Vous répondrez d’abord à la question suivante Question (4 points) L’amour susci
Vous répondrez d’abord à la question suivante Question (4 points) L’amour suscite souffrance et joie chez le poète. Par quels procédés les poèmes expriment-ils cette double réalité ? Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets Commentaire (16 points) Vous ferez le commentaire du texte de Baudelaire (Document B). Dissertation (16 points) La Poésie est-elle surtout destinée à l’expression des sentiments ? Vous répondez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles. Ecriture d’invention (16 points) Vous êtes un(e) jeune poète(sse). Vous venez d’envoyer le recueil de vos premiers poèmes – qui exprime vos peines, vos joies, vos inquiétudes – à un éditeur. Celui-ci vous retourne votre manuscrit en y joignant une lettre critiquant ce type de poésie trop personnelle. Blessé dans votre amour-propre et vos convictions, vous lui répondez. A. À Fanny Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire Sait, à te voir parler, et rougir, et sourire, De quels hôtes divins le ciel est habité. La grâce, la candeur, la naïve innocence 5 Ont, depuis ton enfance, De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté. Sur tes traits où ton âme imprime sa noblesse, Elles ont su mêler aux roses de jeunesse Ces roses de pudeur, charmes plus séduisants, 10 Et remplir tes regards, tes lèvres, ton langage, De ce miel dont le sage 1 Objet d’étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen-Age à nos jours Corpus 1.André Chénier, « A Fanny », Amours, Posthume, 1819 2.Charles Baudelaire, « Causerie », Les Fleurs du Mal, I857 3.Louis Aragon, « Le rendez-vous perpétuel », Amour d’Elsa, 1947 4. Louise Labé, Sonnet II, Oeuvres,1555 Cherche lui-même en vain à défendre ses sens. Oh ! que n'ai-je moi seul tout l'éclat et la gloire Que donnent les talents, la beauté, la victoire, 15 Pour fixer sur moi seul ta pensée et tes yeux ! Que, loin de moi, ton cœur soit plein de ma présence, Comme, dans ton absence, Ton aspect bien-aimé m'est présent en tous lieux ! Je pense : Elle était là. Tous disaient : « Qu'elle est belle ! 20 Tels furent ses regards, sa démarche fut telle, Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours. Sur ce gazon assise, et dominant la plaine, Des méandres de Seine, Rêveuse, elle suivait les obliques détours. 25 Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage D'un plomb volant percé, précipite ses pas. Il emporte en fuyant sa mortelle blessure Couché près d'une eau pure, 30 Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas. André Chénier, Amours, posthume, 1819. B. Causerie Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose ! Mais la tristesse en moi monte comme la mer, Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose Le souvenir cuisant de son limon amer. 5 — Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé Par la griffe et la dent féroce de la femme. Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l'ont mangé. Mon cœur est un palais flétri par la cohue ; 10 On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux ! Un parfum nage autour de votre gorge nue !... Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux ! Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes, Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857. C. Le rendez-vous perpétuel J'écris contre le vent majeur et n'en déplaise À ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise L'histoire et mon amour ont la même foulée 5 J'écris contre le vent majeur et que m'importe Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés Le pain futur et rient que pour moi toute porte Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux 2 Qu'un tramway qui s'en va toujours un peu t'emporte 10 Contre le vent majeur par un temps nuageux J'écris comme je veux et tant pis pour les sourds Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu. Il n'y a pas d'amour qui ne soit notre amour La trace de tes pas m'explique le chemin 15 C'est toi non le soleil qui fais pour moi le jour Je comprends le soleil au hâle de tes mains Le soleil sans l'amour c'est la vie au hasard Le soleil sans l'amour c'est hier sans demain Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent 20 C'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré