ÉcriTERRE Campagne d’Italie de 1859 N° 15 - Septembre 2019 2 Sommaire Témoignag

ÉcriTERRE Campagne d’Italie de 1859 N° 15 - Septembre 2019 2 Sommaire Témoignage, Le chasseur Montellier Bataille, La bataille de Magenta Bataille, La bataille de Solferino Arme, « La Légion est à Magenta, l’affaire est dans le sac » Histoire de l’art, Peindre le champ de bataille Décorations, Les médailles commémoratives des campagnes d’Italie Portrait, Le général Merlin Unité, 14 juillet 1939, la Légion sur les Champs Opération, Manta Chronique BD, Cyberfatale Quiz 4-6 7-9 10-11 12-14 15-16 17-18 19-20 20-23 24-26 27 3 Directeur de la publication : Général Dominique Cambournac, délégué au patrimoine de l’armée de Terre Fondateur et rédacteur honoraire : Lieutenant-colonel Rémy Porte Rédacteur en chef : Lieutenant-colonel Christophe Gué, officier référent histoire de l’armée de Terre Rédacteur en chef adjoint : Sous-lieutenant (R) Jean Tartare Comité de relecture : Lieutenant-colonel (R) Antoine Champeaux Lieutenant-colonel (er) Benoit Deleuze M. Benoît Beucher, adjoint au référent histoire de l’armée de Terre Comité de rédaction : Lieutenant-colonel Vincent Arbarétier Lieutenant-colonel Jean Bourcart Chef de bataillon Vivien Bureu Chef de bataillon Eva Renucci Lieutenant (R) Rémi Mazauric Lieutenant (R) Aude Nicolas Major Frédéric Ambrosino Jean-François Dubos Adresse mail : emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr En couverture : Le colonel Texier à la tête du 2e régiment de Zouaves lors de la bataille de Magenta le 4 juin 1859. Illustration d’après un tableau d’Adolphe Yvon (1817-1893), Attaque du village de Magenta, 4 juin 1859, Huile sur toile, 1863, 5,5 m (H) x 7,5 m (L). Le Petit Journal, n° 565, supplément illustré du dimanche 15 septembre 1901, p. 294, Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. Réalisation : Vincent Rizo et CC1 Fabienne Savès (CPIT6) En partenariat avec l’ECPAD 3 Témoignage Témoignage Lieutenant-colonel Jean Bourcart Soldats de France - n° 15 - septembre 2019 Né à Quimperlé, le 24 octobre 1829, François, Eugène, Marie Montellier exerce la profession de serrurier lorsqu’il est appelé sous les drapeaux en 1850. Après avoir participé à la campagne de Crimée avec le 19e bataillon de chasseurs à pied (BCP) en 1855, il rejoint le bataillon des chasseurs de la Garde quatre ans plus tard pour servir en Italie sous les ordres du commandant Clinchant. Après Magenta, le chasseur Montellier prend alors une part active à la bataille de Solferino. Le 24 juin 1859, il s’empare du drapeau du 3e bataillon de l’Infanterie Regiment 48, Erzherzog Ernst de l’armée impériale autrichienne. Le Baron de Bazancourt témoigne : « Un autre détachement autrichien, égaré sans doute, revient dans le village de Solferino où il est cerné et pris. Des corps ennemis entiers se replient en désordre abandonnant a r m e s et bagages. C’est à ce moment qu’apercevant un porte-drapeau ennemi qui s’enfuit, le chasseur Montellier se précipite sur lui. Il s’élance au milieu d’un gros d’Autrichiens, renverse à coups de baïonnettes les hommes du premier rang, pénètre jusqu’au porte- drapeau, le tue et s’empare du drapeau. Les Autrichiens se ruent sur lui pour lui reprendre, mais le caporal redouble de bravoure. Il étend à ses pieds tous ceux qui l’approchent ». Décoré de la médaille militaire le 25 juin 1859, Montellier est promu caporal le lendemain. Le 13 août suivant, après avoir vu l’aigle de son unité recevoir la croix de la Légion d’honneur, il est lui-même décoré de cette prestigieuse décoration. Quelques jours plus tard, c’est en vainqueur que le bataillon des chasseurs à pied de la Garde vient s’établir au camp de Saint-Maure aux abords du bois de Vincennes. Le caporal Montellier quitte le service en janvier 1864. Dans cette même bataille de Solferino, le sergent Garnier du 10e BCP s’empare du drapeau du bataillon des grenadiers de l’Infanterie Regiment 60, Prinz Gustav von Wasa. À la suite de cet autre exploit, l’aigle du bataillon est aussi décorée de la Légion d’honneur. Depuis 1872, l’unique drapeau des chasseurs à pied porte aujourd’hui encore cette décoration en récompense de ces deux faits d’arme. Le chasseur Montellier, du bataillon des chasseurs à pied de la Garde, s’empare d’un drapeau autrichien à Solferino Chasseurs à pied de la Garde impériale, lithographie à la plume, 24 x 36 cm, Collection de Vinck, Un siècle d’histoire de France par l’estampe, 1770-1870, volume 164, Fr. Wentzel Éditeur. Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. 4 Bataille Bataille La bataille de Magenta, 4 juin 1859 Lieutenant-colonel Rémy Porte Carte issue de l’ouvrage de Germain Bapst (1853-1921), Le maréchal Canrobert, souvenirs d’un siècle, Tome III, Paris et la Cour pendant le Congrès ; la naissance du prince impérial ; la guerre d’Italie, Plon, 1904. Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. Après avoir été engagée par Napoléon III sans qu’il ait cherché à se renseigner sur l’ennemi, la bataille de Magenta reste longtemps indécise. Ce n’est qu’en fin de journée que la victoire est acquise, grâce au courage et à la détermination des soldats français. Le 10 mai précédent, pour venir en aide au royaume de Piémont-Sardaigne attaqué par l’empire d’Autriche, Napoléon III a quitté Paris pour prendre le commandement en chef de l’armée. Embarqué à Marseille avec deux corps d’armée (CA), il est rejoint en Italie du Nord par deux autres corps d’armée et la Garde, qui ont utilisé la voie terrestre. Tous ont en tête les récits de la campagne d’Italie de 1796 de Napoléon Ier, d’autant que les opérations vont se dérouler approximativement dans la même grande région. Le commandant en chef autrichien est persuadé que le neveu va reproduire la manœuvre de son oncle, et l’ordre du jour de Napoléon III, le 12 mai, y fait directement référence : « Soldats ! Chaque étape vous rappellera une Soldats de France - n° 15 - septembre 2019 5 Bataille Bataille Gustave Doré (1832-1883), Bataille de Magenta (4 juin 1859), lithographie, 32,3 x 48 cm par Régnier, Bettanier et Morlon. Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. victoire… En marchant par Mondovi, Marengo, Lodi, Castiglione, Arcole, Rivoli, vous marcherez au milieu de ces glorieux souvenirs ! ». Jusqu’à la fin du mois de mai, les opérations se déroulent de part et d’autre avec lenteur. Les Autrichiens comme les Franco-Italiens semblent manquer d’un plan de manœuvre cohérent et seuls quelques combats de détail émaillent les semaines. Bien qu’inquiet du mauvais fonctionnement de l’état-major, Napoléon III prend finalement une décision osée : progresser vers le nord sur les flancs de l’armée autrichienne (une nouvelle fois grâce au chemin de fer, pour économiser les troupes et gagner du temps) pour l’attaquer par surprise sur son arrière-droit. À partir du 1er juin, les journées sont essentiellement consacrées aux mouvements préparatoires des grandes unités. Le 3 au soir, les deux armées sont face à face, sans toutefois savoir exactement comment elles sont déployées, par manque de renseignements, aussi bien chez les Français que chez les Autrichiens. En fait, Napoléon III ne dispose effectivement que de quatre régiments, le corps d’armée de Mac Mahon devant le rejoindre le lendemain en début d’après-midi, tandis que l’armée sarde de Victor- Emmanuel est en deuxième échelon. Le 4 vers midi, entendant au loin le canon, l’empereur croit que Mac Mahon est en approche et lance sans attendre ses quatre régiments contre l’armée autrichienne. Ils parviennent à franchir le canal qui les sépare des Autrichiens par l’unique pont disponible, mais pendant plusieurs heures, en dépit du courage des soldats et malgré des pertes importantes, sur un terrain marécageux défavorable à l’offensive, les progrès sont nuls et les unités françaises affaiblies semblent sur le point de succomber sous la masse. Les premiers éléments de Mac-Mahon apparaissent enfin peu avant 16 heures et viennent renforcer une ligne fragilisée, puis une attaque plus importante peut enfin être lancée vers 18 heures Les zouaves s’y distinguent tout particulièrement en reprenant à la baïonnette, maison par maison, le village de Magenta. Les combats se poursuivent jusqu’au soir, en particulier autour de la gare puissamment fortifiée, mais finalement les Autrichiens cèdent, et à la nuit tombée la victoire est enfin acquise. Lieutenant-colonel Rémy Porte Soldats de France - n° 15 - septembre 2019 6 Bataille Bataille A Beck, Le Ponte nuovo de Magenta au matin du 5 juin, dessin, 17 x 28,1 cm. Collection De Vinck, Un siècle d’histoire de France par l’estampe, 1770-1870, volume 150. Gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. Outre l’absence à peu près complète de renseignement sur l’ennemi, cette bataille mal préparée, morcelée, incohérente, est caractérisée par le manque total de coordination entre les grandes unités et par les retards dans l’exécution des ordres. De plus, pendant la bataille, les troupes italiennes, au lieu de marcher au canon en soutien des Français, sont restées l’arme au pied. La journée coûte aux armées françaises plus de 4 000 hommes, dont 2 généraux tombés au feu. La victoire est obtenue grâce à l’engagement sans réserve des soldats, à l’opiniâtreté, à la résistance d e s s u r v i v a n t s d e s quatre régiments engagés à la mi-journée et à l’enthousiasme, à l’allant de l’infanterie légère en fin d’après-midi. Tirailleurs, zouaves et légionnaires se sont particulièrement distingués. Rassuré par cette victo i r e f i n a l e uploads/Litterature/ soldats-de-france-n015.pdf

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