DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS Figures I coll. « Tel Quel », 1966 ; coll. «

DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS Figures I coll. « Tel Quel », 1966 ; coll. « Points Essais » nº 74 Figures II coll. « Tel Quel », 1969 ; coll. « Points Essais » nº 106 Figures III coll. « Poétique », 1972 Mimologiques coll. « Poétique », 1976 ; coll. « Points Essais » nº 386 Introduction à l’architexte coll. « Poétique », 1979 Palimpsestes coll. « Poétique », 1982 ; « Points Essais » nº 257 Nouveau discours du récit coll. « Poétique », 1983 Seuils coll. « Poétique », 1987 Fiction et diction coll. « Poétique », 1991 L’Œuvre de l’art * Immanence et transcendance ** La Relation esthétique coll. « Poétique », 1994, 1997 CE LIVRE A ÉTÉ ÉDITÉ DANS LA COLLECTION POÉTIQUE DIRIGÉE PAR GÉRARD GENETTE ISBN 978-2-02-106947-1 ISBN 2-02-034544-7 © ÉDITIONS DU SEUIL, MARS 1999 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo Table des matières Couverture Collection Copyright Table des matières Du texte à l’œuvre Une exposition d’avant-garde La rhétorique des figures Quelles valeurs esthétiques ? Relations axiologiques L’autre du même Romances sans paroles Ordonnance du chaos Égotisme et disposition esthétique Vert perroquet Autre magie des lointains Paysage de fantaisie À propos de strophes (Pense-bête) Types de strophes Variances métriques Structures métastrophiques La Cour du maçon Le regard d’Olympia Pissarro à L’Hermitage Matière de Venise Combray-Venise-Combray « Un de mes écrivains préférés » Les deux abstractions La part des mots Une logique de la littérature Le journal, l’antijournal Trois traitements de textes 1 – Nuits américaines 2 – Vues de Rouen 3 – Une pomme au fond d’une armoire Capriccio Du texte à l’œuvre I Si j’essaie, puisqu’on m’y invite, d’examiner un peu le parcours intellectuel qui me sépare, à moins qu’il ne m’y rattache, du premier (dans le champ, littéraire et esthétique, qui nous intéresse ici) texte publié, en 1959, et ultérieurement recueilli dans mon premier livre, sans remonter aux motifs et circonstances qui m’avaient eux-mêmes conduit à cet apparent point de départ, il me semble que cet exercice d’autodiction préposthume peut prendre deux formes assez distinctes, que je vais essayer d’assumer également. La première consiste à mesurer et à définir, en synchronie, l’éventuelle cohérence théorique de cet ensemble de travaux – si travaux il y a. Je ne suis pas certain d’être le mieux placé pour le faire en toute exactitude, mais je puis toujours m’y efforcer, en espérant ne pas trop céder à l’illusion rationalisante qui souvent nous pousse à imposer une unité factice à toutes choses assemblées par le hasard qui nous gouverne. La seconde consiste à reconstituer, aussi fidèlement que possible, le cheminement réel – en diachronie – qui m’a conduit, dans ce parcours, d’un objet à un autre : j’ignore si cette reconstitution serait à la portée d’un observateur extérieur qui voudrait bien s’y intéresser, mais il me semble pouvoir apporter sur ce point quelques informations, utiles ou non, mais du moins tirées, comme on dit chez moi, et ailleurs, de la bouche du cheval. Un premier constat, très évident, montre que, parti de la « critique » littéraire au sens où nous l’entendons depuis plus d’un siècle, je suis assez vite passé à ce que nous appelons, depuis un peu moins longtemps, quoique d’un nom renouvelé des Anciens, la « poétique ». Ces deux termes, dont la transparence actuelle est peut-être trompeuse, appellent en fait quelques éclaircissements. J’appelle « critique » l’analyse interne, formelle et/ou interprétative, de textes singuliers, ou d’œuvres singulières, ou de l’œuvre entier d’un écrivain considéré dans sa singularité. Les études universitaires, du moins en France, ne se sont guère que récemment, et encore assez faiblement, consacrées à ce type de recherche, centrées qu’elles sont restées après Lanson sur une approche essentiellement historique et philologique, d’esprit nettement positiviste et, comme Péguy le reprochait déjà à Taine en lui attribuant la fameuse « méthode de la grande ceinture », d’attention volontiers… périphérique par rapport aux œuvres elles-mêmes. Lorsque, en manière de reconversion au sortir d’études « supérieures » peu exaltantes et d’un engagement politique et idéologique parfaitement désastreux, j’ai commencé de travailler dans ce champ, le divorce était latent, qui ne devait pas tarder à éclater au cours de la querelle dite « de la nouvelle critique », entre ces deux orientations, dont la première était encore à peu près réservée, comme elle l’avait déjà été du temps de Péguy, de Proust, de Gide, de Valéry, de Du Bos, de