Le Cid : l’héroïsme cornélien 149 Le choix du corpus • Le Cid de Corneille est
Le Cid : l’héroïsme cornélien 149 Le choix du corpus • Le Cid de Corneille est préconisé dans les Instructions officielles. Il a été choisi de traiter cette œuvre en cinq extraits (de l’acte I, III, IV, V), pour en donner une vue d’ensemble et comprendre les enjeux essentiels de la pièce : le dilemme des deux amants et l’héroïsme dont ils font preuve. Les compétences du socle commun L’étude du Cid met en jeu de nombreuses compétences du socle. • Des compétences de lecture : en fonction de la classe et du temps dont on dispose, il est possible de faire un travail rapide et / ou autonome avec les élèves, en traitant les questions « Dégager l’essentiel », mais aussi d’approfondir l’étude à partir des différents axes et outils d’analyse mis en œuvre dans la rubrique « Analyser le texte » (règles du théâtre classique ; analyse des figures de style : métaphore, antithèse, oxymore, litote ; repérage des registres lyrique et épique ; étude de la versification : compte de syllabes, alexandrins, coupe, hémistiche, stances ; compréhension des enjeux de la pièce autour du dilemme des héros, déchirés entre amour et devoir). • Des compétences culturelles et humanistes : ce chapitre fournira l’occasion d’aborder l’histoire de l’Espagne médiévale, le théâtre et les spectateurs au xviie siècle, la naissance et l’organisation de la Comédie-Française. Il va de soi que l’utilisation d’Internet est largement préconisée. Avec la double-page « Histoire des arts » ainsi que les questionnaires en fin d’extraits, sont abordés les partis pris de mise en scène, le vocabulaire du costume, l’art du flamenco. • Des compétences de langue avec la versification, la classe et la fonction des pronoms et des déterminants, les types et les formes de phrases, la conjugaison de l’impératif et du subjonctif présent (nombreuses occurrences de ces modes dans Le Cid), l’accord des déterminants numéraux, une dictée à préparer. • Des compétences lexicales, à travers la langue du théâtre classique, l’étymologie du mot maure, la polysémie des mots sang et cœur, la composition du mot déshonneur, les figures de style. • Des compétences d’écriture, avec des exercices d’écriture courte (inventer des didascalies, imaginer une suite…) ou longue (écrire une parodie ou une scène théâtrale complète mettant en jeu des sentiments). • Des compétences d’oral en apprenant et en récitant le monologue de Don Diègue ou les sentences célèbres de la pièce, en jouant à plusieurs et en mettant en scène des extraits choisis. • L’évaluation en ligne (dialogue entre Chimène et Elvire, III, 3) permet d’évaluer l’ensemble de ces compétences. Bibliographie • Pierre Corneille, Le Cid, avec compléments pédagogiques en ligne par Anne Moussier, Hatier, coll. « Œuvres et Thèmes » (2003). • Agnès Pierron, Dictionnaire de la langue du théâtre, Le Robert, coll. « Les usuels » (2009). • Revue Virgule n° 73, numéro dédié au Cid de Corneille, suivi d’un dossier sur le héros cornélien (avril 2010). • Revue L’Histoire n° 364, numéro consacré à l’« Al- Andalus, le paradis perdu » (mai 2011). Chapitre 10 Le Cid : l’héroïsme cornélien Livre de l’élève, p. 208 à 235 Objectifs du chapitre et compétences mises en jeu 150 Entrez dans l’univers du Cid ! Livre de l’élève, p. 208-209 1. L’action de la pièce se déroule sous le règne de Don Fernand (1017-1065), au xie siècle. 2. a. Elle se déroule à Séville, dans le Sud de l’Espagne, ville phare de l’actuelle Andalousie, « Al-Andalus » pour les conquérants berbères et arabes, venus du Maghreb occidental au viiie siècle. On constate, sur la carte page 211, que cette ville est située sur le fleuve Guadalquivir, à une centaine de kilomètres de la mer ! On peut faire remarquer aux élèves que Corneille considère Séville comme une ville maritime. En effet, dans l’extrait 4 (IV, 3), on relève : Les Maures et la mer montent jusques au port (v. 4, p. 222). Point historique : au xie siècle (et encore au xiie, époque de la carte), Séville est toujours sous occupation des Maures. Elle n’est donc pas sous l’autorité du roi castillan Fernand Ier, comme le décide Corneille, qui commet là une licence historique. On peut approfondir ici l’histoire de l’Espagne : en 711, le chef berbère converti à l’islam, Tˉ ariq ibn Ziyˉ ad et ses troupes, venus de l’actuel Maroc, franchissent le détroit de Gibraltar (Jabal al-Tˉ ariq, « la montagne de Tˉ ariq »). Poussé par un élan militaire et prosélyte, ils conquièrent en cinq ans presque tout le territoire