Thomas Paine (1737-1809) Pamphlétaire et révolutionnaire américain LE SENS COMM
Thomas Paine (1737-1809) Pamphlétaire et révolutionnaire américain LE SENS COMMUN OUVRAGE ADRESSÉ AUX AMÉRICAINS, Et dans lequel on traite de l’origine & de l’objet du Gouvernement, de la Constitution Anglaise, de la Monarchie héréditaire, et de la situation de l’Amérique Septentrionale. Traduit de l’anglais par F. Lanthenas Publié à Philadelphie (première édition : 1776) Un document produit en version numérique par Jean-Marc Simonet, bénévole, Courriel : Jean-Marc_Simonet@uqac.ca Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web : http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web : http://bibliotheque.uqac.ca/ Thomas Paine — Le sens commun 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation formelle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf., .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classiques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif composé exclusivement de bénévoles. Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnelle et, en aucun cas, commerciale. Toute utilisation à des fins commerciales des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est également strictement interdite. L'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisateurs. C'est notre mission. Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Thomas Paine — Le sens commun 3 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marc Simonet, ancien professeur des Universités, bénévole. Courriel : Jean-Marc_Simonet@uqac.ca A partir de : Thomas Paine (1737-1809) Le sens commun Traduit de l’anglais par F. Lathenas Publié à Philadelphie, 1776. Texte établi à partir de l’édition de 1793, conservée à La Bibliothèque Nationale de France (site Gallica) Polices de caractères utilisées : Pour le texte: Times New Roman, 14 et 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 10 points. Pour les titres : Georgia 16 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 5 août 2009 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada Thomas Paine — Le sens commun 4 INTRODUCTION Les opinions que renferme cet écrit ne sont peut-être pas encore assez à la mode pour être généralement accueillies ; lorsqu’on est accoutumé depuis longtemps à ne pas regarder une chose comme injuste, elle acquiert une apparence superficielle de vérité, et de tous côtés s’élève un cri en faveur de l’habitude ; mais bientôt ce tumulte cesse. Le temps fait plus de prosélytes que la raison. Comme, en général un long et violent abus de l’autorité conduit à en examiner les bases, (et cela par rapport à des objets auxquels on n’eût jamais pensé si une inquisition sévère n’eût multiplié ses victimes,) comme le roi d’Angleterre a entrepris, sur la foi de sa prérogative, de soutenir le parlement dans ce qu’il appelle ses droits, et comme la nation trop indulgente est cruellement opprimée par cette coalition, elle est indubitablement fondée à scruter les prétentions de l’un et de l’autre, et à rejeter également la tyrannie de tous les deux. L’auteur de cet ouvrage a soigneusement évité toute personnalité. On n’y trouvera ni censures ni compliments individuels. Les sages, les gens de mérite, n’ont pas besoin des honneurs d’un pamphlet, et ceux dont les sentiments sont absurdes ou contraires aux intérêts de la patrie, s’arrêteront d’eux-mêmes, à moins que l’on ne se donne trop de peine pour les convertir. La cause de l’Amérique, est à beaucoup d’égards, celle du genre humain. Son histoire offre et offrira plusieurs circonstances qui ne sont pas locales, mais universelles, qui parlent au cœur de tous les amis des hommes, et dont l’issue intéresse leurs affections. Pour peu que l’on ait de sensibilité, on ne peut voir avec indifférence des barbares porter le fer et la flamme dans un pays, déclarer la guerre à tous les privilèges de l’humanité, et faire disparaître ses défenseurs de la surface de la terre ; voilà à quelle classe honorable je me fais gloire Thomas Paine — Le sens commun 5 d’appartenir, sans m’embarrasser de la désapprobation de tel ou tel parti. On a différé de mettre au jour cette nouvelle édition, pour se ménager la facilité de connaître les moyens de ceux qui auraient entrepris de réfuter la doctrine de l’indépendance, s’il y avait lieu ; comme il n’a point encore paru de