S I L E N C E [ S ] à l’initiative de Dominique Dupuy projet porté par le Théât

S I L E N C E [ S ] à l’initiative de Dominique Dupuy projet porté par le Théâtre National de Chaillot silence(s) les inrockuptibles 3 2 les inrockuptibles silence(s) Théâtre National de Chaillot 1, place du Trocadéro 75016 Paris • renseignements et réservations 01 53 65 30 00 • www.theatre-chaillot.fr Jours de silence • 10 h 30 ateliers de pratique proposés par Dominique Dupuy avec Paola Piccolo, Philippe Ducou et Wu Zheng. Adaptés à tous les publics : enfants de 7 à 10 ans, adultes tous niveaux, “grand âge”, personnes en situation de handicap • 12 h 30 déjeuner / performance • 14 h 30 leçon de silence* / performance tarif ateliers 12 € / déjeuner 18 € 24 sepTembre 2016 • Faire silence, leçon de silence de Christian Doumet. Présence harmonique : la musique des sphères de l’écoute silencieuse, performance de David Hykes et du percussionniste Bruno Caillat. Silence Among Noise, performance de Carolyn Carlson (en lien avec son spectacle Now). 3 déCembre 2016 • L’indicible : silences de l’amour, silences de l’amitié, leçon de silence de Jean-Luc Nancy. Nakhace (“sans son”), impromptu proposé par Abou Lagraa avec le bandonéoniste Olivier Innocenti et la danseuse Antonia Vitti. Khawi (“monter le son”), improvisation d’Abou Lagraa (en lien avec son spectacle Le Cantique des cantiques). 25 février 2017 • Minutes de silence : politique et mutisme, leçon de silence de Jean-Michel Rey. Rêv’errance, spectacle d’Olivier Letellier avec le circassien Théo Touvet et le marionnettiste Simon Delattre. Performance de Saburo Teshigawara (en lien avec son spectacle Flexible Silence). Novembre 2017 • Echos et silences de l’exil – La danse migrante (1933-1945), leçon de silence de Laure Guilbert. En lien avec la 3e Biennale d’art flamenco. 2 déCembre 2017 • S’ensilencer, ce que nous souffle le silence, leçon de silence de Dominique Dupuy. Performance des étudiants du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, sous la conduite de Caroline Marcadé. * les leçons de silence feront l’objet d’une traduction en langue des signes française. É d I t o S P our un journal comme Les Inrockuptibles, pensé dès ses prémices comme le réceptacle des sons dissonants et des voix révoltées surgies des tréfonds de la scène musicale postpunk du milieu des années 1980, le silence est une incongruité apparente. A son ordre impérieux, nous avons toujours voulu opposer le brouhaha d’un monde qui chante et qui hurle. Parler, entendre, converser, rire, contester : tout ce qui meut un journal comme celui-ci se déploie dans une logique inversée à celle du silence. Mais est-ce si sûr ? Comme chez Bergman, comme chez Antonioni, où le spectateur ne respire qu’à la mesure du silence qui flotte entre les personnages, comme chez Philippe Katerine qui nous exhortait à “couper le son”, pour mieux repartir dans l’énergie vitale de la musique, nous savons que le silence nous est cher et que, sans lui, rien d’éclatant ne serait possible. Une économie du silence autant qu’une politique du silence sont des horizons qui nous éclairent à condition d’en faire bon usage. Si le silence se prête aujourd’hui à un travail historiographique, comme le souligne le récent livre d’Alain Corbin, Histoire du silence, il s’agit ici moins d’en faire l’histoire totale que de saisir ses fragments épars dans nos vies, pour comprendre ce qu’il dit de nous et du monde. Comme il existe une sagesse du danseur, la sagesse du silence nous ouvre ses bras. Sachons nous y lover. Jean-Marie Durand, rédacteur en chef adjoint des Inrockuptibles F aire du bruit, du raffut, parler plus fort, faire grand ramdam sont bien souvent considérés comme la marque du succès et de la valeur d’une action. Si le vacarme n’exclut pas la présence de contenu et de sens et peut même en être l’une des composantes, le boucan a bien souvent pour effet – si ce n’est pour fonction – de brouiller la perception, empêcher la réflexion, masquer parfois l’inconsistance voire la vacuité de ce qui est proposé. Le silence quant à lui peut aussi être l’expression du vide, au sens du creux. Il peut aussi résulter d’une injonction, d’un ordre de se taire, de se soumettre à une autorité autoritaire. On peut aussi être victime du silence, celui qui résulte d’un empêchement, d’une incapacité à surmonter une émotion, un choc, une menace. Mais le silence est surtout ce qui, en toutes circonstances, nous rend disponible, ouvert. Le silence nous relie à nous-mêmes et favorise ensuite le vrai échange avec l’autre, l’extérieur. Cette expérience de l’intime est exigeante ; elle