LE CONCEPT DE LA MORT DE L’AUTEUR CHEZ ROLAND BARTHES ABDELLATIF SAMIKY A THESI
LE CONCEPT DE LA MORT DE L’AUTEUR CHEZ ROLAND BARTHES ABDELLATIF SAMIKY A THESIS SUBMITTED TO THE FACULTY OF GRADUATE STUDIES IN PARTIAL FULFILLMENT OF THE REQUIREMENTS FOR THE DEGREE OF MASTER OF ARTS GRADUATE PROGRAM IN FRENCH STUDIES YORK UNIVERSITY TORONTO, ONTARIO MAY 2014 © ABDELLATIF SAMIKY, 2014 ii RESUME Selon la tradition perpétuée par Gustave Lanson, celui qui parle ou écrit dans le texte est toujours l’auteur. Sa figure constituait l’objectif majeur de la critique, qui se concentrait sur la description de ses intentions et de sa psychologie ; l’œuvre n’était ainsi rien d’autre que l’espace où cette subjectivité s’exprimait. Cependant les écrits de Barthes ont clôturé cette omniprésence et cette autorité. Son être, sa volonté et son autorité se sont transformés en image, figure ou sujet linguistique inhérent à la discursivité du texte. L’intention de l’auteur est cessée d’être le déterminant du sens textuel. C’était la première trace de la transition de l’œuvre au texte, du signifié au signifiant et de l’auteur au scripteur. L’analyse envisagée dans cette recherche mettra en lumière les vraies intentions discursives de Barthes: l’absence catégorique de l’auteur, lecture pluraliste du texte et réinstauration de l’auteur. iii DEDICACE A ma femme qui s’est dévouée à me supporter tout au long de cette recherche. iv REMERCIEMENTS La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance. Je voudrais tout d’abord adresser toute ma gratitude au directeur de ce mémoire, Professeur Janusz Przychodzen, pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Je voudrais aussi exprimer ma reconnaissance envers Professeure Aurelia Klimkiewicz pour ses inestimables commentaires et ses réflexions qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire. Enfin, je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce travail. v TABLE DE MATIERES Résumé...........................................................................................................................................ii Dédicace........................................................................................................................................iii Remerciements..............................................................................................................................iv Tables de matières..........................................................................................................................v Introduction: ...................................................................................................................................1 Premier chapitre: L’importance de l’auteur 1. Introduction .................................................................................................................................9 1.1. L’importance de l’auteur ....................................................................................................... 10 1.1.1. Quelques textes phares.......................................................................................... 13 1.1.1.1. Le « Prologue de l’auteur », Gargantua, Rabelais ............................... 14 1.1.1.2. La Méthode de Charles Augustin Sainte-Beuve.................................... 17 1.1.1.3. « La méthode de l’histoire littéraire »: Lanson ...................................... 20 1.2. La scène littéraire avant Barthes ............................................................................................24 1.2.1. L’intentionnalisme.................................................................................................26 1.2.2. Le modernisme...................................................................................................... 27 1.2.3. Le marxisme.......................................................................................................... 30 1.2.4. La nouvelle critique .............................................................................................. 32 vi 1.3. Conclusion ............................................................................................................................ 34 Deuxième chapitre: La mort de l’auteur 2. Introduction ............................................................................................................................ 37 2.1. Barthes et la mort de l’auteur ................................................................................. 38 2.1. 1. La critique littéraire chez Barthes ............................................................ 39 2.1.2. Le concept de la mort de l’auteur ..............................................................49 2.1.3. Le scriptible................................................................................................51 2.1.4. Le lisible ................................................................................................... 53 2.1.5. Les cinq codes .......................................................................................... 55 2.1.6. Les limites de la mort de l’auteur chez Barthes.........................................59 2.2. Qu’en est-il advenu de l’auteur ?.............................................................................. 63 2.2.1. Est-il réellement mort ?............................................................................ 64 2.2.2. La mort de l’auteur n’est-elle pas un simple écho de la métaphore de la mort de Dieu nietzschéenne ? ............................................................... 69 2.3. Conclusion ...............................................................................................................71 Troisième partie: La mort de l’auteur après Barthes 3. Introduction .............................................................................................................................. 74 3.1. La mort de l’auteur après Barthes............................................................................. 75 3.1. 1. Michel Foucault et l’auteur......................................................................... 78 3.1.2. Jacques Derrida et l’auteur.......................................................................... 85 vii 3.2. Les limites de la disparition auctoriale chez Barthes, Foucault et Derrida................ 92 3.3. Conclusion ................................................................................................................. 97 Conclusion: Le retour de l’auteur ............................................................................................. 