réponse au sens-commun, l’on présume qu’il n’en paraîtra point, le temps nécessaire pour le combattre étant passé, et au-delà. Philadelphie, le 14 février 1776. Thomas Paine — Le sens commun 6 LE SENS COMMUN DE L’ORIGINE & DE L’OBJET DU GOUVERNEMENT, CONSIDÉRÉ EN GÉNÉRAL. — REMARQUES SUR LA CONSTITUTION ANGLAISE. Quelques écrivains ont tellement confondu le gouvernement avec la société, qu’ils n’ont laissé entre ces deux objets qu’une nuance très faible, ou tout à fait nulle, tandis qu’ils diffèrent beaucoup, non seulement par leur nature, mais encore par leur origine. La société est le résultat de nos besoins ; le gouvernement est celui de notre perversité. La première effectue notre bonheur d’une manière positive, en réunissant nos affections ; le second y contribue négativement, parce qu’il réprime nos vices. L’une encourage les communications mutuelles ; l’autre établit des distinctions. La première protège ; le second punit. L’état social est un bien dans toutes les hypothèses. Le gouvernement, dans sa perfection même, n’est qu’un mal nécessaire ; dans son imperfection, c’est un mal insupportable ; car, lorsque, sous un gouvernement quelconque, nous souffrons, ou nous sommes exposés à souffrir les mêmes calamités, que nous aurions lieu d’attendre dans un pays où il n’y a point de gouvernement, nous sentons notre misère s’accroître, en songeant que nous-mêmes fournissons les moyens dont on se sert contre nous. Le gouvernement, comme la parure, indique la perte de l’innocence ; les palais des rois sont bâtis sur les ruines du jardin des délices. En effet, si les mouvements de la conscience étaient clairs et uniformes, s’il était impossible de leur résister, tout autre législateur serait inutile. Les choses n’étant point ainsi, l’homme sent qu’il est nécessaire de céder Thomas Paine — Le sens commun 7 une partie de sa propriété pour s’assurer la jouissance du reste ; et cette résolution est le fruit de la même prudence qui, de deux maux, l’engage à choisir le moindre. Ainsi, la sûreté étant le véritable objet du gouvernement, il s’ensuit nécessairement que le mode de gouvernement, préférable à tout autre, est celui qui nous la garantit avec le moins de frais et le plus davantage. Pour avoir une idée juste et lumineuse de l’objet du gouvernement, supposons un petit nombre d’hommes établis dans un coin isolé de la terre, sans aucune relation avec le reste de leurs semblables, nous aurons l’image précise de la situation primitive des peuples. Dans cet état de liberté naturelle, les premières pensées se tourneront vers la société ; mille motifs leur feront prendre cette direction. La force de l’homme est si peu proportionnée à ses besoins, la nature l’a si peu fait pour une solitude continuelle, qu’il est bientôt forcé d’avoir recours à l’appui d’un autre qui, à son tour, implore le sien. Quatre ou cinq individus réunis pourront élever dans un désert une habitation supportable, tandis que, seul, un homme travaillerait toute sa vie sans rien finir. Il a coupé le bois dont il a besoin, mais il ne peut le changer de place ; s’il est venu à bout de le transporter, il ne peut le faire tenir debout ; et pendant qu’il est ainsi occupé, la faim le tourmente, une multitude de besoins différents l’appellent chacun de leur côté. La maladie, même un léger revers sont pour lui des accidents mortels. Car l’un ou l’autre, dussent-ils ne pas le conduire au tombeau, le mettraient hors d’état de trouver sa subsistance, et le réduiraient à une situation, où l’on pourrait dire de lui qu’il s’éteint plutôt qu’il ne meurt. Ainsi la nécessité, irrésistible comme la loi de la gravitation, formerait bientôt en société notre peuplade ; et les douceurs mutuelles de cet état compenseraient avec usure les obligations des lois et du gouvernement, tant que la justice présiderait à l’accord de ses membres. Mais comme, excepté le ciel, rien n’est à l’abri des atteintes du vice, par une indispensable fatalité, ils se relâcheraient de leur attachement primitif, à mesure qu’ils surmonteraient les premières difficultés du changement de séjour, difficultés qui les auraient unis dans l’origine. De-là le besoin urgent d’établir une forme uploads/Litterature/ paine-sens-commun.pdf
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- Publié le Apv 04, 2022
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