SUJET Epreuves Anticipées de Français SERIES TECHNOLOGIQUES OBJET D’ETUDE : LE

SUJET Epreuves Anticipées de Français SERIES TECHNOLOGIQUES OBJET D’ETUDE : LE PERSONNAGE DE ROMAN, DU XVIIème A NOS JOURS CORPUS TEXTE A : Madame de LA FAYETTE La Princesse de Clèves, 1678 TEXTE B : Victor HUGO Les Misérables, 1862 TEXTE C Jean-Paul SARTRE La Mort dans l’âme, 1949 Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez aux questions suivantes (6 points) : 1) Pourquoi ces trois textes ont-ils été rapprochés ? 2) Etudiez les discours rapportés dans ces trois extraits. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants (14 points) : COMMENTAIRE : Vous commenterez le texte de Hugo (texte B), en vous aidant du parcours suivant : 1) Etudiez par quels procédés le narrateur s’introduit dans la conscience de Jean Valjean. 2) Montrez que Jean Valjean est confronté à un dilemme, qu’il parvient finalement à résoudre. DISSERTATION Les personnages de roman permettent-ils au lecteur de mieux se connaitre et se comprendre ? Vous proposerez une réflexion argumentée, appuyée sur les textes du corpus, les textes étudiés en classe, et les œuvres que vous avez lues. ECRITURE D’INVENTION Lola rend visite à Boris en garnison. Celui-ci évoque l’éventualité de son départ en Angleterre pour participer à la Résistance. Il lui expose ses raisons de partir, tandis qu’elle essaie au contraire de la convaincre de rester. Imaginez leur dialogue. TEXTE A : Madame de LA FAYETTE La Princesse de Clèves, 1678 Mme de Clèves aime passionnément M.de Nemours et se sait aimée de lui, mais par fidélité à son époux, elle s’efforce de lutter contre ses sentiments. Soupçonnant à tort M.de Nemours d’avoir reçu une lettre d’amour, en fait destinée à un autre homme, elle laisse paraître involontairement une jalousie qui trahit sa passion, et le réalise après coup. Mme de Clèves demeura seule, et sitôt qu'elle ne fut plus soutenue par cette joie que donne la présence de ce que l'on aime, elle revint comme d'un songe ; elle regarda avec étonnement la prodigieuse différence de l'état où elle était le soir d'avec celui où elle se trouvait alors ; elle se remit devant les yeux l'aigreur et la froideur qu'elle avait fait paraître à M. de Nemours, tant qu'elle avait cru que la lettre de Mme de Thémines s'adressait à lui, quel calme et quelle douceur avaient succédé à cette aigreur, sitôt qu'il l'avait persuadée que cette lettre ne le regardait pas. Quand elle pensait qu'elle s'était reproché comme un crime, le jour précédent, de lui avoir donné des marques de sensibilité que la seule compassion pouvait avoir fait naître, et que, par son aigreur, elle lui avait fait paraître des sentiments de jalousie qui étaient des preuves certaines de passion, elle ne se reconnaissait plus elle- même. Quand elle pensait encore que M. de Nemours voyait bien qu'elle connaissait son amour, qu'il voyait bien aussi que, malgré cette connaissance, elle ne l'en traitait pas plus mal en présence même de son mari, qu'au contraire elle ne l'avait jamais regardé si favorablement, qu'elle était cause que M. de Clèves l'avait envoyé quérir et qu'ils venaient de passer une après-dînée ensemble en particulier, elle trouvait qu'elle était d'intelligence avec M. de Nemours, qu'elle trompait le mari du monde qui méritait le moins d'être trompé, et elle était honteuse de paraître si peu digne d'estime aux yeux même de son amant. Mais, ce qu'elle pouvait moins supporter que tout le reste, était le souvenir de l'état où elle avait passé la nuit, et les cuisantes douleurs que lui avait causées la pensée que M. de Nemours aimait ailleurs et qu'elle était trompée. Elle avait ignoré jusqu'alors les inquiétudes mortelles de la défiance et de la jalousie, elle n'avait pensé qu'à se défendre d'aimer M. de Nemours, et elle n'avait point encore commencé à craindre qu'il en aimât une autre. Quoique les soupçons que lui avait donnés cette lettre fussent effacés, ils ne laissèrent pas de lui ouvrir les yeux sur le hasard d'être trompée et de lui donner des impressions de défiance et de jalousie qu'elle n'avait jamais eues. Elle fut étonnée de n'avoir point encore pensé combien il était peu vraisemblable qu'un homme comme M. de Nemours, qui avait toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes, fût capable d'un attachement sincère et durable. Elle trouva qu'il était presque impossible qu'elle pût être contente de sa passion. Mais quand je le pourrais être, disait-elle, qu'en