101 Bibliographie...............................................................................................................................109 1 INTRODUCTION 2 Le débat entre l’intentionnalisme selon lequel l’auteur « détient un droit d’interprétation et corrélativement une autorité auctoriale qui influencent sa double relation avec le texte et le lecteur1 » et l’anti-intentionnalisme pour qui l’auteur « renonce à un absolu, son intention poétique tout d’évidence et de sublimité2 » a fait couler beaucoup d’encre. La controverse sur l’auteur selon le principe dialectique de plénitude du sujet responsable et de la vacuité auctoriale a bien hanté la critique des années cinquante et soixante du 20e siècle. La thèse intentionnaliste a été soutenue par André Gide, François Rabelais, Charles Augustin Sainte-Beuve, Gustav Lanson et Raymond Picard, alors que la thèse anti-intentionnaliste a été embrassée par Roland Barthes, Michel Foucault et Jacques Derrida. Demeurant fidèle à l’histoire littéraire, la première position tient le haut du pavé universitaire en France, alors que la seconde position ne s’intéresse qu’au texte et à sa littérarité. A l’encontre du positivisme de la première position qui se réfère au créateur comme vecteur d’une intentionnalité et comme garant suprême du sens, le formalisme de la seconde position interdit tout brouillage de frontières entre textuel et réel et, corollairement, exclut totalement l’auteur du champ de recherche. L’intentionnalisme relie sans médiation l’homme et l’œuvre, l’individu biographique et le monde fictionnel qu’il invente; cependant, l’anti-intentionnalisme extirpe la littérature des spéculations biographiques et psychologiques qui 1 Michel Bokobza Kahan, « Introduction », Argumentation et Analyse du Discours, 3 | 2009, mis en ligne le 15 octobre 2009, consulté le 9 août 2013. 2 Édouard Glissant, Poétique de la Relation, Gallimard: Paris, 1991, p. 129. 3 l’étouffaient au nom de l’intransitivité du récit fictionnel et de la neutralité du langage soutenu par un « sujet vide en dehors même de l’énonciation qui le définit3 ». Le but de cette recherche n’est pas essentiellement l’étude analytique du débat historique et épistémologique entre les fervents supporteurs de l’intentionnalisme et ceux qui soutiennent la thèse de la disparition de l’auteur. Je n’ai ni l’expertise critique ni le temps requis pour mener une telle prouesse littéraire. La thèse envisagée se limitera à la position critique de Barthes et à son refus des prémisses de l’intentionnalisme comme conçues par Lanson et ses disciples. L’objectif est d’analyser comment et pourquoi Barthes a décrété la mort de l’auteur. Ce travail s’évertuera à expliquer comment Barthes a dénoncé l’intentionnalisme de l’auteur, comment il l’a utilisé pour instituer la notion d’interprétation multiple, comment sa conception de l’auteur est différente de celle de Michel Foucault ou de Jacques Derrida et comment il a transformé l’autorité auctoriale en une simple image psychologique requise par la lecture. La problématique s’articule de cette manière: pour quelles raisons Barthes a-t-il rejeté la relation de parenté entre l’auteur et son œuvre ? Comment a-t-il mis en valeur le rôle interprétatif du lecteur au détriment de l’auteur ? En quoi son concept de la mort est-il différent de celui de Foucault ou de Derrida ? Et pourquoi a-t-il reconsidéré le concept de la mort de l’auteur en attribuant à ce dernier une présence purement textuelle ? Le choix du concept de la mort de l’auteur n’est pas fortuit. Les raisons qui m'ont motivé à choisir un tel sujet sont multiples. Tout d’abord, la question de la place à faire à l’auteur est l’une des plus controversées dans les études littéraires. Parlant de l'auteur, de la nature et de la fonction de la notion d’auteur dans les études littéraires, dans la critique littéraire, l’histoire littéraire, l’enseignement de la littérature, la recherche sur la littérature, c'est faire de la théorie de 3 Roland Barthes, « La mort de l’auteur », Le Bruissement de la langue, Paris: Seuil, 1984, p. 64. 4 la littérature et d’apprécier les positions tenues par les théoriciens à travers l’histoire de la littérature. Depuis Aristote jusqu’au concept de l’hybridité, l’idée de l’auteur s’est toujours manifestée malgré la résistance de certains critiques. Deuxièmement, Barthes a marqué une étape très importante dans le développement des théories littéraires dans le sens ou il a entrepris une coupure épistémologique avec les études intentionnalistes qui mettaient l’accent sur la prépondérance de l'auteur dans le travail herméneutique. À l’auteur comme principe producteur et explicateur de la littérature, Barthes substitue le langage, impersonnel et anonyme, peu à peu revendiqué comme matière exclusive de la littérature. La coupure qu’il a mise en œuvre a relancé le progrès littéraire en donnant un élan qualitatif aux études littéraires qui ont permis aux autres penseurs, comme Foucault ou Derrida, d’approfondir leurs horizons critiques. Troisièmement, il ne s’agit donc pas seulement de retracer l’évolution de la notion d’auteur, ou d’observer les changements historiques de paradigme pouvant mener à son emploi actuel, mais aussi, et au-delà de cette entreprise somme toute classique d'historien, de prendre position dans le débat contemporain, avec l’idée que les deux démarches s’approfondiront mutuellement. Le xxe siècle a commencé par les transgressions de la littérature (donc de la notion d’auteur) par les avant-gardes, et il s’est terminé sur la dissolution des limites de la littérature (donc de la notion d’auteur) par la postmodernité. Quatrièmement, devrait-on déclarer désuets les concepts théoriques de Barthes parce qu’ils renvoient à un temps révolu, 1968, ou parce qu’on ne peut pas les mettre en pratique ? Dans ce cas-là", les quatre orientations d’Abrams (1953), la théorie de la littérature établie par René Wellek et Austin Warren (1949) et la théorie des archétypes de Northrop Frye (1957), pour ne mentionner que ces trois références canoniques, devraient également être déclarées désuètes si on n’arrive pas à les utiliser de façon satisfaisante pour interpréter une œuvre littéraire. 5 Finalement, comprendre ce que Barthes a voulu dire par la mort de uploads/Litterature/ samiky-abdellatif-2014-masters.pdf
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- Publié le Oct 28, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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