LA MORT ET L’AU-DELÀ DANS LA BIBLE Comment la conception de la mort et l’au-del

LA MORT ET L’AU-DELÀ DANS LA BIBLE Comment la conception de la mort et l’au-delà dans la Bible a-t-elle évolué pour mener au concept de la résurrection ? 1 Au sommaire Le shéol La théologie de la rétribution Job : l’injustice de la théologie de la rétribution Qohélet : la vie sans au-delà est absurde L’émergence de l’idée de la Résurrection au sein du Judaïsme : L’épisode des frères Maccabées L’au-delà dans le livre de la Sagesse Le débat autour de la croyance en la résurrection au temps de Jésus L’au-delà dans l’enseignement de Jésus La réception de l’expérience de la résurrection 1. Le shéol Si on ne croyait pas au paradis, à l’enfer ou à la résurrection qu’est-ce qu’on croyait qu’il se passait après la mort ? Pendant, un bon moment dans l’histoire du peuple hébreu, aux temps de moïse, David et des prophètes, on n’avait pas vraiment développé ce qu’il avait après la mort. La mort était la fin de la vie. Au-delà de la mort, il n’y avait rien, ou... presque rien. Les morts étaient au shéol. Le Shéol : Au sens premier, le mot hébreu «shéol» indique une tombe, un trou profond dans la terre pour placer les cadavres. à la mort, la personne était donc physiquement au «shéol» dans sa tombe. Pour les Hébreux, il était impensable de séparer le corps et l’âme. Il faut se rappeler que pour l’homme de la bible, l’humain était indissociable. Contrairement à la pensée grecque, l’ancien testament ne voit pas de distinction entre un corps matériel et corruptible, d’une part, et une âme immatérielle et incorruptible, d’autre part. Lieu ou symbole ? Avec le temps, «shéol» fini par désigner une sorte de lieu du séjour des morts. Ce lieu est caractérisé par le noir, le silence, la poussière, la profondeur, l’absence, l’oubli. C’est un lieu de semi-existence où la communication est impossible, en particulier avec dieu. Dieu est absent du shéol. En fait, le shéol, au plus profond de la terre, est à l’extrême opposé du ciel où habite le dieu vivant. Le séjour des morts est évidemment un lieu d’où on ne peut sortir, en rupture avec le monde des vivants. L’ancien testament regarde donc la mort en face et ose en parler sans l’édulcorer... L’humain est un être marqué par sa propre finitude. Plus tard, lorsque la croyance en la résurrection va se développer, le shéol deviendra un lieu d’attente du jugement de dieu et de la résurrection finale. 2. La théologie de la rétribution Sans résurrection, sans récompense après la mort, comment est-ce que dieu pouvait être fidèle envers les justes ? L’ancien testament affirme à plusieurs endroits que c’est sur terre que dieu punit 1Journée biblique 2008 organisée par le Centre biblique de Montréal. 1 les méchants ou récompense les justes par la prospérité et la descendance. Voilà ce qu’on appelle la théologie de la rétribution. Abraham, David et les prophètes n’attendaient pas de récompense au ciel. Ils croyaient en dieu, mais n’espéraient rien après la mort. Pour eux, la vie se vivait sur terre et la récompense de dieu était aussi sur terre. si tu vivais bien, tu étais récompensé par une grande descendance, la prospérité, des troupeaux, une terre, une maison, des serviteurs, des femmes et des concubines... La belle vie quoi ! et, au contraire, si tu vivais en désobéissant aux commandements de dieu tu étais puni sur terre : maladie, pauvreté, stérilité, absence de descendance, la mort. Abraham est un bon exemple de juste. Dieu lui donne une grande descendance, une terre, des troupeaux, femmes et concubines, et, il vit jusqu’à 175 ans. Donc, même sans vie après la mort, dieu reste fidèle à son alliance puisque c’est sur terre qu’il s’occupait des justes. Comme chrétiens, que peut-on retenir de cette conception ? Souvent, on donne tellement d’importance à la vie après la mort (paradis, enfer, résurrection), qu’on oublie que la relation avec dieu se vie d’abord sur terre. Les grands personnages de l’ancien testament ne s’attendaient à rien après la mort, pourtant, ils avaient une grande foi en dieu. 3. Job : l’injustice de la théologie de la rétribution Comment comprendre la théologie de la rétribution si un juste vit une injustice ? Job est un juste qui observe les commandements de dieu et fait les sacrifices prescrits. Pourtant, toutes sortes de malheurs