qu'unc nonvelle religion avail tranaforme I'Occidcnt europeen « fondd des societes chreiiennes sur les mines des societet paiennes. L'ideal des peuples etait autre et le theatre, par le fail dc ce changement de religion, cessait d'etre d' accord avec les sentiments de I'epoque en s'inspirant de legendes surannees aloTS incomprises pour la plupait. Un changement qucl- conque, une revolution litteraire si I'on veut, etait de venue une necessite ineluctable. On desirait en secret un theatre vivant, mais on n'osait le dire tout haut, tant etait piofond le respect pour les couiumes antiques. II f avait eu sans doute des protestations mainte et mainte fois. Deja, en France, a la lin du rvi"^"* siccle, tandis que Jodelle, Jean de la Peruse, Gamier cciivaient dea tragedies :alqueei sur des modeles grecs, tragedies avec chceurs et dont ven variaicnt eelon les besoins de Taction, d'autres ijoiuih. 4 I VI RACINE ET SKAKKPEASE plus jeuDcs et moins (ovent* adorateura du genie helle- niqae, ecrlvaient d« pieces toutes fran^aises. MaUieureu- sement si Icun efFoits 6iaient dignea dc lotianges leui talent n'ctail pas a la hauteur de la taehe, lis manquaieni lotalc- ment d' inspiration, ne iivaient pas invenier une scene vraie ou meme possible. Le theatre espagnol etait leur unique res- sonrce et, malgre les efforts de Hardy, et plus tard de Rotrou qui s'f tait d^ja aSranchi de toute regie, le public ee lassa de ces efforts infructucux et la tragedie ancienne resta triomphante. Plus tard, au iviiieme gjecle, I'influence romantique s'exerce la France ; mais cette fois ce n'est plus dc qu'ellc vient, c'est de I'Allemagne. Ce mouve- ment passe par des etats successifs sous lesquels nous le vertona se developper constamment jusqu'a nos jours. 11 ne s'agit plus seulement de la question des Unites, mais surtout de celle des sujeta. Deux Allemands, Gottsched et Bodmer, sont les apotres de la nouveUe ecole. Bodmer, avec sa traduction du ParadiuLosl, leve I'etendard de la po£sie miltonieime, tandis que Gottsched combat pour les volt airiens. Laluttedurepeuct Bodmer, abandonnantbientot la cause de Miltati,a'emparedeslegendesmedievalesdeUvieilleAllemagne ct, pour que le grand public en juge, il donae une edition des Minnesinger. Cette publication eut un succ& extraordinaire qu'eiplique seu! I'enthousiasme patriotique reveille comrae en sursaut par les aceentB lyriques des vieux trouveres de I'Allemagne. C'est que les Allemands seDtaieut que ces poemes etaient leurs, et que desormats la litterature germa- nique pouvait se passer d'empruntet a I'etranger, et qu'elle etait meme assez riche pour preter aux autres. Le mouye- ment favorable a I'erpansion de la poesle nationale s'etendit de jour en jour, se fortifia, et de simple leaction litteraire devint une vraie revolution, une renaissance patiiotiqae, avec r WTKODttcmoiT H'ieck, Scfaiegd, Novalii, Aimm, Fouque, Uhland, Lc$%\ag, 'Goethe et SchiUer. Le theatre allemand, si longteraps insignifiant et pour ainsi dire simple iheStre de famille, ou les acteurs som Id premiers venus, sort tout a coup de Torniere ou il se irainait pesamment depuis de» siedes, et se manifeste plein de vigueui et de charme, mals toujours jete dans un moule fran^ais. C'est a la frangaise qu'il restera aussi juaqu'au jour oil Leasing prononcera le nom de Shakespeare et donneia tet pieces de Minna von Barnhclm et Emilia Calotti, pieces essentielle- ment modernes et francbement romantiques, mais dont U i premiere seule est vraiment nationale: Emilia Gahfti etant j imitee d'une piece fran;aise de Maifet. I Avec Lessing le mouvement n'alla pas plus loin. Lessing n'etait pas nc poete et il fallait un poete re pour saisir la ban- niere du romantisme et la mener a la vietoire. Ce fut Goethe et, a peu pies en mcme temps, Schiller <]ui se chargerent de cette lache. Tous deux donnerent bientot a I'Allemagne un theatre nouveau et dans leurs hibiles mains la tragfdie alle- mande se debarrassa du joug des regies et prit bientot le premier rang en Europe. Quelques ecrivains fran^ais savaient que le theatre allemand, si longtemps inferieur au rotre, avit tout a coup pris la premiere place en Europe, grice a I'heureuse reforme introduite par Lessing, reforme qu'ib n'osiuent encore pteeoniser chez nous. A mesure que le theatre allemand prenait plus de place en Europe, le notre en perdait d'autant, et