La Renaissance. CONTEXTE. Le xvie siècle est le siècle de la période historique
La Renaissance. CONTEXTE. Le xvie siècle est le siècle de la période historique de la Renaissance, une période d’aspirations nouvelles dans tous les domaines, en réaction contre l’ascétisme, le mysticisme, les idées et les mœurs du Moyen Âge. L'esprit de la Renaissance va naître du Quattrocento italien: la chute de Constantinople a fait affluer manuscrits et érudits grecs, les guerres d'Italie ont fait connaître à la noblesse française un autre mode de vie où art et beauté ont la primauté. Pour les lettrés, l’Italie est la terre du savoir antique et des Muses et l’humanisme se développe durant cette période. Une conviction nouvelle voit le jour, s’inspirant à la fois de l’Antiquité gréco-latine et des valeurs chrétiennes: la dignité de l’homme réside dans ses capacités à cultiver la raison pour comprendre le monde et se comprendre. Par ailleurs l’érudition commence avec des linguistes, des philologues: Guillaume Fichet, Étienne Dolet, Jacques Lefèvre d'Étaples, Guillaume Budé et se poursuit avec des groupes enthousiastes formés de gens de robe, de moines (François Rabelais) ou d’officiers de la couronne. Joachim du Bellay, la famille Estienne, ou Étienne Pasquier auront à cœur de valoriser la langue « vulgaire ». Au xvie siècle, la France se construit autour du pouvoir royal qui œuvre à unifier la langue française avec le rôle déterminant joué par François Ier. Sa protection des savants, des écrivains et des artistes lui vaudra le titre de Père des Lettres. L’institution de la Bibliothèque Royale, la fondation en 1530 du Collège des lecteurs royaux (actuel Collège de France), 1530 pour le grec et l'hébreux, 1534 pour le latin permet de contrecarrer l’influence conservatrice de la Sorbonne. Enfin les bouleversements religieux au sein de la chrétienté sont fondamentaux: les oppositions idéologiques entre catholiques et protestants conduiront à des oppositions armées dans un climat de guerre civile avec des implications de politique étrangère. Ainsi les guerres de religion (1562-1598) ternissent la fin du siècle en France et mettent à mal l’optimisme du « Premier xvie siècle ». LA POÉSIE AU XVIe SIÈCLE. La poésie lyrique occupe de loin la première place avec le rôle majeur joué par la Pléiade, un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en français. Il réunit sept personnes: Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean Dorat (leur professeur de grec), Rémy Belleau (lequel remplace, en 1554, Jean de La Péruse, décédé), Étienne Jodelle, Pontus de Tyard et Jean-Antoine de Baïf. En 1549, est publié le manifeste Défense et Illustration de la langue française, qui proclame les principes esthétiques de ce groupe. Ces principes sont nouveaux par rapport au Moyen Âge: enrichissement de la langue poétique nationales par des emprunts aux dialectes ou aux langues antiques et étrangères ou bien par la création de mots nouveaux; imitation des Anciens et des Italiens; conception du poète comme un démiurge et de la poésie comme un art sacré. Les humanistes de la Pléiade défendent la poésie du latin et veulent l’illustrer par des genres imités ou empruntés. L’imitation et les emprunts sont conçus à l’époque comme un moyen de dérober les secrets des étrangers pour créer une poésie française infiniment plus belle. Le chef incontestable de ce groupe est Pierre de Ronsard (1524-1586). Il pratique quatre grandes formes : l’ode, le sonnet, l’hymne, le discours. Ses premières œuvres sont marquées par l’imitation des poètes antiques et italiens, mais son imagination et sa sensibilité prennent le dessus pour les imprégner d’un lyrisme personnel. Il fait l’éloge de la beauté physique et de la perfection morale de quelques personnages féminins, devenus célèbres grâce à la puissance évocatrice de ses images. Le poète Joachim Du Bellay (1522-1560), auteur du manifeste Défense et illustration de la langue française (1549), fait preuve d’un lyrisme profond et vrai. Il se traduit à travers quelques thèmes: la force destructrice du temps, la beauté et la gloire du passé, la nostalgie pour son pays et l’admiration de la nature. La sincérité est le trait caractéristique de sa poésie qu’illustrent les Antiquités de Rome et les Regrets (1558). La poésie engagée et philosophique, moins proche de nous, tient cependant une place notable à l’époque. Les prises de position religieuse au milieu des conflits de la seconde moitié du siècle se retrouvent dans des poèmes aux accents graves, à la fois tragiques et épiques comme dans les Hymnes (1555-1556), Discours sur les misères de ce temps (1562), ou la Franciade (1572, inachevée), œuvres de Ronsard le partisan catholique ou les Tragiques du combattant