JOHN NORMAN LE TARNIER DE GOR Traduit de L'américain par Arlette Rosenblum Titr

JOHN NORMAN LE TARNIER DE GOR Traduit de L'américain par Arlette Rosenblum Titre original: Tarnsman of Gor Ballantine Books, a division of Random House, Inc. © John Norman, 1966 Pour la traduction française: Éditions J'ai lu, 1992 Traduction révisée 1 UNE POIGNÉE DE TERRE Je m'appelle Tarl Cabot. Mon nom de famille passe pour venir du patronyme italien Caboto, raccourci au xve siècle. Cependant, que je sache, je n'ai aucun lien avec l'explorateur vénitien qui porta la bannière de Henry VII dans le Nouveau Monde. Cette parenté semble improbable pour bon nombre de raisons, parmi lesquelles le fait que les gens de ma famille étaient de simples commerçants de Bristol, au teint clair et couronnés d'un flamboiement de cheveux du roux le plus agressif. Néanmoins, ces coïncidences -même si elles ne sont que géographiques - ont laissé leur marque dans les traditions familiales : notre petite revanche sur les registres et l'arithmétique d'une existence mesurée en pièces de draps vendues. J'aime à penser qu'il y avait peut-être un Cabot à Bristol, un des nôtres, pour regarder notre homonyme italien lever l'ancre à l'aube du 2 mai 1497. Peut-être mon prénom a-t-il attiré votre attention. Je vous assure qu'il m'a causé tout autant de difficultés qu'à vous- mêmes, particulièrement pendant mes premières années d'école, où il a provoqué presque autant de joutes d'endurance physique que mes cheveux roux. Disons simplement que ce n'est pas un prénom courant - pas courant dans notre monde, du moins. Il m'a été donné par mon père quand j'étais tout jeune. Je l'ai cru mort jusqu'au moment où j'ai reçu sont étrange message, plus de vingt ans après sa disparition. Ma mère, dont il demandait des nouvelles, est morte quand j'avais environ six ans, vers l'époque où j'ai commencé à aller à l'école. Les détails biographiques étant fastidieux, je me contenterai d'expliquer que j'étais un garçon intelligent, assez grand pour mon âges et que je fus élevé d'une façon digne d'éloges par une tante qui me donna tout ce dont un enfant peut avoir besoin, à part peut être un peu de tendresse. Fait assez etonnant, je réussis l'examen d'entrée à l'université d'Oxford, que je ne veux pas mettre dans l'embarras en introduisant son nom un peu trop vénéré dans ce récit. J'ai obtenu mon diplôme de fin d'études tout à fait honorablement, m ais sans jamas avoir ébloui personne : ni moi ni, à plus forte raison, mes professeurs. Comme un grand nombre de jeunes gens, je me retrouvai assez instruit, capable d'analyser une phrase ou deux en grec et suffisamment au courant des abstractions de la philosophie et de l'économie pour savoir que j'avais peu de chances de pouvoir évoluer dans le monde avec lequel elles prétendaient avoir quelque obscur rapport. Toutefois, je n'étais pas résigné à finir mes jours parmi les rayons du magasin de ma tante, entre la toile et les rubans; c'est ainsi que je me suis lancé dans une folle aventure qui, tout bien considéré, n'étais pas finalement aussi folle qu'elle le paraissait de prime abord. Etant cultivé et d'esprit assez vif, connaissant suffisement d'histoire pour distinguer la Renaissance de la Révolution Industrielle, j'ai sollicité de plusieurs petites universités américaines un poste pour enseigner l'Histoire – L'Histoire anglaise évidemment. Je me prétendais légérement plus calé en la matière que je ne l'étais réellement; elles me croyaient et mes professeurs qui étaient de braves gens, avaient la gentillesse de ne pas leur enlever cette illusion dans leurs lettres de recommandation. Je crois que mes maîtres se sont beaucoups amusés de cette situation, même si, bien sûr, ils ne m'ont jamais informé officiellement qu'ils en avaient compris l'ironie. C'était la Guerre d'Indépendance qui recommençait. L'une des universités que j'avais contactées – qui était peut-être un peu moins clairvoyante que les autres – une petite université qui enseignait aux garçons les arts libéraux dans le New Hampshire, entama des pourparlers et je reçus bientôt ce qui devait être mon premier et, je suppose, mon dernier emploi dans le monde universitaire. Je présumais que la vérité éclaterait un jour mais, pour le moment, j'avais mon billet payé à destination de l'Amérique et une situation pour au moins un an. Ce résultat me parut agréable encore que déconcertant. Je soupçonnais que l'on m'avait donné le poste parce que je serais là-bas res exotica, et cela me turlupinait, j'en conviens. Je n'avais effectivement rien publié et je suis certain qu'il devait y avoir plusieurs candidats d'universités américaines dont les références et les capacités surclassaient de