Table des matières Préface inédite Préface Première partie 1. Mes origines et m
Table des matières Préface inédite Préface Première partie 1. Mes origines et ma jeunesse 2. Profession et vocation 3. Aiguillage 4. Mon catalyseur 5. Mégalomanie architecturale 6. La plus grosse commande 7. Obersalzberg 8. La nouvelle Chancellerie du Reich 9. Une journée à la Chancellerie 10. Déchaînement du néo-empire 11. Le globe terrestre 12. Sur la mauvaise pente 13. La démesure Deuxième partie 14. Nouvelles fonctions 15. Improvisation organisée 16. Carences 17. Hitler commandant en chef 18. Intrigues 19. Deuxième personnage de l'État 20. Bombes 21. Hitler à l'automne 1943 22. Déclin Troisième partie 23. Malade 24. Triple défaite 25. Décisions malheureuses, armes miracles et SS 26. Opération « Walkyrie » 27. Raz de marée à l'ouest 28. L'effondrement 29. La condamnation 30. L'ultimatum de Hitler 31. Minuit cinq 32. L'anéantissement 33. Les étapes de ma captivité 34. Nuremberg 35. Conclusions Postface Notes Annexe Index ISBN : 978-2-8185-0031-6 Collection fondée par Georges Liébert et dirigée par Joël Roman © Couverture : Rémi Pépin. © Illustration : Ullstein Bild/Roger Viollet. Dépôt légal : novembre 2010 Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2010. © by Ullstein Buchverlage GmbH, Berlin. First published in 1969 by Propyläen Verlag. © Librairie Arthème Fayard, 1971 pour la traduction et 2010 pour la préface inédite de Benoît Lemay. Préface inédite « Je me suis demandé des millions de fois si j’aurais agi autrement si j’avais vraiment été au courant de tout. La réponse que je me fais est toujours la même. J’aurais continué d’aider cet homme à gagner sa guerre, de quelque façon que ce soit1. » Cette confidence faite par Albert Speer en 1979, deux ans avant sa mort, témoignait à quel point son respect pour son Führer allait jusqu’à l’adoration. Déjà, devant le tribunal de Nuremberg, il avait lâché cette déclaration fracassante : « Si Hitler avait eu des amis, j’aurais certainement été l’un de ses amis les plus intimes2. » Comme il devait lui-même le reconnaître par la suite, son amitié pour Hitler transcendait les ambitions et la soif de pouvoir que son protecteur était capable de satisfaire, même s’il était né d’elles à l’origine et qu’on ne pût jamais entièrement les en séparer3. Mais quand Speer avait-il décidé de lier son destin à celui de son Führer ? Il indiqua lui-même, comme tournant du destin, le 4 décembre 1930, jour où Hitler vint parler aux étudiants de l’Université et de la Haute École technique de Berlin. À l’instigation de ses étudiants en architecture, il s’était résolu à assister au discours de Hitler, sans soupçonner le moins du monde que cette décision allait changer le cours de sa vie. À peine trois mois plus tard, le 1er mars 1931, il s’inscrivait au parti nazi et en devenait membre avec le numéro 474 481. Pourquoi avait-il adhéré à ce parti ? « Ce fut là une décision parfaitement libre de tout aspect dramatique », explique-t-il dans ses Mémoires. « C’est que je me sentais alors, et me suis toujours senti, beaucoup moins membre d’un parti politique que partisan de Hitler dont l’apparition, la première fois que je le vis, m’avait profondément touché et dont l’image ne m’avait plus lâché depuis4. » Mais cette décision n’était-elle pas aussi calculée ? Speer n’avait-il pas entrevu de grandioses perspectives pour l’architecture si jamais Hitler parvenait au pouvoir ? N’avait-il pas succombé à l’ivresse des possibilités inespérées qui, dans un tel cas, pourraient s’offrir à lui ? En tout cas, c’est à Speer que le parti nazi à Berlin passa sa première commande de construction à l’été 1932 : le réaménagement de la nouvelle maison du Gau ou siège régional qui était située sur la Voßstraße, en plein cœur du quartier gouvernemental. Le client du jeune architecte, le Gauleiter de Berlin, le Dr Joseph Goebbels, lui fut très reconnaissant d’avoir achevé les travaux avant le début de la campagne électorale. Un homme fiable qui faisait du bon travail et rapidement – c’est ainsi que Speer allait très vite se tailler une réputation. Hitler était chancelier du Reich depuis moins d’un mois et demi lorsque Speer fut chargé par Goebbels de remanier le bâtiment dans lequel celui-ci venait d’établir le ministère de la Propagande sur la Wilhelmsplatz. À peine s’était-il attelé à la tâche qu’on lui passa une nouvelle commande. Elle sortait de l’ordinaire, puisqu’il devait orchestrer la mise en scène d’un rassemblement du parti ou, plus précisément, d’une manifestation de masse autour du nouveau chancelier du Reich, prévue pour la nuit du 1er mai, sur l’esplanade de T empelhof, où plusieurs centaines de milliers de personnes étaient attendues. Speer comprit