protestant Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-1630). Des poètes moins étudiés de nos jours ont également participé à ce renouveau de l’expression poétique au xvie siècle, à commencer par Clément Marot (1496-1544) qui s'inspire de la tradition du Moyen Âge avant de développer un art plus personnel, fait de lyrisme et de religiosité. Les poèmes de Maurice Scève et Louise Labé (1524-1566) chantent, quant à eux, les sentiments amoureux avec beaucoup de sensibilité et de maîtrise de l’art poétique. RONSARD. Le Prince des poètes. L’œuvre de Ronsard nous apparaît aujourd’hui placée sous le signe de l’abondance et de la variété, tant des formes poétiques que des rythmes. Elle est nourrie des grands poètes de l’Antiquité, des poètes italiens et de nombreuses lectures, qui se greffent sur sa frémissante sensibilité à la vie sous toutes ses formes et aux qualités sonores du langage. Poète de l’amour et de la nature, il célèbre aussi les grands hommes de son temps, les événements de l’histoire du royaume, écrit de nombreuses pièces pour les fêtes données par les rois ou les princes, etc. Son œuvre ne fait qu’un avec sa vie, elle est sa vie. En témoignent les nombreuses corrections qu’il n’a cessé d’apporter à ses vers – bien souvent pour les rendre plus conformes à l’évolution du goût de ses contemporains et à celle de la langue. En témoigne aussi la composition plusieurs fois modifiée des recueils de ses œuvres complètes, qu’il ne cesse de remettre en chantier. Pour lui, la poésie est inspiration, mais aussi travail. Les Odes (1550). En 1550, Ronsard publie son premier recueil où il se propose « style à part, sens à part, œuvre à part ». Il se met à l’école de Pindare et à celle d’Horace. Il célèbre les grands hommes de son temps, à commencer par Henri II, chante les paysages du Vendômois ou les joies éphémères de la vie. À vingt-cinq ans, il conclut son recueil sur un poème « À sa muse ». Les Amours (1552-1553). Ce sont sans doute les recueils les plus célèbres aujourd’hui. Ronsard a toujours été sensible aux connotations dont sont chargés les prénoms des femmes qu’il célèbre. Après Du Bellay et Pontus de Tyard, Ronsard en 1552 chante l’amour à la manière de Pétrarque, sans oublier les souvenirs de l’Antiquité. Le volume des Amours s’achève alors sur une dizaine de partitions musicales dont une seule, par exemple, permet d’exécuter « du luth et de la voix » plus de quatre-vingt-dix sonnets, signe manifeste du soin apporté au rythme par le poète. Quand il aura composé quelques-uns de ses plus beaux sonnets en l’honneur de Marie de Clèves, aimée d’Henri III et morte en 1574, les « Amours de Marie » seront placés, tout comme le Canzoniere de Pétrarque, sous le signe de l’amour et de la mort. Mais en 1573 avaient paru les Premières Poésies d’un jeune homme encore inconnu, Desportes, qui s’inspirait de Pétrarque, mais s’éloignait de l’érudition et se voulait facilement accessible. Il est fort probable que le succès qu’il rencontra incita Ronsard à composer de nouveau des vers dédiés à une femme, les Sonnets pour Hélène (1578). Heureuse rivalité! - Dans ce vaste ensemble, l’amour est étroitement lié à la poésie. La première rencontre de la femme est en fait celle d’une beauté considérée comme trop parfaite pour être accessible, qui donne corps à un désir d’union totale et absolue toujours recherchée, jamais atteinte; là est la source de l’amour impossible. Ronsard, qui n’a cessé de chercher dans la poésie la beauté et la perfection, jamais atteintes elles non plus, a vécu ces tourments de l’amour – peu nous importe en quelle compagnie – avec une intensité poétique qui crée les accents de la sincérité dont sont souvent dépourvus les recueils similaires de ses contemporains. - L’érotisme de Ronsard s’exprime aussi sous le voile d’une mythologie qui oublie l’érudition et ouvre la porte à des rêves d’amour. Les Hymnes (1555-1556). Ronsard connaissait bien les Hymnes de Callimaque, consacrés à la célébration des dieux, et ceux de Marulle, qui réunissaient poésie cosmique et méditations philosophiques. En 1555-1556, il publie à son tour un recueil d’Hymnes. Les uns célèbrent des divinités, d’autres, des éléments, d’autres, des entités morales ou philosophiques, d’autres, de grands personnages. Cette classification ne rend pas compte de la lecture, puisque chaque pièce est offerte à un personnage célèbre, dont l’éloge ouvre toujours le poème. Les derniers vers sont une sorte de prière qui clôt une célébration faite de récits ou de descriptions, où les mythes constituent la chair du poème. uploads/Litterature/ la-renaissance.pdf
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- Publié le Oct 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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