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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/356788312 La richesse du verlan dans le français contemporain Thesis · December 2021 DOI: 10.13140/RG.2.2.13743.66727 CITATIONS 0 READS 53 1 author: Serena Leso Università Ca' Foscari Venezia 1 PUBLICATION 0 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Serena Leso on 05 December 2021. The user has requested enhancement of the downloaded file. SOMMAIRE INTRODUCTION 2 CHAPITRE 1 : Les difficultés des jeunes et le contexte scolaire 4 1.1 STIGMATISATION ET STÉRÉOTYPES 5 1.2 INTÉGRATION SOCIALE 7 1.3 HOSTILITÉ DES JEUNES ENVERS L’ÉCOLE 9 CHAPITRE 2 : Le rôle de la musique et du rap 11 2.1 POURQUOI LE VERLAN ? 13 2.2 SOLIDARITÉ ET APPARTENANCE 15 2.3 ATTAQUER LES INSTITUTIONS 17 CHAPITRE 3 : Le potentiel sociolinguistique du verlan 20 3.1 ENRICHISSEMENT LINGUISTIQUE 21 3.2 VALORISATION DES CAPACITÉS ET DES DIFFÉRENCES 22 3.3 ÉDUCATION LINGUISTIQUE ET EXPRESSIVE 23 CONCLUSION 26 BIBLIOGRAPHIE 27 SITOGRAPHIE 29 INTRODUCTION Ce mémoire vise à réfléchir sur la revalorisation de l’usage du verlan pour renouveler la langue française et à proposer des solutions aux problèmes liés à l’autodiscrimination sociale et en partant de la langue. En effet, nous croyons qu’écouter la voix des jeunes signifie les mettre en valeur, et les valoriser signifie leur faire gagner confiance en soi. Notre objectif n’est pas de décrire les néologismes de type verlanesque apparus dans ces dernières années, mais de constater comment le verlan contemporain est employé, s’il y en a, et pourquoi pourrait-il satisfaire l’hypothèse innovative et éducative que nous avons avancée au début. En tant que personnes qui maîtrisent et développent ce type d’argot, les sujets de notre étude seront les jeunes, en particulier les jeunes des centres urbains ou des zones défavorisées. En premier lieu, nous examinerons leur milieu social et leur rapport avec l’institution scolaire, afin de comprendre leurs difficultés et leurs besoins. En outre, nous nous occuperons de faire face à l’argument de la stigmatisation, qui étiquette et fossilise les jeunes dans leur condition. Normalement, la croyance qui habite dans la pensée des jeunes défavorisés est que l’école ne leur permet pas de créer leur avenir, ils ne voient dans l'instruction qu’un obstacle supplémentaire à surmonter qui se somme à leurs difficultés, par exemple le manque d’argent ou d’opportunités. Ensuite, nous montrerons comment ce contexte et ce langage se transposent dans le monde de la musique en nous appuyant sur les textes des rappeurs les plus écoutés par les jeunes, où nous pouvons trouver des thèmes qui les rapprochent de la vie des jeunes des cités. De cette façon, ils créent un lien d’appartenance et de solidarité : ce que les jeunes auditeurs ne trouvent pas dans le contexte scolaire ou professionnel. Cela nous permettra de mettre en lumière la dynamique sociolinguistique, à partir de laquelle commencer à revaloriser le verlan et ses fonctions ; notamment, la fonction identitaire, la fonction stylistique, la fonction crypto-ludique et la fonction subversive. Au cours de ces chapitres, nous verrons que ces rôles sont très importants pour mieux comprendre les intentions, parfois cachées, des jeunes. En dernier lieu, nous analyserons l’éducation linguistique comme le moyen principal pour faire face à la nécessité d’expression et de valorisation des jeunes, donnant aussi une image renouvelée de l’environnement et de l’enseignement scolaire. C’est dans ce but que le verlan devient un élément enrichissant de la langue française. CHAPITRE 1 Les difficultés des jeunes et le contexte scolaire Si l’on prend comme sujet de recherche le verlan et son aspect sociolinguistique, il est crucial de se documenter et de se concentrer d’avance sur ses locuteurs. Il serait donc opportun de mettre en exergue le contexte dans lequel ils se trouvent et ce qui les pousse à employer cet argot à clef. Comme nous l’avons déjà mentionné, les jeunes qui adoptent le verlan dans leurs discours habitent généralement dans les banlieues, notamment dans les cités HLM (habitation à loyer modéré) parisiennes, c’est pour cela qu’il est appelé aussi « langue de la rue » ou « langue des banlieues ». Ces types de logements bénéficiant d'un financement public sont connus pour leur taux de pauvreté et de chômage élevé ainsi que pour la concentration d'immigrants de première et de deuxième génération dans ces communautés. Toutefois, nous partageons l’avis que l’appellation « français contemporain des cités » (Podhorná-Polická, 2006-2007), ou même « pratique langagière » (Kasbarian, 1999), est la solution la plus complète d’un point de vue géographique et linguistique, du moment où le verlan n’est pas une langue, comme l’affirme Alain Rey, mais « un des usages de la langue » (Garcia et Malaurie, 1998). En outre, les difficultés urbaines des grands ensembles sont accentuées par un facteur significatif : la multiethnicité. En effet, les jeunes des cités sont en grande