COMMENTAIRE DU PSAUME 3 1 Psaume de David lorsqu'il fuyait devant Absalom son f
COMMENTAIRE DU PSAUME 3 1 Psaume de David lorsqu'il fuyait devant Absalom son fils. 2 Seigneur, pourquoi se sont-ils multipliés ceux qui me tourmentent ? Beaucoup se lèvent contre moi. 3 Beaucoup disent à mon âme : Il n'y a point de salut pour elle en son Dieu. 4 Mais toi, Seigneur, tu es mon soutien, ma gloire, et tu élèves ma tête. 5 De ma voix j'ai crié vers le Seigneur, et il m'a exaucé de sa montagne sainte. 6 Moi je me suis couché et je me suis endormi, et je me suis levé, parce que le Seigneur m'a pris. 7 Je ne craindrai point ces milliers [d'hommes] de peuple qui m'entourent. Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, mon Dieu. 8 Parce que c'est toi qui as frappé tous ceux qui me combattaient sans raison ; tu as brisé les dents des pécheurs. 9 Du Seigneur vient le salut, et sur ton peuple se répand ta bénédiction. 1 Psaume de David lorsqu'il fuyait devant Absalom son fils. 2 Seigneur, pourquoi se sont-ils multipliés ceux qui me tourmentent ? Beaucoup se lèvent contre moi. 3 Beaucoup disent à mon âme : Il n'y a point de salut pour elle en son Dieu. I. Le psaume précédent a montré la tentative des adversaires ; celui-ci implore contre elle le secours divin. Et ce psaume est rédigé sous la forme d'une prière. Nous pouvons exposer : A) Son fondement historique. B) Ensuite son sens allégorique. C) Enfin son sens moral. A. Le sens historique est donné par le titre qui est : Lorsque [David eut fui] devant [la face d']Absalom son fils. Comme le rapporte le deuxième livre des Rois, Absalom, fils de David, poursuivait son père cherchant à le tuer ; sur quoi David s'enfuit avec les siens et sortit de Jérusalem nu-pieds. Il comprit que cela lui arrivait à cause de son péché d'homicide et d'adultère, comme le lui avait prédit le prophète Nathan : « L'épée ne s'éloignera plus jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé. » Or tandis qu'Absalom poursuivait David, l'armée de David se retourna contre lui ; et voici que son mulet l'entraîna dans sa course sous la ramure d'un chêne, dont les branches entourant son cou saisirent sa tête et le laissèrent suspendu. C'est alors que Joab, le chef de l'armée de David, le tua. Après la mort de ce dernier, David fut rétabli dans son royaume et régna en paix. C'est donc contre cette persécution que s'élève ce psaume. B. Et cette persécution préfigure celle que le Christ souffrit de la part de son fils Judas : « Mes petits enfants, je ne suis plus que pour peu de temps avec vous. » Et encore : « Les fils de l'époux peuvent-ils s'attrister pendant que l'époux est avec eux ? » Le Christ a fui Judas lorsque, ce dernier s'étant séparé de lui, il se retira à l'approche de sa passion sur le mont des Oliviers avec les autres apôtres. Et de même que David donna la paix à son fils inique, lorsqu'il commanda au peuple en allant à la guerre : « Épargnez-moi le jeune Absalom », et que ce dernier étant mort, il s'écria : « Que ne suis-je mort à ta place, mon fils Absalom, mon fils Absalom ? » ; ainsi le Christ à l'égard du traître Judas, comme on le voit dans le festin et le geste du baiser : car Absalom signifie bien « paix du père ». En effet l'hébreu abba se traduit en latin pater [père]. Et shalom, « paix ». Or Judas lui-même a livré le Christ en donnant le baiser de paix. Et Absalom, tout comme Judas, mourut pendu. Après la mort de Judas, le Christ régna en paix car il ressuscita dans la gloire. Et cette persécution peut encore préfigurer toutes les tribulations de l'Église. C. Au sens moral, ce sont les tribulations que l'homme souffre des ennemis temporels ou spirituels. Et c'est pourquoi ce psaume exprime les sentiments de l'homme qui implore. À cet égard il manifeste d'abord la tentative de ses adversaires, ou bien il expose à Dieu son tourment. Puis il confesse l'assistance du secours divin : Mais toi, Seigneur, etc. 1. Il expose la persécution d'abord quant au nombre de ceux qui lui sont hostiles : pourquoi se sont-ils multipliés ? - à savoir les nations, les peuples, les rois et les