le frappent : il perd son bétail, ses serviteurs, ses enfants et même sa santé. Le livre de Job a été écrit par au moins deux rédacteurs qui ont des visions très différentes. d’un côté, le prologue de Job est écrit par quelqu’un qui veut garder la théorie de la rétribution. (Le seigneur bénit les justes et maudit ceux qui ne respectent pas ces commandements.) Par exemple, voici la réaction de Job au malheur : « Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ? » (Job 2, 10) dans la majeure partie du livre, (le long poème écrit par le deuxième auteur) Job se défend devant ces trois « amis » contre la théorie de la rétribution. Les amis font l’équation suivante: dieu punit celui qui a fait une faute ; Job doit donc avoir fait quelque chose de répréhensible puisqu’il a tout perdu. Job ne comprend plus rien puisqu’il sait qu’il a toujours été juste. Le système de la rétribution ne marche plus. Le juste souffre. Sa souffrance est physique, mais aussi théologique. La compréhension que Job a de dieu ne fonctionne pas avec la réalité. Comment Job parle de la mort ? Comparée à sa situation, la mort (le shéol) semble être un lieu de repos et de paix : « Pourquoi n’être pas mort dès avant ma naissance, n’avoir pas expiré dès que j’ai vu le jour ? Pourquoi ai-je trouvé deux genoux accueillants et deux seins maternels où je tétais la vie ? Je serais aujourd’hui tranquille dans ma tombe ; alors je dormirais et je serais en paix. » (Job 3, 11-13) une autre citation nous montre que, pour lui, la vie est éphémère : « L’homme n’est rien d’autre que l’enfant de la femme. Sa vie demeure brève et remplie de tourments. Comme la fleur, il s’épanouit, et puis se fane; comme l’ombre qui fuit sans pouvoir s’arrêter. Or il reste toujours de l’espoir pour un arbre : si on le coupe, il peut se mettre à repousser, il ne manquera pas de produire un bourgeon. Même si sa racine vieillit dans la terre, et si sa souche paraît morte dans le sol, l’odeur de l’eau suffit pour qu’il reprenne vie et pousse des rameaux comme s’il était jeune. Quand l’homme meurt, par contre, il est privé de force. Que devient-il, une fois qu’il a expiré ? » (Job 14,1-2.7-10) Job témoigne que l’au-delà reste une grande question : Quand l’homme meurt, que devient-il, une fois qu’il a expiré ? Au fond, Job porte la même question que nous. Job fini par accuser dieu : « Ah, 2 combien j’aimerais être enfin écouté ! Je peux signer ce que j’ai dit. C’est maintenant au Dieu très- grand de me répondre ! » (Job 31, 35) Le Seigneur répondit alors à Job du sein de l’ouragan et dit : Qui es-tu pour oser rendre mes plans obscurs à force de parler de ce que tu ignores ? Tiens-toi prêt, sois un homme : je vais t’interroger, et tu me répondras. Où donc te trouvais-tu quand je fondais la terre ? Renseigne-moi, si tu connais la vérité : Qui a fixé ses dimensions, le sais-tu bien ? Et qui l’a mesurée en tirant le cordeau ? Sur quel socle s’appuient les piliers qui la portent ? Et qui encore en a placé la pierre d’angle, quand les étoiles du matin chantaient en chœur, quand les anges de Dieu lançaient des cris de joie ? (Job 38, 1-7) Ce que dieu dit à Job c’est qu’il n’a pas sa perspective. On ne peut comprendre la vision de dieu pour sa création. C’est un avertissement pour nous. N’essayons pas de nous prendre pour dieu en expliquant tout ce qui se passe après la mort. Seul dieu le sait. Il est l’unique créateur. Comment se termine l’histoire de Job? L’épilogue du livre de Job termine comme il avait commencé en revenant avec la doctrine de la rétribution que le reste du livre remet pourtant en question. Job retrouve ses possessions, sa santé, des enfants, etc. : « Après cela, Job vécut encore cent quarante ans, et il put voir ses enfants, ses petits-enfants, tous ses descendants jusqu’à la quatrième génération. » (Job 42, 16) Pour conclure avec Job, on peut aussi dire que son histoire est proche de celle du peuple d’israël qui en exil va se demander pourquoi il souffre, lui qui se croyait juste. La doctrine de la rétribution est mise en question pour une première fois. Cette remise en question va éventuellement permettre une nouvelle compréhension du rapport entre la vie et la mort. 4. Qohélet : uploads/Litterature/ eschatologie-dans-la-bible-et-chez-les-peres.pdf

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