DU MÊME AUTEUR La Fille sous la glace, Belfond, 2018 ; Pocket, 2019 Oiseau de n
DU MÊME AUTEUR La Fille sous la glace, Belfond, 2018 ; Pocket, 2019 Oiseau de nuit, Belfond, 2019 ; Pocket, 2020 Liquide inflammable, Belfond, 2019 Vous pouvez consulter le site de l’auteur à l’adresse suivante : www.robertbryndza.com ROBERT BRYNDZA JOLIES FILLES Traduit de l’anglais par Chloé Royer Pour Veronika, Filip et Evie « Les monstres les plus effrayants sont tapis au fond de nos âmes… » Edgar Allan POE SOMMAIRE Du même auteur Titre Dédicace Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 59 Chapitre 60 Chapitre 61 Chapitre 62 Chapitre 63 Chapitre 64 Chapitre 65 Chapitre 66 Chapitre 67 Chapitre 68 Chapitre 69 Chapitre 70 Chapitre 71 Chapitre 72 Chapitre 73 Chapitre 74 Chapitre 75 Chapitre 76 Chapitre 77 Chapitre 78 Chapitre 79 Chapitre 80 Chapitre 81 Chapitre 82 Chapitre 83 Chapitre 84 Chapitre 85 Chapitre 86 Chapitre 87 Chapitre 88 Chapitre 89 Chapitre 90 Chapitre 91 Épilogue Remerciements Copyright Prologue Lundi 29 août 2016 Il était 3 heures du matin. La canicule durait depuis plusieurs jours, et la puanteur du cadavre empestait toute la voiture. Malgré la climatisation poussée à fond, impossible d’y échapper. Elle se décomposait à toute vitesse. Déjà deux heures qu’il l’avait chargée dans le coffre, gesticulant dans l’obscurité pour chasser les mouches. Il devait avoir l’air malin, à faire de grands moulinets dans le vide… Si elle était encore en vie, peut-être que ça l’aurait fait rire, elle aussi. C’était risqué, mais il aimait ces excursions nocturnes, à conduire le long de l’autoroute déserte jusqu’à gagner les banlieues résidentielles de Londres. Deux rues plus tôt, il avait éteint ses phares, puis coupé le moteur en parvenant en haut d’une côte. Le véhicule avait dévalé la rue en silence, entre les maisons aux fenêtres noires ; au bas de la colline, une petite imprimerie abandonnée l’attendait, un peu à l’écart de la route, derrière un parking sur lequel les arbres alignés au bord du trottoir projetaient leurs ombres immenses. La pollution lumineuse de la ville baignait la scène d’une brillance orangée. Il obliqua sur le parking, cahotant sur les racines qui émergeaient du béton fissuré. Il ralentit devant une rangée de bennes à ordures près de l’entrée de l’imprimerie et vira brusquement à gauche, positionnant le coffre de la voiture à moins de cinquante centimètres de la dernière benne. Puis il resta assis un moment, silencieux. Les bâtiments de l’autre côté de la rue étaient masqués par les arbres, et un mur de brique séparait le parking de la rangée de maisons mitoyennes la plus proche. Il récupéra une paire de gants en latex dans la boîte à gants, les enfila et sortit. La chaleur l’assaillit ; en quelques secondes, l’intérieur des gants fut moite de sueur. Alors qu’il ouvrait le coffre, une grosse mouche bleue lui vola droit au visage, et il battit des bras en crachotant. Lorsqu’il repoussa le couvercle de la benne, la puanteur le prit de court, et plusieurs dizaines de mouches affairées à pondre parmi les immondices pourrissantes s’envolèrent en nuée. Avec un cri de dégoût, il se protégea le visage à grands gestes maladroits avant de se tourner vers le coffre de sa voiture. Elle avait été si belle, même à la fin, quelques heures plus tôt, alors qu’elle le suppliait, en larmes, les cheveux gras, les vêtements souillés. Maintenant, elle n’était plus qu’une chose inerte. Son corps n’était plus d’utilité pour personne, ni pour lui ni pour elle-même. D’un seul mouvement fluide, il la hissa hors du coffre et la déposa en travers des sacs-poubelle noirs, puis referma le couvercle sur elle. Un regard circulaire lui confirma qu’il était seul ; davantage encore depuis qu’elle n’était plus là. Il retourna s’asseoir derrière le volant et entama le long trajet de retour. Plus tard ce matin-là, la voisine d’en face sortit de chez elle chargée d’un sac-poubelle plein à craquer et se dirigea vers l’imprimerie. Les éboueurs ne passaient pas pendant le week-end prolongé, et ses beaux-parents étaient en visite pour rencontrer le nouveau bébé. Elle repoussa le couvercle de la première benne, et ce fut comme si un nuage de mouches lui jaillissait au visage. Elle tituba en arrière, dégoûtée. C’est alors qu’elle vit, étendu au-dessus des ordures, le cadavre d’une jeune fille. Elle avait été violemment battue : l’un de ses yeux était enflé et violacé, sa tête était couverte d’entailles et son corps grouillait de mouches dans la chaleur matinale. Lorsque l’odeur lui parvint, la femme laissa échapper son sac-poubelle et vomit sur le bitume brûlant. 