espagnol, laissant une petite partie du Nord du pays aux mains des rois chrétiens. Petit à petit, ces derniers vont repousser l’occupant vers le Sud : c’est la Reconquista ! Mais pendant sept siècles, le territoire « Al-Andalus » restera aux mains des dynasties arabes qui s’y succéderont : les Omeyades, les Almoravides (! Carte, p. 211)… Ainsi est née la culture arabo-andalouse, dont on peut voir un exemple architectural page 211 : la célèbre cour des Lions à colonnades et la fontaine, dans le palais nasride de l’Alhambra, à Grenade. b. Les personnages principaux sont un roi, une Infante (titre donné à la fille du roi d’Espagne, toujours en usage aujourd’hui), un comte, des gentilshommes dont le nom est précédé du titre honorifique Don (équivalent de « Sire » en français, venant du latin dominus, « maître », « seigneur »), signe d’une appartenance à la noblesse. Nous avons donc affaire à des personnages issus de la haute noblesse, celle de Cour de l’Espagne médiévale, comme il se doit dans une tragédie. 3. Au sens du xviie siècle, Rodrigue et Chimène sont amants : ils s’aiment mutuellement, comme l’indique la flèche dans le schéma, qui marque la réciprocité. En revanche, l’Infante est amoureuse de Rodrigue et Don Sanche est amoureux de Chimène : ils aiment, sans être aimés en retour (flèche à sens unique). 4. Sur la gravure et la statue de Rodrigo Díaz de Bivar, dit le Cid Campeador (documents 2 et 3), se dégage l’image d’un guerrier, d’un combattant à cheval. Son cheval, un étalon andalou, porte le nom de Babieca. Rodrigue porte armure, glaive (ou lance) et bouclier, comme un chevalier médiéval. La statue renvoie plus précisément l’image d’un chef de guerre sur le champ de bataille, le bras levé brandissant l’oriflamme, sur son cheval en mouvement, prêt à appeler ses troupes au combat. La photographie de Gérard Philipe, acteur qui incarna Rodrigue au festival d’Avignon en 1951, dans la célèbre mise en scène de Jean Vilar, le montre plutôt sous l’aspect d’un jeune homme « romantique », la mèche au vent, dans une pose réflexive (moment des stances dans l’acte I, scène 6, où il expose son terrible dilemme, peut-être). Pour la petite histoire, on pourra signaler aux élèves que Gérard Philipe, mort à 36 ans, fut enterré dans ce costume du Cid, selon ses dernières volontés. Pierre Corneille, Le Cid (extrait 1 : acte I, scène 3) Livre de l’élève, p. 212 à 214 Objectifs • Étudier les caractéristiques du langage théâtral. • Analyser une scène d’affrontement verbal et la notion d’affront. Préparer la lecture 1. Un alexandrin est un vers de douze syllabes. L’hé mistiche est la moitié d’un vers ; pour l’alexandrin, chaque hémistiche comporte donc six syllabes. 2. Une réplique, au théâtre, est une parole pronon cée par un personnage (ou un acteur) en réponse à un autre. Une stichomythie est un échange vif de répliques lors d’une situation tendue. Réponses aux questionnaires Le Cid : l’héroïsme cornélien 151 Dégager l’essentiel a. La scène 3 de l’acte I met en scène le Comte et Don Diègue. b. Ce sont les pères respectifs de Chimène et de Rodrigue. c. Ils se disputent au sujet du poste de gouverneur du prince, futur roi de Castille, qui succédera à Don Fernand. Cette haute fonction que briguait le Comte vient d’être attribuée à Don Diègue. d. À la fin, le Comte finit par avoir le dessus sur Don Diègue en employant des gestes violents : il le gifle et le désarme. Analyser le texte 1. a. Lors de cet échange, les répliques sont courtes. Le plus souvent, elles n’excèdent pas la longueur d’un vers. b. Le spectateur assistant à cette scène se rend compte, par la rapidité de l’échange, qu’il assiste à une dispute, un affrontement entre ces deux personnages. On a affaire ici à des stichomythies. 2. Le vers 19 s’étend sur trois répliques : Ne le méritait pas ! Moi ? / Vous. / Ton impudence. Ainsi obtient-on douze syllabes et le mot impudence rime avec récompense au vers 20. 3. Les didascalies, très rares dans cette pièce et dans les pièces classiques en général, jouent un rôle essentiel dans cette scène. On en note deux, qui se suivent et qui correspondent à deux actions décisives : Il lui donne un soufflet (après v. 20), c’est- à-dire que le Comte gifle Don Diègue ; mettant l’épée à la main (après v. 20), Don Diègue tentant ainsi de riposter à cette attaque infamante. On uploads/Litterature/ rives-bleues-4e-lppdf.pdf
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- Publié le Jui 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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