Table des matières Page de titre Table des matières Page de copyright Préface I
Table des matières Page de titre Table des matières Page de copyright Préface Introduction I. Sens et vérité en psychanalyse II. La vérité comme norme et la croyance III. L ’ordre symbolique IV . De l’alliance à la rivalité V . Au-delà de la société Ouvrages cités Table Du même auteur Notes © Éditions du Seuil, mars 1993 et octobre 2010 pour la présente édition. isbn 978-2-02-103294-9 (isbn 1re publication : 2-02-019264-0) 9782021037593 Nouvelle édition revue Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.editionsduseuil.fr Préface Ce livre a été publié en 1993 avec le sous-titre : Comment une société humaine est-elle possible ? La thèse principale en était en effet qu’outre la prohibition de l’inceste mère- fils trois autres prohibitions ayant le même caractère d’universalité existent : celles du mensonge, du meurtre et de l’appropriation du don sans y répondre par un contre-don. L ’ensemble de ces lois constitue l’ordre symbolique sans lequel la vie sociale ne serait pas possible. Un thème est cependant resté à l’arrière-plan, celui de la division du sujet entre le procès de l’énonciation et le procès de l’énoncé. C’est ce thème qui vient au premier plan dans la présente réédition, où cette division est ramenée à notre situation au sein du langage. Ce dernier nous sert, certes, à exprimer nos intentions et à parler des choses, mais il ne nous donne pas la moindre définition qui puisse être considérée comme une saisie de l’essence. Nous parlons de l’âme sans savoir ce qu’elle est, ni même si elle existe ; nous opérons des calculs sans savoir ce qu’est la calculabilité. Le sujet de l’énonciation réside dans ce non-savoir qui peut donner lieu, dans un deuxième temps, aux questions relatives à la nature de l’âme, ou à la définition de la calculabilité. Nous touchons ici au ressort de ce que Jean Cavaillès appelle la « nécessité de devenir ». Nécessité qui, en principe, ne connaît pas de repos : puisque nous passons d’un savoir à l’autre et, du même pas, d’une ignorance à l’autre. En mathématique comme en tout, nous passons notre vie à nous expliquer avec les mots. Ce que la psychanalyse, elle, démontre, c’est le lien étroit que le signifiant, sans considération aucune pour nos intentions, entretient avec la vérité. Laquelle vérité est à concevoir comme surgissement et non pas comme découverte de quelque chose de caché. De fait, c’est la présupposition que rien ne se trouve s’il n’était pas déjà là quelque part qui est à la racine de la fiction épinglée par Lacan sous la dénomination de « sujet supposé savoir ». Ce déplacement du centre de gravité du livre a entraîné des modifications considérables de la première édition. Une nouvelle introduction a remplacé l’ancien « Liminaire » ; un nouveau chapitre a remplacé l’« Épilogue », sous le titre de « Au-delà de la société ». Les autres chapitres ont subi des modifications plus ou moins considérables. L ’ampleur de ces remaniements est telle qu’il ne serait pas exagéré de parler d’un nouvel ouvrage. Introduction Dans son essai inachevé, De l’éloquence en langue vulgaire, Dante fait cette double remarque : les êtres humains sont mus non par instinct de nature mais par raison ; mais la raison elle-même prend en chacun des formes si diverses quant au connaître, quant au jugement et quant au choisir, que chaque homme semble constituer en lui-même une espèce à part. D’où il conclut à la nécessité du langage considéré comme un signe à la fois rationnel et sensible, qui permet à tout homme de comprendre son prochain. Quelques siècles plus tard, dans un ouvrage intitulé On Some of the Characteristics of Belief, Religious and Scientific1, le logicien britannique John V enn a émis quelques remarques qui vont dans la même direction. Selon lui, on ne peut pas asseoir nos croyances sur une base comparable à celle sur laquelle on construirait un bâtiment inébranlable. De même, on ne saurait ramener nos jugements à une proposition qui réunirait l’accord de tous en raison de son évidence intrinsèque. Ce qu’on appelle même un simple fait n’est en grande partie que le produit de notre jugement et, partant, de notre imagination (fancy) s’exerçant sur des données fragmentaires. La vérité ne coule pas d’une seule source. On la distille à partir d’un nombre incalculable de canaux. C’est là un fait que nos systèmes de logique (systems of logic) sont obligés de négliger afin de contenir