VII. TECHNIQUES D’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS ORAL. ACTIVITÉS COMMUNICATIVES EN CL

VII. TECHNIQUES D’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS ORAL. ACTIVITÉS COMMUNICATIVES EN CLASSE DE LANGUE FRANÇAISE 1.Aspects théoriques et méthodologiques L’activité de conversation qui consiste à établir des relations sociales entre le locuteur et l’interlocuteur est un échange où chacun parle à son tour. Il s’agit donc d’une communication bilaterale ou multilatérale avec circuit de retour, supposant, outre la maïtrise de la langue, en tant que code (contraintes lexico-sémantico-grammaticales de la langue), celles des contraintes socio-culturelles et situationnelles qui exigent telle selection et telle mise en discours des unités lexico-grammaticales. Par exemple, pour engager une conversation, on peut dire : ‘’ Je peux vous parler ? Vous êtes au courant de ce qui est arrivé à Jean ? Dis donc, Pierre, tu savais que … ? etc. ’’ Mais rien qu’à constater la simplicité des structures conventionnelles acquises par les débutants en situation de classe, on peut remarquer quelle distance ils doivent parcourir pour aboutir à une compétence conversationnelle, ne fût-ce que minimale. La situation de classe offre, à la vérité, peu d’occasions de conversation authentique. L’enseignant y a un rôle de meneur de jeu. Ce qu’il dit contribue à l’organisation de la classe, qu’il s’agisse d’information, d’élucidation, de difficultés linguistiques, de correction ou d’évaluation. Souvent, il n’entend pas une réponse qui ne corespond pas à ce qu’il attendait. Très souvent, il répète et reformule une question, peu après l’avoir posée, en s’apercevant qu’elle était trop difficile ou incomplète. Par ailleurs, les réponses des apprenants sont presque toutes formellement différentes de celles qu’on obtient habituellement en cours d’une conversation authentique, naturelle. Le cadre rigide de la classe les y oblige : généralement, les enseignants insistent pour que les élèves produisent des phrases complètes, ce qui n’est qu’une manière d’expression artificielle. On arrive presque toujours à reprendre tous les éléments de la question sans utiliser les possibilités d’anaphore, d’ellipse etc. L’intonation des réponses est souvent montante, ce qui prouve que l’élève demande une réaction évaluative de la part du professeur, qu’il parle pour se faire apprendre ou corriger par celui-ci. En effet, le monde social créé dans la classe s’organise conformément à ses règles spécifiques, qu’on doit comprendre et accepter, sans pour autant renoncer à impliquer les élèves dans leurs réponses, à tisser entre eux un réseau de communication proche de la vie réelle. Pour ce faire, l’enseignant doit s’appliquer à développer leur imagination en leur formant progressivement l’habitude de construire eux-mêmes des textes dialogués, à partir d’une idée directrice et d’un schéma général simple. Il doit les familiariser en même temps avec les structures fréquentes de début et de clôture de dialogue, avec quelques actes de parole et avec quelques marqueurs pragmatiques. Il s’agit, pour ainsi dire, d’une initiation et d’un entraînement progressif à la textualité dialogique. Par conséquent, on estime qu’aux niveaux débutant et moyen il est dangereux de pousser les apprenants à l’improvisation avant de les avoir préalablement mis en contact avec la forme dialogique spécifiquement française, avant de leur avoir fait écouter / lire des modèles construits à cette intention. Qu’il leur donne des modèles dialogiques de vie quotidienne ou des blagues dialoguées, ou bien qu’il utilise les bulles des bandes dessinées, qui sont toujours captivantes, souvent même humoristiques, l’enseignant s’appliquera à sensibiliser ses élèves à la conversation française ( apprendre à comprendre, apprendre à participer). À une étape ultérieure, ce travail exige encore la recherche d’une gamme de structures conversationnelles ou / et dialogiques, fondamentales, illustrant la compléxification linguistique progressive (selon le niveau d’étude de la langue) d’une même situation de communication. Cela représente, en quelque sorte, une activité d’imprégnation des structures utilisées le plus fréquemment. Ce n’est qu’à partir d’une pareille base, quasi théorique, qu’on pourra acheminer les élèves à l’expression libre et libérée des contraintes didactiques. Ce n’est que de cette manière qu’on chassera l’artificiel de la classe de conversation. Il faut donc que le professeur renonce assez tôt aux exercices de