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rigitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto littp://www.archive.org/details/histoiredesaintbOOrati HISTOIRE SAINT BERNARD, PAR M.' L'ABBÉ THÉODORE RATISBONNE. In pciiculis, in angustiis , in rébus dubiis UABIAM cogila, MARIAM invoca. StNCTUs BcnNinODt. TOURNAI, TYPOGRAPHIE DE J. CASTERMAN , LIBRAIRE , IMFBIHEDR DE l'ÉVÊCQÉ. 1842 tormci, (lie 8» 7'"' iU% J. J. DUFIEBEUX, Yic.-GEN. <0r 'Son' HISTOIRE DE SAINT BEMM». PREMIÈRE ÉPOOll. VIE DOMESTIQUE DE SAINT BERNARD. DEPUIS SA KAISSAKCE JCSQd'a SOH EBIRÉE DANS LORDRE DE CITEADÏ. (1091 1 113). chapitre: premier. Naissance de saint Bernard. — Premières années de son enfance. — Détails sur sa famille. Heureux l'homme qui , à l'entrée de sa vie , est souvent regardé , animé , pénétré par l'œil d'une mère tendre et ver- tueuse ! Ce regard a un pouvoir magique sur l'ûme de l'en- fant !,.. Il rayonne douceur et vie ; et, de même que le soleil féconde, par son rayon, les productions terrestres , et les adoucit en y posant la substance solaire, ainsi la mère pose dans l'âme de son fils le caractère sacré de l'amour. Saint Bernard eut cet inappréciable bonheur. Sa mère, la pieuse Elisabeth * , fille du comte Bernard de Montbar, avait épousé fort jeune le sire Tecelin, seigneur de Fon- taines, près de Dijon. Ce mariage ne s'était pas conclu sans difficulté. Elisabeth n'avait que quinze ans, et déjà son àme, prévenue de grâces célestes, s'était vouée à Dieu; elle as- pirait à vivre dans la paix du cloître, et se préparait, sous la direction de son vertueux père, à embrasser les règles austères de la vie monastique ^. Mais la Providence lui ré- * Les chroniqueurs l'appellent tantôt Elize, tantôt Alette, tantôt Elizabeth, tantôt Alix. (Fragm. ex tertia \ita S. B, , Gaufridus, S 2, p. 1292).— 2 Joli. Erem., Vita S. B,, p, 1300. 4 niSTOIRE servait une autre destinée. Elle fut appelée, contre son gré, à devenir épouse c^l nirre, et à propager dans sa famille nombreuse les bénédictions dont elle avait été comblée dès son enfance. Tecelin , son mari , était capable d'ailleurs d'apprécier une vertu si pure, et il l'honorait. C'était un noble cheva- lier, de mœui's douces, et craignant Dieu; et, bien que ses charges éminenles le retinssent presque constamment au- près du duc de Bourgogne, il conservait néanmoins la di- gnité de la vie chrétienne à la cour comme dans les camps; et en toutes rencontres , il se signalait par sa valeur , sa droiture et sa probité *. La Providence, qui avait assorti cette union, la rendit heureuse et féconde. Elisabeth donna le jour à six lils et à une iilie : Guido était l'aîné de tous; ensuite Gérard, Ber- nard, André, Barthélcmi, Nivard et llombeline. Bernard , le troisième fds de Tecelin , naquit en 1091 , au «liâteau de Fontaines en Bourgogne. Sa naissance avait été précédée d'une circonstance remarquable. Elisabeth, durant sa grossesse , eut un songe qui lui donnait de vives alarmes : elle avait vu dans ses entrailles un chien blanc qui aboyait d'une voix infatigable. « Inquiète et toute tremblante, dit » un historien contemporain, la mère de Bernard consulta » un homme de grande vertu qui, à l'heure même, se trouva » rempli de cet esprit de prophétie dont David était anime » lorsque , parlant des prédicateurs saints, il disait à Dieu : » La langue de vos chiens aboieront contre vos ennemis. Et » il lui répondit sur-le-champ : Ne craignez rien ; vous serez » mère d'un enfant qui, comme un chien très-lidèle, gar- » dera un jour la maison du Seigneur, et aboiera hautement » contre les ennemis de la foi ; car il sera un excellent pré- T) dicateur, et avec sa langue médicinale, il guérira les plaies » d'un grand nombre d'âmes '^. » L'heureuse mère reçut dans son cœur la parole de l'homme de Dieu, et en tressaillit de joie. Elle avait offert au Sei- gneur ses deux premiers fils , dès le moment de leur nais- sance ; mais elle lui consacra Bernard d'une manière plus positive ; et son désir ardent était de transmettre à tous ses * s. Bernnrtli Vita et Res. gcstne, Guillel., lib. I, onp. l. — ^GvàW. Vita et &C8. gest. , lib. I, cap. I. DE SAINT BERNARD. 