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HISTOIRE m: .A MAGU DU MONDE SURNATUREL ET DE LA FATALITÉ A TRAVERS LES TEMPS ET LES PEUPLES pA P. CHRISTIAN 4'(CIENHIBI.IOTHEC4IRX *I vmSTERE UE 1 nSTHI ' TiO«I PI BMQL F. HT l'ES Cl I.TE« PARIS I I I! NK, JOIVKT KT (Ve. KDITKl'KS «5. Ht f. SAINT-ANDli-DtS-AlTI, t 5 Tous droits r'*s*rvés. I s ÉCRIVANT UltS MYSTÈRES 54770 AUG 23 1900 6ii PREAMBULE La Magie, ou plutôt le Magisme, si l'on daigne remonter à ses sources antiques, ne peut plus se confondre avec les super stitions qui calomnient sa mémoire. C'est la première doctrine religieuse, morale et politique de l'humanité. Son nom vulgaire vient du grec MAroi (Mage) et MArEIA (Ma gie), altération des termes Mog, Megh, Magh, qui, en pehlvi et en zend, langues du vieil Orient, signifient prêtre, sage, excellent, d'où dérive le mot chaldéen Maghdim, équivalent de haute sagesse ou philosophie sacrée (1). La simple étymologie révèle donc que la Magie était l'ensemble des connaissances possédées autrefois par ces Mages ou philosophes de l'Inde, de la Perse, dela Chaldée, de l'Egypte, qui furent les prêtres de la nature, les pères de toute science, et les créateurs de civilisations gigan tesques dont les ruines portent encore, sans fléchir, le poids de soixante siècles. Considérée sous ce point de vue, la Magie est la préface de l'Histoire universelle. Comme tout ce qui touche aux origines des sociétés, elle présente un côté merveilleux, dont l'étude avait passionné les plus nobles esprits d'Athènes et de Rome, avant d'être défigurée et flétrie par la corruption des temps césariens. Ses Mystères, devant lesquels s'inclinent Platon, Plutarque, Cicéron, Virgile, Tacite, et dont les derniers hiérophantes apportèrent au berceau de Jésus trois hommages symboliques, ne peuvent nous être indifférents. Leur côté doctrinal est un reflet de Dieu même sur la pensée humaine. Leur côté merveilleux embrasse l'in- (I) Porphyr., De Abstin., IV, IP. — .Elian., Var. HMor., H, 17. — Anquetil- Duperron, le Zend-Avesta, II, p. 555. — Alf. Maury, de l'Institut, Magie et Astro logie, ch. n, p. 30. (Paris, 186U.) a VI PREAMBULE. fini, contemplé des hauteurs de l'âme, dans l'aurore du génie des nations. C'est une intuition des splendeurs ultramondaines vers lesquelles nous attire sans cesse, comme un aimant divin, malgré nos défaillances et nos chutes, l'immortelle conscience d'un éternel avenir. Une telle étude ouvre, çà et là, d'immenses profondeurs où la raison se perd dans les éblouissements de l'extase. Nous n'irons point tenter le vol d'Icare au-dessus de ces abîmes. La Magie active et pratique va nous livrer, sans quitter la terre, les secrets de la puissance qu'elle a si longtemps exercée parmi les hommes, surtout par le prestige des arts divinatoires, des oracles, et de la presque infaillible Astrologie. Ce livre est le fruit des recherches qui m'ont souvent charmé, et j'espère qu'il obtiendra du public la bienveillance qui s'atta che, depuis trente ans, à tout ce que j'écris. Quelques esprits distingués élèvent en ce moment, par l'union de la fortune, de l'intelligence et des arts, un monument triomphal aux inven tions modernes (I). Je viens bâtir dans son ombre une humble cabane, avec quelques pierres du passé. L'admiration ira tout droit au monument; mais, au retour, elle ne méprisera point la cabane. Il y a, en effet, dans toute vie, certaines heures où l'âme se recueille, hors des bruits de la terre, pour se demander d'où elle vient et où elle va. L'attrait des choses cachées, qui sourit à tous les âges ; l'espérance, la crainte, l'ambition, l'amour, le regret, la douleur, spectres voilés du Destin, qui se dressent, tour à tour, au seuil de chaque journée ; en un mot, tout ce qui effleure ou fait vibrer l'imagination et le cœur, évoque au tour de nous les mirages d'un monde surnaturel où nous cher chons instinctivement lumière, assistance ou refuge. Les re ligions le décrivent sous des formes différentes, et l'emplissent de merveilles, selon le caractère des pays, des époques et des races; mais sa réalité absolue nous échappe, comme l'essence de Dieu même, derrière l'ombre épaisse dont se revêtent les dogmes. Cette patrie inconnue, d'où descendent et où remon- (l) Les Merveilles ele la science, description populaire des découvertes modernes par Louis Figuier, 4 vol. in-V (Paris, 1866-I870, Furne, Jouvet et O, éditeurs. PRÉAMBULE. VII tent nos rêves, a-t-clle une existence? Il suffit, ce me semble, d'ouvrir les yeux, pour n'oser le nier. L'astronomie, sublime voyageuse qui, de jour en jour, s'avance plus loin dans les cieux, constate sans cesse que l'immensité de l'espace, peuplée d'innombrables merveilles, ne contient rien d'invisible que proportionnellement à nos moyens de vision. Centuplons, tôt ou tard, les puissances de l'optique, et