Sommaire | mai 2019 Bilan des rencontres de la Revue des Deux Mondes dans le ca
Sommaire | mai 2019 Bilan des rencontres de la Revue des Deux Mondes dans le cadre du grand débat national 4 | Comment renforcer la cohésion nationale par la culture ? › Valérie Toranian Éditorial 10 | Un nouveau terrorisme intellectuel › Valérie Toranian Dossier | L’idéologie au cœur de l’université 16 | Heurs et malheurs de l’université française › Philippe Raynaud 26 | L’enseignement au XIXe siècle : le grand conflit État-Église › Jean-Paul Clément 33 | Haro sur l’utilitarisme de la nouvelle Sorbonne › Robert Kopp 39 | Le structuralo-marxisme dans l’université › François Dosse 48 | L’université kidnappée (avec son consentement) par les indigénistes › Yves Mamou 55 | Une idéologie mortifère au cœur de l’université française › Josepha Laroche 64 | Michel Onfray. L’université et la pensée dominante › Valérie Toranian 69 | Mauvais esprit › Joseph Magne 73 | Florence Bergeaud-Blackler et l’islam de marché › Jérôme Maucourant 81 | Culture : peut-on parler de « propagande » ? › Isabelle Barbéris Littérature 92 | Plaidoyer pour sauver les églises de France › Adrien Goetz 100 | Lire, relire, réciter › Sébastien Lapaque 2 MAI 2019 MAI 2019 3 107 | Une brève catastrophe › Marin de Viry 113 | Enquête en post-ironie › Mathilde Brézet Études, reportages, réflexions 120 | Jean-Louis Gergorin. « La cyberguerre est la continuation moderne de la politique par d’autres moyens » › Renaud Girard 130 | 27 avril 1969, le dernier référendum de De Gaulle : un suicide politique ? › Christine Clerc 135 | L’Allemagne romantique en termes de politique › Eryck de Rubercy 141 | Un génocide rouge › Bruno Deniel-Laurent 147 | Pourquoi les sciences n’ont que faire du progrès › Kyrill Nikitine 152 | Comment l’université concentre les inégalités › Annick Steta Critiques 160 | Livres – L’inimitable › Michel Delon 162 | Livres – Truffaut sabre au clair › Stéphane Guégan 165 | Livres – Kempowski › Frédéric Verger 167 | Cinéma – Enfances › Richard Millet 170 | Expositions – Comment penser par images ? › Bertrand Raison 172 | Disques – Regards sur la foi de Messiaen › Jean-Luc Macia Les revues en revue Notes de lecture 4 Bilan des rencontres de la Revue des Deux Mondes dans le cadre du grand débat national COMMENT RENFORCER LA COHÉSION NATIONALE PAR LA CULTURE ? par Valérie Toranian L a culture ne figure pas parmi les thèmes retenus par le président de la République pour le grand débat national. Pourtant elle constitue un élément essentiel de la cohésion nationale et du lien social dont on déplore tant la perte. Voilà pourquoi la Revue des Deux Mondes a organisé le lundi 11 mars une matinée de rencontres, de réflexion et de propositions autour de la culture dans le cadre de la Fondation Dosne-Thiers à Paris. La séance était gratuite, ouverte au public, et a permis à des acteurs du monde de la culture de dialoguer sur la transmission, la démocratisation des arts et de la culture, de faire un état des lieux et d’en pointer les manques, les failles et les défauts. L’objectif : alimenter le débat avec des propositions concrètes, des exemples inspirants, des pistes de travail. Après le mot d’accueil de François d’Orcival, conservateur de l’hôtel Dosne-Thiers, Marc Ladreit de Lacharrière, président d’honneur de la Revue des Deux Mondes et membre de l’Institut, a ouvert les débats. Il MAI 2019 5 a rappelé la célèbre formule de Winston Churchill lorsqu’il refusa de réduire les budgets alloués à la culture durant la guerre : « Si ce n’est pas pour la culture, pourquoi nous battons-nous ? » Il faut initier les enfants à la culture dès le plus jeune âge, a-t-il ajouté, « car l’ignorance conduit à l’intolérance, l’intolérance à la violence et à la perte de l’identité nationale ». Est-ce à dire que nous sommes en guerre ? Pour tous les participants aux tables rondes qui se sont succédé, la culture en tout cas est un sport de combat, tant il faut d’énergie pour la faire vivre, la transmettre et trouver des financements dans les différents secteurs. Mais la France fourmille de bonnes volontés, d’idées, de passeurs, de médiateurs et d’acteurs qui ne demandent qu’à s’investir davantage dans cette cause nationale. La réponse à apporter à l’insécurité et à l’insuffisance culturelles est urgente car le sentiment d’être exclu du « monde d’en haut » se lie à l’amertume d’être privé « de la beauté des choses ». C’est ce qu’a très bien expliqué Ingrid Levavasseur, figure historique des « gilets jaunes », invitée au débat : la première demande de ceux