DU MÊME AUTEUR AUX M Ê M E S ÉDITIONS Gabriel Marcel et Karl Jaspers Philosophi
DU MÊME AUTEUR AUX M Ê M E S ÉDITIONS Gabriel Marcel et Karl Jaspers Philosophie du mystère et philosophie du paradoxe Karl Jaspers et la philosophie de l'existence en collaboration avec M. Dufrenne Histoire et vérité troisième édition augmentée de quelques textes De l'interprétation essai sur Freud Le Conflit des interprétations La Métaphore vive Temps et récit tome i Temps et récit tome m Le temps raconté CHEZ D*AUTRES ÉDITEURS Philosophie de la volonté I. Le volontaire et l'involontaire IL Finitude et culpabilité 1. Vhomme faillible 2. La symbolique du mal (Aubier) Idées directrices pour une phénoménologie d'Edmond Husserl Traduction et présentation (Gallimard) Quelques figures contemporaines Appendice à /'Histoire de la philosophie allemande, de E. Bréhier (Vrin) PAULRICŒUR TEMPS ET RÉCIT TOME II ÉDITIONS DU SEUIL 27, rue Jacob, Paris VIe ISBN 2-02-006372-7 (édition complète) ISBN 2-02-006963-6 (vol 11) © EDITIONS DU SFl II. NOVLMBRL 1984 La loi du lî mars 19^7 interdit les coptes ou reproductions destinées à une utilisation collective Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement de I auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 42S et suivants du Code pénal Avant-propos Le tome II de Temps et Récit ne demande aucune introduction particulière. Ce volume contient la troisième partie de Tunique ouvrage dont le programme se lit au début du tome I. En outre, cette troisième partie répond strictement par son thème, la configuration du temps dans le récit de fiction, à celui de la deuxième partie, la configuration du temps dans le récit historique La quatrième partie, qui constituera le troisième et dernier tome, rassemblera sous le titre du Temps raconté le triple témoignage que la phénoménologie, l'histoire et la fiction rendent en commun au pouvoir qu'a le récit, pris dans son ampleur indivise, de refigurer le temps. Ce bref avant-propos me donne l'occasion d'ajouter aux remercie ments qui figurent en tête du tome I de Temps et Récit l'expression de ma gratitude à l'égard de la direction du National Humanities Center, sis en Caroline du Nord. Je dois, dans une large mesure, aux conditions exceptionnelles de travail qu'il offre à ses fellows d'avoir pu conduire les recherches ici consignées. III LA CONFIGURATION DU TEMPS DANS LE RÉCIT DE FICTION Dans cette troisième partie, le modèle narratif placé sous le signe de mimèsis II * est mis à l'épreuve dans une nouvelle région du champ narratif que, pour la distinguer de celle du récit historique, je désigne du terme de récit de fiction. Relève de ce vaste sous-ensemble tout ce que la théorie des genres littéraires place sous la rubrique du conte populaire, de Tépopée, de la tragédie et de la comédie, du roman. Cette énumération est seulement indicative de la sorte de texte dont la structure temporelle sera prise en considération. Non seulement la liste de ces genres n'est pas close, mais leur dénomination provisoire ne nous lie à l'avance à aucune classification impérative des genres littéraires, et cela dans la mesure même où notre propos spécifique nous dispense de prendre position concernant les problèmes relatifs à la classification et à l'histoire des genres littéraires2. Nous nous rallierons, à cet égard, aux nomenclatures les plus communément admises, aussi souvent que l'état du problème le permet. En revanche, nous sommes tenus de rendre compte dès maintenant de la caractérisation de ce sous-ensemble narratif par le terme de récit de fiction. Fidèle à la convention de vocabulaire adopté pour le premier tome3, je donne au terme de fiction une extension moindre que celle adoptée par les nombreux auteurs qui le tiennent pour synonyme de configuration narrative. Cette identifica- 1. Cf. Temps et Récit, t I, chap. m, particulièrement p 87-101 2 T. Todorov définit Tune par rapport à l'autre les trois notions de littérature, de discours et de genre ; cf. « La notion de littérature », in les Genres du discourst Paris, Éd du Seuil, 1978, p. 13-26 Objectera-t-on que les œuvres singulières transgressent toute catégorisation ? Il reste que la « transgression, pour exister comme telle, a besoin d'une loi qui sera précisément transgressée » (« L'origine des genres », ibid , p 45) Cette loi consiste en une certaine codification de propriétés discursives préalables, à savoir en une institutionnalisation de certaines « transformations que subissent certains actes de parole pour produire un certain genre littéraire » (ibid, p. 54) Ainsi sont préservées, à la fois, la filiation entre les genres littéraires et le discours ordinaire, et l'autonomie de la littérature. On trouvera les premières analyses de la notion de genre littéraire proposée par Todorov dans son Introduction à la littérature fantastique, Pans, Éd. du Seuil, 1970 3 Cf. p. 101 11 LA