Exemple de commentaire rédigé sur le poème LXXVIII, « Spleen » « Quand le ciel

Exemple de commentaire rédigé sur le poème LXXVIII, « Spleen » « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle » Commentaire disponible sur le site « Commentaire et Dissertation » https://commentaireetdissertation.fr/baudelaire-spleen-quand-le-ciel-bas/ mais le commentaire a été réécrit ici un peu, débarrassé de ses titres, et avec des références aux vers rétablies, pour que vous puissiez bien vous représenter la forme attendue : observez en particulier les transitions, les sauts de ligne entre parties, etc. “Je suis le roi d’un pays pluvieux, Riche mais impuissant, Jeune et pourtant très vieux”, telle est la définition antithétique que fait Charles Baudelaire de lui-même dans l’un des quatre poèmes intitulés “Spleen”. Dans la dernière de ces poésies du même titre, placée dans la section “Spleen et Idéal”, cette même dualité se retrouve sous les traits d’un combat entre l’Espérance et l’Angoisse. Rappelons que le terme “Spleen” est emprunté à l’anglais. Il désigne la rate, siège de l’humeur selon les Anciens. C’est donc une profonde mélancolie, que nous qualifierions aujourd’hui de dépression, que nous livre le poète dans ce texte. L’insertion dans la section “Spleen et Idéal” donne à voir deux postures de l’homme, l’une tournée vers un Idéal qui serait une aspiration vers le haut, vers la spiritualité notamment et l’autre, au rebours, qui tendrait vers le bas, où logerait le spleen. Dès lors, comment ce poème nous propose-t-il un paysage extérieur reflétant la condition intérieure du poète ? C’est d’abord la mélancolie qui nous est dépeinte par Baudelaire, ainsi qu’un paysage romantique dans lequel le poète se retrouve prisonnier. Enfin, tel une épopée, le poème est le lieu d’un combat allégorique. La mélancolie, sens que Baudelaire a donné au mot “spleen”, regroupe un ensemble de thèmes. Ici, tous les stéréotypes de la mélancolie sont représentés à travers la peinture d'un paysage romantique : l’obscurité, la pluie, l’ennui, le dégoût. Dès le premiers vers, le décor mélancolique par excellence est planté : “quand le ciel bas et lourd pèse” (v. 1). Ensuite, la pluie est omniprésente tout au long du poème : “humide” (v.5), “la pluie” (v.9). Celle-ci est associée à un paysage noir, emblème de la mélancolie avec l’oxymore “un jour noir” ou encore “nuits”, au vers 4, qui nous offrent un tableau sombre et angoissant. De plus, cette humidité et cette noirceur sont mêlées à une impression de détérioration et de putréfaction comme en témoignent des formules telles que “plafonds pourris” (v.8) ou “cachots humides” (v.5). La pluie semble donc agir et altérer le paysage extérieur. Le poète nous livre un paysage sombre et pluvieux dans lequel l’ennui vient renforcer cette vision maussade et s’installer. Ensuite, le champ lexical de l’ennui avec des termes tels que “longs ennuis” (v.2), “triste” (v.4) semble planter une atmosphère lugubre. La forme du poème corrobore cette idée tant les participes présents sont nombreux, du vers 2 à 9 : « gémissant », « embrassant », « battant », « cognant », « étalant » (liste à laquelle on pourrait ajouter « errants », v. 15). Or cette forme montre une action en cours de déroulement à laquelle s’ajoute une notion de lenteur et une notion de longueur qui reflètent cet ennui. L’utilisation de nombreuses phrases complexes renforce ce sentiment de longueur et d’ennui qui règne dans le poème et auquel le poète se trouve confronté. Finalement, le poète semble enfermé dans ce paysage pluvieux et ennuyeux sans qu’aucune échappatoire ne s’offre à lui. L’enfermement domine en effet dans ce poème, traduisant une forme d’oppression : le poète nous apparaît prisonnier de sa condition. D’abord, tous les éléments mentionnés donnent l'impression d'un cloisonnement : le ciel, la terre et la pluie semblent enfermer le poète. Le ciel, en effet, pèse “comme un couvercle” (v.1), la terre est “changée en un cachot humide” (v.5), la pluie “imite les barreaux” d’une prison (v.10- 11). L’enfermement physique du poète nous est dépeint comme inévitable. Tout semble le confiner dans un espace clos duquel il ne peut s’échapper. cette idée se trouve renforcée par les antithèses telles que le ciel que l’on trouve volontiers associé à l’horizon. Or ce dernier suppose une ouverture infinie de l’espace qui est ici réduit à la circonférence d’un couvercle. La comparaison réduit ainsi l’espace, le ferme et contribue à écraser le poète oppressé. En outre, l’horizontalité du ciel contraste avec la verticalité du mouvement du couvercle vers le bas. De plus, une rondeur se dégage du poème, avec ce “couvercle” (v.1) du ciel, le “cercle” de