THEORIES LINGUISTIQUES DU TEXTE PROTOTYPES DE SEQUENCES TEXTUELLES « Mon hypoth
THEORIES LINGUISTIQUES DU TEXTE PROTOTYPES DE SEQUENCES TEXTUELLES « Mon hypothèse est la suivante : les ‘types relativement stables d’énoncés’ et les régularités compositionnelles dont parle Bakhtine sont à la base, en fait, des régularités séquentielles. Les séquences élémentaires semblent se réduire à quelques types élémentaires d’articulation des propositions. Dans l’état actuel de la réflexion, il me paraît nécessaire de retenir les séquences prototypiques suivantes : narrative, descriptive, argumentative, explicative et dialogale. » (Adam, 1992 : 30) Comme il existe très peu de textes composés d’un type unique de séquence et que l’immense majorité de textes combinent deux et plusieurs types de séquences (par ex. narrative et descriptive, narrative et dialogale, argumentative et descriptive, argumentative et narrative (où la séquence narrative peut introduire ce qu’on appelle un exemplum narratif, c’es-à-dire un petit récit en guise d’illustration pour étayer l’argument), il est possible de résumer les différences de leur rapports dans le texte en deux cas de figure : 1. L’insertion de l’une des séquences hétérogènes dans l’autre, par exemple [séq. narrative [séq. descriptive] séq. narrative]; 2. Le mélange des types avec la domination d’un type séquentiel (« dominante ») dans le texte sur les autres. Dans les deux cas, il faut prendre en compte « le marquage des zones frontières », c’est-à-dire les signes de démarcation entre les séquences (une fois pour l’introduction d’une séquence narrative ; c’est pourquoi pour une séquence explicative ; par exemple pour une séquence argumentative, en disant pour introduire une séquence dialogale, de même que l’incise du type dit-il etc.). LA SEQUENCE NARRATIVE Tout comme pour tout autre type de séquence textuelle, « [...] il semble exister un schéma prototypique de la séquence prototypique narrative qui permet de distinguer cette dernière d’une séquence descriptive, argumentative ou autre. » (Adam, 1992 : 31) Une proposition narrative ? Est-il possible de définir une seule proposition ou phrase comme narrative ou descriptive ou dialogale, etc. ? La marquise sortit à cinq heures. La marquise sortait à cinq heures. (description) La marquise sortira à cinq heures. (réponse dans un dialogue ; « futur historique » ?) 1 La marquise sort à cinq heures. (présent narratif ou présent d’habitude ?) Adam cite l’avis de Combe (1989 : 160) sur la possibilité de réduire la typologie des séquences en typologie des énoncés/proposition (Adam, 37) : « Dans l’énoncé narratif de base, le thème devra être une personne, un être animé, ou une chose définie anthropologiquement grâce à une figure de rhétorique (métaphore, personnification, allégorisation...). Quant au prédicat, il signifiera l’idée d’action (« sortir »), de changement d’état, de transformation, ou plus généralement d’événement [...] » Mentionnons aussi, dans le noyau des propriétés d’une proposition/énoncé narratif, la modalité assertive affirmative, la neutralité modale et la distanciation référentielle (point R et non pas S), etc. Le verbe seul en tant que tel ne contribue pas à la narrativité d’un énoncé, mais un contenu spécifiant du prédicat verbal. Pour comprendre la nature sémantique des prédicats verbaux caractérisant les textes narratifs, considérons l’opposition entre les prédicats spécifiants (événementiels, internes) et non spécifiants (nomiques, internes) qu’introduit G. Kleiber (»Relatives spécifiantes et relatives non spécifiantes«, Le Français moderne, vol. 49, n°3, 1981, pp. 216-233). Selon cette opposition, les événements désignés par les prédicats spécifiants «peuvent être localisés indépendamment de la localisation de l’individu particulier, parce que leur sens implique des points de référence spatio-temporels » (p. 219, 220), tels Il est arrivé à Brest. Pierre a cassé mon vase. Je cueille les cerises (sur mon cerisier). Il pleut. Ces prédicats sont donc externes, car leurs occurrences représentent des phénomènes observables. C’est pourquoi, dans la phrase Il arrive un train, l’entité non déterminée un train s’appuie dans sa référence à l’événement-phénomène perceptible de il arrive. L’implication du fait est qu’un prédicat spécifiant dans la relative peut primer sur l’entité désignée par l’antécédent : un train qui est arrivé. Ces prédicats spécifiants caractérisent les textes narratifs. Par contre, les prédicats non spécifiants « n’impliquent aucun point de référence spatio-temporel », raison pourquoi ils sont internes à l’entité-actant dont la référence est assurée : Elle est malade. Il détestait l’hiver. Le manteau est rouge. Je crois qu’il ment. L’interprétation du prédicat interne dépend de l’entité désignée par le sujet, alors qu’un prédicat spécifique réfère à une situation qui dépasse l’entité désignée par le sujet Typiquement, les prédicats spécifiants caractérisent la narration