nous commencerons à lire l'histoire de Dieu, Bible vivante dont chaque étoile est une lettre, chaque constellation une phrase, chaque phénomène une page, chaque cycle solaire un volume. Nous verrons la vie se mouvoir dans ces orbes étincelants qui fleuronnent le dia dème de l'Eternité, et nous trouverons peut-être un secret pour communiquer avec eux. Mais ces astres sont-ils trônes ou foyers d'intelligences supé rieures à notre nature?... Existe-t-il, entre ces créations et nous, certains liens providentiels?... En d'autres termes, les êtres qui les habitent, ou quelques-uns de ces êtres, peuvent-ils exercer sur le présent et l'avenir de l'homme une influence quelconque, tutélaire ou dangereuse, et attestée par l'expé rience?... Et, si les faits surabondent au profit d'une telle affirmation, leur témoignage repose-t-il sur de suffisantes autorités?... Ce problème n'est pas sans gravité, ni sans grandeur. De quelque manière qu'il se résolve, la majesté du Tout-Puissant n'en sera point amoindrie. Je n'aperçois rien de contraire à la plus saine logique dans la supposition que les lois de l'ordre universel sont appliquées, autour de nous et en nous, comme le croyaient les Mages, par des ministres plus ou moins nom breux et diversement actifs, de la Sagesse absolue. Il serait, sans doute, intéressant pour l'Humanité de porter enfin, avec certitude, un jugement définitif sur la valeur des traditions transmises, à cet égard, par les croyances de la plus haute antiquité. Je n'ai pas craint de m'aventurer dans ce labyrinthe où il est si facile de s'égarer dès les premiers pas. Nous avancerons avec prudence. Je citerai soigneusement les sources lointaines où j'ai puisé, tous les débris, confondus aujourd'hui, de l'an VIII PREAMBULE. tiquité savante et du moyen âge éruJit. Je raconte sans parti pris, laissant pleine carrière à la libre appréciation des lec teurs. Les uns verront ici une science dont ils voudront peut- être agrandir la perspective : je leur indique la route. D'autres ne chercheront qu'un amusement, et je n'ai pas la prétention de leur offrir davantage. Toutefois, aux graves penseurs qui creusent le fond de toutes choses, comme aux esprits moins sérieux qui s'arrêtent aux surfaces, je demande une attention quelque peu soutenue, pour qu'ils ne laissent point échapper le fil d'Ariane à travers les méandres de l'Astrologie et les sen tiers entre-croisés sur lesquels se joue la Fortune, dans le mou vement perpétuel de l'Horoscope. Ressusciter l'antique Horoscope, aux approches du ving tième siècle moderne, c'est peut-être une grande témérité ; mais elle trouve sa justification dans la doctrine même des Mages. « Heureux, » disait Hermès-Thoth, « heureux qui sait lire les signes des temps : celui-là peut éviter beaucoup d'in fortune, ou du moins se préparer à en amortir le choc. » L'art mystérieux des prêtres d'Isis n'admettait point une aveugle fa talité, mais, en face des épreuves si diverses dont se compose toute vie, il armait l'homme d'une efficace volonté pour com battre et vaincre, ou d'une sage résignation pour souffrir. L'histoire de tous les temps est pleine d'incontestables prédic tions. Si ce n'est point assez pour commander la foi, c'est trop pour nous permettre un orgueilleux dédain. Quelles que soient d'ailleurs les protestations des esprits forts, la vraie, la haute iMagie, devant laquelle s'inclinèrent tous les trônes de l'ancien monde, ne cessera de posséder, au-dessus des révolutions hu maines, le plus vaste et le seul impérissable empire, celui de la curiosité. P. CHRISTIAN. HISTOIRE DE LA MAGIE LIVRE PREMIER LES PORTES DU MONDE SURNATUREL I J'achevais, en 1839, avec Charles Nodier, de l'Académie française, un livre consacré aux souvenirs du vieux Paris (1), ce trône de tant de grands hommes et d'une si haute histoire, qui s'émiette aujourd'hui, pierre à pierre, sous le marteau des démolisseurs, et dont il ne restera bientôt qu'une légende. Profond penseur, merveilleux antiquaire, Charles Nodier n'avait pas seulement l'amour des livres, il en élevait le respect à la hauteur d'une religion. Le mot n'est point risqué. Si l'é glise est la maison de Dieu, la librairie est le temple de l'esprit humain, le tabernacle du Verbe écrit. C'est le reliquaire des penseurs qui, de siècle en siècle, ont agrandi le monde ; c'est l'armoriai d'une noblesse qui a l'infini pour ancêtre et pour postérité. (I) Paris historique, 3 vol. gr. in-8, avec 202 planches sur papier de Chine (Paris, 1839, F. -G. Levrault, imprimeur du roi). Cc't ouvrage, depuis longtemps e'.puisé, se trouve à la Bibliothèque uploads/Litterature/ 1870-pitois-histoire-de-la-magie.pdf
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- Publié le Fev 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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