princes. Et non seulement ceux qui lui sont étrangers, mais aussi son fils : « Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête. » 2. Et il expose la persécution quant au motif qui les amène à le persécuter, car c'est sans raison. D'où : pourquoi ? -» Pourquoi mon Seigneur persécute-t-il son serviteur ? Qu'ai-je fait ? De quel mal ma main est-elle souillée ? » 3. Enfin il expose la persécution quant à la diversité du tourment, car ils l'accablent en le tourmentant de multiples manières ? Aussi le psalmiste dit-il : ceux qui me tourmentent (tribulant). Le tribule est une plante piquante : « Il te produira des épines et des tribules ». Donc ceux-là tourmentent (tribulant), qui blessent. Or les méchants blessèrent le Christ en le souffletant, en le flagellant, en le conspuant, en l'insultant et en le menaçant de mort. Et c'est bien ce qu'il dit : Beaucoup se lèvent, c'est-à-dire par les faits. Absalom en effet a voulu tuer David, comme le manifeste le conseil de Chusai. Et semblablement Judas a livré le Christ à la mort. De même ils tourmentent David en le trahissant par des paroles, ou en lui exposant des mensonges : Beaucoup disent à mon âme, etc. Contre cette attitude perverse, l'Écriture répond en disant : « Le salut des justes vient du Seigneur. » En effet, Si les impies considéraient cela, ils ne se lèveraient pas facilement contre les justes ; mais parce qu'ils ne croient pas à cela, ou parce qu'ils méprisent la puissance de Dieu ou la justice de l'homme, ils disent par leurs paroles et par leurs actions qu'il n'y a point de salut pour lui, etc., c'est-à-dire en celui qu'il honore et qu'il prend pour Dieu. Ceux qui persécutent le Christ disent aussi cela : car s'ils espéraient dans sa résurrection, Judas ne le livrerait pas et eux ne le tueraient pas. Et tel est le sens de ces paroles : Il ne le sauvera pas, il n'est pas le fils de Dieu ; aussi disaient-ils : « Si tu es le fils de Dieu, descends de la croix », et plus loin : « S'il est le roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! » 4 Mais toi, Seigneur, tu es mon soutien, ma gloire, et tu élèves ma tête. II. Avec ce verset commence la seconde partie du psaume. Le psalmiste montre ici que son secours est préparé par Dieu. A) À cet égard il montre d'abord que le secours divin l'assiste spécialement. B) Puis qu'il assiste tous les hommes en général : Du Seigneur vient le salut. A. Et touchant l'assistance divine à son égard il expose : 1) D'abord le secours divin. 2) Puis l'expérience de ce secours : De ma voix. 3) Enfin la sécurité qu'il apporte : Je ne craindrai point. 1. Ainsi dit-il : Mais toi, Seigneur, autrement dit : ceux-ci se lèvent pour me faire la guerre, mais toi tu me prends pour me protéger. La version iuxta Hebraeos de Jérôme exprime encore mieux ce qu'il dit : « Glypeus meus ctrca me (Mon bouclier est autour de moi) », comme Si le Seigneur me défendait à la manière d'un bouclier. De même, non seulement il me garde en vie contre ceux qui veulent la détruire, mais aussi dans la gloire contre ceux qui la décrient ; aussi dit-il : ma gloire. - « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur », et : « Que celui qui se glorifie, se glorifie de cela, de me connaître et de savoir. » Et non seulement tu m'assistes contre ceux qui me décrient, mais tu me fais aussi triompher de ceux qui m'oppriment ; c'est pourquoi il ajoute : tu élèves ma tête. - « Et maintenant ma tête s'est élevée au-dessus de mes ennemis. » Ces paroles peuvent s'appliquer au Christ qui fut conçu selon la nature humaine dans l'incarnation, car » le Verbe s'est fait chair ». - « Voici mon serviteur, que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. » - « Bienheureux celui que tu as choisi et que tu as pris. » - Le Christ fut aussi glorieux dans sa résurrection : « Père, glorifie-moi. » Et il fut encore exalté dans son ascension : « C'est pourquoi Dieu l'a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom. » 5 De ma voix j'ai crié vers le Seigneur, et il m'a exaucé de sa montagne sainte. 6 Moi je me suis uploads/Litterature/ st-thomas-psaume-03.pdf