l'horizon (v.3), qui oppresse et clôt l’espace. Se dégage une impression claustrophobe qui étouffe le poète. Cet enfermement est également rendu par la forme de poème composé de cinq quatrains. Au fond, le poème semble enfermé dans sa propre forme de rimes croisées dont le schéma se reproduite de manière systématique. Le poème semble figé, imitant par là-même la condition du poète et de son sentiment d’enfermement. En effet, malgré des tentatives vaines d’évasion, le poète se heurte indéfiniment aux cloisons. Ainsi, l’espace est représenté comme une prison, plein de barrières infranchissables. La pluie, par exemple, rappelle les barreaux (v.9-10) et la terre est décrite précisément comme un cachot (v.5). Les limites, les barrières sont donc nombreuses et empêchent le poète de s’évader, comme par exemple le « couvercle » qui enferme et oppresse, « les murs » et les « plafonds » du cachot (v.7-8) qui renvoient le poète et son espoir dans la prison, les « barreaux » (v.10) qui délimitent la prison. Finalement, le poète, où qu’il aille, se heurte à des cloisons qui le renvoient à sa condition de prisonnier. Cet enfermement physique reflète l’enfermement mental et intérieur du poète, muré dans sa douleur. Ce sont les sons de la douleur que le lecteur perçoit entre ces vers. Un champ lexical de la souffrance très dense est développé pour décrire l’état intérieur du poète : « affreux hurlement » (v.14), « geindre » (v.16), « pleure » (v.19), « triste » (v.4), « gémissant » (v.2). Une idée de soumission à la souffrance se dégage de ces mots ainsi qu’une plainte sonore. Le lecteur entend ici les sons de la douleur. Finalement, le poète semble pris au piège dans cette souffrance, ce qui est accentué par la métaphore des araignées et de ses “filets” (v.12) dont on ne peut s’extirper. C’est un malaise intérieur qui nous est dépeint, un dégoût de la vie où se mêlent ennuis, souffrance et enfermement. Le poète semble soumis mais tente d’échapper à cet état et nous livre une bataille épique et allégorique entre « Espoir » et « Angoisse » (v.18- 19). La volonté du poète se dégage de cet état qu’est le spleen et nous donne à voir un combat qui prend différents aspects, métaphorique, allégorique, duquel le poète ne sortira pas vainqueur. D’abord, un crescendo se met en place et une intensification opère. Elle se traduit par une tentative de rébellion du poète. Pour cela, la métaphore animalière est utilisée. En effet, nous pouvons noter une allégorie de l’Espérance. Effectivement, Baudelaire compare l’Espérance à une “chauve souris” dans le deuxième quatrain. Pourtant, la chauve souris, animal nocturne, aveugle et mal aimé, semble lier l’espérance à un symbole maléfique. C’est la colombe qui serait plus naturellement et symboliquement représentante de l’espoir. Cet animal qu’est la chauve souris serait-il de mauvaise augure pour le poète ? L’Espérance ainsi représentée, aveugle et affolée, semble vouée à l’échec et préfigurer la défaite du poète face au spleen. D’ailleurs, vers 7 et 8, alors qu’elle essaie de s’échapper, “battant les murs de son aile timide” et “se cognant la tête à des plafonds”, elle n’y parvient pas. Elle nous est décrite comme fragile, affolée et se blessant mais finalement toujours prisonnière. C’est un premier échec de l’Idéal et de l’Espérance. A ce combat s’ajoute celui entre le poète et l’araignée, symbole de la prison et du spleen. C’est une image de dégoût qui se dégage de la description des araignées avec l’expression “peuple muet d’infâmes araignées” (v.11) et semble prendre possession de l’esprit du poète. Ces araignées associées au spleen et à l’enfermement semblent prendre le pouvoir, “tendre les filets au fond de nos cerveaux” (v.12), ce qui déclenche une nouvelle crise chez le poète dans les deux quatrains qui suivent. La bataille atteint son paroxysme. Les deux derniers quatrains montrent le poète en crise et une bataille qui atteint un seuil maximum, soudainement, comme en témoignent aux vers 13-14 les mots « tout à coup », « sautent », « furie », « hurlement ». Une violence se dégage de ce quatrain, se traduisant par les nombreuses occlusives [k] et [t] qui véhiculent une certaine agressivité. Le poète, malgré la lutte qu’il mène, semble perdre du terrain face au spleen. En effet, les hurlements ne deviennent-ils pas des gémissements comme le montre le verbe “geindre” ? La défaite semble se dessiner inexorablement et l’énergie du désespoir s’évanouit peu à peu. En effet, le rythme semble s’allonger et s’éteindre comme en témoigne l’adverbe “opiniâtrement”, dont la diérèse fait rallonger uploads/Litterature/ spleen-commentaire-1.pdf

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