Khalfallah salsabil TD : L’histoire littéraire (approche de la théorie de la li

Khalfallah salsabil TD : L’histoire littéraire (approche de la théorie de la littérature) On appelle « théorie » dans le domaine des études littéraires un corpus qui remonte au XIXe siècle et regroupe, depuis les années 1960, des travaux dus à des disciplines extérieures aux études littéraires mais qui ont été adoptés par les spécialistes de littérature parce que leurs analyses du langage, de l’esprit, de l’histoire, ou de la culture offrent de nouvelles perspectives convaincantes sur des questions textuelles et culturelles 1/ Faire l’histoire de l’histoire littéraire, de ses présupposés, de ses méthodes, de ses difficultés constitue en soi tout un programme. Tirer de cette réflexion un système méthodologique cohérent pour envisager l’ensemble du fait littéraire et en proposer une mise en application efficace semble d’autant plus ambitieux. Pourtant, à une époque où l’histoire littéraire occupe une place majeure dans les programmes de littérature, ce type de réflexion s’avère d’une utilité indiscutable. Aussi Alain Vaillant trouve-t-il paradoxal —et même scandaleux — qu’il n’existe aucun « ouvrage synthétique présentant les principes et les méthodes de l’histoire littéraire » En premier lieu, il faut faire la distinction entre l’« histoire de la Littérature » et l’« histoire littéraire ». D’une part, l’histoire de la Littérature évoque les évolutions de la Littérature au travers d’écrivains qui ont marqué leurs siècles par leurs œuvres ou les formes qu’elles empruntaient. Elle aide ainsi l’histoire littéraire via les biographies, bibliographies et l’établissement des textes. D’autre part, l’histoire littéraire a une orientation pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse à tous les champs de la création, à tout ce qui a amené à la conception du texte depuis ses balbutiements jusqu’à son achèvement, à ce qui justifie ce dernier et les choix de l’auteur. Par ailleurs, Daniel Mornet, critique littéraire français, indique dans Revue internationale de l’enseignement qu’elle permet de « comprendre »1 et de « goûter » le beau1. L’histoire littéraire permet donc de montrer comment la littérature s’est constituée et comment sa particularité, la littérarité, se manifeste. Pour cela, elle met en relation l’historicité, l’histoire générale dont l’importance est grande dans les romans historiques et sociaux, les mémoires ou encore les chroniques, l’auteur, l’histoire des mouvements esthétiques avec leurs qualités et leurs exigences, l’histoire culturelle et l’histoire de la réception avec la succession d’actualisations de l’œuvre. En conséquence de la mixité des mentalités des époques, apparaîtra une sociologie historique des faits littéraires. En effet, la lecture est difficile quand l’œuvre n’est pas écrite par un de nos contemporains et nous pouvons passer à côté d’allusions car nous ne comprenons pas le sens des mots. Le rôle des historiens littéraires est alors de contribuer à lecture en déchiffrant les termes, les expressions ainsi que les images qui échappent aux lecteurs. De surcroît, les remarques sur le contexte historique de l’époque dépeinte ou encore les références à d’autres textes (intertextualité) sont également expliquées car tout ceci participe à l’intelligence du texte. Un point de l’histoire : Devant plusieurs siècles de littérature, le plus évident est peut-être de commencer, non par le commencement, mais par la fin, soit par le présent auquel l’historien est confronté. Puisqu’il semble que ce soit aux périodes où la littérature subit le plus de bouleversements que l’intérêt pour son histoire se fait le plus prégnant, il s’avère pertinent de s’interroger, à rebours, sur les raisons du retour à l’histoire que l’on perçoit depuis quelques années dans le milieu des études littéraires. À quels bouleversements de la littérature correspond cette nécessité contemporaine de prendre le pouls de l’histoire littéraire, de ses objets et de ses méthodes ? A. Vaillant y voit trois principaux facteurs : la redéfinition de l’ère du livre et de l’imprimé par la révolution numérique, le déclin des nationalismes, et la chute d’un idéal de littérarité et d’autotélisme dans l’art. À l’ère des nouvelles technologies, de la mondialisation et d’un rapport plus fonctionnel au langage, la conception traditionnelle de la littérature comme produit écrit, spécifiquement esthétique, et symbole d’une identité nationale se trouverait menacée. Nous serions donc à l’aube d’une crise de la littérature et, dès lors, « à l’une de ces périodes charnières où l’histoire littéraire est particulièrement requise mais où, par ailleurs, elle est obligée de se remettre en cause, de renouveler ses concepts, de s’inventer de nouveaux outils » Le poids des origines L’histoire littéraire telle qu’elle est pratiquée de nos jours, ainsi que les problèmes épistémologiques