EST-ELLE POSSIBLE UNE STANDARDISATION PROPREMENT AMAZIGHE? El Hossaien FARHAD E
EST-ELLE POSSIBLE UNE STANDARDISATION PROPREMENT AMAZIGHE? El Hossaien FARHAD Enseignant-chercheur à la faculté pluridisciplinaire de Nador Faut-il revoir les autres méthodes appliquées aux autres langues et imaginer une standardisation spécifiquement amazighe vu la réalité particulière et le statut particulier de cette langue à travers l’histoire ? Pour parler de l’amazighe au Maroc, il faut situer cette langue au sein du marché linguistique. Ce dernier est plurilingue dont l’amazigh fait parti. Le problème de la standardisation de l’amazighe n’est pas uniquement intrinsèque, inhérent à la langue, lié uniquement à la norme, mais aussi extrinsèque dépendant de la place de cette langue au sein de la politique linguistique au Maroc. Il s'agira de définir les linéaments d'une stratégie globale d'aménagement tenant compte du contexte pluriel dans lequel elle s'inscrit et des attentes de la société langagière qui la reçoit afin de lui assurer des chances de succès. Nous n’allons pas traiter ces difficultés extrinsèques à la diffusion de la norme, plutôt nous allons nous satisfaire des difficultés liées à l’unification de la langue amazighe au Maroc. Pour tenter d’expliciter les problèmes de l’unification de l’amazighe, nous allons voir quels sont les aspects qui différencient les diverses variétés de l’amazighe, les unes des autres et sur quels aspects sont-elles plus semblables les unes par rapport aux autres. Pour ce faire, nous allons parler de quatre aspects principaux à considérer pour toute unification d’une langue et spécialement de l’amazighe: l’aspect lexical, l’aspect syntaxique, l’aspect morphologique et l’aspect phonétique. 1. L'aspect lexical Quelle est la différence entre les variétés de l’amazighe en ce qui concerne leur vocabulaire ? Les Imazighen, à travers l’histoire, avaient connu de nombreuses invasions de peuples étrangers: Phéniciens, Romains, Byzantins, Vandales, Arabes, Français et Espagnols. Cependant, les Arabes avaient influencé le plus les Imazighen, et la langue arabe avait assurément laissé les plus grandes traces sur la langue. En fait, la majorité des amazighs avaient perdu leur langue maternelle, sous l’islamisation, en faveur de la langue arabe qui était devenue, par conséquent, leur langue maternelle et quotidienne, mais c'est une version de l’arabe qui est plus ou moins influencé par l’amazighe. Néanmoins, en dépit de l’impact des langues des conquérants, le tamazight avait gardé encore un grand pourcentage de son vocabulaire origine. La variation lexicale est un phénomène naturel, un fait linguistique qui, dans la pratique, se manifeste dans une langue déterminée à une époque, dans un lieu, dans un group social…comme changement de mots et de structures. La variation linguistique est un fait universel, dépendant des différences de groupes de personnes ou de situations. Elle caractérise toutes les langues. Il faut noter qu’il existe un fonds en amazighe, il suffit de l’exploiter, mais scientifiquement et objectivement, en prenant en considération les trois grandes variétés du Maroc. Le lexique commun à toutes les variétés de l’amazighe concerne un certain nombre de secteurs comme le corps humain, l’habitat, les couleurs, entre autres. Mais le lexique reste parmi les domaines de la langue où la variation est la plus perceptible. Les différents cas de figure vont de la synonymie, au glissement de sens à l’antonymie ou sens contraire, etc. Tout en sauvegardant la richesse lexicale de la langue, il faut gérer sa variation dans une langue unifiée. Les différentes options, à titre indicatif, sont de considérer comme synonymes plusieurs mots qui ont le même sens, de redistribuer les mots de sens opposé en affectant un sens précis à chacun d’entre eux, de ne pas retenir un terme dont la signification choque dans une variété linguistique particulière, entre autres. Le lexique présente une difficulté énorme dans la standardisation de l’amazighe, cela est perceptible à travers les textes standards de lecture dans lesquels nous avons constaté un écart énorme entre les trois grandes variétés du Maroc et qui perturbe et influe sur l’intercompréhension entre les trois variétés. La question qui se pose est la suivante : quel terme choisir dans le cas de l’existence de trois mots différents celui du Nord, du Centre ou du Sud ? Il est de noter également qu’au sein même d’une seule variété se pose le problème de la synonymie, de la pluralité des schèmes du pluriel. Alors c'est en matière de lexique que la divergence entre les variétés de l’amazighe est la plus marquée et la plus immédiatement apparente. Le nombre de termes de chaque variété employé dans des textes standards montre ce déséquilibre et cet écart entre lexiques des trois variétés du Maroc. Pour illustrer