n’est pas dans l’air du temps. Lorsque Dominique Dupuy vint à Chaillot proposer ces “silences”, un monde s’est ouvert, dessinant d’emblée de fort beaux et nombreux chemins à parcourir, à éprouver, à partager. Ce projet s’est aussitôt défini comme celui de multiples collaborations avec des individus et des institutions de diverses natures, tous et toutes se sentant profondément concernés et désireux de décliner chacun à leur manière la belle invitation de Dominique Dupuy. Ce document donne la parole à quelques- uns et quelques-unes des “Silenceux” et indique le calendrier général des dix-huit mois de ce passionnant parcours. Prêtez attention aux différents rendez-vous que nous vous proposons. Je souhaite que, loin pour un temps du brouhaha et de l’agitation, nous puissions nous approcher de cet état bien connu mais si mystérieux, si troublant et si apaisant tout à la fois. Didier Deschamps, directeur du Théâtre National de Chaillot remerciements Notre gratitude va à tous les “acteurs” de notre grand voyage et, parmi eux, à ceux qui en ont connu les premières escales, amis de longue date ou de plus récente rencontre. C’est dans ces premiers moments d’échange que leur présence d’abord et leur parole ont contribué à donner au projet les nombreux développements qu’il connaît aujourd’hui. Je les avais baptisés “ceux du silence”, à présent Didier Deschamps leur attribue le nom de “silenceux”. Remerciements aussi bien sûr aux équipes de Chaillot. dominique dupuy silence(s) les inrockuptibles 5 4 les inrockuptibles silence(s) d ’où est venue votre envie d’explorer le silence ? De votre expérience de danseur, de vos goûts personnels, de vos souvenirs intimes ? Il y a ce qui vient du passé, tout ce que ma vie a traversé et tout ce qui a traversé ma vie. Mais, à l’autre bout, il y a aussi le présent, ce moment récent où j’ai été amené à m’immerger dans le silence, sur scène, à Chaillot, jouant deux saisons de suite (2013, 2014) la pièce de Samuel Beckett, Acte sans paroles. J’ai été très ému, remué. C’est après cette expérience que j’ai eu envie de m’attaquer à Silence(s). En quoi cette pièce de Beckett est-elle pour vous une pièce aussi forte ? C’est une pièce à part mais que je me plais à considérer comme centrale dans l’œuvre dramatique de Beckett, prémonitoire de beaucoup de ce qu’il a produit plus tard pour le théâtre ou la télévision. Ecrite en 1957, après Godot et en même temps que Fin de partie. Durant cette année 1957, nous vivons, ma femme Françoise et moi, deux moments qui vont profondément marquer nos travaux et notre parcours. Nous sommes au travail, avec le danseur-chorégraphe anglais Deryk Mendel, exilé à Paris sur la création de son ballet Epithalame, musique de Messiaen, qu’il présente au concours international de chorégraphie dans le cadre du festival d’Aix-les-Bains. Le ballet obtient le premier prix à l’unanimité du jury, et de ce fait un éclatant succès. Cependant, Messiaen décide de retirer le droit de danser sa musique, prétendant qu’elle “n’est pas faite pour les hommes mais pour les anges” ! En grande hâte, nous décidons de donner la deuxième représentation du ballet dans le silence, lui conférant un impact imprévu, inédit et une notoriété encore plus grande. Danser dans le silence sur cette pièce a donc été pour vous un acte fondateur ? Oui, passer de la musique au silence nous a donné la sensation d’aller au plus profond de la danse. Messiaen est en partie revenu sur son veto ; selon les circonstances, nous dansons Epithalame soit sur la musique soit dans le silence (plus de cent représentations de chacune des versions). Avec la musique, nous allons dans les hauteurs, dans une interprétation brillante de la chorégraphie, de ses formes élaborées, de son pouvoir de séduction. Dans le silence, nous avons l’impression d’entrer dans le profond de la danse, dans son aspect le plus rudimentaire et peut-être pour nous, dans son sens le plus important. Etre avec la musique à cette époque nous est familier, coutumier ; entrer dans le silence nous demande à chaque fois un engagement différent, une disponibilité à être à l’écoute de la situation, du public, etc., EN 1957, DOMINIqUE DUPUy FUt L ’UN DES PrEMIErS DANSEUrS à INtErPrétEr UNE ChOrégrAPhIE SANS MUSIqUE. UN ACtE FONDAtEUr Et LIBérAtEUr qUI A MArqUé tOUt SON PArCOUrS. ENtrEtIEN AvEC L ’INItIAtEUr DE L ’évéNEMENt SILEncE(S). “ c’est dans le silence qu’on s’entend le mieux” Paul Claudel Théâtre aux mains nues 45, rue du Clos 75020 Paris • renseignements et réservations 01 43 72 uploads/Litterature/ silences.pdf

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