conversation stéréotypée et aux micro-conversations fabriquées dans le but didactique de mettre en œuvre les structures lexico-grammaticales dèjà acquises. Ce n’est pas que ce genre d’exercices (R. Damoiseau, 1968 ; I. Raileanu, 1977) ne soient utiles, voire fructueux, chez les débutants, au cours d’un certain nombre de leçons de français, mais il n’est pas bon d’insister trop longtemps sur eux. Mieux vaut une activité de groupe qui permette l’utilisation des actes de parole, enchâssés dans des échanges simples, qui permettent également d’avoir recours aux actes logiques d’explication et de justification. Nous devons souligner finalement l’idée que dans ce type d’activité conversationnelle, c’est toujours l’enseignant qui détient la clé de l’organisation. C’est lui qui offre les modèles intégratifs (qui rendent compte à la fois des phénomènes syntaxiques, sémantiques et pragmatiques) mis en progression selon le niveau ; c’est toujours lui qui joue le rôle de meneur de jeu (interaction), (donne des consignes, rappelle des règles), d’animateur d’échanges (ravive l’interactivité au cas où celle-ci languirait), d’animateur de groupe (encourage, facilite les prises de parole) et d’animateur de création (fait progresser le scénario). Mais comme les différentes règles qui gouvernent le discours ne sont pas encore clairement définies, il n’est pas encore possible d’enseigner tout cela d’une manière systématique. Faire preuve d’éclectisme dans l’enseignement du français oral, c’est puiser dans toutes les méthodes, combiner les techniques orales selon les besoins de la classe. 2. Techniques de conversation au niveau débutant Au niveau débutant, on enseigne un français parlé, non pas celui de la rue, mais un français commun courant, éloigné des rigueurs stylistiques du français littéraire. Les apprenants doivent être formés au maniement des structures essentielles du français courant, conaître un peu de grammaire, avoir quelques connaissances lexicales et des habitudes de parole suffisantes pour articuler des propositions simples et étendues, à un rythme normal et d’une manière correcte. À une première étape, l’enseignant puise les sujets dans la classe, dans la nature, dans les besoins des enfants, dans les événements occasionnels, dans les activités auxquelles ils participent, dans les phénomènes météorologiques. Pour parler, les enfants doivent avoir quelque chose à dire. Toutes les leçons d’expression orale, à ce niveau, prennent appui sur l’observation active : l’enfant voit, entend, compare, apprécie, entre en classe, sort la classe, se déplace, parle, lit, écrit etc. Toutes ces activités éveillent en lui des idées et le besoin de s’exprimer. R. Damoiseau (1968) propose quelques types d’initiation à la conversation. Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une conversation, mais d’une ‘’mise en scène’’ des structures lexico-grammaticales acquises au moyen des exercices structuraux. Exemples : 1. Simple réponse, en écho, sans changement dans le verbe : ● Question avec modèle interrogatif - Est-ce que nous sommes… ? – Nous sommes… - Est-ce que nous avons… ? – Nous avons… ● Question intonative - On va à Paris ? – On va à Paris. - On est en panne ? – On est en panne. ● Question par inversion - Va-t-il à Londres ? – Il va à Londres. - A-t-elle de l’argent ? – Il a de l’argent. 2. Question avec réponse négative : - Est-ce que nous sommes en classe ? – Non, nous ne sommes pas… - On dit cela ? – Non, on ne dit pas cela. 3. La réponse peut utiliser les pronoms de remplacement : - On va à Paris ? – On y va. / - On n’y va pas. - On dit cela ? – On le dit. / - On ne le dit pas. 4. Réponse en écho, avec changement dans le verbe : d’abord le simple passage de VOUS au JE ou au NOUS, sans changement de temps : Présent - Quel âge avez-vous ? – J’ai… - Où habitez-vous ? J’habite à… - Combien de temps mettez-vous à… ? – Je mets… - À quoi vous intéressez-vous ? – Je m’intéresse à… Passé - Quand êtes-vous parti ? – Je suis parti hier. - Quand avez-vous lu ce livre ? – J’ai lu ce livre… 5. Questions posées pour le maniement des temps de l’indicatif Gardez le même temps dans la réponse et dans la question : - Depuis quand apprenez-vous le français ? – Nous… 3. Techniques de conversation au niveau moyen Au niveau élémentaire, la conversation n’est qu’un contrôle des mécanismes de langage acquis. Au niveau moyen, il faut favoriser une plus grande….. uploads/Litterature/ techniques-d-x27-enseignement-du-francais-oral.pdf

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