la difficulté d’une telle standardisation lexicale, nous présentons quelques termes : Tarifit Tamazight Tachelhit - Uyur (S’en aller) ddu ftu - Zwev (Rougir) zwiv zegÅav - Zezr (Secouer) neqqer sbrway - Jju/ Jju (Piquer) qqes zbinz - Minzi (Parce que) iddv acku - (J’aime) ioizz dari pmlv - di (dans) g v - /Necc (Moi) necc nkki - vars (Il possède) vurs dars Ijj (Un) yun yan - Ict (Une) yut yat - tazirart(Longue) tavezzaft tavzzaft - Amezdag (Propre) izeddign izddign - Icna ivuda ifulki Notons également que les manuels amazighs emploient des consignes considérés de l’amazighe commun. En ce sens, F.Agnaou note que le lexique relatif aux consignes pédagogiques destiné à l’apprenant est majoritairement extrait du lexique commun de l’amazighe sur la base du critère de la fréquence1 : - Ad Çëv, sawlv2 “J’observe et je m’exprime” - Ad ssfldv “J’écoute ” - Ad smdv “Je complète” 1 F.Agnaou, « Curricula et manuels scolaires : pour quel aménagement de l’amazighe marocain ? », asinag, 3, 2009, p.109- 126 2 Les exemples tirés de l’article de F.Agnaou sont transcrits uniquement en latin. - Ad vrv “Je lis ” - Ad snvlv “Je copie ” - Ad zdiv “ Je relie” - Ad ktiv “Je retiens” - Ad sniyv “Je construis” - Ad rarv xf isqsitn “Je réponds aux questions” Ces dix consignes sont destinées aux apprenants marocains. Ces derniers doivent les saisir pour répondre à ce qui est demandé. Cependant, l’apprenant rifain ne peut comprendre que deux consignes sur dix de ces consignes. Autrement dit, la représentativité lexicale rifaine est de vingt pour cent (20℅=1/5). Alors s’agit-il de l’amazighe commun ? Comment répondre sans comprendre la consigne ? Sachant que la consigne pédagogique est apprêtée à l’apprenant et vu la faible représentativité lexicale rifaine, quelle serait la réception ? Et comment l’enseignant expliquerait-il des termes qu’il ne comprend pas ? Dans ces consignes, le lexique présente un problème purement didactique. Les consignes, surtout de lecture, ont un double effet : l’élève est actif, il a une tâche à exécuter, il ne s’arrête pas au premier obstacle linguistique et secondement la consigne construit la compréhension en guidant le lecteur (les consignes de lecture dans la perspective de l’approche globale ne sont pas des questions de vérification de la compréhension.) 2. L'aspect syntaxique Tous les linguistes de l’amazighe sont unanimes que l'aspect le plus unificateur de la langue amazighe est son aspect syntaxique3. L’amazighe, dans toutes ses versions, révèle quasiment les mêmes caractéristiques syntaxiques. Bien que la syntaxe soit le domaine où l’unité de la langue amazighe est la plus manifeste, elle ne peut s’échapper, à l’instar des autres aspects, au phénomène de la variation linguistique. Toute tentative d’harmonisation et d’uniformisation est confrontée à la variation. Alors la question qui se pose : quelle structure standardiser ou imposer ? La diversité des usages syntaxiques sont quelques fois complexes. Il est des structures dans une variété de l’amazighe qu’on ne trouve pas dans d’autres. Ceci est perçu dans les manuels scolaires de l’amazighe4 dans lesquels les structures employées ne convergent pas à celles des usagers rifains telles que : (P)5: (standard) Tga tinhinan tagllidt tamazivt ittwassnn g umzruy n tmazva " Tinhinane est la reine amazighe connue dans l’histoire de l’Afrique du Nord. " Tinhinan d tajedjidt tamazivt ittwassnen deg umezruy n tmazva ;(Nord) (P2)6 : Azul! Nkk tifawt. Ma ism nnm? 3 Ce qui a été démontré par Cadi. K. dans sa thèse de Doctorat : Transitivité et diathèse en tarifit 4 Ici, nous parlons des textes standards communs à lire par tous les Imazighen du Maroc. 5 Ibid, page 16 " Bonjour ! Je m’appelle Tifawt et toi comment t’appelles-tu ? " Azul! Necc d tifawt. Ism nnem? (Mamec d am qqaren?). (Nord) (P3)7 : Da gis ttwaggnt kigan n tvawsiwin zun d apidus d uwrar d igrawn n inflas." Beaucoup d’activités se font au sein de cette Kasbah comme Ahidous, les chants et des assemblées des personnages influents de la tribu. " Ttwaggent days aïïaà n tmeslayin am upidus d wuraren d iyyrawn n ymvaren. (Nord) (P4)8 : Wanna d ikkan tivrmt n yifri, ur sar ittu asnbgi n midd içiln. "Celui qui a vu la ville d’Ifri n’oublierait jamais l’accueil chaleureux de ses habitants" Wnni ikkan tivremt n yifri, oemmarà ittu asnwji n ywdan içiln. (Nord) (P5)9 : “tikklt yaänin, ad ur tkccmt asif, hann ra k yawi!” " La prochaine fois, ne t’approche pas du fleuve, il t’emportera ! " “tawala nniäen , war ttadef ivzaë, aqqa ad cekk yawi!” (Nord) (P6)10: Ur as d usin imïïawn. (Standard) "Il n’a pas uploads/Litterature/ est-elle-possible-une-standardisation-proprement-amazighe-pdf.pdf
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- Publié le Fev 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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