C'est toujours notre amour la rue où l'on s'égare C'est notre amour c'est toi quand la rue est barrée C'est toi quand le train part le cœur qui se déchire C'est toi le gant perdu pour le gant déparé 25 C'est toi tous les pensers qui font l'homme pâlir C'est toi dans les mouchoirs agités longuement Et c'est toi qui t'en vas sur le pont des navires Toi les sanglots éteints toi les balbutiements Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles 30 Un murmure échappé des mots dits en dormant Le sourire surpris le rideau qui s'envole Dans un préau d'école au loin l'écho des voix Un deux trois des enfants qui comptent qui s'y colle La nuit le bruire des colombes sur le toit 35 La plainte des prisons la perle des plongeurs Tout ce qui fait chanter et se taire c'est toi Et c'est toi que je chante avec le vent majeur. Louis Aragon, Amour d'Elsa, 1947. D. Sonnet 1 Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés, Ô chauds soupirs, ô larmes épandues1, Ô noires nuits vainement attendues, Ô jours luisants vainement retournés 5. Ô tristes plaints2, ô désirs obstinés, ? Ô temps perdu, ô peines dépendues3, Ô mille morts en mille rets4 tendues, Ô pires maux contre moi destinés Ô ris4, ô front, cheveux, bras, mains et doigts : 10. Ô luth plaintif, viole, archet et voix ! Tant de flambeaux pour ardre5une femelle De toi me plains, que tant de feux portant, En tant d'endroits d'iceux mon cœur tâtant, N'en est sur toi volé quelque étincelle6. Louise LABÉ, Sonnet II, Œuvres, 1555. 3 1. Plainte 2. Dépensées 3. Filets, pièges 4. Rire, sourire 5. Brûler 6. « Je regrette que, alors que tu lançais tant de feux, que tu touchais mon cœur à tant d’endroits, aucune étincelle n’en ait volé sur toi. » Question sur le corpus : Le corpus se répartit formellement en deux genres poétiques à formes fixes : l’ode avec le poème d’André Chénier intitulé « A Fanny » et extrait de son œuvre posthume, Amours, publiée en 1819, mais aussi le poème de Louis Aragon, intitulé « Le rendez-vous perpétuel », extrait du recueil Amour d’Elsa et publié en 1947. Ce sont ensuite deux sonnets qui leur font complément : « Causerie » de Charles Baudelaire, extrait des Fleurs du Mal, recueil paru en 1857 ainsi que, de Louise Labé, le sonnet II, extrait de l’œuvre de la poétesse parue en 1555. Sonnet et ode, formes lyriques, sont associés bien souvent à l’expression du sentiment amoureux, ses joies et ses peines. L’amour, en effet, suscite souffrance et joie chez le poète qui se plaît à chanter cette double réalité pour en réconcilier la contradiction. La joie-souffrance ou la souffrance-joie, (tant sont réversibles ces deux aspects du sentiment amoureux dans les quatre textes du corpus), s’y associent de fait assez paradoxalement. L’absence de la bien-aimée est apprivoisée par la parole poétique dans les V. 16 à 18 chez Chénier, strophes 8 à 10 chez Aragon. En effet, l’adresse lyrique, explicite dans le premier vers du poème de Chénier et, par renvoi au titre du recueil (« Amour d’Elsa »), plus implicite dans celui d’Aragon, recrée l’illusion de la présence en un dialogue fictif avec la dédicataire dont le pronom « tu » et ses variantes et substituts assurent la présence attentive bien que muette. Dans la solitude profonde du « désert » où il s’en va périr, le poète juvénilement comparé au faon en une métaphore filée, emporte tout autant la blessure qu’il ne goûte une solitude sans rivaux où entretenir jalousement sa plaie sans l’interférence de ces tiers incommodes qui partagent son intérêt pour Fanny et parasitent de leur éloge (V. 19) son dialogue en tête à tête avec l’aimée. Dialogue aussi chez Louise Labé qui restaure dans la dernière strophe la présence et l’unité du dédicataire amoureusement blasonné, morcelé, dans les strophes qui précèdent (v. 1,9). Sa présence en conséquence à terme reconstituée selon une dynamique du désir qui engage la totalité du sonnet. Même indifférent au désir amoureux qu’il suscite, la présence de l’aimé est convoquée par l’adresse lyrique : « de toi me plains » V. 12. Plus spécifiquement par rapport aux trois autres textes du corpus, dans le uploads/Litterature/ sujet-poesie-lyrisme.pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 28, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1743MB