mena^ait meme de disparaitre com- pletemeat. Pour lui redonner un peu de saveur on y avait d'abord inrroduit des hardiesses de toutes sortes. Dans li comedie la grossierete avait remplace le raifineiaent ; et I'iminoralite y avait pris le nom d'amour chevaleresque. La Revolution mit fin a cette degradation morale du theatre ifais et, pour ua temps au moins, la scene fran(ai;e redevint convenable. Les tnocurs repatuient au theatre, I'amour pur ei chevaleresque y fut de nouveau acclame et on applaudit une fois encore aux belles peiuees ct aux nobles senti- Freeijue ea meme tempe un mouvementlitterairesemblable avail lieu en Angleterre, maia U H avait ele produit par un homme seul, mais un homme de genie : Walter Scott. Oest lui qui avait inconsciemment introduit le romantiame dans le Royaume-Uni, en s'lnspirant des vieillee tegendes inedifvales de I'Ecosse et parfois des evenementa tires de I'histoire d'Angleterre ou meme dc I'histoire de France, On sait que ses romans si purs, si attachants, furent bientot dans toutes les mains anglaises. Bientoi ansai les traductions firent connaitre le biillant Gcossais de tons les peuples du continent. Plus on le lut, plus on I'ap- prfeia, et plus aussi le gout romantique se repandit dans lea masses. Presque a la meme epoque le livre de Madame de Stael, Dt VAlUmagne, venail encore aider au mouvement romantique en propageant en France le gout des litteratures ctrangeres. C'etait deja bien du chemin de fail et, pour etre en plein romantisme, il n'y avait plus qu'un pas a faire. Ce pas on le fit. On renon^a au classicisme de Corneille et de Rarioe. Les dramaturges abandonnerent les Grecs et les Romains et allerent cherchei I'inspiration chez les Espagnob, let Anglais et les Allcmands, et comrae en France nous ne faisons rien a demi, suriout en revolutions, le mouvement romantique ne se borna pas seulement a vouloir rajeunir notre theatre, mais il voulut encore le transformer. Si c'£ttit peut-etre aller un pen loin, cet enthousiasme de b premiere heuTe se comprend toutefoia, car depuis longtemps noire theatre suivait trop servilement les vieux erreraents sans se doutcT meme qu'il etait possible d'en sorti plus qu'igitorauce. It roHU^^^ lKTTlW)tJCnOH r Les evfnementi qui suivirent la Revolution Uissereni deloisirs, si peu vraimenique juaqu'ila chute finale de I'Em- pire, en 1815, ott pcut dire que le theatre ct la litteriture ne tiennent pTesque aucuce place en France. II n'y eut pas en effei de litterature napolconienne, et si deui icriviins de cetie cpoque furent beaucoup lus, beaucoupcommemes, tresniaise- ment persecutfe par les autoriies d'aloTS, c'est qu'ils n'etaicnt rien moins que napoleonicns, Et puis la guene etait par- tottt danE I'air et c'etajt un theatre avee lequel I'aiitre ne pouvait lutter. En 1815 on commenta i sc leconnaitrc un peu. On respira enfin. plus librement et on songea encore une fois aui belles-lettres el aux arts consohteurs. On eut le temps delire,dcregaTdeiautourde3oi,depeiiSEr,de causer, et Ton s'occupa beaucoup du livre de Madame de Siael, De CAlleirtapte. Les ferments romantique: n'avaient paa besoin d'autre lecture pour entrer en action. Leg jeunes eerivains de I'epoque etaient deja a peu pres convaincus de la necessity imperieuse d'une retorme du theatre, et pour les con- vaincre tout a fait U Icur sufiisait d'un chef. Cc chef ce fut Lamartine, alors ignore de tous, mais qui, par la publication anonyme de ses Meditations, en i8i2, ouvrit la lignee des poetea romantiques, a qui la litterature du xix''"'!-' siecle allait devoir de briller d'ua nouvel eclat. Presque au meme instant paraisjaient les premieres Odes de Victor Hugo. Deux annees plus tard c'etait VOtbflla de de Vigny et le Racine ti Shakespeare de Stendhal. Bientol Victor Hugo, dont l« sympathies avaicnt et6 acquises a la nouvelle ecole, ne fit plus mystere de ses ten- dances rDmantique3,et ce brillantgenicvit les jeunes poetes se grouper autour de lut et former un second cenade. Le jeune dictateur fit enirevoir ses idees dans unc premiere Preface a un volume A'Odis et Ballades, public en 1824.. I plus tard, il les developpa dans i X KACINE ET SHAKESPEARE Priface, et il a'y cut plus a sc meprendre aur son attitude. Si ces Prefaces firent uploads/Litterature/ racine-shakespeare-frances 2 .pdf

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