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actualités WEB LITTÉRAIRE PARUTIONS DÉBATS APPELS & POSTES AGENDA revues ACTA FABULA Revue des parutions FABULA LHT Littérature, Histoire, Théorie Index des revues ressources ATELIER DE THÉORIE LITTÉRAIRE COLLOQUES EN LIGNE Projet Équipe & partenaires Contacts Soumettre une annonce Votre recherche Accueil > LHT > Un je-ne-sais-quoi de « poétique » > 0 SOMMAIRE APPELS À CONTRIBUTION LA REVUE COMITÉS NOTES AUX RÉDACTEURS CONTACT INDEX Article mis en ligne le 15 avril 2017 A A A Plan Notes Bibliographie Mots Clés Citation Auteur Présentation | avril 2017 | LHT n°18 FR | ENG NADJA COHEN ET ANNE REVERSEAU UN JE NE SAIS QUOI DE « POÉTIQUE » : QUESTIONS D’USAGES UN JE-NE-SAIS-QUOI DE « POÉTIQUE » 1 2 3 « La poésie sort de ce qui ne se préoccupe pas d’elle » Cocteau, Entretien sur le cinématographe OÙ EST (PARTIE) LA POÉSIE ? Objet de définitions et de redéfinitions inlassables (« la poésie, c’est… », « poète est celui qui… ») de prescriptions ou de proscriptions (« la poésie doit/ne doit pas être… ») sur lesquelles planchent régulièrement lycéens et étudiants, la poésie est — cela même est un topos — le genre littéraire qui échappe le plus à toute tentative de saisie réductrice [1]. Cette multiplicité de définitions et le caractère ineffable qu’on lui confère parfois sembleraient même pouvoir faire de la vieille notion de « je-ne-sais-quoi », par lesquelles les classiques désignaient ce sur quoi achoppe le logos, l’un de ses traits définitoires et paradoxaux. T outefois, aujourd’hui, à la question « Qu’est-ce que la poésie ? » semble se superposer une autre question, moins essentialiste mais tout aussi essentielle : « Où est la poésie ? » Dans la chanson, comme le suggère le prix Nobel de littérature 2016 attribué à Bob Dylan [2] ? Dans l’art contemporain, comme le revendique le numéro de L ’Art même de 2016 [3] ? Dans le cinéma, comme l’affirmait en 2012 un édito des Cahiers du cinéma [4] ? Dans toutes les nouvelles formes poétiques qui entendent gagner d’autres territoires, comme les ciné-poèmes de Pierre Alferi ou les vidéopoèmes de Jérôme Game ? Dans les pratiques occasionnelles des poètes amateurs, ce que dénonce Martin Rueff, qui dresse le portrait à charge d’une époque — la nôtre — louant la « “non-poésie-des-non-poètes”, au risque de gaspiller la poésie [5] » ? L’interrogation « où est la poésie ? » pose à la fois la question de la définition de la « poésie » et des usages du qualificatif « poétique ». Or l’adjectif est aujourd’hui employé pour qualifier les productions non littéraires les plus diverses. Certes, la chose n’est pas nouvelle — le XIX siècle est coutumier du fait et, en aval, on a pu parler de réalisme poétique au sujet du cinéma français des années 1930-1940. Mais l’on assiste aujourd’hui à une forme de dé-ringardisation de la notion à grande échelle et jusque dans les usages e 4 5 6 7 8 9 10 dé-ringardisation de la notion à grande échelle et jusque dans les usages triviaux. Que nous apprennent de l’idée de poésie ces usages concrets du terme ? On ne peut qu’être interloqué aussi que ce phénomène se produise alors même qu’on n’en finit pas d’enterrer la « poésie » en tant que genre littéraire, comme objet produit, lu, vendu, commenté [6]. C’est là une preuve éclatante de la disjonction complète qui s’est opérée entre la poésie contemporaine dont une des tendances lourdes est sa dépoétisation ou sa prosaïsation [7], et l’idée de poésie, en tant que genre lyrique, liée à son histoire et à la culture scolaire, qui transparaît à travers les usages contemporains des termes « poésie », « poétique », « poète » et « poème ». Ce numéro entend se situer — c’est là son originalité — au niveau des usages concrets du terme lorsqu’ils sortent du strict champ littéraire. Tout est poétique, sauf la poésie… Si le décrochage entre l’idée de poésie et la production poétique a pris ces dernières années un tour plus explicite, plus provocateur aussi, comme le montre le travail de Kenneth Goldsmith, symbole de ce double mouvement de prosaïsation de poésie et de poétisation du reste [8], l’idée n’est pas nouvelle. MOUVEMENTS CENTRIFUGES DE LA POÉSIE Jean-Michel Espitallier note, en dégageant de grandes lignes de force dans sa Caisse à outils : un panorama de la poésie française aujourd’hui,qu’on observe actuellement un fort mouvement centrifuge : « La poésie contemporaine paraît […] être sortie de l’espace strictement littéraire et, corollairement, du “graphocentrisme” pluriséculaire du livre comme étalon de l’espace d’écriture, lequel, depuis