la « dispute » dans des limites traitables. Au regard de cet accent mis sur l’impossibilité d’un accord entre tous les êtres pensants, on ne saurait considérer l’existence d’une règle universelle, telle la prohibition de l’inceste, comme le fruit d’un tel accord. On ne peut pas plus attribuer cette prohibition à un quelconque législateur qu’on ne peut la considérer comme une loi stipulée et adoptée par l’ensemble des groupements humains. Car, outre la considération que je viens d’évoquer concernant l’impossibilité d’un accord universel, on ne voit pas comment des êtres humains encore soumis aux seules lois de la nature deviendraient d’un coup les auteurs d’une loi opposée aux lois de la nature, et qui constitue le fond commun à tous les systèmes de mariage, quelle que soit par ailleurs leur variabilité, à savoir la loi de l’interdiction de l’inceste fils-mère. De fait, toutes les interprétations sociologiques de cette interdiction comportent un cercle vicieux qui rappelle l’impasse à laquelle aboutissent les cogitations sur l’origine du langage. L ’explication de Freud selon laquelle les frères, au lieu de s’entretuer, ont décidé d’un commun accord de renoncer à leurs mères, i.e. aux objets mêmes pour lesquels ils avaient tué leur père, est de la même veine. Cependant, au-delà de cette explication « laïque », Freud avait, lui, le sentiment net de l’affinité entre la prohibition de l’inceste et l’ordre du sacré, comme l’atteste le double lien qu’il établit de cette prohibition avec le meurtre du père, et avec le totémisme, considéré par lui comme forme élémentaire de la religion. Qu’il s’agisse là d’un mythe est incontestable. Mais ce n’est pas une raison de méconnaître le fait que, tout en le voilant, ce mythe approche de si près : avec la prohibition de l’inceste, nous n’avons pas affaire à une loi qu’on nomme, telle la loi de Moïse ou de Mahomet ; ici, c’est le nom même qui fait loi. De tous les noms que comportent les différents systèmes de la parenté, c’est dans le nom du père que la loi de la prohibition de l’inceste se signifie de la façon la plus immédiate et la plus tangible pour l’enfant qui fait ainsi sa première expérience de la légalité. Le terme même de fils suppose l’existence d’un père auquel la société reste libre de donner le statut qui lui agrée : comme esprit, ou comme celui qui reconnaît le fils en tant que tel, ou encore comme l’homme qui vient de l’autre clan, etc. Même là où le nom du père ne figure pas, comme cela semble être le cas dans tel ou tel système de parenté, la question n’en reste pas moins ouverte des effets qu’induit le nom sous lequel se subsument les membres d’un groupement humain qui, de ce fait, se reconnaissent comme parents soumis à un certain nombre d’obligations et de prohibitions, dont celle de se marier entre eux, au premier chef. Le point sur lequel on n’insiste pas suffisamment est que cette prohibition s’adresse en premier à la mère, avant de s’adresser à l’enfant. Il suffit d’imaginer une mère dont aucune loi ne freine les désirs, ni ne l’empêche, si le cœur lui en dit, de gratifier les demandes de la sexualité infantile de ses rejetons, pour qu’on sente que toute assise pour l’émergence d’un sujet du désir ferait défaut dans ces conditions où l’enfant figure simplement comme l’objet de la libre jouissance de l’Autre. C’est sous l’angle de sa contribution à la mise en place du sujet désirant qu’au cours de l’expérience psychanalytique la prohibition de l’inceste atteste son efficacité. En d’autres termes, cette expérience nous conduit à considérer la prohibition de l’inceste non pas comme étant simplement une règle sociale, mais surtout comme la tête de pont sur laquelle repose l’érection du sujet comme sujet de cette variété spécifique du manque qu’est le désir. Sous cet angle, le désir est un phénomène purement culturel, au sens où il est inséparable de l’existence tant du langage que de la loi. La découverte de l’inconscient fut, au fond, celle d’un manque foncièrement rebelle à sa réduction à l’ordre des instincts et des besoins biologiques. Mais l’ayant baptisé « libido », Freud ne l’a pas radicalement disjoint d’une entité biologique, qui, comme toute entité de cet ordre, serait sujette à une évolution qui va, uploads/Litterature/ safouan-m-la-parole-ou-la-mort.pdf
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- Publié le Mar 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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