1 www.comptoirlitteraire.com présente André BRETON écrivain français (1896-1966

1 www.comptoirlitteraire.com présente André BRETON écrivain français (1896-1966) On trouve ici sa biographie, au cours de laquelle s’inscrivent ses œuvres qui sont étudiées dans d’autres fichiers : - ‘’BRETON, ses poèmes’’ - ‘’BRETON, ses textes théoriques’’ - ‘’BRETON, ses pièces de théâtre’’ - ‘’BRETON, ‘’Nadja’’’’ - ‘’BRETON, ‘’L’amour fou’’’’ - ‘’BRETON, ‘’Arcane 17’’. À la fin est dessiné un ‘’Portrait sous divers angles’’ (pages 53-76). Bonne lecture ! 2 André Breton naquit le 18 février 1896, à 22h30, à Tinchebray (Orne). Il était l’enfant unique du secrétaire de gendarmerie, le Vosgien Louis Justin Breton et de la Bretonne Marguerite Le Gougès, petits-bourgeois soucieux de respectabilité, auxquels il allait reprocher de lui avoir donné la vie (‘’L’amour fou’’). Durant sa petite enfance, il fut élevé, à Saint-Brieuc, par son grand-père maternel, un homme taciturne auquel l’attachait cependant une vive affection, car il était un bon conteur, et qu’il lui aurait peut-être donné son goût des plantes et des insectes. En 1900, son père, devenu comptable, s'installa à Pantin, dans la banlieue nord de Paris ; il allait devenir sous-directeur d'une cristallerie. André rejoignit alors ses parents. Il allait garder de son enfance un souvenir d’étouffement, car sa mère, femme froide, rigide, autoritaire et bigote, lui donnait une stricte éducation catholique, lui interdisait de jouer dans la rue. Le temps de l’école venu, il alla d’abord chez les religieuses de la ‘’Maison Sainte-Élisabeth’’, puis à l’école communale où il se distingua par son travail. Il goûtait, chaque dimanche, le rituel par lequel lui et ses parents, venant de leur domicile de Pantin, descendaient à pied de la gare de l’Est jusqu’à l’église de la Madeleine. Son seul plaisir consistait alors à s’attarder devant les vitrines de la ‘’Galerie Bernheim jeune’’, rue Richepance, pour regarder les tableaux exposés : Bonnard, Vuillard et surtout Matisse ouvraient à son regard un monde jusque-là insoupçonné, sa délectation étant certainement attisée par le fait que son père était indigné à leur vue. Il fut fasciné aussi par le cinéma naissant. En 1907, il entra, au lycée Chaptal, dans une section «moderne» (sans latin ni grec, tournée vers les cultures anglo-saxonnes, et ouverte sur la science et la technologie), orientation qui aurait pu être l’origine de l'iconoclasme de ses goûts littéraires ultérieurs. Il se fit remarquer par son professeur de rhétorique, Albert Keim, qui lui fit lire Baudelaire, Mallarmé, Huysmans (un de ses grands enthousiasmes de jeunesse), et par son professeur de philosophie qui lui opposa le positiviste Comte ("Ordre et progrès") à Hegel ("Liberté de la conscience de soi") qu’il affectionnait. Il se lia d’amitié avec Théodore Fraenkel et René Hilsum qui, dans la revue littéraire du collège intitulée “Vers l'idéal”, publia ses premiers poèmes, qui étaient dans le style des petits sonnets de Mallarmé. Il fréquenta alors les séances poétiques du ‘’Vieux-Colombier’’, étant séduit par les derniers poètes de l’école symboliste (Viélé-Griffin, Saint-Pol-Roux, Gill). Il est significatif de constater qu’il admirait, non des écrivains tout-puissants et couverts de gloire, mais des poètes méconnus et secrets, vivant en retrait, indifférents aux honneurs. Certainement à l’incitation que lui donna Huysmans dans ‘’À rebours’’, il fréquenta aussi le musée Gustave-Moreau situé non loin du lycée. Il confia : «La découverte du musée Gustave-Moreau, quand j’avais seize ans, a conditionné pour toujours ma façon d’aimer. La beauté, l’amour, c’est là que j’en ai eu la révélation à travers quelques visages, quelques poses de femmes. Le "type" de ces femmes m'a probablement caché tous les autres : ç'a été l'envoûtement complet. Les mythes, ici réattisés comme nulle part ailleurs, ont dû jouer. Cette femme qui, presque sans changer d'aspect, est tour à tour Salomé, Hélène, Dalila, la Chimère, Sémélé, s'impose comme leur incarnation indistincte. Elle tire d'eux son prestige et fixe ainsi ses traits dans l'éternel.» (‘’Le surréalisme et la peinture’’). Ces portraits oniriques de femmes lascives, voluptueuses, mystérieuses, idéalisées, allaient continuer à lui plaire toute sa vie. Or Gustave Moreau était le peintre qui rendait bien la conception de la beauté que se faisaient par ailleurs les poètes qu’il appréciait (Mallarmé, les symbolistes dans leur ensemble) en refusant la culture classique, celle de l'école. Il allait, comme pour qu’elle veille sur son sommeil, poster près de son lit une petite toile, ‘’Jupiter et Sémélé’’, copie d’époque d’un Gustave Moreau. Il découvrit aussi d’autres peintres symbolistes. En 1912, ses parents lui ayant donné de l’argent