HANDBOUND AT THE UNIVERSITY OF TORONTO PRESS /•7 5-^ ÉTYMOLOGIES DITES INCONNUE
HANDBOUND AT THE UNIVERSITY OF TORONTO PRESS /•7 5-^ ÉTYMOLOGIES DITES INCONNUES A LE PUY-EN-VELAY. — IMPRIMERIE MARCHESSOU FILS T. PAVOT ÉTYMOLOGIES DITES INCONNUES SOLUTIONS DE PROBLÈMES »H&#<8f ^ PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE, 28 1891 Tous droits réservés. PRÉFACE De temps à autre, à longs intervalles, l'Étymologie refait un peu florès, mais c'est seulement dans quel- ques paisibles soirées où l'on tue les heures, en toute innocence, ali moyen des petits papiers, des charades, des rébus. Elle y est traitée avec autant d'égards que l'Ana- gramme, ou le Logogriphe; parfois même, on la préfère à toute autre Devinette et la raison de cette faveur, c'est qu'en dépit de sa mine réservée, elle est bien plus accommodante que la plupart des ques- tionneuses. Celles-ci veulent une réponse exacte; il n'en est ({\xune à pouvoir cadrer, il faut trouver le m.oi juste, la vraie découpure qui comble un vide dans les jeux de Casse-tête. Avec l'Étymologie de salon , au contraire, le la- beur est presque nul. Quelqu'un sait, ou se rappelle, et, sur le texte proposé, satisfait aussitôt la curiosité générale. Ou bien, Science et Mémoire n'y peuvent rien, et chacun a recours à son ingéniosité. Les opi- nions se croisent disparates, sensées ou folles, se- PREFACE rieuses ou plaisantes ; toutes se donnant pour accep- tables, — plausibles, au moins, si le Dictionnaire consulté a renvoyé les plaideurs dos à dos, en décla- rant que le terme en litige est d'origine inconnue. Or, cette affirmation de l'oracle est si fréquente que, d'un accord tacite, on cesse de l'interroger. La récréation se continue sans lui, c'est bien plus amu- sant; on aies coudées franches, on peut faire con- currence à l'orateur qui s'écriait : « Sous la Monar- chie, on fit une Hécatombe, mais sous la République, on fait des Hécatombes et des Myriatombes. )> Et, alors, on entend un bachelier émérite abuser ainsi de son érudition : — De la part d'un chef, une Invitation est toujours un ordre à exécuter, — qu'on le veuille ou non. — C'est le sens du latin Invittis, Malgré soi. — Ouailles vient de Ouïr, et désigne les fidèles qui écoutent la parole divine. — Vendémiaire, mal écrit, est pour Yentémiaire, le Mois où il fait du vent. — Dans un auto-da-fé, on brûlait les hérétiques, et le genre du supplice est indiqué par ces deux mots : DA FE, Par le feu. A ces doctes visées combien est préférable la naïve conception d'un lycéen de huitième qui, ayant appris à décomposer Lundi en Lunœ dies, trouvait sur-le- champ que Jeudi était le jour... du jeu. Voilà, certes, de grosses bévues en matière de phi- lologie, mais elles échappent, d'ordinaire, à la cri- tique, n'étant imprimées nulle part, avouées haute- PREFACE m ment de personne, signées d'aucun nom fameux. Aussi, à vouloir, avec ses souvenirs tout seuls, en composer un recueil, Técrivain passerait-il pour en avoir inventé plus de moitié. Et, de toutes façons, il se pourrait encore qu'il se trouvât bien vite à court de sujets. Aucune de ces malencontres n'est à craindre si, pour rassembler de curieux spécimens, il s'avise de relire avec soin nos lois, décrets et ordonnances sur le Langage, sur un être essentiellement ondoyant et divers auquel ne conviennent point des édits auto- ritaires, des codes draconiens, des formules admi- nistratives. Ce n'est pas seulement aux métamorphoses des signes de l'Alphabet que sont limitées les Incohéren- ces de rÉUjmologie officielle. La confusion est si bien partout qu'il serait, notamment, facile de bâtir un gros livre où Ton montrerait, pièces en mains, nos législateurs rivalisant de fantaisie avec l'académicien de salon. Aussi aventureux que lui, mais hélas! imposant leur autorité au personnel entier de nos Ecoles, ils disent : — Habiller signifie : Disposer, Mettre en état, il devrait s'écrire Abiller car il dérive de Bille : Du bois préparé, c'est du bois en bille . — Laict, orthographe du xiv^ siècle est grotesque, et Lécher est une forme insolite, puisque la consonne c du latin Lact [eni) doit se changer en voyelle i. — Flageolet (Haricot) est un barbarisme, car la IV PREFACE première l est une Épenthèsc sans explication; le mot ayant pour racine Phaseoletus. — Amande a perdu la lettre l de Amygdahim, et cette éclipse de la consonne est tout à fait anormale. — Mets est le participe Missiim, la Chose que l'on envoie à son voisin de table. — Ce n'est pas le latin : Curare, Salix, Ludere, c'est le germanique : Warjan, Sala, Luoder qui nous a donné : Guérir, Saule, Leurrer. Autant d'affirmations inexactes. Dire, en