près d’un siècle, se dilate vers d’autres supports. Elle travaille aux frontières [9] ». Jérôme Game parle quant à lui des « débords [10] » du genre poétique. Cette sortie hors du livre constituerait un nouveau stade dans le mouvement d’émancipation qui a amené la poésie, depuis le XIX siècle, à contester les uns après les autres ses critères définitoires : métrique, rime, vers, formes fixes, topiques et registres spécifiques [11]. La sortie du livre pourrait être interprétée comme une nouvelle étape de cette émancipation historique. À cet égard, Apollinaire a joué un rôle de pionnier, lui qui annonce que la poésie se fera sur film et phonographe [12], ce qui lui a valu d’être érigé en symbole de ce qu’Anna Boschetti appelle la « poésie partout [13] ». Aujourd’hui, la volonté de faire sortir la poésie du livre et du support imprimé semble même devenue une injonction, comme si le livre était désormais un support dépassé — ce qu’affirmaient déjà en leur temps les futuristes il y a plus d’un siècle. Cette injonction répond en partie à des nécessités promotionnelles, la présence de la poésie en dehors de ses supports traditionnels fonctionnant, illusoirement peut-être, comme un antidote à sa momification et à son caractère élitiste [14]. Elle se justifie aussi par l’idée de renouer avec un âge d’or de la poésie, ancré dans l’oralité, désir qui peut paradoxalement être celui des avant-gardes. De ce point de vue, le dernier appel du Marché de la poésie reprend le flambeau d’une poésie ouverte [15] en martelant que : « [l]a poésie est politique. Elle va vers tous. Parle à tous. Prend la parole. Rend la parole. La tend [16]. » Que la poésie soit virtuellement partout est certes grisant, mais accroît en même temps, aujourd’hui plus que jamais, sa dilution. Peut-être est-ce là une nouvelle étape de son « état de crise […] permanent » qui, selon Jean-Marie Gleize, « est certainement sa seule définition possible aujourd’hui, qu’on s’en réjouisse et qu’on la veuille porter à son maximum d’intensité dévastatrice [17] ». POURQUOI UNE TELLE PLASTICITÉ DU « POÉTIQUE » ? Elle tient évidemment d’abord au sens très large de l’étymon « poiesis » qui désigne toute forme de création et s’applique donc potentiellement à toute forme d’art. L’une des définitions données par le T .L.F . au mot « poème » offre en effet la plus grande latitude d’interprétation possible : « Objet artistique littéraire ou autre, auquel on attribue l’idée essentielle de création [18] ». Ce sens étymologique explique que « la poétique » désigne l’ensemble des règles de création de tel ou tel domaine, et plus largement, l’étude d’un « faire », mais aussi que le terme en soit venu à désigner une théorie de la littérature ou plutôt « des formes littéraires » [19]. Celui-ci a connu une belle fortune chez les formalistes, notamment dans le domaine de la « poétique du récit [20] » ou de la « poétique du cinéma », et, par extension, se voit depuis décliné à l’infini : « poétique de la ville [21] », « poétique de la rêverie [22] », e 11 12 13 14 15 16 17 « poétique de la relation [23] », et même « poétique des jardins » ou « de la moto » [24]. La poétique peut occasionnellement rejoindre certaines des occurrences du poétique, mais excède les limites de ce numéro qui entend se concentrer sur les usages de l’adjectif « poétique ». Outre l’explication étymologique, il faut ensuite rappeler que l’adjectif « poétique » n’est pas l’apanage de la poésie, entendue comme genre littéraire historiquement délimité et longtemps basé sur des critères formels [25], mais s’emploie plus largement pour définir une tonalité. Il suit en cela un destin parallèle à celui du « tragique [26] » qui ne se cantonne pas au genre de la tragédie et qui est à ce titre défini dans les manuels de lycée comme un « registre », associé à des critères à la fois stylistiques et sémantiques [27]. Comme le poétique, enfin, le romanesque excède également le strict genre du roman, étant lui aussi une « catégorie esthétique indépendante du genre, déplaçable […] et rétroactive [28] », et pouvant donc même potentiellement désigner une façon de vivre. Cette latitude d’emploi de « poétique », associé à toute une gamme de sentiments et l’idée d’une poétisation de l’existence est particulièrement sensible dans les usages du qualificatif uploads/Litterature/ un-je-ne-sais-quoi-de-poetique-questions.pdf
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- Publié le Jan 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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