qui ont occupé les ronds-points était d’ordre économique mais, a-t-elle ajouté, cela ne nous empêche pas de regretter pour nous-mêmes et nos enfants que l’accès à la culture soit si compliqué : « La première bibliothèque est à 10 kilomètres de ma ville (Pont-de-l’Arche), je n’ai pas les moyens de payer des places pour des spectacles pour trois personnes car je ne bénéficie pas de la gratuité et des réductions réservées aux demandeurs d’emploi. Je ne peux pas accompagner mon fils, qui voudrait faire de la musique, à Rouen ou à Louviers le mercredi après-midi car je travaille et il n’y a pas de transport en commun. Le Conservatoire est hors de prix. » Par ailleurs, Ingrid Levavasseur regrette que, à cause de la baisse des dotations aux collectivités territoriales, un projet d’espace culturel à 300 000 euros par an que souhaitait mettre en place le maire de sa ville, n’ait pas pu aboutir. Pour Laurent Petitgirard, compositeur et chef d’orchestre, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, il faut démocratiser la culture sans baisser son niveau. Ainsi il n’est pas favorable au pass Culture lancé par le gouvernement qui consiste en un crédit de 500 euros alloué à chaque jeune l’année de ses 18 ans, par le biais d’une application qui MAI 2019 6 MAI 2019 lui donne accès à de la musique, des films, des livres, des spectacles, des événements culturels. « Les jeunes vont acheter des séries et des jeux vidéo, est-ce vraiment intéressant ? Il faut de l’exigence, de l’ambition, un cahier des charges et un suivi. » Laurent Petitgirard préconise donc un passeport culture dès l’âge de 10 ans, dans lequel seront répertoriées les différentes activités culturelles et artistiques que l’adolescent aura abordées dans le cadre de son apprentissage scolaire. Avec de véritables offres de qualité et une concentration particulière sur les territoires les plus isolés et démunis culturellement. L’État doit-il être encore plus présent au sein de la culture ? Pour Teresa Cremisi, qui a longtemps dirigé les Éditions Flammarion, la réponse est non. « La France fait plus que n’importe quel pays au monde pour la culture. Elle aide, elle subventionne. Nos musées, notre littérature, notre cinéma sont des fleurons. Nous avons les plus beaux livres de poche, les moins chers. Pour 5 euros, on a accès à tout le patrimoine littéraire français et international. Mais qui donne l’envie ? L’amour de l’art, de la culture, n’est pas une question de moyens. La culture fleurit n’importe où. Il existe des gens privilégiés qui ont tous les moyens possibles et qui n’ont aucune aspiration culturelle. Malheureusement la culture n’est pas pour tout le monde : elle est démocratique car elle ne dépend pas de la richesse, et non démocratique car la richesse ne la garantit pas. Ce n’est pas l’argent qui est une frontière culturelle. Ce qui compte, c’est l’envie. Comment la faire naître et l’accompagner ? On a seize ans, le temps de la scolarité, pour faire naître cette passion chez les enfants. Le ministère de la Culture est là pour perpétuer, non pour créer. Les artistes font plus que lui pour le rayonnement de la culture française. » Parfois, lorsque l’État s’en mêle, c’est un coup de génie : ainsi la loi Lang qui a fixé le prix du livre et qui a permis de sauver les libraires. « Voilà un exemple de loi qui n’a rien coûté, poursuit Teresa Cremisi, et qui a apporté beaucoup car en sauvant des librairies on maintenait aussi le lien social dans les petites villes… » 7 MAI 2019 Hervé Digne, qui fut directeur de la Collection Lambert à Avignon et qui préside aujourd’hui Manifesto, une société chargée d’introduire l’art au cœur de la ville par le biais de projets immobiliers, souligne qu’un « nouveau système se met en place : les entreprises, leurs fondations et les ONG prennent en charge un financement de la culture et de l’accès à la culture qui n’existait pas auparavant ». Il s’étonne que l’État ne s’intéresse pas plus au développement culturel (la cause en est peut-être le manque de formation à la culture des décideurs mais pourtant Emmanuel Macron est un président cultivé). « Il a néanmoins été démontré que la culture crée des emplois et des activités : si ça n’est pas pour des raisons culturelles, la culture devrait au moins être privilégiée pour des raisons économiques. Il faudrait ne plus uploads/Litterature/ revue-des-deux-mondes-mai-2019.pdf
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- Publié le Jui 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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