1 Traduction et interprétariat/ 3 L /S1 /G. 4et 5 / 2021 Enseignante : Mahdia E

1 Traduction et interprétariat/ 3 L /S1 /G. 4et 5 / 2021 Enseignante : Mahdia El Khalifa TRADUCTION ET INTERPÉTATION Traduction et interprétation vs interprétariat Définitions 1- Interprétation et /ou Interprétariat (Interpretation and/or Interpreting) Le terme interprétation existe depuis longtemps en français à en croire le Petit Robert qui fait remonter sa première apparition à l’an 1160 et le définit ainsi : « action d’expliquer, de donner une explication claire à une chose obscure ». Entre l’interprétation et l’interprétariat la différence est évidente car il s’agit bien là de deux procédés qui, même découlant l’un de l’autre, ne peuvent signifier la même chose. a) L’interprétation est l’activité pratiquée par l’interprète de conférence (profession relativement récente) qui en fait une profession ou l’interprète de livres (littéraires le plus souvent) qui l’exerce dans la continuité de son métier de traducteur ou de son métier d’analyste au cœur de la pratique critique qui lui incombe et dont les spécialités de 2 sémioticien, stylisticien, poéticien, narratologue, herméneuticien, et j’en passe, diversifient le sens de l’étude et non la portée. b) L’interprétariat, : terme masculin, reconnu par la langue française comme étant un barbarisme, est la fonction ou la carrière de l’interprète. 2- La traduction (dont le synonyme le plus proche est l’interprétation) est une pratique que les hommes ont exercée depuis des millénaires. Activité intellectuelle multiséculaire donc, elle est dite : adaptation, calque, interprétation, conversion, correspondance, équivalence, imitation, modulation, recréation, réexpression, transposition, etc. Cela qui fera dire à Jules Vernes, considérant sa complexité et la diversité de ses sens, qu’elle est une « hydre à cent mille têtes ». 3 Thème et version Un « thème » est un exercice qui consiste à traduire dans une langue étrangère un texte proposé dans la langue maternelle du traducteur, et la version en est l’opposé, c’est-à-dire, traduire, dans la langue maternelle du traducteur, un texte écrit dans une langue étrangère. Le « thème » demande la compréhension du sens du texte fourni et sa restitution dans une autre langue. Cet exercice de la compréhension et de la restitution ne pose généralement pas de problèmes aux professionnels compétents en traduction, mais il peut toutefois être une source d’erreurs pour les non spécialistes si le texte de départ (TD) est écrit dans une langue comportant des archaïsmes ou des mots inconnus. De ce fait, c’est généralement la traduction du texte vers la langue d’arrivée (TA) qui est l’épreuve principale dans ce processus du thème où le traducteur doit s’appliquer à produire une traduction autant cohérente que précise dans une langue qu’il maitrise souvent moins bien que sa langue maternelle. Il est donc demandé au traducteur de la langue de départ (LD), en restant toujours ici dans l’exercice du thème, d’assimiler en détail la grammaire de la langue d’arrivée (LA) afin de pouvoir composer correctement des phrases complexes et articuler de la manière la plus adéquate son style, pour atteindre celui du texte de départ. Dans l’exercice appelé « version », le traducteur doit maitriser à la fois la langue qu’il traduit et sa propre langue afin de restituer le sens du texte traduit dans sa langue maternelle. Et là, contrairement au « thème », dont la langue et la culture de départ sont supposées être bien maitrisées, il ne s’agit pas uniquement dans l’exercice de version de comprendre le texte étranger à travers la connaissance technique de sa langue mais aussi à travers une bonne si ce n’est une très bonne connaissance de sa culture. Une bonne version repose donc sur trois bases prioritaires : - La connaissance technique d’une langue étrangère - La culture générale nécessaire à la compréhension du texte (reconnaître les allusions faites dans le texte à des évènements de civilisation particuliers, par exemple) 4 - La maitrise écrite de la langue maternelle La « version » se situe à la croisée de plusieurs champs de réflexion ; son but est de former à une approche contrastive de la langue, entre autres. Et la clé de sa réussite réside dans la mobilisation entière des connaissances linguistiques : les règles de la grammaire de la phrase (syntaxe et orthographe grammaticale), les relations qu’entretiennent les unités de lexique entre elles (synonymie, antonymie, isotopie, polysémie, inclusion, apposition, homonymie, homophonie, analogie…), etc. Comment travailler un thème ou une version ? - Il importe en premier lieu de délimiter le champ linguistique dans lequel s’effectuera tel ou tel exercice. Il est donc