majorité les descendants des immigrés, le plus souvent d’immigrés maghrébins et africains (Podhorná-Polická, 2006-2007) qui ont du mal à s’intégrer. C’est ici que la fonction subversive du verlan, « c’est-à-dire le refus conscient de la norme par la population défavorisée scolarisée » (Podhorná-Polická, 2006- 2007), trouve un terrain fertile : la modification linguistique débauche ainsi d’une « fracture sociale » (Black, Sloutsky, 2010) et économique. Également, cette pratique verbale révèle aussi sa fonction identitaire : les adolescents issus de l’immigration et installés dans les banlieues des grandes villes ont besoin de s’identifier et se reconnaître dans un langage, nous verrons plus tard comment les jeunes réussissent-ils à créer des liens identitaires grâce au verlan. Bien entendu, parler des jeunes implique la prise en compte du contexte scolaire : sans négliger l’amitié extra-scolaire, c’est plutôt dans sa classe qu’un jeune commence à interagir avec ses pairs et à créer son groupe d’amis. C’est toujours à l’école que les jeunes entrent en contact avec le français normatif et que les différences ethniques, linguistiques et géographiques se manifestent à travers le langage. Bref, il serait intéressant d’examiner singulièrement tous ces aspects qui entourent la vie des jeunes des cités. 1.1 STIGMATISATION ET STÉRÉOTYPES La théorie appelée en anglais ideology of standard, proposée par Milroy & Milroy (1985), repose sur trois suppositions principales, à savoir sur l’idée d’une seule variété (le pur français littéraire sous la forme écrite), sur l’idée de la supériorité (le standard est plus élégant et plus logique que les autres variétés, jugées comme impures) et finalement sur l’idée de discrimination sociale (le haut et le bas langage ainsi que la haute et la basse société) » (Podhorná-Polická, 2006-2007). De ce point de vue, tout ce qui n’appartient pas au niveau standard est objet de stigmatisation. Pour certains, la langue française, tel un monument, doit être gardée intacte (Walter, 2010). En France, bien que la grande majorité des personnes ne parlent pas le français littéraire du registre soutenu, il y a un sentiment partagé de respect envers la langue : il y a une espèce de vision spirituelle de cette langue, qu’on sacralise, qu’on semble avoir peur de toucher (Walter, 2010). Le stigmate qui en dérive est ainsi un obstacle pour les groupes minoritaires : leurs membres se sentent exclus et, au contraire des défenseurs du français, ils partagent un sentiment d’infériorité. De plus, ils peuvent engendrer une prédisposition à échouer ou une forme d’autodiscrimination (Seca, 2003). Typiquement en quête de leur identité personnelle, les jeunes divisent le monde entre « nous » et « eux » par le biais de mots incompréhensibles pour les non-initiés (Podhorná-Polická, 2006-2007). Ainsi, combiné à une prononciation particulière, il marque de façon ostentatoire l’« extranéité » du locuteur (Messili et Aziza, 2004). Depuis les années 1970, lors de l’interdiction des accents, la stigmatisation et la ridiculisation des langues régionales a conduit parfois à la discrimination (Franceculture, 2020). Ce phénomène prend le nom de glottophobie : néologisme pour “discrimination linguistique” forgé par Philippe Blanchet1. Malheureusement, l’école n'essaie pas d'empêcher cette injustice, au contraire, elle continue d’éduquer les jeunes à devenir glottophobes, en rejetant les autres façons de parler le français comme le font la radio et la télévision. En effet, selon des études conduites par Philippe Blanchet, les jeunes générations de différentes régions n’ont plus ou presque plus d’accent local (Franceculture, 20202). En réponse, le député AGIR de l'Hérault, Christophe Euzet, a présenté un projet de loi contre la discrimination par l'accent, ou glottophobie, qui a été adopté le 26 novembre 2020 : le texte 1 “Glottophobie”, “Wikipédia, l'encyclopédie libre”, mis à jour le 8/09/2021 : <http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Glottophobie&oldid=186169488>. 2 “Glottophobie : comment le français "sans accent" est devenu la norme”, “Franceculture”, mis à jour le 22/11/2020 : <https://www.franceculture.fr/sociologie/glottophobie-comment-le-francais-sans-accent-est- devenu-la-norme> inclut l’accent parmi les causes de discriminations sanctionnées par la loi, à l'instar de la race, du sexe ou du handicap3. En conséquence de ces discriminations, la société développe une série de stéréotypes qui lui permet d’individualiser et de classer une personne sur la base des différences perçues, pratiquant une véritable « catégorisation sociale » (Seca, 2003). Les stéréotypes servent à donner une image directe et simple, quoique superficielle, aux non-locuteurs d’un individu, en prenant ses caractéristiques les plus évidentes et récurrentes et en les synthétisant uploads/Litterature/ som-maire.pdf
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- Publié le Apv 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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