XIII-e armee, N-os. 4-6. Ayril-juin 1936. REVUE HISTORIQUE DU SUD-EST EUROPEEN
XIII-e armee, N-os. 4-6. Ayril-juin 1936. REVUE HISTORIQUE DU SUD-EST EUROPEEN PUBLICATION TRIMESTRIELLE dirigee par N. IORGA Protesseur a l'Universite de Bucarest, agree a la Sorbonne, associe de l'Institut de France. FONTENAY-AUX-ROSES ECOLE ROUMAINE 50, Rue des Chataigniers BUCAREST LIBRAIRIE PAVEL SURU 73, Ca lea Victoriel. 1. www.dacoromanica.ro DIRECTEUR : N. IORGA BUCAREST, SOSEAUA BONAPARTE, 6. SECRETAIRE DE REDACTION : C. DI A.RINESCU Professeur a l'Universite de Cluj. SOMMAIRE ARTICLES : N. lorga: La France dans le Sud-Est de ('Europe (conferences en Sorbonne). III. La croisade a la fin du XVI-e siecle. Voyageurs mercenaires et aventuriers au commencement du XVII-e. IV. Rapports avec ('Europe orientate et sud- orientate au XVII-e siecle avant Louis XIV. V. Etat des rapports avec ('Europe orientate et sud-orientale a la fin du XVII-siecle. N. lorga: Une nouvelle theorie sur l'origine et le caractere de ('empire de Trebizonde. Marya Kasterska: Les tresors des Movila en Pologne, II. N. lorga: Mentions concernant la croisade. aux XV-e et XVI-e siecles. Marcel Ernerit: L'enquete de Napoleon 1-er sur les princi- pautes roumaines. COMPTES-RENDUS sur: Rene Grousset, Donald C. Mckay, Dr. Anton B. I. Baloth, Jacques Ancel, Georges Duzin- chevici, Alexandre Marcu, Franz Babinger, I. Radonie, Vicomte de Guichen, L. H. Grondijs, Hubert Pernot, Frederic Macler, Harry N. Howard, Carl Wehmer. CHRONIQUE par N. lorga et Constantin J. Karadja. NOTICES par N. lorga. Imprimerie Datina Romtmeasc VAlenli-de-Munte. www.dacoromanica.ro REVUE HISTORIQUE DII SUD-EST EUROPEEN PUBLIEE PAR N. IORGA, PROFESSEUR A L'UNIviantiarii DE BIIOAREST XHI-E ANNEE, Nos. 4-6. AI RIL-JUIN 1936. La France dans le Sud-Est de 1'Europe Conferences en Sorbone III. La croisade a la fin du XVI-e siecle. Voyageurs mercenaires et aventuriers au commencement du XVII-e. I. La part des Francais dans la croisade qui s'est declanchee a Ia fin du XX-siecle est tout a fait maigre. Elle ne tient pas au manque du desk de faire la guerre contre les Turcs, parce que ce desk de combattre les Infideles existait encore, mais it ne s'agissait 'plus maintenant de la delivrance des Lieux Saints, mais de defendre Ia religion chretienne contre les Turcs qu'on s'imagine:d'une facon un peu erronee comme representants d'une islamisme intolerant, et qui ne l'etait guere. Le desir de parti- ciper a une guerre sainte se retrouve toujours, d'apres une an-, cienneTtradition qui remonte aux croisades du moyen-age, dans la societe chevaleresque, aristocratique, francaise. Mettle a repo- que d'Henri III, bien qu'il eut suivi d'autres buts, Ia mention de la croisade au moms une tres discrete mention de la possi- bilite de la croisade se rencontre encore. J'ai cite déjA ce passage dans lequel it est dit que le nouveau toi de Pologne serait plus dispose a combattre le Turc que le Moscovite. Or, le grand ennemi, a ce moment-1A, etait, bien en- tendu, le Grand-Duc de Moscou, qui occupait des provinces po- lonaises, et la grande oeuvre, la popularite durable du successeur d'Henri de Valois en Pologne, 8tienne Bathory, est de a ce fait qu'il a venge les Polonais contre ce Moscovite qui etait considers comme l'ennemi hereditaire. Mais it y a aussi autre chose. Dans un rapport de l'eveque d'Acqs, ambassadeur a Constantinople, it y a des lignes qui con- - - ----- www.dacoromanica.ro i06 N. Iorga tiennent tout de meme un penchant vers la croisade. Traitant de l'etablisement d'Henri en Pologne, it dit : Et puis ce seroit s'ap.- procher du Levant pour s'acroytre des ruines de l'Empire, quand it plaira a Dieu les advancer selon le desir des ennemis d'iceluy 1". Seulement, aussitot apres la disparition des pretendants rou- mains que Henri III, apres avoir quitte le royauine sans avoir abdique, voulait etablir en Valachie, en Moldavie et qui devaient servir comme point d'appui pour une action ulterieure qui n'a pas pu commencer a cause des conditions d'un regne qui finit par un assassinat, apres la disparition du pretendant etabli comme prince a Bucarest, Piei re Boucle d'Oreille, et ('abandon de ce Jean Bogdan, dont la trace se perd plutOt en Allemagne, la Cour de France ne s'est plus interessee a de pareils placements ; apres cela, on ne voit plus des ambassadeurs de France charges de soutenir des princes qui, sur le Danube, dans Ia Roumanie du Nord ou dans la Roumanie du Sud, seraient installes pour servir des buts de politique francaise. Ce role passe auk Anglais. II y a un changement d'attitude absolu du cote tie l'ambassadeur francais, qui ne s'interesse plus pour plusieurs raisons. Une de ces raisons est que Henri IV ne leur