clairement son objectif : mettre en évidence le Führer de manière à exercer un effet irrésistible sur les spectateurs. À cette fin, il eut l’idée de recourir à de puissants projecteurs qui devaient illuminer une grande tribune se détachant sur un fond formé par trois énormes drapeaux nazis plus hauts qu’une maison de six étages. Le projet fut immédiatement accepté et sa réalisation souleva l’enthousiasme de Hitler. En juillet 1933, à peine avait-il terminé dans les délais ses travaux de réfection de l’appartement de fonction du ministre de la Propagande que celui-ci lui confia l’organisation du premier Congrès du parti à Nuremberg. Ceci lui valut d’être bombardé directeur de la création artistique des grandes manifestations de propagande, ce qui faisait ainsi de lui le metteur en scène attitré du mouvement nazi. S’il s’agissait jusqu’ici de la promotion la plus importante de sa carrière, ce n’était toutefois pas celle à laquelle il aspirait, lui qui nourrissait des ambitions plus élevées. Les décors ne lui suffisaient pas ; il voulait bâtir quelque chose de concret. Or, la responsabilité de la conception des bâtiments relevait de l’architecte de Hitler, le professeur Paul Ludwig Troost. Hitler aimait bien Troost, en lequel il voyait le plus grand architecte depuis Karl Friedrich Schinkel qui avait fortement contribué à propager le style néoclassique en Prusse au siècle précédent. La passion du Führer pour l’architecture était de notoriété publique ; non seulement il se considérait lui- même comme un architecte, mais il souhaitait laisser son nom dans l’histoire notamment comme le plus grand bâtisseur de son temps. Dans les années 1920, il avait même esquissé les édifices monumentaux de son futur Reich. En 1936, Speer cita par ailleurs Hitler qui, dans Mein Kampf, qualifiait l’architecture comme étant « la reine des arts » – bien qu’il ait prétendu plus tard n’avoir jamais vraiment lu ce livre. Si la Maison de l’Art allemand et les bâtiments du Führer sur la Königsplatz à Munich – le berceau du mouvement nazi – étaient bien les premières constructions du nouveau Reich, elles étaient signés Troost et non pas Speer. En fait, tant que Troost fut le favori du Führer, Speer dût se contenter des commandes pour les manifestations de Hitler et les cérémonies artistiques du régime : drapeaux, aigles, projecteurs, tribunes, etc. Bien que cela soit difficile à croire, Speer a toujours affirmé n’avoir jamais personnellement rencontré Hitler au cours de cette période. À l’automne 1933, Speer était plus près du but : il se vit confier la direction des travaux, dont Troost était le maître d’œuvre, pour la rénovation de la résidence du chancelier du Reich à Berlin. Ce serait au cours d’une visite d’inspection du chantier, s’il faut en croire les Mémoires de Speer, que Hitler l’aurait remarqué pour la première fois. Le Führer serait alors tombé sur lui, comme s’il était à la recherche d’un jeune et talentueux architecte à qui il pourrait confier ses projets. Speer a voulu plus tard nous laisser croire que c’est à ce moment-là qu’il se serait laissé séduire par le pouvoir. Mais n’avait-il pas cherché délibérément à se frayer un chemin jusqu’à Hitler ? N’avait- il pas très tôt reconnu en lui la chance de sa vie ? « Après des années de vains efforts et à vingt-huit ans », relate-t-il dans ses Mémoires, « j’étais impatient d’agir. Pour pouvoir construire quelque chose de grand, j’aurais, comme Faust, vendu mon âme. Je venais de trouver mon Méphisto. Il n’avait pas moins de séduction que celui de Goethe5. » Mais n’avait-il pas trouvé son Méphisto bien avant ? Ce Faust ne faisait-il pas tout son possible, depuis plusieurs mois déjà, pour présenter son Méphisto sous un jour favorable dans l’espoir qu’il serait généreusement récompensé pour cela ? En janvier 1934, lorsque Troost succomba au terme d’une grave maladie, Speer devint l’architecte numéro un du Führer et reçut sa première grande commande : le remplacement de la tribune provisoire en bois de l’esplanade du Zeppelin à Nuremberg par un édifice en pierre. Cette grande œuvre en pierre mesurait 390 mètres de long et 24 mètres de haut ; elle « faisait 180 mètres de plus que les thermes de Caracalla à Rome, presque le double », écrit-il fièrement dans ses Mémoires. Son architecture se voulait être l’expression taillée dans la pierre du pouvoir politique hitlérien. Elle prenait toute sa dimension lors de sa mise en scène au Congrès du parti qui rassembla 150 000 personnes : le uploads/Litterature/ speer-albert-au-coeur-du-troisieme-reich.pdf
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- Publié le Mai 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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