comme récompense scolaire, il s’acheta une statue de la fertilité conçue à l’île de Pâques et rapportée par un marin de Lorient ; or il allait se passer encore de nombreuses années avant que l’art primitif acquière ses lettres de noblesse en dehors de quelques cercles intellectuels. À partir de 1912-1913, il visita le Salon d’automne et celui des Indépendants ; il y découvrit des œuvres de De Chirico. Comme il avait eu un échange avec le poète Reverdy, celui-ci, en avril 1913, en rendit compte dans sa revue ‘’Nord-Sud’’, écrivant : «L’image est une création pure de l’esprit. Elle ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des 3 deux réalités rapprochées seront lointaines et justes, plus l’image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.» Il allait rester fidèle à cette conception. Il se caractérisait déjà par la rigueur de ses exigences (il écrivit, le 25 septembre 1913, dans la revue ‘’L’action d’art’’ : «L’art est la révolte au sens le plus élevé» !), la fermeté de son jugement qu’il savait approfondir et nuancer, le sens de la tenue dans l’expression. Mais, comme il le confia dans ses ‘’Entretiens’’ en 1952, il éprouvait «une égale répugnance pour toutes les ‘’carrières’’, celle d’écrivain professionnel y comprise». Son baccalauréat obtenu, ses parents auraient voulu qu’il devienne ingénieur ou officier de marine. Mais il préféra commencer, en octobre 1913, des études pour l’obtention du certificat de P.C.N. (pour Physique, Chimie et sciences Naturelles), ce qui lui allait lui permettre de s’orienter vers la médecine psychiatrique, tout en étant, secrètement, toujours passionné par la poésie (celle des symbolistes et désormais aussi celle d'Apollinaire) et par la peinture (celle de Picasso et de Derain). Il envoya même de ses textes à Valéry, qu'il vénérait comme son maître à penser ; si, à sa fréquentation, il aurait «contracté au mental, un certain goût du scabreux» (‘’Entretiens’’), il vit surtout en lui l’intelligence la plus aiguisée de l’époque ; il allait confier en 1923 : «Je savais à peu près par cœur “La soirée avec Monsieur Teste” [...]. Je ne cessais de porter aux nues cette oeuvre [...]. Ce personnage, aujourd'hui encore, demeure celui à qui je donne raison. [...] Valéry m'a beaucoup appris. Avec une patience inlassable, des années durant, il a répondu à toutes mes questions. Je lui dois le souci durable de certaines hautes discipline. Pourvu que certaines exigences fondamentales fussent sauves, il savait d’ailleurs laisser toute latitude.» 1914 Le 2 mars, Breton reçut une première lettre de Valéry qui le remercia de la dédicace qu’il lui avait faite d’un sonnet. Il lui rendit une visite qu’il allait commenter dans ‘’L’amour fou’’. Le 20 mars, trois de ses premiers poèmes furent publiés dans “La phalange”, la revue du symboliste Jean Royère. En avril, il dédia à la peintre Marie Laurencin un poème intitulé ‘’L’an suave’’. Il voyait en elle «une des figures de la beauté moderne», mais elle fut pour lui à la fois inspiratrice et castratrice. À la déclaration de la guerre, le 3 août, il ne se laissa pas entraîner par l’enthousiasme belliqueux qui enflamma le pays, exprima son dégoût du nationalisme ambiant, dénonça «déclarations puérilement chauvines, confiance exorbitante en soi-même». Il était avec ses parents à Lorient, dans la maison de sa mère, et avait alors pour seul livre un recueil de poèmes de Rimbaud qu’il connaissait mal. Sensible à ce qu’il allait qualifier dans ‘’Nadja’’ son «pouvoir d'incantation», jugeant sa poésie si «accordée aux circonstances», il reprocha à son ami, Fraenkel, sa tiédeur devant «une œuvre aussi considérable». D’autre part, il proclama déjà «l’infériorité artistique profonde de l’œuvre réaliste sur l’autre.» 1915 Alors que la Grande Guerre faisait rage, il fut, en janvier, déclaré «bon pour le service» et, en avril, envoyé à Pontivy, dans le 17e régiment d’artillerie, pour faire ses classes, essayant d’échapper, par la lecture de Rimbaud et de Jarry, à «l’école des bons travaux abrutissants» qu’était pour lui l’apprentissage militaire. Comme, le 12 février, il avait envoyé à Valéry son poème ‘’Âge’’ (voir, dans le site, ‘’BRETON, ses poèmes’’), celui-ci lui répondit : «Je vois maintenant que l'illumination vous gagne. La noble maladie suit son cours. Il faut l'avoir eue, guérir et en garder certaines traces. L'essentiel est de n'en être pas défiguré pour la vie. Mais je m'assure que vous ayant pris de bonne heure et vu sa violence ce mal ardent vous sera un bien.» En juillet, il fut mobilisé, et affecté, comme infirmier, à l’hôpital militaire de Nantes (ville dont il allait dire dans ‘’Nadja’’: «Nantes : peut-être avec Paris la seule uploads/Litterature/ breton-pdf.pdf

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