ou la description, et les non spécifiants, la description. En plus, « Si le passé simple est, comme le note un très célèbre article de Roland Barthes, la ‘pierre d’angle du récit’, l’usage de ce tiroir verbo-temporel ne transforme pas pour autant une proposition isolée comme [La marquise sortit à cinq heures ] en un récit complet. » (41) Pour Adam, « les critères grammaticaux ne permettent pas, de façon absolue, de la définir [c’est-à-dire la proposition] typologiquement. Il est impossible de négliger ici les relations 2 constantes entre dimension locale – microstructurelle – et globale – séquentielle – des faits de langue. Une proposition donnée n’est définissable comme narrative ou descriptive ou autre qu’à la double lumière de ses caractéristiques grammaticales et de son insertion dans un contexte, dans une suite de propositions que l’interprétant relie entre elles. » (39) Autrement dit, les faits syntaxiques qui dominent dans une proposition ne suffisent pas pour conditionner l’interprétation textuelle. La typologie textuelle exige la considération des faits transphrastiques. C’est que, pour chaque proposition énoncée, il faut distinguer plusieurs plans ou aspects : L’aspect référentiel , qui correspond au sens de base de l’énoncé, la réalité du monde à laquelle il réfère, considère tout texte comme représentation du monde. Searle le nomme « contenu descriptif », et Bally, « dictum ». C’est donc la base de la signification qui est constituée de la prédication même : « attribution de propriétés à un individu ». Adam cite l’avis de R. Martin (Langage et croyance, 1987 : 57) pour qui la référence est «une image mentale que le récepteur se fait de la réalité telle qu’elle lui est offerte par le texte ». L’aspect énonciatif prend en compte la position et le rôle du locuteur (ou énonciateur). Certains marqueurs dans une proposition ou texte montrent si le locuteur prend en charge le dictum ou non. Cet aspect concerne aussi le concept de force illocutoire, l’intention du locuteur. L’aspect énonciatif additionne une composante pragmatique au contenu complexe de toute unité de texte. L’aspect textuel concerne la relation d’une proposition énoncée avec son entourage contextuel, avec les autres propositions énoncées dans le texte. C’est pourquoi Adam propose une « définition textuelle de la proposition : unité liée selon le double mouvement complémentaire de la connexité (succession linéaire de propositions) et de la séquentialité (structure hiérarchique de propositions). » (41) Cette décomposition d’une proposition énoncée, d’une unité minimale du texte, correspond à la pensée suivante de Bakhtine : « La proposition est élément signifiant de l’énoncé dans son tout et acquiert son sens définitif seulement dans ce tout. » (Esthétique de la création verbale, 1984 : 290) La définition la plus simple d’une séquence ou texte narratif pourrait être la suivante : « suite de propositions liées progressant vers une fin ». Or, il faut préciser les propriétés qui définissent une séquence narrative (récit). Il est possible de les retrouver dans le texte suivant de Bremond : « Tout récit consiste en un discours intégrant une succession d'événements d'intérêt humain dans l'unité d'une même action. Où il n'y a pas récit il y a, par exemple, description (si les objets du discours sont associés par une contiguïté spatiale), déduction (s'ils s'impliquent l'un l'autre), effusion lyrique (s'ils évoquent par métaphore ou métonymie), etc. Où il n'y a pas intégration dans 3 l'unité d'une action, il n'y a pas non plus récit, mais seulement chronologie, énonciation d'une succession de faits incoordonnés. Où enfin, il n'y a pas implication d'intérêt humain (où les événements rapportés ne sont ni produits par des agents ni subis par les patients anthropomorphes, il ne peut y avoir de récit, parce que c'est seulement par rapport à un projet humain que les événements prennent sens et s'organisent en une série temporelle structurée.» (La logique des possibles narratifs, 1966) A partir de cette description du récit, J.-M. Adam propose six propriétés constitutives du récit : 1.Succession d'événements dans le temps « Où il n’y a pas succession, il n’y a pas récit » (Bremond) « Le caractère commun de l’expérience humaine, qui est marqué, articulé, clarifié par l’acte de raconter sous toutes ses formes, c’est son caractère temporel. Tout ce qu’on raconte arrive dans le temps, prend le temps, se déroule temporellement ; et ce qui se déroule dans le temps peut être raconté » (Du texte à l’action, 1986 : 12). Qui plus est, comme le note Thomas Mann dans La Montagne magique, l’activité diégétique et le contenu diégétique se déroulent dans le temps, il y a le temps du récit et le temps de la narration ; les deux prennent du temps. De la sorte, la narration en général uploads/Litterature/ sequence-narrative 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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