beaucoup les miennes, sauf en ce qui concerne l'accent britannique désiré. Bien sûr, je serais régulièrement invité à des thés, cocktails et diners. L'Amérique me plut beaucoup, bien que j'aie travaillé d'arrache-pied tout le premier semestre à lire et à compiler, sans la moindre vergogne, de nombreux textes, m'efforçant dans la mesure du possible d'engranger dans ma mémoire suffisamment d'Histoire d'Angleterre pour précéder mes étudiants d'au moins un ou deux règnes. Je découvris, à ma grande consternation, qu'être anglais ne fait pas automatiquement de vous une autorité en matière d'Histoire anglaise. Heureusement, mon directeur d'études, un sympathique bonhomme à lunettes dont la spécialité était l'Histoire économique américaine, en savait encore moins que moi ou, en tout cas, eut le tact de me le laisser croire. Les vacances de Noël me furent d'un grand secours. Je comptais particulièrement sur le temps qui sépare les semestres pour me mettre à jour ou, mieux, pour augmenter mon avance sur mes étudiants. Mais après les devoirs, les compositions et le classement du premier semestre, je fus saisi par le désir irrésistible de plaquer l'Empire Britannique et de partir pour une longue, longue promenade - en fait, une randonnée donnée de camping dans les proches Montagnes Blanches. J'empruntai donc du matériel, principalement un sac à dos et un sac de couchage, à un des quelques collègues avec qui je m'étais lié à l'université - un chargé de cours, lui aussi, mais dans la branche décriée de l'Éducation Physique. Nous avions parfois fait de l'escrime ensemble et de rares promenades. Je me demande quelquefois s'il s'interroge sur le sort de son matériel de camping ou sur celui de Tarl Cabot. L'Administration, elle, n'y a sûrement pas manqué, et elle a dû être furieuse d'avoir à remplacer un professeur en cours d'année, car on n'a jamais plus entendu parler de Tarl Cabot sur le campus de cette université. Mon ami de la section Éducation Physique me conduisit dans les montagnes et m'y abandonna au bout de quelques kilomètres. Nous convînmes de nous retrouver trois jours plus tard au même endroit. Mon premier soin fut de me repérer avec ma boussole, comme si j'y connaissais quelque chose, puis je me mis en devoir de laisser la grande route derrière moi. Plus vite que je ne l'aurais cru, je me retrouvai seul dans les bois, en train de grimper. Bristol, comme vous le savez, est une zone très urbanisée et je n'étais pas bien préparé à ma première rencontre avec la nature. L'université était quelque peu campagnarde, mais représentait néanmoins un des postes... avancés, disons, de la civilisation matérielle. Je n'avais pas peur, étant persuadé qu'en marchant toujours dans la même direction je finirais par aboutir à une grande route ou à un cours d'eau quelconque, et qu'il était impossible de se perdre - ou, en tout cas, de rester perdu longtemps. J'éprouvai surtout le ravissement d'être seul avec moi-même au milieu des grands pins et des plaques de neige. J'avançai péniblement pendant près de deux heures avant de succomber au poids du sac à dos. Je mangeai un repas froid et me remis en route, m'enfonçant toujours plus avant dans les montagnes. J'étais content de m'être exercé régulièrement à faire deux ou trois fois le tour du stade à l'université. Ce soir-là, je laissai choir mon sac près d'une plate-forme rocheuse et commençai à ramasser du bois pour faire du feu. Je m'étais un peu éloigné de mon campement de fortune quand je m'arrêtai, surpris. Quelque chose luisait dans l'obscurité, par terre, à ma gauche. D'une clarté stable, bleuâtre. Je posai le bois que j'avais ramassé et approchai de l'objet, plus curieux qu'autre chose. Cela ressemblait à une enveloppe métallique rectangulaire plutôt mince, à peine plus grande que les enveloppes habituellement utilisées pour la correspondance. Je la touchai, elle semblait brûlante. Mes cheveux se hérissèrent sur ma nuque, mes yeux s'écarquillèrent. Je lus, dans une écriture anglaise assez archaïque, les deux mots inscrits sur cette enveloppe : mon nom, Tarl Cabot. C'était une farce. Mon ami s'était arrangé pour me suivre, il devait se cacher quelque part dans l'obscurité. Je l'appelai en riant. Pas de réponse. Je courus çà et là un moment dans le bois, secouant les buissons, faisant tomber la neige des basses branches des pins. Puis je marchai plus lentement, avec plus de précaution, en silence. Je le trouverais ! Un quart d'heure s'était écoulé et je commençais à avoir froid, à être furieux. Je l'appelai avec colère. J'élargis le champ de mes recherches, en gardant uploads/Litterature/ tome-1-tarnier-de-gor-john-norman.pdf

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