veux-je faire ? Veux-je la souffrir ? Veux-je y répondre ? Veux-je m'engager dans une galanterie ? Veux-je manquer à M. de Clèves ? Veux-je me manquer à moi-même ? Et veux-je enfin m'exposer aux cruels repentirs et aux mortelles douleurs que donne l'amour ? Je suis vaincue et surmontée par une inclination qui m'entraîne malgré moi. Toutes mes résolutions sont inutiles ; je pensai hier tout ce que je pense aujourd'hui et je fais aujourd'hui tout le contraire de ce que je résolus hier. Il faut m'arracher de la présence de M. de Nemours, il faut m'en aller à la campagne, quelque bizarre que puisse paraître mon voyage, et si M. de Clèves s'opiniâtre à l'empêcher ou à en vouloir savoir les raisons, peut-être lui ferai-je le mal, et à moi-même aussi, de les lui apprendre. TEXTE B : Victor HUGO Les Misérables, 1862 Ancien forçat, Jean Valjean a changé d’identité, et est devenu maire d’une commune sous le nom de Monsieur Madeleine. Alors que son passé semble définitivement effacé, un homme que l’on prend pour lui est arrêté à Arras pour un vol qu’il a lui-même commis autrefois. Apprenant cette nouvelle, il décide d’abord de laisser condamner cet homme sans se manifester, avant que sa conscience morale ne se révolte contre une telle injustice. Il s'interrogea sur cette « résolution prise ». Il se confessa à lui-même que tout ce qu'il venait d'arranger dans son esprit était monstrueux, que « laisser aller les choses, laisser faire le bon Dieu », c'était tout simplement horrible. Laisser s'accomplir cette méprise de la destinée et des hommes, ne pas l'empêcher, s'y prêter par son silence, ne rien faire enfin, c'était faire tout ! c'était le dernier degré de l'indignité hypocrite ! c'était un crime bas, lâche, sournois, abject, hideux ! Pour la première fois depuis huit années, le malheureux homme venait de sentir la saveur amère d'une mauvaise pensée et d'une mauvaise action. Il la recracha avec dégoût. Il continua de se questionner. Il se demanda sévèrement ce qu'il avait entendu par ceci : « Mon but est atteint ! » Il se déclara que sa vie avait un but en effet. Mais quel but ? cacher son nom ? tromper la police ? Était-ce pour une chose si petite qu'il avait fait tout ce qu'il avait fait ? Est-ce qu'il n'avait pas un autre but, qui était le grand, qui était le vrai ? Sauver, non sa personne, mais son âme. Redevenir honnête et bon. Être un juste ! est-ce que ce n'était pas là surtout, là uniquement, ce qu'il avait toujours voulu, ce que l'évêque lui avait ordonné ? — Fermer la porte à son passé ? Mais il ne la fermait pas, grand Dieu ! il la rouvrait en faisant une action infâme ! mais il redevenait un voleur, et le plus odieux des voleurs ! il volait à un autre son existence, sa vie, sa paix, sa place au soleil ! il devenait un assassin ! il tuait, il tuait moralement un misérable homme, il lui infligeait cette affreuse mort vivante, cette mort à ciel ouvert, qu'on appelle le bagne ! Au contraire, se livrer, sauver cet homme frappé d'une si lugubre erreur, reprendre son nom, redevenir par devoir le forçat Jean Valjean, c'était là vraiment achever sa résurrection, et fermer à jamais l'enfer d'où il sortait ! Y retomber en apparence, c'était en sortir en réalité ! Il fallait faire cela ! il n'avait rien fait, s'il ne faisait pas cela ! toute sa vie était inutile, toute sa pénitence était perdue, et il n'y avait plus qu'à dire : à quoi bon ? Il sentait que l'évêque était là, que l'évêque était d'autant plus présent qu'il était mort, que l'évêque le regardait fixement, que désormais le maire Madeleine avec toutes ses vertus lui serait abominable et que le galérien Jean Valjean serait admirable et pur devant lui. Que les hommes voyaient son masque, mais que l'évêque voyait sa face. Que les hommes voyaient sa vie, mais que l'évêque voyait sa conscience. Il fallait donc aller à Arras, délivrer le faux Jean Valjean, dénoncer le véritable ! Hélas ! c'était là le plus grand des sacrifices, la plus poignante des victoires, le dernier pas à franchir ; mais il le fallait. Douloureuse destinée ! il n'entrerait dans la sainteté aux yeux de Dieu que s'il rentrait dans l'infamie aux yeux des hommes ! — Eh bien, dit-il, prenons ce parti ! faisons notre devoir ! sauvons cet homme ! Il prononça ces paroles à haute voix, sans s'apercevoir qu'il parlait tout haut. Première partie, livre septième, uploads/Litterature/ sujet-franc-ais-techno.pdf

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