qui y sont reliés, reposent sur des fondements provenant de l’Antiquité gréco-romaine. En effet, le système antique basé sur le « double socle de la rhétorique et de la poétique » a connu depuis une transmission continue, permanente et efficace qui donne une impression d’atemporalité aux modèles esthétiques qui se sont érigés à partir de lui. En ce sens, le défi de l’histoire littéraire consiste à « reformuler en des termes de transhistoricité l’anhistoricité fonctionnelle du système littéraire » , c’est-à-dire à intégrer à l’histoire les modèles esthétiques et les faits formels, et à montrer leur dépendance par rapport au contexte dans lequel ils s’inscrivent et évoluent. Ce problème central d’une histoire littéraire qui refuse de n’être qu’histoire externe de la littérature demande donc que soient revus certains présupposés issus d’une conception de la littérature vieille de plusieurs siècles : l’histoire littéraire comme érudition, le poids prépondérant de l’école et la nationalisation de la littérature Enseignement Alain Vaillant notamment critique la tendance à considérer l'histoire littéraire comme une discipline auxiliaire, un simple « préalable à l'étude des textes », marqué par un fort « esprit de bachotage » nuisible aux études littéraires dans la mesure où elle est dénaturée dans son usage, ou bien laissée de côté Une discipline controversée Les polémiques sur la manière d’enseigner l’histoire littéraire ont été nombreuses depuis son introduction officielle en 1880. Supprimée pendant quelques années au début du XXe siècle, rétablie en 1925, la discipline a été contestée par un grand nombre de professeurs qui lui reprochent son historicisme superficiel, son mélange paradoxal de scientisme et de dogmatisme et enfin son inadaptation aux buts de l’enseignement, secondaire notamment, par manque d’éveil d’esprit critique. Ainsi, dès 1902 Lanson définissait la discipline comme un fléau pour l’enseignement secondaire car elle est une école de psittacisme 6 . A contrario, l’historien de la littérature a toujours insisté sur l’importance du public dans l’élaboration d’une œuvre par sa lecture et non pas par la lecture abondante de corpus de textes, survolant la totalité des œuvres littéraires au programme. Plus d’un demi siècle plus tard, en 1960, les corpus de textes spécialement groupés pour l’étude de l’histoire littéraire posent toujours problème. En effet, dans l’Encyclopédie pratique de l’Éducation en France7 la discipline est critiquée sur la superficialité de l’enseignement des œuvres et sur le fait d’imposer la tyrannie des schémas d’explication de textes au lieu de se nourrir de leur substance. La censure littéraire Dès le Moyen Âge, la censure des écrits était pratiquée. En effet, les moines copistes, étaient employés pour recopier les écrits, contrôlés pour répondre à la diffusion de la parole sacrée, un par un, et à la main. Mais le concept de censure littéraire, tel que l’on connait aujourd’hui et qui s’est renforcé au fil des siècles, apparaît véritablement dès la Renaissance lorsque l’imprimerie commence à se répandre à travers l’Europe. Au tout début, aucun contrôle n’est exercé sur les œuvres, tout est imprimé. Mais très vite, François Ier, sous l’influence de l’Église, prend le contrôle de l’impression, et interdit toute œuvre diffusant des propos liés au protestantisme, à la critique de l'église, à de mauvaises mœurs. Malgré cela, les français ont la possibilité d’obtenir ces œuvres, car elles peuvent être imprimés à l’étranger, où elles ne sont pas censurées9. Il faut attendre jusqu’en 1629, pour que Richelieu, sous le règne de Louis XIII, crée la fonction de censeur royal. Les censeurs royaux avaient le devoir de contrôler tous les manuscrits susceptibles d’être imprimés, et pouvaient ainsi interdire leur publication. À ce moment la censure est alors principalement au service de la Monarchie, les écrivains devaient contourner la censure afin d’éviter l’exil et d’accéder à l’édition qui était considérée comme un privilège. Tout manuscrit autorisé portait l’inscription : « Avec privilege du Roy ». La censure semble être abolie avec la Déclaration des Droits de l’Homme dès 1789, comme l'indique l'article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi »10 Mais avec l’instauration de la Terreur, l’état met en place, à partir de 1793, un Comité de Salut Public, qui, à défaut de ne pouvoir interdire l’impression des œuvres, permettait de condamner les écrits qu’il n’approuvait pas. La censure est réhabilitée lorsque Napoléon accède au pouvoir, et devient alors une arme politique11. Depuis le XXe siècle, la censure littéraire n’est plus utilisée à des fins politiques ou religieuses, ou pour des questions de mœurs, bien que les guerres mondiales voient la restauration uploads/Litterature/ td-l-x27-histoire-litteraire-khalfallah-salsabil.pdf

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