Rivière, de Paulhan, de Thibaudet1 ou de Jean Prévost, à des auteurs non (ou plus) universitaires, comme Sartre ou Blanchot ; ou en marge de l’Université, comme Roland Barthes ; ou professant dans des universités étrangères, comme Auerbach, Spitzer, Béguin, Raymond, Poulet, Starobinski, Rousset, Bénichou, de Man ou, à cette époque, Jean-Pierre Richard ; ou dans d’autres disciplines, comme Gaston Bachelard ou Gilbert Durand – on comprend que je viens de citer la plupart de ceux qui étaient alors, à un titre ou à un autre et du moins dans ce champ, mes propres maîtres. Entre 1956 et 1963, j’enseignais moi-même, en toute liberté d’objets et de méthode, dans une très discrète hypokhâgne de province, où (presque) personne ne se prenait trop au sérieux – et donc hors de l’Université au sens strict de ce terme. Je ne me sentais guère attiré par l’enseignement dit « supérieur », dont j’avais fait comme étudiant une expérience plutôt dissuasive, et pour lequel je n’ai, au fond, jamais éprouvé grande affinité. De quatre années (1963-1967) beaucoup moins gaies, passées ensuite à la Sorbonne comme assistant chargé d’improbables « travaux pratiques », je n’ai conservé à peu près aucun souvenir d’aucune sorte, sinon d’y avoir rencontré un jour, dans un couloir fort sombre, un jeune Bulgare nommé Tzvetan Todorov qui, apparemment mal orienté, cherchait dans ces ténèbres un rayon de lumière. Notre lumière commune, ce fut très vite un séminaire de l’École des hautes études2, qui se tenait alors, bizarrement, dans un étage haut perché de ladite Sorbonne : le séminaire, donc, de Roland Barthes3, qui était alors, depuis quelques années, quelque chose comme mon mentor-malgré-lui, et à qui je dus entre autres, un peu plus tard, de quitter définitivement l’Université pour cette même École. Le hasard, comme on sait, écrit droit por linhas tortas. Mes premiers articles, tous fort brefs, écrits, pour la raison que je viens de dire, plus en « amateur » modérément éclairé qu’en professionnel, et recueillis plus tard dans Figures4, portaient sur la poésie française baroque5, puis sur Proust, sur Robbe-Grillet, sur Flaubert, puis sur Barthes lui- même comme sémiologue, et sur Valéry et Borges critiques. Ces trois derniers, et quelques autres (sur Thibaudet, Richard ou Mauron), étaient évidemment de type métacritique, ce qui constituait une sorte de palier vers la théorie littéraire, d’autant que je ne me privais pas d’interpréter ces œuvres dans le sens de mes propres partis pris théoriques ; mais on ne peut dénier, au moins, à Valéry le rôle de refondateur moderne de la poétique, ni à Borges une vision panoptique de la Bibliothèque universelle, vision à quoi je dois peut-être encore l’essentiel de ma conception de la littérature, et un peu au-delà. J’ai toujours le souvenir de cette matinée du printemps 1959 où, « découverte » somme toute tardive, j’achetai dans une librairie du Quartier latin Fictions et Enquêtes6, et commençai aussitôt de les lire pour ainsi dire ensemble, en oubliant de déjeuner, avec un « transport » analogue, toutes choses égales d’ailleurs, à celui de Malebranche découvrant le Traité de l’homme de Descartes – en ce temps-là, je veux dire le mien, on pouvait encore lire en descendant le boulevard Saint- Michel. Et ces deux-là, il convenait vraiment de les lire ensemble, un œil sur chaque, car l’enquête et la fiction s’y échangent et s’y transfusent d’une manière encore jamais imaginée, dans l’idée que tous les livres ne sont qu’un livre, et que ce livre infini est le monde. Ce qu’il s’agissait donc en fait de lire, ou du moins de penser ensemble, c’étaient, comme Jules Lemaitre, si l’on en croit Thibaudet, en attribuait déjà la faculté à Ferdinand Brunetière, « tous les livres qui ont été écrits depuis le commencement du monde »7. Vaste programme, mais n’anticipons pas trop. J’ai parlé à l’instant de la querelle de la « nouvelle critique » : dans ces années 50-60, l’expression semblait aller de soi : cette critique était « nouvelle » en ce sens qu’elle s’opposait, comme je l’ai rappelé, à la discipline, tenue par contraste pour « ancienne », bien qu’elle ne remontât qu’à la fin du XIXe siècle, qu’était l’histoire littéraire. Avec le recul, il ne me semble pas aujourd’hui que cette « nouvelle critique » ait été aussi innovante qu’on le pensait par sa méthode, car elle ne faisait à bien des égards que prolonger l’activité critique des années 30, dont le manifeste – publié, il est vrai, posthume en 1954 – est en somme le Contre Sainte-Beuve de Proust. « Contre Sainte-Beuve », on le sait bien, signifie au premier uploads/Litterature/ figures-4 1 .pdf

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