1 Lundi 9 janvier 2017 La Detective Chief Inspector Erika Foster observait son collègue James Peterson tandis qu’il essuyait à l’aide d’une serviette la neige en train de fondre sur ses dreadlocks. Après une longue journée de travail, ses projets pour la soirée se résumaient à un bain bien chaud avant d’aller se coucher – du moins jusqu’à ce que Peterson lui téléphone depuis la boutique de fish and chips au coin de la rue pour demander si elle avait faim. Avant même de prendre le temps de réfléchir à une excuse, elle avait répondu oui, et, cinq minutes plus tard, il débarquait dans son salon. Les rideaux étaient tirés sur la tempête de neige à l’extérieur, la télévision bourdonnait douillettement en fond sonore et les deux nouvelles lampes qu’Erika venait d’acheter baignaient la pièce d’une lumière chaleureuse. Grand et mince, Peterson représentait l’équilibre parfait entre arrogance et charme. Ils avaient travaillé ensemble sur plusieurs enquêtes de meurtre, et Erika avait été sa supérieure ; mais à présent ils étaient affectés à des services différents. Peterson était resté dans la Murder Investigation Team tandis qu’Erika avait rejoint la Projects Team, un poste qu’elle n’avait pas mis longtemps à détester. Peterson alla étendre soigneusement sa serviette sur le radiateur, puis se retourna vers elle, souriant, et souffla dans ses mains en coupe. « C’est un vrai blizzard, dehors. — Tu as passé de bonnes fêtes ? — Plutôt tranquilles, avec mes parents. Ma cousine vient de se fiancer, répondit-il en ôtant sa veste en cuir. — Félicitations. » Elle n’arrivait plus à se rappeler s’il lui avait déjà parlé d’une cousine. « Et toi, alors ? demanda-t-il. Tu étais en Slovaquie ? — Oui, avec ma sœur et sa famille. Je devais dormir dans le lit de ma nièce… Tu veux une bière ? — Avec plaisir. » Il posa sa veste sur le dossier du canapé et s’assit. Erika regarda dans le frigo : un pack de bières solitaire occupait le bac à légumes, et la seule nourriture disponible était une casserole de soupe de la veille sur l’étagère du haut. Elle voulut vérifier à quoi elle ressemblait dans la paroi en aluminium de la casserole, mais la courbure du métal déformait son reflet comme un miroir de fête foraine, lui donnant un visage pincé et un front énorme. Pourquoi n’avait-elle pas menti et prétendu qu’elle avait déjà dîné ? Quelques mois plus tôt, à la suite d’une soirée mouvementée, Erika et Peterson s’étaient retrouvés au lit ensemble. Tous deux avaient bien senti qu’il ne s’agissait pas simplement d’un coup d’un soir, mais ils étaient parvenus à maintenir des rapports professionnels. Ils s’étaient revus à deux reprises peu avant Noël et, chaque fois, Erika avait quitté le domicile de Peterson avant le petit déjeuner. Mais maintenant, voilà qu’ils étaient tous les deux chez elle, sobres, avec la photo de son défunt mari Mark encadrée sur la bibliothèque près de la fenêtre. Erika réprima son malaise et sa culpabilité, s’empara de deux bières et referma le frigo. Le sac en plastique rayé rouge et blanc contenant le fish and chips était posé sur le comptoir de la cuisine, et l’odeur de friture lui mettait l’eau à la bouche. « Tu le manges dans le papier, toi ? demanda-t-elle en décapsulant les bières. — C’est bien meilleur comme ça. » Un bras étendu sur le dossier du canapé, assis avec une cheville posée sur le genou, il était l’image même de la décontraction et de la confiance en soi. Mais il fallait qu’ils parlent. Elle devait poser des limites, même si ça casserait l’ambiance à coup sûr. Erika déposa deux assiettes, les bières et le sac de fish and chips sur la table basse et alla s’asseoir à côté de lui. Sans un mot, ils déballèrent chacun leur dîner, écartant le papier uploads/Litterature/ robert-bryndza-jolies-filles-2021.pdf
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- Publié le Sep 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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