5 enfants la haute vocation qu'elle avait cru éprouver dans son plus jeune âge. Cette mère chrétienne ne considérait d'ailleurs les de- voirs de la maternité que comme une délégation de la bonté divine ; elle regardait ses enfants comme des dépôts sacrés, confiés à sa vigilance et dont elle était responsable devant Dieu. Aussi , quoique d'une complexion fort délicate , Eli- sabeth ne voulut point abandonner à une étrangère le soin de nourrir ses enfants : attachée par le fond de son ame à la Source de tout amour , elle leur transmettait avec le lait maternel , la vertu céleste qui la vivifiait. Tecelin menait une vie trop chevaleresque pour pouvoir présider lui-même à l'éducation de ses fils. Il se reposait avec confiance de ce soin sur la sollicitude éclairée de sa femme dont il approuvait les vues , quoiqu'il n'en comprît pas toute la portée. Elevé dans la profession des armes, et joignant, selon l'esprit de ce temps, les habitudes militaires et les exercices de la dévotion, il ne voyait aucun inconvé- nient à former tous ses fils pour la carrière qu'il n'avait pas parcourue lui-même sans gloire. Mais Elisabeth , plus clair- voyante , redoutait les dangers auxquels la vie des camps expose la pureté du cœur ; et elle connaissait trop les déli- ces de la vie religieuse pour pouvoir souhaiter un autre bonheur à ceux qu'elle avait enfantés et consacrés à Dieu : elle éleva ses enfants pour le ciel plutôt que pour la terre , et leur apprit de bonne heure à discerner le bien et le mal , à choisir la meilleure part , à aimer par-dessus toutes choses Celui qui est l'amour même, le principe et la fin de l'homme. C'est pourquoi elle établit dans l'intérieur de sa maison l'ordre parfait et la salutaire discipline de la loi évangélique. a Je ne puis oublier, dit un de ses contemporains, combien » cette femme illustre cherchait à servir d'exemple et de B modèle à ses enfants. Dans sa maison, dans l'état du ma- » riage et au milieu du monde , elle imitait en quelque sorte » la vie solitaire et religieuse , par ses abstinences , par la » simplicité de ses vêtements , par son éloignement de tous » les plaisirs et des pompes du siècle; elle se relirait, autant » que possible , des agitations de la vie mondaine, persévé- » rant dans les jeûnes , dans les veilles , dans la prière , et » rachetant par des œuvres de charité ce qui pouvait niaa- 6 HISTOIRE » quer i\ la perfection d'une personne engagée dans le ma- » riage et dans le monde ^ » De tels exemples , joints i\ une parole toujours sérieuse et à la fois aimable et pleine de douceur , laissèrent une impression incflaçable dans l'âme des enfants d'Elisabeth. Elle les aimait d'un amour qui n'avait rien de cet égoïsmc naturel qui recherche sa propre jouissance; elle déposait au fond de leur cœur une semence de vertus solides, sans provoquer à la superficie de leur esprit ce brillant factice qui émousse les jeunes intelligences. L'histoire rapporte qu'elle les exerçait à la pratique constante du renoncement et de la charité mutuelle, les accoutumant peu à peu , par une sage tempérance, à la mortification des sens et de la volonté propre; de manière qu'elle fit régner parmi ses enfants une heureuse conformité de goûts, de mœurs, de sympathies chrétiennes. L'austérité de cette éducation, atténuée par tout ce qu'il y a d'affectueux et de suave dans le cœur d'une mère, déve- loppa à la fois l'extrême tendresse d'àme et ce caractère mâle et généreux qui distinguèrent les fils de Tecelin. Tous déployèrent, en avançant en âge, les plus nobles qualités; et parmi ces qualités , la piété filiale brilla toujours au- dessus de toutes. Bernard principalement , le doux Bernard , l'enfant si cher au cœur de sa mère, s'était nourri avec délice de sa parole et de son regard vivifiant. Tout jeune encore, il s'épa- nouissait comme une fleur sous l'influence du rayon mater- nel; il s'appliquait autant que le comportait son âge, à vivre comme sa mère , à prier comme sa mère; il imitait en secret les œuvres qu'il voyait accomplir, donnait du pain aux pau- vres, se rendait serviable à ses frères, affable pour tous; il parlait peu, s'observait avec attention pour modérer les mouvements de sa vivacité naturelle; et souvent on le voyait, retiré à l'écart , pleurant ses fautes et soupirant une prière naïve et enfantine. Bernard montra aussi dès son bas âge de merveilleuses dispositions pour les études. Sa précoce intelligence avait quelque chose de lucide et uploads/Litterature/ ratisbonne-histoire-de-saint-bernard-1842.pdf
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- Publié le Aoû 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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