obligatoire de bien lire le texte- source (surtout s’il s’agit d’une version) pour déterminer son niveau de langue (soutenu, familier ou technique), son genre (poésie, roman, théâtre, essai, etc.), son type (descriptif, narratif, expositif, argumentatif ou instructif), etc. - Bien examiner les indices permettant une compréhension optimale du texte à savoir : • Suppression dans le texte de départ de mots par omission ; tout oubli est pénalisant même une virgule, mais surtout une virgule. On n’allège pas une traduction en amputant le texte de départ d’une partie de ses mots, on la complique. • Sous-traduire un texte, c’est –à-dire supprimer volontairement (ou involontairement) certaines unités de sens afin d’alléger le texte, appauvrit systématiquement ce dernier. • Dans ce même ordre d’idées, sur-traduire, c’est-à-dire vouloir embellir excessivement le texte proposé à la traduction en lui rajoutant des unités de sens injustifiées, compte aussi comme faute. - Eviter l’emploi exagéré du « mot à mot » dans un texte prompt à recevoir la richesse polysémique qui lui sied. 5 • En cas de jeu de mots, rarement traduisible, il faut laisser le contexte déterminer la technique à adopter. On peut l’abandonner si cela ne cause aucun préjudice au sens du texte, ou recourir à une note explicative. • Les références culturelles demandent également une manipulation prudente. Lorsqu’il n’existe pas de terme équivalent dans la langue d’arrivée, il faut conserver le mot ou l’expression d’origine et recourir, pour sa signification, à une note de bas de page1 ou insérer entre parenthèses une explication dans le corps même du texte traduit. - Dans un thème, un texte à priori en arabe (langue maternelle) ne posera pas le problème de la ponctuation occidentale. La véritable ponctuation en arabe est celle que traduisent en réalité les particules temporelles et/ou causales : وـ ف- لــ ـ حتى ـ ثم C’est de la seule analyse de ces particules que dépendra l’ossature du texte traduit en français (par exemple) : • fa (( )فsuccession temporelle – rupture syntaxique devant un verbe dont change le sujet – causalité simple). • wa (( )وsimple coordination – introduction d’un verbe d’état – fin d’une énumération. - Pour ce qui est de la ponctuation en points et virgules, elle n’a fait irruption dans les textes arabes qu’au 19 e siècle (contrairement à la langue française où les règles en matière de ponctuation sont fixées depuis au moins le 16ème siècle). La production littéraire classique dans son état de document originel d’avant le siècle désigné reste non ponctuée, sauf ce qui a été modernisé ou réécrit. La production littéraire arabe moderne (depuis le 19 e) ponctue, mais à travers ses propres règles : • Le point et la virgule occupent souvent la même fonction. • Le point-virgule est rarement employé. • Les points de suspension ne sont pas en général au nombre de trois mais de deux ou de quatre. 1 Dans La Dame de Pique suivi de La fille du Capitaine, écrit par Alexandre Pouchkine, nous lisons, dans la version française, ce mot du traducteur du russe, Prosper Mérimée : « Les mots ou expressions en italique et suivis d’un astérisque sont en français dans le texte ». Editions La symphonie, Beirut, Liban, 2012, p.8. 6 L’importance de l’étude de la traduction et du travail du traducteur La traduction est une pratique que les hommes ont exercée depuis des millénaires. Connaître son histoire contribue, entre autres, à mieux comprendre la nature profonde du travail du traducteur, lequel, à notre avis, n’est pas un simple amateur des langues qui, pour passer un message d’une langue à une autre, fait appel à son flair. Selon Lieven D’Hulst, l’étude de l’histoire de la traduction présente au moins cinq avantages en traductologie : 1- Elle « constitue une excellente voie d’accès à [cette] discipline » en renseignant le lecteur sur les anciens maîtres de la traduction, sur leurs façons d’y procéder, sur leurs outils du traitement du texte ainsi que sur la raison de leurs choix d’auteurs car, cela même « est en soi un geste chargé de sens ». 2- Elle « procure au chercheur la flexibilité intellectuelle nécessaire afin qu’il puisse adapter ses idées à de nouvelles manières de penser ». Car, penser « l’Autre » à travers sa langue (la langue du traducteur ou celle du texte étranger traduit) n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. 3- Elle « incite à une plus grande tolérance à l’endroit de manières déviantes de poser les problèmes de traduction ». C’est -à- dire que cette histoire ne nous met pas devant une seule école à admirer, mais en face d’un nombre impressionnant d’exemples d’écoles, uploads/Litterature/ traduction-et-interpretation.pdf

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