CONFIGURATION DU TEMPS DANS LE RÉCIT DE FICTION tion entre configuration narrative et fiction n'est certes pas sans justification, dans la mesure où l'acte configurant est, comme nous l'avons nous-même soutenu, une opération de l'imagination produc trice, au sens kantien du terme. Je réserve toutefois le terme de fiction pour celles des créations littéraires qui ignorent l'ambition qu'a le récit historique de constituer un récit vrai. Si, en effet, nous tenons pour synonymes configuration et fiction, nous n'avons plus de terme dispo nible pour rendre compte d'un rapport différent entre les deux modes narratifs et la question de la vérité. Ce que le récit historique et le récit de fiction ont en commun, c'est de relever des mêmes opérations configurantes que nous avons placées sous le signe de mimèsis IL En revanche, ce qui les oppose ne concerne pas l'activité structurante investie dans les structures narratives en tant que telles, mais la prétention à la vérité par laquelle se définit la troisième relation mimétique. Il est bon que nous séjournions longuement au plan de ce qu'est, entre action et récit, la seconde relation mimétique. Des convergences et des divergences inattendues auront ainsi le loisir de se préciser concernant le destin de la configuration narrative dans les deux domaines du récit historique et du récit de fiction. Les quatre chapitres qui composent cette troisième partie constituent les étapes d'un unique itinéraire : il s'agit, en élargissant, en approfon dissant, en enrichissant, en ouvrant vers le dehors la notion de mise en intrigue reçue de la tradition aristotélicienne, de diversifier corrélative ment la notion de temporalité reçue de la tradition augustinienne, sans sortir néanmoins du cadre fixé par la notion de configuration narrative, donc sans transgresser les bornes de mimèsis IL 1. Élargir la notion de mise en intrigue, c'est d'abord attester la capacité qu'a le muthos aristotélicien de se métamorphoser sans perdre son identité. C'est à cette mutabilité de la mise en intrigue qu'il faut mesurer l'envergure de l'intelligence narrative. Plusieurs questions sont ici sous-entendues : a) Un genre narratif aussi nouveau que le roman moderne, par exemple, garde-t-il avec le muthos tragique, synonyme pour les Grecs de mise en intrigue, un lien de filiation tel qu'on puisse encore le placer sous le principe formel de discordance concordante par lequel nous avons caractérisé la configuration narrative ? b) A travers ses mutations, la mise en intrigue offre-t-elle une stabilité telle que l'on puisse la placer sous les paradigmes qui préservent le style de traditio- nalité de la fonction narrative, du moins dans l'aire culturelle de l'Occident ? ci A partir de quel seuil critique les déviations les plus 12 LA CONFIGURATION DU TEMPS DANS LE RÉCIT DE FICTION extrêmes par rapport à ce style de traditionalité imposent-elles l'hypo thèse, non seulement d'un schisme par rapport à la tradition narrative, mais d'une mort de la fonction narrative elle-même ? Dans cette première enquête, la question du temps n'est encore engagée que marginalement, par l'entremise des concepts de novation, de stabilité, de déclin à travers lesquels nous essayons de caractériser Y identité de la fonction narrative, sans céder à aucun essentialisme. 2. Approfondir la notion de mise en intrigue, c'est confronter l'intelligence narrative, forgée par la fréquentation des récits transmis par notre culture, avec la rationalité mise en œuvre de nos jours par la narratologie 1 et, singulièrement, la sémiotique narrative caractéristique de l'approche structurale. La querelle de priorité entre intelligence narrative et rationalité sémiotique, que nous serons amené à arbitrer, offre une parenté évidente avec la discussion suscitée dans notre seconde partie par l'épistémologie de l'historiographie contemporaine. C'est, en effet, au même niveau de rationalité que peuvent être assignés l'explication nomologique, que certains théoriciens de l'histoire ont prétendu substituer à l'art naïf du récit, et le discernement, en sémiotique narrative, de structures profondes du récit, au regard desquelles les règles de mise en intrigue ne constitueraient plus que des structures de surface. La question se pose de savoir si nous pouvons apporter à ce conflit de priorité la même réponse que dans le débat semblable concernant l'histoire, à savoir qu'expliquer plus, c'est com prendre mieux. La question du temps est une deuxième fois engagée, mais d'une manière moins périphérique que plus haut : dans la mesure où la sémiotique narrative réussit à conférer uploads/Litterature/ temps-et-recit-la-configuration-dans-le-recit-de-fiction-tome-ii-by-paul-ricoeur.pdf
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- Publié le Jul 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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