particu- lier, que Mets est le latin Missum vaut autant que tirer Ouailles du verbe Ouïr. Un autre mot traité avec le même sans-gène, c'est l'adjectif Gonvers auquel on donne pour provenance le latin : Conversus, avec la signification de... Con- verti. Converti!!! Yoilà, pourtant, ce que doit savoir l'élève bien discipliné, et ce qu'il enseignera, une fois professeur, à moins qu'un ukase ne survienne qui lui enjoigne de réformer sa conviction sur cet article de foi. > Les mots français, ignorés de nos linguistes, ne sont donc pas exclusivement ceux qu'ils ont bien voulu avouer leur être inconnus; il en est beaucoup d'autres encore qu'ils disaient avoir pratiqués de façon très intime, et dont ils n'ont, cependant, su dresser qu^miQ fausse généalogie. A droite et à gauche, les lacunes à combler étaient si nombreuses, que tous nos efforts laissent très incomplète l'œuvre de réparation. Peut-être même PREFACE jugcra-t-on que nous n'avons presque rien fait, en ce sens. Qu'importe ! si, de plus, on estime qu il ne serait pas malaisé de faire infiniment mieux. Avoir suggéré cette idée féconde suffirait à notre ambition. T. Pavot. SOLUTIONS DE PROBLÈMES Abri. Étymologie inconnue. B. Ce mot a exercé la patience de nombreux linguistes. Nous ne reproduirons de toutes les tentatives infruc- tueuses que Fhypothèse suivante, citée par Jal. Pierre Pithou, dans ses « Comtes de Champagne et de Brie », dit : « Abri... qu'encore, en tout événement, je déduirais plutôt de Arbi^e, selon notre prononciation : Abre. » Ce n'est pas d'un Arbre, mais d'un Fruit que nous avions projeté d'obtenir le terme proposé. En espagnol, Abricot est Albaricoque^ ainsi composé : Al, article arabe Le, et Prœ-cocia en latin : Fruits primes, Primeurs, d'où notre adjectif Précoce. D'où il résulte que Albari, Al-prœ eiAbrn sont identi- ques et représentent la venue hâtive. Et là ne se borne pas le sens de la préposition Prœ. De même que l'anglais Forward, Précoce, elle indique aussi la précession matérielle, l'état d'un objet qui en dépasse un autre, comme nous dirions, ici et là, une Avancée. C'est bien l'idée qu'on se fait d'un Abri, mais nous pen- sons qu'il faut chercher ailleurs. Le portugais A ôri^o et SOLUTIONS DE PROBLEMES le provençal Abync semblent indiquer le latin Aprkus, dérivé de Apmrc ouvrir. A ô/'i serait donc plutôt une baie y et, avec ce sens, il n'est, pour nous, qu'une autre forme du mot Havre : celtique Abei^, anglais Haven, latin Habulum. Abri a fait régulièrement Abrier qu'emploie Rabelais et qui, d'après Littré, existe encore en marine pour Inter- cepter, en parlant du vent. A ôrifer est une forme euphonique, afin d'éviter l'hiatus; on a de même donné un t à Clou, Bijou, dans la compo- sition de Clou-t-ier, Bijou-t-ier, et de bien d'autres mots : Tabac, Tabatière, etc. Acariâtre, Bréhaigne, origines inconnues. B. A ces deux mots nous ajouterons Hernie, non point qu'ils aient tous trois une commune étymologie, mais parce qu'ils sont rattachés l'un à l'autre par l'idée conte- nue dans ce résumé d'une observation générale : « Le malaise physique a pour effet ordinaire d'indispo- ser l'esprit. » Les sujets atteints de Hernie se nomment Hernieux que Rabelais écrivait Hergneux, désignant aussi par là un caractère atrabilaire, dyscole. Acariâtre, ce que nous qualifions aujourd'hui : un Hargneux, dérivé du vieux verbe français Hargner, se quereller. Ce mot, pour les étymologistes, provient du haut allemand Harmjan injurier, mais Nysten dit ceci : (( Hargne, vieux mot qui signifie Hernie, d'où Hargneux qui désignait les individus atteints de hernie et a été ensuite employé dans le sens de Soucieux, d'Acariâtre, parce que les maladies qui ont leur siège dans l'abdomen, comme la hernie inguinale, affectent en général vivement le moral des malades. » SOLUTIONS DE PROBLEMES — Passons à Bréhaigne, que nous croyons proche voi- sin, de toutes manières, de Tinfirmité susdite, le siège le plus habituel de la hernie étant la région Ingui- nale. Bréhaigne s'applique aux femelles des animaux quand elles sont stériles. Nous divisons le mot en deux parties Bré-haigne. La première est admise en linguistique (de même que Bes, Béy Bar)^ comme le signe d'un défaut quelconque du terme auquel elle est unie. Dans le cas présent, le point maléficié est encore dans la cavité abdominale, dans le flanc, ou l'Aine corruption du vieux français Aigne qui vient lui-même du latin Inguinem. Rabelais nous offre un mot identique : Meshaing, Cha- grin, ennui uploads/Litterature/ tymologiesdite-00-pavouoft.pdf
Documents similaires










-
25
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 16.5392MB