envoyait pas d'argent et, ne leur envoyant pas d'argent, it etait bien difficile de s'entendre avec les Turcs, qui avaient l'habitude de se consi- derer comme froisses lorsqu'on ne commencait pas par ce present. Or, de l'autre cote, it y avait Ia Compagnie Anglaise du Levant, qui etaif riche et qui payait bien son ambassadeur. Un de ces ambassadeurs, Hareborne, a traverse la Moldavie; it y a meme un traite ou plutot une espece de convention commerciale conclue avec le prince de Moldavie Pierre le Perclus ", dont iI a ete deja question, et it en a obtenu des facilites d'exportation qui n'etaient pas accordees aux autres 2. On pouvait tirer desormais de Moldavie ces chevaux qui ont ete toujours fres prises, et plu- sieurs Etats au XVIII-e siecle avaient une representation consu- laire avant tout pour acheter ces chevaux comme ceux des Cosa- ques, qu'on employait pour la cavalerie legere. Puis, le plus important des princes roumains, a la fin du XVI-e 1 Chariere, ouvr. cit., III, p. 30 , note. 1 Voy. Iorga, Anglo-Roumanian relations, Bucarest 1930. www.dacoromanica.ro La Prance dans le Sud-Est de l'Europe 107 siecle, Michel-le-Brave, le conquerant de la Transylvanie, a et6 installe A Bucarest par les efforts de l'ambassadeur anglais, qui &ail a cette époque Henri Barton, it n'y a pas de doute la- dessus : Barton s'est employe pendant longtemps pour negocier une entente entre le Sultan, contre lequel s'etait revolte Michel, et ce prince qu'on croyait pouvoir imener a resipiscence, le fai- sant revenir sous l'egide de l'Empire Ottoman. De sorte qu'il a joue un role tres important a l'epoque oil le representant de la France n'en avait aucun. Ce representant, de Breves it ne taut pas l'oublier , fut cependant un fauteur de croisade. Dans tel petit livre du commen- cement du XVII-e siecle it montre la possibilite de mettre ensemble un mouvement de guerre sainte L. Settlement ce projet correspond a ses Idees personnelles. Jamais envers Cons- tantinople on ne pouvait plus faire une politique dans ce sens-la. Le representant de la France. n'etait maintenant ni l'ami exclusif, ni l'ennemi, en tant que representant de l'idee de croisade, de l'Empire Ottoman. II louvoyait, en personne n'ayant pas d'argent et, par suite de ce manque d'argent, ne jouissant d'aucune con- sideration. Cela a dure pendant de longues annees jusqu'au moment oil un Hanlay de Sancy et apres lui un Cesy, qu'on rencontrera plus tard, ont eu un role, mais ce role est plutOt celui de soutien des jesuites, pour l'action de cet Ordre dans l'Est de l'Europe et aux Lieux Saints, et non de representant d'une politique qui etait totalement finie. Ces relations entre les princes roumains et les ambassadeurs d'Angleterre, dont l'un soutint pendant de longues. annees un pretendant, gtienne" Bogdan, que la parente du roi Jacques, lady Arabella Stuart, desirait pour marl 2, &trent pendant une tres grande partie du XVII-e siecle, jusque vers 1670, et un peu ' Discours abregd des asseurez moyens d'aneantir el ruiner la mo- narchie deg princes ottomans faict par le sieur de Breves, a la suite da Traictd fait en l'annee mil six tens quatre, entre Henry le grand, roy de France et de Navarre, et Sultan Amat, empereur des Tures, par l'en- tremise de messire Francois Savary, seigneur de Breves, conseiller du roy en ses Conseils d'Estat et prive, lors ambassadeur pour Sa Majeste a la Porte dudit empereur. ' lorga, ouvr. cite. www.dacoromanica.ro 108 N. forga meme au-dela. Car dans la correspondance, qui n'a pas ete pu- bliee, mais largement employee dans un tres bon ouvrage, de l'ambassadeur d'Angleterre, qui etait a cette époque, en 1678- 1679, Winchelsea, on voit un prince de Moldavie etabli par les efforts de cet ambassadeur I. Mais, alors, depuis longtemps it n'y avait aucun prince sur le Danube dont relevation aurait ete due a un ambassadeur de France. II. 11 y a aussi un autre chapitre de cette tentative de croisade, de ces grands projets romantiques que j'ai suivis jusqu'a la fin du XVI-e siecle, qu'on peut considerer comme terming : celui de l'immixtion de la Pologne 2. La Pologne avait joue un tres grand role : elle avait offert un trone a Henri de Valois ; elle l'avait accepte, comme on I'a vu, avec des sentiments de fidelite qui allaient jusqu'a l'enthousiasme. On avait espere des resultats extraordinaires de ce regne d'un prince francais. Puis cela finit par la mort de Charles IX, par la defection royale, la fuite precipitee de Henri de Valois et par tout le discredit uploads/Litterature/ rhsee-13-1936-2.pdf
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- Publié le Apv 02, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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